FLORILEGE BASE WORD 1 ETUDIANTS

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FLORILEGE BASE WORD 1 ETUDIANTS
PUBLICATIONS ETUDIANTS
SOMMAIRE
HERAULT ................................................................................................................................................................. 3
MONTPELLIER – UNIVERSITE PAUL VALERY – ATELIER D’ECRITURE – ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO ............... 3
MYRIAM GARCIA, FEMME. 1ERE ANNEE DE LETTRES MODERNES, UNIVERSITE PAUL VALERY ..................... 3
MYRIAM GARCIA, IVRESSE. 1ERE ANNEE DE LETTRES MODERNES, UNIVERSITE PAUL VALERY .................... 5
RENATE VALAAS SØRVIK, BIEN CHER MONSIEUR. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ECRITURE
DE L'I.E.F.E. UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO. ............................................. 8
JUAN CARLOS MORENO RODRIGUEZ, DE RETOUR A L’INNOCENCE PERDUE…. ETUDIANT INTERNATIONAL
DE L'ATELIER D'ECRITURE DE L'I.E.F.E.UNIVERSITE DE MONTPELLIER III ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO..... 11
LAURA ROMERO COLINO, INVERSION. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ECRITURE DE
L'I.E.F.E.UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO. ................................................. 12
OLA TILSET, LA VOITURE. ÉTUDIANTE. INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ÉCRITURE DE L'I.E.F.E..
UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER III ; ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO. ............................................................. 14
LAURA ROMERO COLINO, L’ÉCLAT. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ECRITURE DE
L'I.E.F.E.UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO. ................................................. 15
FARAH BAHRI, PETITE FLEUR CAPTIVE. ÉTUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ÉCRITURE DE L'I.E.F.E.
UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO. ............................................................... 18
MONTPELLIER – PAUL VALERY – DEPARTEMENT D’ITALIEN – LABORATOIRE AVEC L’AUTEUR : ANDREA BAJANI
(PROJET IDEFI) ; ENSEIGNANTES : ANGELA BIANCOFIORE ET EDMEE NGATOUM .......................................... 20
Sara Sicuro, Travasar. Étudiante Erasmus, Université de Florence / Licence Italien Llcer Montpellier 3 .... 20
Sara Sicuro, E se t’incontrassi in Oriente. Étudiante Erasmus, Université de Florence / Licence Italien Llcer
Montpellier 3 ................................................................................................................................................ 21
Benjamin Rinn La Nostra più grande ricchezza. Licence LLCR italien, première année ................................ 26
Anne Sophie Quercia, Primo ricordo? Colpo di fulmine inatteso? Licence LLCR d’italien première année. . 27
Delphine Colras, Bucefalo. Licence LLCR Italien, Première année ................................................................ 30
Alberto Nicotra Un Miraggio, Licence LLCER Italien .................................................................................... 31
Alain Perio, Processo. Auditeur libre Licence LLCER italien .......................................................................... 32
Alain Perio, Origine di una vocazione. Auditeur libre Licence LLCER italien ................................................ 34
HORS ACADEMIE ................................................................................................................................................... 36
YASMINE BENNAMI, CA NE CHANGERA RIEN. ETUDIANTE EN BICURSUS ENTRE SCIENCES PO ET PARIS IV
SORBONNE EN PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOCIALES. PARIS (75)................................................................ 36
KENZA-MARIE BAYEBANE, VENISE DANS L’ART. ETUDIANTE EN 2ÈME ANNÉE DE DROIT, PARIS 1 (75). .... 36
HERAULT
MONTPELLIER – UNIVERSITE PAUL VALERY – ATELIER D’ECRITURE – ENSEIGNANTE :
ANNICK ASSO
MYRIAM GARCIA, FEMME. 1ERE ANNEE DE LETTRES MODERNES, UNIVERSITE PAUL
VALERY
I
Son corps est une éponge
Qui s’étoffe, s’allonge
Sous les écoulements
De temps insignifiants.
Elle ne veut plus rêver
Ni éprouver,
Mais seulement goûter…
Elle frissonne.
II
Son corps est un enfant
Turbulent, provocant
Mais s’esclaffe en tremblant
Rit en s’illuminant,
Et comme un coup de poing,
S’abattent en lui
Les passions d’autrui…
Elle chantonne.
III
Son corps a la liberté
D’aimer fougueusement,
Oublier sur-le-champ,
Découvrir autrement.
Avec des étrangers,
Enthousiasmée,
Elle commence à créer…
Elle bouillonne.
V
Elle est un globe-trotteur
Enivrée de vapeurs
Rares et lointaines…
Elle est une femme
Qui est assoiffée
Par sa liberté
D’aimer
Et elle deviendra un corps Multicolore.
MYRIAM GARCIA, IVRESSE. 1ERE ANNEE DE LETTRES MODERNES, UNIVERSITE PAUL
VALERY
I
Lorsque le monde silencieux subsiste,
Que l'aveuglement des passants persiste
Que les feuilles mortes de l'automne sont balayées,
L'écriture engourdie peut alors se réveiller
Et bousculer les âmes abandonnées.
Elle est accablée de secrets
Dissimulés et encoffrés
Si lourds à porter
Qu’ils trouvent naissance sur ces feuillets.
La passion est ma révélation.
J'ai rêvé de l'amour sans illustration,
Je l'ai imaginé sans démonstration
Et je l'ai connu
Lorsque je n'en voulais plus.
II
Il est le songe de ma pénombre
Le tourment de ma destinée
Le bouillonnement qui m'encombre
L'adrénaline de ma matinée.
Ses yeux éveillent mon érotisme
Sa bouche exalte ma chaleur
Ses mains exhortent mon éréthisme
Et son souffle sur ma peau réveille mon ardeur.
Son doigt glissant sur mes lèvres sollicite mon abandon,
Son corps fondu au mien envenime ma déraison
Sa crispation enfièvre mon élan,
Sa jouissance enflamme mon engouement
Et ravive mon désir assoiffé.
Ce désir inapaisé,
Puisque je l'aime
Oui, puisque je t'aime.
III
Notre silence jamais inhabité,
Notre emballement toujours enflammé,
Me transporte vers notre univers ardent
Comblé de rires et sourires abondants
Et de jeux démesurément innocents.
Nos regards qui se mêlent,
Nos mains qui s'allient
Nos cheveux qui s'emmêlent,
Nos pas qui s'associent
M’amènent à fantasmer
Sur la fusion de notre flamme
Sur la fonte de nos idées
Sur l'ensevelissement de nos âmes.
