Pagine da non dimenticare

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Pagine da non dimenticare
U NITÀ DECIMA PAGINE DA NON DIMENTICARE
Unità decima
Pagine da non dimenticare
Traduzioni a confronto in riferimento a p. 307
L’incipit del poema (Virgilio, Eneide I 1, 33)
Proponiamo alcune traduzioni nelle più diffuse lingue europee del brano iniziale del poema virgiliano. La
prima è la versione più celebre della «letteratura italiana», opera con un valore poetico proprio di Annibal Caro, drammaturgo e poeta del nostro Cinquecento. La seconda è una celebre traduzione francese, mentre la terza è un rifacimento nella stessa lingua. Conclude la serie una traduzione inglese.
L’armi canto e ‘l valor del grand’eroe
che pria da Troia, per destino, a i liti
d’Italia e di Lavinio errando venne;
e quanto errò, quanto sofferse, in quanti
e di terra e di mar perigli incorse,
come il traea l’insuperabil forza
del cielo, e di Giunon l’ira tenace;
e con che dura e sanguinosa guerra
fondò la sua cittade, e gli suoi dèi
ripose in Lazio: onde cotanto crebbe
il nome de’ Latini, il regno d’Alba,
e le mura e l’imperio alto di Roma.
Musa, tu che di ciò sai le cagioni,
tu le mi detta. Qual dolor, qual onta
fece la dea ch’è pur donna e regina
de gli altri dèi, sí nequitosa ed empia
contra un sí pio? Qual suo nume l’espose
per tanti casi a tanti affanni? Ahi! tanto
possono ancor là su l’ire e gli sdegni?
Grande, antica, possente e bellicosa
colonia de’ Fenici era Cartago,
posta da lunge incontr’Italia e ‘ncontra
a la foce del Tebro: a Giunon cara
sí, che le fûr men care ed Argo e Samo.
Qui pose l’armi sue, qui pose il carro,
qui di porre avea già disegno e cura
(se tale era il suo fato) il maggior seggio,
e lo scettro anco universal del mondo.
Ma già contezza avea ch’era di Troia
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per uscire una gente, onde vedrebbe
le sue torri superbe a terra sparse,
e de la sua ruina alzarsi in tanto,
tanto avanzar d’orgoglio e di potenza,
che ancor de l’universo imperio avrebbe:
tal de le Parche la volubil rota
girar saldo decreto. Ella, che téma
avea di ciò, non posto anco in oblio
come, a difesa de’ suoi cari Argivi,
fosse a Troia acerbissima guerriera,
ripetendone i semi e le cagioni,
se ne sentia nel cor profondamente
or di Pari il giudicio, or l’arroganza
d’Antígone, il concúbito d’Elettra,
lo scorno d’Ebe, alfin di Ganimede
e la rapina e i non dovuti onori.
Da tante, oltre al timor, faville accesa,
quei pochi afflitti e miseri Troiani
ch’avanzaro agl’incendi, a le ruine,
al mare, ai Greci, al dispietato Achille,
tenea lunge dal Lazio; onde gran tempo,
combattuti da’ vènti e dal destino,
per tutti i mari andâr raminghi e sparsi:
di sí gravoso affar, di sí gran mole
fu dar principio a la romana gente.
(trad. di Annibal Caro)
Je chante les combats, et ce guerrier pieux
Je chante les combats, et ce guerrier pieux
Qui, banni par le sort des champs de ses aïeux,
Et des bords phrygiens conduit dans l’Ausonie,
Aborda le premier aux champs de Lavinie.
Errant en cent climats, triste jouet des flots,
Long-temps le sort cruel poursuivit ce héros,
Et servit de Junon la haine infatigable.
Que n’imagina point la déesse implacable,
Lorsqu’il portoit ses dieux chez ces fameux Albains,
Nobles fils d’Ilion, et pères des Romains,
Créoit du Latium la race triomphale,
Et des vainqueurs des rois la ville impériale!
Muse, raconte-moi ces grands événements;
Dis pourquoi de Junon les fiers ressentiments,
Poursuivant en tous lieux le malheureux Énée,
Troublèrent si long-temps la haute destinée
D’un prince magnanime, humain, religieux:
Tant de fiel entre-t-il dans les âmes des dieux !
A l’opposé du Tibre et des champs d’Ausonie,
Des riches Tyriens heureuse colonie,
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Carthage élève aux cieux ses superbes remparts,
Séjour de la fortune et le temple des arts.
Aucun lieu pour Junon n’eut jamais tant de charmes:
Samos lui plaisoit moins. C’est la qu’étoient ses armes,
C’est là qu’étoit son char; là, son superbe espoir
Veut voir la terre entière adorer son pouvoir.