IV
Mais à présent je suis nue
Devant toi,
Ton regard ne m’effraie pas
Il m'habille de ta vue
Me réinvente par ton intelligence
Me recouvre de tes sens.
Pendant ce court instant
Je disparais.
Je me dissous et renaît
Devenant ta création
Et portant ta prétention.
Je suis à toi présentement.
V
Je n'ai plus peur de mon cœur bouillonnant,
De mes joues rougeoyantes,
De mon corps brûlant,
De mes pupilles flamboyantes,
Et de toi, me délaissant ;
Puisque tu m'es apparu,
Que je t'ai haïe autant qu'adorée,
Que tu as vaincu mon anxiété
Que tu ne m'as jamais appartenu,
Ton amour ne m'est pas indispensable,
Ta présence et ton odeur me sont mémorables.
Je te préfère loin de moi, d'une autre passionné,
A près de moi éteint de toute humanité.
RENATE VALAAS SØRVIK, BIEN CHER MONSIEUR. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE
L'ATELIER D'ECRITURE DE L'I.E.F.E. UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE :
ANNICK ASSO.
Bien cher Monsieur,
Je vous écris pour vous raconter mon côté de l'histoire.
Je me levais à cinq heures chaque matin. Ma mère était malade et elle avait besoin de
beaucoup de soin. Je faisais tout dans la maison et je m'occupais de mes deux frères. Mon
père était mort depuis trois ans et ma mère avait perdu le désir de sa vie après ça. Elle ne
pouvait pas travailler, ni sortir de son lit. Je travaillais dans une fabrique de chemises à
trente minutes de chez moi. J'y allais avec ma bicyclette rouillée.
Un jour, Rosa Cabarcas a appelé ma mère. Elles ont parlé pendant ce qui semblait plusieurs
heures. J'étais nerveuse. Je savais qui elle était, et je connaissais son métier. Ma mère a
raccroché et est venue me voir en pleurant. "Madame Cabarcas cherche une vierge pour son
client le plus précieux. J'ai dû accepter. Nous n'avons pas le choix, ma petite. Il ne reste plus
d'argent. Tes frères doivent aller à l'école pour assurer le futur de notre famille. Tu sais
combien nous avons eu de difficultés. Pardonne-moi, s'il te plaît. Pardonne-moi."
Sur ces paroles, je suis partie au travail. Je ne pouvais ni manger ni parler, je ne pouvais
presque pas respirer. Jamais, je n’avais eu si peur. Une peur qui vous tient au ventre et ne
vous lâche plus.
Epuisée par l’angoisse sourde qui montait en moi, abrutie de travail, je me suis endormie
dans la chambre d'hôtel. Je me suis réveillée le lendemain, vous étiez déjà parti. Je pleurais
devant Mme Rosa, je n'ai rien compris. Avez-vous été déçu de moi?
La deuxième fois était pareille. Pourquoi ne me réveilliez-vous pas ? Je m'imaginais votre
apparence, votre voix, votre personnalité. Madame Rosa ne voulait pas m'expliquer
pourquoi rien ne s'était passé ou pourquoi vous partiez toujours si tôt, alors j'étais toute
seule avec mes pensées. Je m'imaginais un vieil homme, solitaire et triste.
Puis, j'ai trouvé votre message sur le miroir, le lendemain. "Ma petite, nous sommes seuls au
monde." Je développais un intense besoin de savoir pourquoi j'étais dans cette situation
avec vous. Je voulais savoir votre dessein. Les rencontres commençaient à devenir une
habitude. Je dormais bien dans la chambre d'hôtel, sans mes frères qui occupaient le lit, sans
ma mère qui pleurait dans son sommeil. Il n'y avait pas de bruit, j'étais en sécurité.
Une nuit, la police m'a réveillée. Un client venait d’être tué, et Mme Rosa a dû fermer son
affaire pendant un temps. J'étais inquiète et stressée. La question de l’argent se posait dans
ma tête toutes les deux minutes. Après quelques semaines, Mme Rosa m'a appelée en
disant que vous aviez demandé à me revoir. Elle m'a envoyée dans un salon de beauté pour
me préparer à votre arrivé. Elle m'a donné des bijoux, du vernis à ongles et du maquillage. Je
me sentais une autre. Comme d'habitude, je me suis endormie après quelques heures
passées à vous attendre. Cette nuit devait être celle où je vous verrai pour la première fois.
Vous m'avez réveillée à minuit, en jetant à terre les objets qui se trouvaient autour de vous.
Vous étiez fâché, le visage tout rouge et les yeux tellement froncés qu’ils paraissaient clos.
Monsieur, vous m'avez fait très peur. Vous étiez exactement comme je l'avais envisagé.
Madame Rosa est venue et vous a dirigé vers une autre chambre. Elle essayait de vous
calmer. Je pleurais. Qu'avais-je fait de mal?
Un mois plus tard, je suis retournée chez Madame Rosa. C'était la première fois depuis la
nuit de votre colère. "Il n'a pas encore appelé pour toi, ma petite", m’a-t-elle dit.
Je me suis trouvé un nouvel emploi. Je travaillais beaucoup pour couvrir les dépenses. Jour
et nuit, je pensais à vous. Avant de dormir, je pensais à ce qui s'était passé. Le temps passait.
"Il dit qu'il est en train de mourir. Il veut te voir une dernière fois." J'ai accepté
immédiatement. Mon intuition m'a dit que je devrais vous revoir. Que c'était la bonne chose
à faire. Malheureusement, je n'ai pas eu le temps.
Vous m'avez laissé tout ce que vous possédiez, à moi. J'aimerais vous parler une dernière
fois, Monsieur, pour vous expliquer qui vous étiez pour moi. Mon protecteur dans ce monde
cruel. Vos intentions étaient mauvaises au début, mais enfin elles sont rendues honnêtes et
compréhensibles. Merci à vous, grâce à qui j’ai été capable de prendre soin de ma famille
pendant ces temps si durs.
Adieu Monsieur.
© Juan Carlos Londoño, Pereira, Colombia. Inspiré de Memorias de mis putas tristes, Gabriel
Garcia Marquez
JUAN CARLOS MORENO RODRIGUEZ, DE RETOUR A L’INNOCENCE PERDUE…. ETUDIANT
INTERNATIONAL DE L'ATELIER D'ECRITURE DE L'I.E.F.E. UNIVERSITE DE MONTPELLIER III
ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO.
C’est le printemps éternel, la genèse d’une nouvelle vie. La pluie a disparu, le vert
commence à pousser et l’astre roi sourit en donnant la bienvenue. Tiens ! On entend les
oiseaux qui arrivent, coupent le froid silence en petits morceaux disparaissent dans la forêt.