Mais un bruit menaçant vient alarmer son ame:
Un jour doit s’élever, des cendres de Pergame,
Un peuple, de sa ville orgueilleux destructeur,
Et du monde conquis vaste dominateur:
Du sort impérieux tel est l’ordre suprême.
Tremblante pour sa gloire, et pour les Grecs qu’elle aime,
Se rappelant encor tous ces fameux combats
Que pour ces Grecs chéris avoit livrés son bras,
Une autre injure parle à son ame indignée:
Par un berger troyen sa beauté dédaignée,
L’odieux jugement qui fit rougir son front,
Hébé pour Ganymède essuyant un affront;
Tout l’irrite à la fois, et sa haine bravée
Vit au fond de son cœur profondément gravée.
Aussi, du Latium fermant tous les chemins
Aux vaincus épargnés par les Grecs inhumains,
Sa haine insatiable en tous lieux suit sa proie,
Et défend l’Ausonie aux grands destins de Troie:
L’inflexible destin, secondant son orgueil,
De rivage en rivage, et d’écueil en écueil,
Prolongeoit leur exil. Tant dut coûter de peine
Ce long enfantement de la grandeur romaine!
(L’Énéide de Virgile, traduit par Jacques Delille; texte en latin et texte en français en regard.
Giguet et Michaud, Paris, 1804)
Il Virgilio travestito
Non una traduzione ma un’operazione parodica è quella operata dallo scrittore francese Paul Scarron
(1610-1660). La deformazione grottesca, i riferimenti al presente e gli stessi anacronismi sono la migliore
dimostrazione dell’universalità dei versi di Virgilio, capaci di essere trasformati e di parlare in maniera
brillante a uomini di epoche diversissime.
Je, qui chantai jadis Typhon,
D’un style qu’on trouva bouffon,
Aujourd’hui, de ce style même,
Encor qu’en mon visage blême,
Chacun ait raison de douter
Si je pourrai m’en acquitter,
Devant que la mort qui tout mine,
Me donne en proie à la vermine,
Je chante cet homme pieux,
Qui vint, chargé de tous ses dieux
Et de Monsieur son père Anchise,
Beau vieillard à la barbe grise,
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Depuis la ville où les Grégeois
Occirent tant de bons bourgeois,
Jusqu’à celle où le pauvre Rème
Fut tué par son frère même,
Pour avoir, en sautant, passé
De l’autre côté d’un fossé.
Junon, déesse acariâtre,
Autant ou plus qu’une marâtre,
Lui fit passer de mauvais jours,
Et lui fit force vilains tours,
Dont bien souvent, quoique très-sage,
Il se souffleta le visage ;
Mais enfin, conduit du destin,
Il eut, dans le pays latin
Quinze mille livres de rente,
Tant plus que moins, que je ne mente,
Et, sans regretter Illium,
Fut seigneur de Lavinium,
Dont depuis sa race, par guerre
A fait une assez bonne terre.
C’est de là que nous sont venus
Les pères Albains si connus ;
De là, Rome la belle ville,
Trois fois plus grande que Séville.
Petite muse au nez camard,
Qui m’as fait auteur goguenard,
Et qui, quoique mon mal empire,
Me fais pourtant quelquefois rire,
Dis-moi bien comment, et pourquoi,
Junon, sans honneur et sans foi,
Persécuta ce galant homme,
Sans lequel nous n’aurions pas Rome,
Ni tous ces illustres Romains
À qui nous baisons tous les mains.
Elle fit bien la furieuse
Contre personne si pieuse :
Ils se fâchent donc comme nous !
Je ne les croyais pas si fous,
Et les croyais être sans bile,
Ces beaux dieux d’Homère et Virgile !
Près du pays du roi d’Alger.
Que tua le bon roi Roger,
Une ville fort ancienne,
De fondation tyrienne,
Dessus le rivage africain,
Servait d’asile à maint coquin.
Cette ville avait nom Carthage,
D’où l’invention du potage,
Celle de durcir les œufs frais
Pour les manger à peu de frais,
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Choses autrefois peu connues,
Au grand bien de tous sont venues.
On la fait, mais je n’en crois rien,
Inventrice des gants de chien,
Et même des gants de Grenoble,
Cette nation fière et noble.
La sœur et femme du grand Dieu
S’y plaisait plus qu’en aucun lieu.
Samos, jadis sa bien-aimée,
Était d’elle moins estimée.
Elle y tenait carrosse et char,
Chaise à bras, litière et brancard,
Et fit rebâtir les murailles,
Et la fit exempter de tailles.
Elle n’était premièrement
Qu’un bailliage seulement ;
Mais elle rompit tant la tête
À Jupiter, qu’à sa requête
Il en fit un présidial
(Je ne sais s’il fit bien ou mal),
Y fonda deux ou trois collèges
Avec de fort beaux privilèges.
Elle eût fait de cette cité
Ce que Rome a depuis été ;
Mais, par malheur, en cette affaire,
Le destin fut d’avis contraire,
Le destin qui fait bien pester
Même le grand dieu Jupiter.
Or, comme souvent trop l’on cause,
Elle avait ouï quelque chose.
Qu’un jour viendrait que les Troyens
Perdraient les pauvres Tyriens ;
Ce que craignant la bonne dame,
Et gardant encor en son âme
Le beau jugement de Pâris,
Et l’insupportable mépris
Qu’en faveur de Vénus la belle
Il eut pour Pallas et pour elle,
Outre qu’il avait révélé
(Heureux s’il n’eût jamais parlé ! )
Qu’elle avait trop longue mamelle,
Et trop long poil dessous l’aisselle,
Et pour dame de qualité
Le genou un peu trop crotté ;
Puis un autre mal sans remède,
Le rapt du jeune Ganymède,
Dont son débauché de mari
Avait fait un cher favori.
Ces choses-là mises ensemble
Etaient suffisantes me semble
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Pour lui faire faire aux Troyens
Ce que les laquais font aux chiens,
C’est-à-dire guerre terrible.
Elle faisait donc son possible
Que ces pauvres dépaysés,
Pour la plupart dévalisés,
Ne pussent comme peuple libre
Planter leur piquet sur le Tibre,
Y semer blé, cueillir raisins,
S’allier avec leurs voisins,
Comme ils faisaient dans la Phrygie
Devant que les troupes d’Argie
Fissent des biens de Priamus
Après dix ans gaudeamus,
Tant l’entreprise était hautaine
D’élever cette gent romaine,
Malgré ses ennemis divers,
A l’empire de l’univers !
(Paul Scarron, Le Virgile travesti, 1648-1652)
Poeta e drammaturgo assai noto alla sua epoca, John Dryden si accostò alla traduzione dell’Eneide e
delle altre opere virgiliane (The Works of Virgil,1697), che divenne subito la più classica versione poetica
in lingua inglese.
Arms, and the man I sing, who, forc’d by fate,
And haughty Juno’s unrelenting hate,
Expell’d and exil’d, left the Trojan shore.
Long labors, both by sea and land, he bore,
And in the doubtful war, before he won
The Latian realm, and built the destin’d town;
His banish’d gods restor’d to rites divine,
And settled sure succession in his line,
From whence the race of Alban fathers come,
And the long glories of majestic Rome.
O Muse! the causes and the crimes relate;
What goddess was provok’d, and whence her hate;
For what offense the Queen of Heav’n began
To persecute so brave, so just a man;
Involv’d his anxious life in endless cares,
Expos’d to wants, and hurried into wars!
Can heav’nly minds such high resentment show,
Or exercise their spite in human woe?
Against the Tiber’s mouth, but far away,
An ancient town was seated on the sea;
A Tyrian colony; the people made
Stout for the war, and studious of their trade:
Carthage the name; belov’d by Juno more
Than her own Argos, or the Samian shore.
Here stood her chariot; here, if Heav’n were kind,
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The seat of awful empire she design’d.
Yet she had heard an ancient rumor fly,
(Long cited by the people of the sky,)
That times to come should see the Trojan race
Her Carthage ruin, and her tow’rs deface;
Nor thus confin’d, the yoke of sov’reign sway
Should on the necks of all the nations lay.
She ponder’d this, and fear’d it was in fate;
Nor could forget the war she wag’d of late
For conqu’ring Greece against the Trojan state.
Besides, long causes working in her mind,
And secret seeds of envy, lay behind;
Deep graven in her heart the doom remain’d
Of partial Paris, and her form disdain’d;
The grace bestow’d on ravish’d Ganymed,
Electra’s glories, and her injur’d bed.
Each was a cause alone; and all combin’d
To kindle vengeance in her haughty mind.
For this, far distant from the Latian coast
She drove the remnants of the Trojan host;
And sev’n long years th’ unhappy wand’ring train
Were toss’d by storms, and scatter’d thro’ the main.
Such time, such toil, requir’d the Roman name,
Such length of labor for so vast a frame.
(The Aeneid of Virgil, translated by John Dryden, 1697)
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