La rivière qui étanchait ta soif coule sans remords, sans soucis.
L’esprit libre partage un sourire d’ivoire. Des yeux noirs comme la nuit laissent découvrir un
regard brillant et avide de vie, avide de connaissance, avide d’amour et d’espoir. Elle prend
la route à la rencontre de son destin. Le soleil, la lune, les planètes, la galaxie et l’univers,
pourquoi ? Pourquoi les feuilles tombent-elles au sol ? Pourquoi les plantes ne poussentelles pas toutes jusqu’au ciel ? Pourquoi existe-t-il des animaux qui naissent d’un œuf et
d’autres qui naissent comme les humains ? Pourquoi les humains font-ils des guerres ?
Pourquoi ?
C’était tout cela qu’elle aimerait savoir, tout cela qu’elle voudrait connaitre, tout cela qu’elle
devrait comprendre…
Néanmoins, le destin n’est pas toujours notre meilleur allié, ni notre partenaire ni notre ami.
Coups de tonnerres qui blessent le matin, laissent l’âme en éveil, des oiseaux muets de peur,
des arbres qui vibrent et des feuilles qui ne tombent pas sur le sol mais qui sont arrachées
pour finir mortes, sans couleur et sans galanterie. Nuages de poussière qui cachent les
rayons du soleil, chaos et douleur, ombres et incertitudes, telles sont les nouvelles coupes de
pinceau sur cette toile de réalité, de crue réalité qui a construit le destin pour cette petite
ange sans ailes, sans espoir. Soudain tout est tombé par terre, les feuilles, les oiseaux et
leurs nids, l’air, l’illusion et la vie.
Un sifflet mortel crispe le champ et frise son cœur, glace le sang, congèle le temps…petits
morceaux de métal qui s’écrasent autour d’elle, autour de leur humanité faible et pure. Son
destin est venu pour la rencontrer même s’il ne dissipera pas ses doutes ni ne répondra à ses
inquiétudes. Elle ne saura jamais pourquoi les feuilles, pourquoi les animaux, pourquoi les
guerres ? Quand le passé est parti et que le présent n’existe plus, c’est l’attente extatique de
l’avenir qui tient les rênes d’un futur sans retour, un futur vide et dégradé.
Dans ses yeux se reflète maintenant ce futur sans vie, ses yeux vides et opaques avec
lesquels elle devra regarder le ciel gris, triste et funeste, qui pleurent des larmes si mortelles,
si nocives pour la vie même. Qui tombent sur les champs semés de mort et hantés par la
dévastation. Elle se sent voler comme les oiseaux qui ne sont plus là, elle cherche les
réponses, elle cherche le morceau de son âme disparue, elle cherche les fragments du temps
dissipés nulle part, elle cherche de l’air pour respirer et de l’eau pour étancher sa soif, elle
cherche du soleil pour vivre et des oiseaux pour oublier le son étourdissant des sifflets et des
branches arrachées violemment des arbres… Elle cherche… Elle cherche le chemin du retour
à l’innocence perdue.
©Gio Ospina, para Escuela-Secuela, Pereira, Colombia.
LAURA ROMERO COLINO, INVERSION. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER
D'ECRITURE DE L'I.E.F.E.UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO.
Le “blanc OU noir” laisse sa place au “blanc ET noir”
Un Homme rêve.
Depuis longtemps.
Il sent qu’une force étrange et inconnue est en train de le posséder. Cet « être » devient plus
puissant à chaque fois qu’Il croise dans sa vie, des personnes d’une autre culture.
Il sent que sa pensée, que son âme changent en même temps que grandit en lui la curiosité
incontrôlable de connaître les autres…si étranges, si lointains.
Il n’a pas peur de se laisser posséder. Il s’agit d’une sensation agréable, exotique, sensuelle.
Pourtant, il craint ce que ses égaux penseront. Ses égaux…si homogènes, si fermés à la
nouveauté, si…égaux.
Il s’est endormi avec le doux goût de son nouvel esprit dans la bouche, bercé par les images
des endroits chauds et de ces gens de peaux foncées qui imprégnaient sa pensée.
Et, dans son rêve philanthrope, il imagine qu’au moment où il ouvrira les yeux, le monde ne
sera plus ce qu’il a connu.
La réalité aura changé et personne ne le jugera car tous les habitants de la planète auront
une âme métisse.
© Juan Carlos Londoño, Pereira, Colombia.
OLA TILSET, LA VOITURE. ÉTUDIANTE. INTERNATIONALE DE L'ATELIER D'ÉCRITURE DE
L'I.E.F.E.. UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER III ; ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO.
1989
La « Chanson pour l’Auvergnat » de George Brassens était trop allègre. Les harmonies ne
s’accordaient pas avec la frustration incommensurable d’un enfant gâté qui ne pouvait pas
avoir ce qu’il convoitait le plus dans le monde. Il souffrait d’un amour matérialiste qu’il ne
pourrait jamais surmonter. Son amoureuse était bleue, un bleu profond et beau, rayé de
traces oranges sur les côtés. Elle bourdonnait en plus. Il l’avait entendue au magasin de
jouets. C’était comme une symphonie. Il voulait tellement être dans elle, sentir le
caoutchouc du volant et le levier de vitesse. Il connaissait au moins un garçon qui possédait
son amoureuse, et il lui en voulait fortement, rongé d’envie. S’ils pouvaient être ensemble
tous les deux, ils se déplaceraient n’importe où, sous le regard envieux des autres enfants.
Avec une telle voiture, il serait comme les grands. Il roulerait sur les routes comme son
père.
Mais maman disait non.
2029
Le feu change du rouge à l’orange, de l’orange au vert. Il lâche l’embrayage et appuie sur la
pédale d’accélérateur dans un mouvement automatique qu’il a fait un million de fois déjà.
Ce qui auparavant était un siège est devenu une sorte de creux, parfaitement adapté à son
corps. Le volant est usé, la peinture est une nuance fade de la couleur du véhicule qu’il a
acheté neuf, il y a longtemps.
A la radio retentissent les notes d’une ancienne chanson qu’il n’a pas entendue depuis très
longtemps. Georges Brassens chante encore pour l’Auvergnat comme il l’avait fait un jour
lointain, perdu dans les profondeurs de l’enfance. Comme guidé par une machine à
remonter le temps, il sent remonter l’ancienne frustration de ne pas pouvoir avoir ce qu’il
souhaite.
C’était quoi encore le souci? Ah, oui, une petite voiture pour des enfants qui ne lui était pas
permise par le pouvoir suprême de maman.
Là, le désir de posséder une voiture resurgit. Les mains posées sur le volant, il rêve encore
de toucher un volant. Le bâton de la boîte manuelle, auparavant objet de ses plus profonds
désirs, est à côté de lui. Il rêvait d’être entouré par le métal et le plastique, il rêvait d’être sur
des roues. A un certain instant, perdu parmi les soucis d’adultes, son grand rêve est devenu
réalité sans qu’il ne s’en aperçoive.
- C'est bizarre comment ça se passe, a-t-il pensé, qu'un rêve puisse perdre toute son
importance au fil du temps, comme ça.
©Gio Ospina, para Escuela-Secuela
LAURA ROMERO COLINO, L’ÉCLAT. ETUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER
D'ECRITURE DE L'I.E.F.E.UNIVERSITE DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK ASSO.
Tout avait changé le jour où elle avait entrevu, au loin, la lumière. Jusqu’à ce moment-là, elle ne
s’était jamais demandé s’il existait un autre monde avec des êtres différents à elle et aux siens.
Elle était habituée à l’obscurité. Ses parents lui avaient dit que l’obscurité était absolument
nécessaire pour leur survivance. Elle ne devait jamais abandonner son monde ni sa chrysalide.
Sa chrysalide qui avait été, depuis sa naissance, sa plus proche et fidèle compagne, qui la protégeait
de tous les dangers extérieurs et qui était l’unique contact physique que sa peau connaissait. Cette
fine maille, en même temps douce et ferme, qui constituait déjà une extension d’elle-même.
Elle s’était parfois interrogée sur comment ce serait de toucher ses proches directement, peau sur
peau, mais face à l’impossibilité de connaître cette réalité un jour, elle avait toujours fini par la
rejeter.
Maintenant, il était beaucoup plus difficile se débarrasser d’elle. Cette idée tourmentait sa pensée
depuis ce jour-là… depuis que, là-bas, au loin, dans la lumière éblouissante, elle l’avait vu.
Cet être similaire à elle… mais tellement différent!
Entièrement recouvert d’une peau foncée, il regardait tout autour de lui à travers des yeux noirs et
semblait être heureux au contact direct de l’eau, du soleil… hors de sa chrysalide. Ou peut-être, il
n’en avait jamais eu une.
Elle avait trouvé si belle cette image ! Elle avait pensé que c’était la plus belle vision qu’elle n’avait
jamais vue. Elle avait pensé qu’il était le plus bel être qu’elle n’avait jamais croisé.
Tout son corps avait réagi d’une façon inconnue, étrange. Une rafale de feu l’avait parcourue depuis
les orteils de ses pieds jusqu’au coin le plus caché de son être et le désir brutal de le toucher et de
sentir sa chaleur s’était emparé de sa raison
Et là, à l’intérieur, au-dessous de sa peau, au-dessous de son sein, dans une petite partie gauche de
son corps, quelque chose de mystérieux avait commencé à bouger. Ses battements forts et
rythmiques qui ne s’étaient pas arrêtés depuis ce jour-là, coupaient sa respiration, pressaient sa
poitrine comme si une volée de coquins papillons voltigeait dans son ventre.
Cet énigmatique mouvement la rendait joyeusement folle, effroyablement pleine d’espoir.
Et elle était restée indécise, dubitative…perdue, craintive.
Mais, aujourd’hui, elle avait compris… En se regardant, elle avait découvert sa fidèle amie, sa
protectrice, blessée. Ici, à gauche, sur son sein, au même endroit où sous la peau frappait cet objet
mystérieux, sa ferme chrysalide avait commencé à se craqueler. Elle se déchirait peu à peu,
irrémédiablement, sans arrêt, à chaque nouveau battement.
Et en ce moment, comme un Éclat, comme l’éblouissante lumière qu’elle avait aperçue, les semaines
avant, elle a vu la clarté. Le doute, la peur, l’angoisse se sont volatilisés comme une étoile qui explose
avant de disparaître pour toujours.
Et elle a su, avec une certitude inébranlable, que c’était le moment de partir…
Partir vers lui.
© David Favela, Escuela-Secuela, Pereira, Colombia.
FARAH BAHRI, PETITE FLEUR CAPTIVE. ÉTUDIANTE INTERNATIONALE DE L'ATELIER
D'ÉCRITURE DE L'I.E.F.E. UNIVERSITÉ DE MONTPELLIER III. ENSEIGNANTE : ANNICK
ASSO.
© Gio Ospina, Escuela-Secuela, Pereira, Colombia.
Métisse ! Oui métisse, et ravissante !
Farouche fleur arômée d’esprit féminin
Charmante d’admiration intégrale
Quelle enchanteresse création !
Elle est fleur, elle est bien femme !
Graine récoltée pour être mise en pot
Fleur captive qui fleurit
Esprit qui dans un corps se nourrit
Quelle création symétrique !
Femme ! Oui femme, et fleurette !
Oiselle aptère encagée davantage
Silhouette maîtresse des défilés
Elle file son impérieux glamour en cage
Détachant son caprice ailé dans l’espace
Et… S’empare de l’esprit du monde
Corps séquestré en oisellerie
Dont l’âme gouverne en tout
Bien… les gens croient aux apparences
Précieux esprit plus noble que le corps !
Captive ! Oui captive, et régnante !
MONTPELLIER – PAUL VALERY – DEPARTEMENT D’ITALIEN – LABORATOIRE AVEC
L’AUTEUR : ANDREA BAJANI (PROJET IDEFI) ; ENSEIGNANTES : ANGELA BIANCOFIORE
ET EDMEE NGATOUM
Sara Sicuro, Travasar. Étudiante Erasmus, Université de Florence / Licence Italien Llcer
Montpellier 3
Fatica nel buio.
Incido la sua infanzia.
Brancolo nella frammentarietà di ogni spazio
troppo pieno e sospeso.
Tac-tac-tac.
Cresce la sua ombra.
Osservo Johan spingere via i ricordi, schiacciare l'aria sul volto della madre, scacciare il ronzio del
padre e afferrare il fumo di un orologio in fiamme.
Si risveglia Joahn, costruendo la sua altalena, battendo la testa nel muro di un abbraccio. Cade su
macchie di legno, osserva l'acqua allontanarsi; acqua risucchiata da un arco chiamato Oceano che
esige densa quantità di blu; nell'arcata disegnata tra il gomito e la mano Johan ripete se stessa.
Con forza risucchia dal naso la confusione delle parole udite.
Sbadiglia e assorbe distrattamente ogni bambola a lungo attesa; ingoia polvere e traduce tracce sulla
sabbia.
Dimentica il suo nome, ma ancora falsamente si fugge,
si urla addosso il nome:
Joahn! Tac-tac-tac
Stringe tra i denti ogni filo di una familiare ragnatela,
oppone resistenza al richiamo del ragno che le lega attorno ai fianchi la propria legge.
Joahn indietreggia e mentre osserva parole e sussulti intrecciati ad una trappola di lana, scaglia la
violenza del suo peso nella velocità di una traiettoria tracciata di spalle,
ad occhi chiusi.
TRANSVASER
Fatigue dans l'obscurité.
J'entaille son enfance.
Je vacille dans la fragmentation de chaque espace
trop plein et suspendu
Tac-tac-tac
Son ombre grandit.
J'observe Johan repousser ses souvenirs, écraser l'air sur le visage de sa mère, chasser le ronflement
de son père et saisir la fumée d'une horloge en feu.
Johan se réveille, en construisant sa balançoire, en tapant sa tête dans le mur d'une étreinte. Elle
tombe sur les tâches de bois, observe l'eau s'éloigner; eau engloutie par un arc appelé Océan qui
exige une riche quantité de bleu; sous l'arcade dessinée entre le coude et la main, Johan se répète
elle-même.
Avec force, elle engloutit par le nez la confusion des mots perçus.
Elle bâille et absorbe distraitement chaque poupée tant attendue;
avale la poussière et traduit les traces sur le sable.
Elle oublie son nom, mais encore faussement s'enfuit, hurle son propre nom:
Johan! Tac-tac-tac
Elle serre entre les dents chaque fil d'une toile d'araignée familière, oppose de la résistance à
l'avertissement de l'araignée qui attache autour de ses flancs sa propre loi.
Johan recule et alors qu'elle observe les mots et sursauts noués à un piège de laine, précipite la
violence de son poids dans la rapidité d'une trajectoire tracée le dos tourné, les yeux fermés
Sara Sicuro, E se t’incontrassi in Oriente. Étudiante Erasmus, Université de Florence /
Licence Italien Llcer Montpellier 3
Un’autostrada.
Le mani al volante e il piede che sull’acceleratore imprime la rabbia per quel continuo ticchettìo di
pensieri.
Tu e lui dentro una macchina con addosso il fremito per una casa da costruire.
Osservi la linea bianca in direzione di un viaggio che aveva appena qualche ora e che non poteva che
guardare Avanti.
D’un tratto la tua vista s’interroga e ti sorprende un pollice teso a domandare conoscenza. Una
bambina o una donna sul ciglio della strada?
Rallenti e gli dici: «Non capisco quanti anni possa avere! Ti va se le diamo un passaggio?» Ti accorgi di
essere irritata dalla sua risposta entusiasta: «Certo!!». Capisci bene che quelle spalle hanno
interpellato la sua attenzione, ma questa volta non te ne curi, scegli di dedicarti alla tua curiosità; ti
dici che perlomeno è tornato ad essere presente!
Lei intanto continua a camminare: si muove come in una bolla di miele. Densa e leggera, percorre
quel filo d’asfalto con il piede intriso nella pece.
Sei eccitata quando su quel macinato di pietre il peso delle gomme le annuncia il vostro arrivo.
Ha un morbido vestito blu cobalto, delle calze e degli anfibi neri ai piedi e un velo scuro appena sotto
gli occhi. Abbassi il finestrino, lei vi tende la mano e in quel tessuto straniero pronuncia il suo nome:
«Luna!»
Seduta dietro il tuo sedile, ti sorprende incredibilmente con i suoi racconti e con il tono caldo e
sereno della voce. Vi parla del giorno in cui ha deciso di partire, della sua famiglia, dell’isolamento cui
era stata costretta a causa di un’epidemia che ha colpito la sua isola. Vi spiega con una metafora che
per lei la malattia agisce come fosse un tornado trasparente che succhia dagli occhi e dalle orecchie
la membrana di un nucleo linfatico essenziale. Un male causato da un certo ‘elettromagnetismo
virtuale’ e che provoca cecità, sordità e agnosia tattile. Vi rivela, inoltre, che è una ricercatrice della
‘Facoltà di Medicine Umane e Creative’ e che nel laboratorio scientifico dell’università ha
sperimentato un metodo di guarigione; ma le case farmaceutiche, il sistema economico e tecnologico
nel suo Paese non le permettono di diffonderlo! Continua a spiegarvi che se il morbo va
diffondendosi sempre più facilmente è perché i vari partiti politici al governo costringono la
popolazione a vivere esclusivamente dentro i territori coperti dal segnale internet; e continuano a
sostenere una politica d’internamento entro le nuove statali frontiere elettriche.
Hai la sensazione di non capire bene di cosa stia parlando. Poi con voce sostenuta, pronuncia uno fra
i tanti messaggi sociali, che a quanto pare, vengono promossi dal ‘Regime mondiale in rete’: “Una
vita fuori dal tuo Virtual-Gruppo ti renderà per sempre uno straniero, un esule, senza Patria e
riconoscimento d’identità. Sostienici se vuoi far parte anche tu di Alter-Gruppo, la vita dentro
un’altra vita!”
Dopo queste parole e pochi chilometri di silenzio, lei sorridente vi dice: «Volevo guarire! Per questo
ho scelto di uscire dallo schermo. Ho aperto la schermata virtuale, mi sono affacciata e sono partita.
Sono andata fuori, a giocare con la strada!».
La guardi ancora dallo specchietto. I suoi occhi gioiscono. Ogni parte del suo corpo ti dice che è sana,
ogni parte di lei ti dice che è felice. Eppure la sua storia ti spaventa, il suo coraggio ti fa paura e ti
interroghi sul significato delle sue ultime parole: «Ora, riconosco il mio corpo e lo abito: non vivo in
nessuna scatola elettromagnetica; e tanto meno traslocherò in altre case. Sento il mio Oriente nei
piedi e questo è tutto!»
Dopo diverse ore di viaggio vi domanda semplicemente: «E voi dove siete diretti?»
D’improvviso, quella domanda ti riporta a Te, al vostro viaggio. Gli occhi innocenti di lei si
trasformano in una lente d’ingrandimento sul vostro silenzio.
Ti ritrovi negli occhi l’immagine del vostro nido d’amore, una casa ancora vuota e nelle orecchie un
suono assordante: è il rumore di una storia costruita su mattoni di cartone e civiltà! Nel naso sentì
bruciare l’inchiostro che ha delimitato il perimetro ancora soltanto disegnato di ogni stanza.
Sbarri gli occhi e ti ricordi di quel giorno in cui qualcuno ti disse che il mistero si perde nel cammino
progettato, tracciato dall’attesa. E pensi che anche tu vuoi andare fuori a giocare!
Fu un viaggio condiviso tra le tue mani al volante, lui accanto e quel volto riflesso nello specchietto
retrovisore. La ascoltasti piangere e sorridere mentre osservava il mare e le montagne, compagni di
viaggio.
Parcheggiasti la macchina. Le valige erano tutte fuori, pronte per salpare. Una nave e una meta
condivisa vi aspettava. Un altro imbarco era pronto.
Fu a prua, nella tua solitudine, che scrivendo abbandonasti il ricordo di un vecchio viaggio, sfilasti il
velo dal tuo volto e lasciasti che il vento interrogasse il tuo nome, Luna!
«Limpido il Cielo d’Africa
madre svestita d’ogni stagione
Beve l’annuncio di sudate gocce
offre il ventre
nell’imbuto vulcanico della storia
Femmina
preme sul perimetro di un cerchio
Vento nasce dal sibilo di una nuca
Famelica e innocente
apparizione di un continente
Forma assente in un ingorgo di linee e correnti».
Et si je te rencontrais en Orient ?
Une autoroute.
Les mains au volant et le pied qui imprime sur l'accélérateur toute la rage pour le martèlement
continu de tes pensées.
Toi et lui dans une voiture avec sur vous le frisson pour une maison à construire.
Tu observes la ligne blanche en direction d'un voyage qui avait à peine quelques heures et qui ne
pouvait regarder qu'en Avant.
Tout à coup ta vue s'interroge, un pouce levé te surprend qui demande connaissance. Une enfant ou
une femme sur le bord de la route ?
Tu ralentis et lui dis : "Je n'arrive pas à comprendre quel âge peut-elle avoir ? ça te dit si on la prend
en stop? " Tu te rends compte d'être irritée par sa réponse enthousiaste : "Bien-sûr!!". Tu comprends
très bien que ces épaules ont interpellé ton attention, mais cette fois tu ne t'en soucies même pas, tu
décides de te dédier à ta curiosité; tu te dis qu’au moins il est à nouveau présent!
Pendant ce temps, elle continue à marcher: elle se déplace comme dans une boule de miel. Dense et
legère, elle parcours ce fil de goudron avec le pied trempé dans la poix.
Tu es excitée quand sur ce tas de gravillon pulvérisé le poids des pneus lui annonce votre arrivée. Elle
est habillée avec une robe souple bleu cobalt, des chaussettes, des chaussures noires aux pieds et un
voile foncé juste en dessous des yeux. Tu baisses la fenêtre, elle vous tend la main et dans ce tissu
étrange, elle prononce son nom : “Luna!”
Assise derrière ton siège, elle te surprend incroyablement avec ses récits qu'elle raconte avec un ton
chaud et serein de la voix. Elle vous parle du jour où elle a décidé de partir, de sa famille, l'isolement
auquel elle avait été forcée à cause d'une épidémie qui avait frappé son île. Elle vous explique avec
une métaphore que pour elle la maladie frappe comme si c'était une tornade transparente qui
aspire des yeux et des oreilles la membrane d'un noyau lymphatique essentiel. Un mal causé par un
certain “électromagnétisme virtuel” et qui provoque cécité, surdité et agnosie tactile. Elle vous
révèle, en outre, qu'elle est une chercheuse de la “Faculté de Médecine Humaine et Créative” et que
dans le laboratoire scientifique de l'université elle a expérimenté une méthode de guérison; mais les
maisons pharmaceutiques ainsi que le système économique et técnologique de son pays ne lui
permettent pas de la diffuser! Elle continue à vous expliquer que si le syndrome se propage de plus
en plus facilement, c'est parce que les différents partis politiques au gouvernement obligent la
population à vivre exclusivement sur les territoires couverts par le signal internet; et ils continuent à
soutenir une politique d'internement au sein des nouvelles frontières éléctriques de l'Etat.
Tu as la sensation de ne pas très bien comprendre ce dont elle parle. Puis avec une voix ferme, elle
énonce un des multiples messages sociaux, qui, paraît-il, est promu par le “Régime mondial en ligne”:
“Une vie en dehors de ton Virtual-Groupe fera de toi un étranger à jamais, un exilé, sans Patrie et
sans reconnaissance d'identité. Soutiens-nous si toi aussi tu veux faire partie de Alter-Groupe, la vie
dans une autre vie!”
Après ces quelques mots et peu de kilomètres de silence, elle vous dit souriante : “Je voulais guérir!
C'est pour ça que j'ai choisi de sortir du schéma. J'ai ouvert l'écran virtuel, j’ai regardé dehors et je
suis partie. Je suis allée dehors jouer avec la route!”.
Tu la regardes encore depuis le rétroviseur. Ses yeux sont joyeux. Chaque partie de son corps te dit
qu'elle est saine, chaque partie d'elle te dit qu'elle est heureuse. Pourtant son histoire te fait peur,
son courage te fait peur et tu t'interroges sur le sens de ses derniers mots : “Maintenant, je reconnais
mon corps et je l'habite : je ne vis dans aucune boîte électromagnétique; et je déménagerai encore
moins dans d'autres maisons. Je ressens mon Orient dans mes pieds et c'est tout!”
Après plusieurs heures de voyage, elle demande simplement: “Et vous, vous allez vers où?”
Soudainement, cette question te ramène à Toi, à votre voyage. Ses yeux innocents se transforment
en une loupe sur votre silence.
L'image de votre nid d'amour défile devant tes yeux, une maison encore vide et un son
assourdissant: c'est le bruit d'une histoire construite sur des briques de carton et de civilisation! Tu
sens encore brûler dans le nez l'odeur de l'encre qui a délimité le périmètre de chaque chambre
encore seulement déssiné.
Tu écarquilles les yeux et tu te souviens de ce jour où quelqu'un t'a dit que le mystère se perd dans le
voyage programmé, tracé par l'attente. Et toi aussi tu penses que tu veux aller jouer dehors!
Ce fut un voyage partagé entre tes mains au volant, lui à tes côtés et ce visage réflété dans le
rétroviseur. Tu l'as écouté pleurer et sourire pendant qu'elle observait la mer et les montagnes,
compagnons de voyage.
Tu as garé ta voiture. Les valises étaient toutes dehors, prêtes à lever l'encre. Un bateau et une
destination partagée vous attendaient. Un autre embarquement était prêt.
Ce fut à la proue, dans ta solitude, qu'en écrivant tu as abandonné le souvenir d'un vieux voyage, tu
as enlevé le voile de ton visage et tu as laissé que le vent interroge ton nom, Lune!
“Limpide le Ciel d'Afrique
mère déhabillée de chaque saison
boit l'annonce de gouttes transpirées
offre le ventre
dans l'entonnoir volcanique de l'histoire
Femme
appuie sur le périmètre d'un cercle
Naît le Vent du sifflement d'une nuque
famélique et innocente
apparition d'un continent
Forme absente dans un engorgement de lignes et courants”.
Benjamin Rinn La Nostra più grande ricchezza. Licence LLCR italien, première année
Le parole sono in guerra. Sono in guerra per colpa nostra. Una guerra spietata e sanguinaria che fa
una strage micidiale. Le obblighiamo noi a fare la guerra, perché siamo codardi ed egoisti. Le
svuotiamo della loro anima e del loro significato, senza preoccuparci delle ripercussioni. Le utiliziamo
a nostro piacimento come fossimo dei dittattori. Di conseguenza poi le parole si ribellano, non
bastano a risolvere i conflitti, non sono sufficienti ad incarnare gli ideali e i significati che vi stanno
dietro e per cui alcuni di noi lottano, fanno brutti scherzi lasciando ampio spazio a incomprensioni tra
le persone, possono colpevolizzare innocenti e porre fine alla vita d'un uomo. Allora forse scriverle le
rende più forti, le unisce. Scriverle significa rendere omaggio alla loro esistenza. Potrebbe significare
che scritte le parole hanno un valore ben più alto di quando sono solo buttate al vento inutilmente.
Riacquistano la loro potenza. Ecco perché scrivere mi terrorizza così tanto. Sono convinto che a volte
è meglio tacere che parlare, o scrivere, per non dire niente. Mentre scrivo queste poche righe, mi
chiedo se quello di cui parlo sia davvero utile. Chissà. Lo scoprirò solo provandoci. Ora ritornando alla
guerra delle parole, essa causa ogni giorno migliaia, o forse addirittura milioni di morti. Quelle stesse
parole che usiamo per cercare di evitare il maggior numero di danni collaterali, sono le stesse che li
causano. Dagli attentati terroristici, ai conflitti internazionali di natura religiosa o economica, tutto
inizia dalle parole dette o sentite. Con le parole vogliamo ottenere TUTTO. Ma non dimentichiamo
che con le parole siamo riusciti anche a costruire grandi cose. Siamo riusciti a costruire il mito
dell'uomo sulla Luna. Siamo riusciti a spiegare ciò che era totalmente indescrivibile, come l'amore o
la morte. Dire che la natura umana tende alla sola distruzione è una verità incompleta. La natura
umana tende anche alla costruzione, alla creatività, alla grandiosità nella sua piccolezza. Allo stesso
modo la natura delle parole. Con le parole facciamo TUTTO. Quel TUTTO che molti cercano, non si
sono resi conto che lo hanno sotto gli occhi. Allora le parole entrano in guerra perché ognuno di noi
inizia ad attribuire loro un senso personale con lo scopo di dominare quelle degli altri. Il problema è
che esse sono di tutti e sono le stesse per tutti. Le facciamo entrare in guerra con la speranza che gli
altri ci ascoltino stando in totale silenzio, sconfiggendo i nostri avversari, mentre invece basterebbe
condividerle per risolvere i problemi. Condivitele ! Firmate l'armistizio, questa guerra dura da troppo
tempo, e perché questa guerra non avrà fine a meno che noi stessi non vi poniamo fine perché lo
abbiamo deciso. Questo conflitto non finirà con la sconfitta di un nemico. Non c'è nessun nemico da
sconfiggere. Quindi CONDIVIDETELE ! CONFRONTATELE !
Notre plus grande richesse
Les mots sont en guerre. Il sont en guerre à cause de nous. Une guerre impitoyable et sanguinaire qui
provoque un massacre micidial. Ce sont nous qui les obligeons à faire la guerre, parce que nous
sommes lâches et égoistes. Nous les vidons de leur âme et de leur sens, sans nous préoccuper des
répercussions . Nous les utilisons à notre guise comme si l'on était des dictateurs. Par conséquent, les
mots se rebellent, ils ne suffisent pas à résoudre les conflits, ils ne sont plus suffisants pour incarner
les ideaux et les sens qu'il y a derrière eux et pour lesquels certain d'entre nous luttent, ils font de
mauvaises blagues laissant place aux incompréhensions entre les gens, ils peuvent juger coupable
des innocents et mettre fin à la vie d'un homme. Alors peut-être les écrire les rends plus forts, les
unis. Les écrire signifie que les mots ont une valeur bien plus précieuse que quand ils sont seulement
jetés au vent inutilement. Ils recouvrent leur puissance. Voilà pourquoi écrire me terrorise tellement.
Je suis convaincu que parfois il est préférable de se taire plutôt que de parler, ou dans ce cas écrire,
pour ne rien dire. Pendant que j'écris ces quelques lignes, je me demande si ce que je racconte est
vraiment utile. Qui sait. Je le découvrirai seulement en essayant. Maintenant, pour en revenir à la
guerre des mots, elle cause des milliers voire des millions de morts. Ces mots que nous utilisons pour
essayer de limiter le plus grand nombre de dommages collatéraux, ce sont les mêmes mots qui les
provoquent. Des attentats térroristes aux conflits internationaux de nature religieuse ou
économique, tout commence par des mots prononcés ou entendus. Avec les mots on veut obtenir
TOUT. Mais n'oublions pas non plus qu'avec les mots nous avons réussi à construire de grandes
choses. Nous y avons construit le mythe de l'homme sur la Lune. Nous avons réussi à expliquer tout
ce qui semble être inexplicable, comme l'amour ou la mort. Dire que la nature humaine vise
seulement à la destruction est une vérité incomplète. Elle vise aussi à construire, elle vise à la
créativité et à la grandeur dans sa petitesse fragile. La nature des mots se comporte de la meme
façon. Avec les mots nous faisons TOUT. Ce TOUT que beaucoup de personnes cherchent, ils ne se
sont pas rendus compte qu'ils l'ont sous le nez. Alors les mots entrent en guerre parce que chacun de
nous commence à leur donner un sens personnel avec pour but de dominer les mots des autres. Le
problème c'est qu’ils appartiennent à tout le monde et ce sont les mêmes pour tous. Nous les faisons
entrer en guerre avec l'espoir que les autres nous écoutent totalement silencieux, vainquant nos
opposants, alors qu'il suffirait de les partager pour résoudre les problèmes. Partagez-les ! Cessez-lefeu, cette guerre dure depuis trop longemps, et parce que cette guerre n'aura pas de fin à moins que
nous y mettions fin nous mêmes parce que nous l'avons décidé. Ce conflit ne finira pas avec la
défaite d'un ennemi. Il n'y a aucun ennemi à battre. Donc PARTAGEZ-LES ! COMPAREZ-LES !
Anne Sophie Quercia
,
Primo ricordo? Colpo di fulmine inatteso? Licence LLCR d’italien
première année.
Era un giorno soleggiato di fine agosto. Al centro del parco dell’ospedale, mio padre era là, ansioso,
che fumava l’ultima sigaretta del suo pacchetto. L’ultima della giornata che avrebbe potuto
comprare.
Mia madre era rimasta all’interno, nella sala d’attesa con altre donne che come lei si piegavano dal
dolore e che espiravano come piccoli cani trafelati. Erano le 9. Improvvisamente, una donna si mise
ad urlare più forte delle altre nel corridoio accanto. Ultimo grido. Sollievo. Poi i vagiti si fecero
sentire. Un bimbo era nato. I suoi piccoli polmoni avevano preso per la prima volta una grande
boccata d’aria fresca. I suoi occhi si erano aperti sui volti commossi dei suoi genitori.
Poi fu il turno di mia madre. Il mio turno. Mio padre era entrato in sala parto e si era cambiato.
Indossava un vestito di tessuto fino, verde, e la sua testa era coperta da una cuffia. Era ridicolo, devo
confessarlo! Quando infine, dopo qualche ora di travaglio, ho finalmente mostrato l’estremità del
mio naso, le grida di gioia delle infermiere hanno annunciato ai miei genitori: è una piccola bambina
adorabile.
Io tenevo gli occhi chiusi e i pugni stretti. Questo perché avevo paura di scoprire i volti che
accompagnavano la voce così gioiosa dei miei genitori o era semplicemente paura dell’ignoto che mi
attendeva dopo? Non lo so. Io so soltanto che i medici si preoccupavano della mia salute, ma
tentavano bene o male di rassicurare i miei genitori dicendo che non era raro che un bebé non apriva
subito gli occhi. I medici sanno mentire bene!
Nel frattempo, le visite erano cominciate sin dal mattino della mia nascita. Le persone entravano
nella mia camera, si congratulavano con i miei genitori, mi prendevano in braccio, mi abbracciavano
e poi andavano via. Sentivo solo la loro voce. Questo mi bastava! Non volevo vedere i loro volti. Ma il
giorno seguente, mentre mia madre mi stringeva teneramente nelle sue braccia e mi cantava una
canzone, mio padre è entrato in camera con una, o forse con due persone. Scoprii, prima di tutto, il
suono della sua voce, così dolce, così melodioso. E schiudevo allora i pugni, così come se d’un tratto
l’ambiente in cui mi trovavo fosse cambiato. Io non ero più nella camera dell’ospedale, ad ascoltare
per tutto il giorno infermieri e medici entrare ed uscire. Io ero fuori. E questo fuori mi era ancora
sconosciuto. Mio padre mi sollevò lentamente, mi abbracciò e mi mise fra le braccia di questa
sconosciuta dalla voce così dolce. Rivelazione. Al contatto con le sue braccia, feci uno sforzo titanico
e infine aprii gli occhi. Mio padre, gioioso nel vedere finalmente i miei occhi aperti, corse a cercare
un’infermiera. Nel frattempo, osservavo questi due cerchi marroni e bianchi sopra il mio viso. Non
vedevo ancora molto bene e non capii subito di chi si trattava. Ma a mano a mano, tutto diveniva più
chiaro e si svelava. Capii che quelle due rotondità marroni e bianche erano in effetti, i due grandi
occhi della persona dalla voce così calma. Non potevo fare a meno di guardarla, come fossi
ipnotizzata. Allora, la sconosciuta mi sorrise e accarezzandomi dolcemente la guancia mi disse con
voce delicata: “Buongiorno Anne-Sophie, sono tua nonna!”. Anne-Sophie. Che idea avevano avuto i
miei genitori. Non potevano semplicemente scegliere uno dei due nomi? Era così complicato?
Fatto sta che a queste parole ebbi un colpo di fulmine.
Sorrisi per la prima volta. Un sorriso spontaneo che segnava l’inizio di una storia che non si sarebbe
offuscata. Si dice spesso che non scegliamo la nostra famiglia, ma oggi so che sono venuta dalle stelle
e che ho scelto mia nonna, colei che aspettavo per scoprire ed affrontare il mondo nel quale ero
atterrata, colei che mi proteggerà in ogni secondo della mia vita, appena cominciata.
Premier souvenir ? Coup de foudre inattendu ?
C'était un jour de fin août ensoleillé. Au milieu du parc de l'hôpital, mon père était là, anxieux,
fumant la dernière cigarette de son paquet. Le dernier qu'il pourrait acheter de la journée. Ma mère
était restée à l'intérieur, dans la salle d'attente, avec d'autres femmes qui comme elle se tordait de
douleur, expirant comme des petits chiens essoufflés. Il était 21 heures. Soudain, une femme se mit à
crier plus fort que les autres dans un couloir à côté. Dernier cri. Soulagement. Puis des vagissements
se firent entendre. Un nouveau-né venait de voir le jour. Ses petits poumons avaient pris pour la
première fois une grande bouffée d'air frais. Ses yeux s'étaient ouverts sur les visages attendris de
ses parents.
Puis, ce fut le tour de ma mère. Mon tour. Mon père était rentré dans la salle d'accouchement et
s'était changé. Il était vêtu d'un vêtement en tissu fin, vert, et sa tête été surmonté d'une charlotte. Il
était ridicule, il faut l'avouer. Quand enfin, après quelques heures de travail, j'ai enfin montré le bout
de mon nez, des cris de joies des infirmières ont annoncé à mes parents : C'est une adorable petite
fille.
Je gardais les yeux fermés et les poings serrés. Etait-ce par peur de découvrir les visages de mes
parents qui accompagnaient leur si jolies voix ou était-ce simplement la peur de l'inconnu qui
m'attendait après ? Je ne sais pas. Je sais juste que les médecins s'inquiétaient pour ma santé mais ils
tentaient tant bien que mal de rassurer mes parents disant qu'il n'était pas rare qu'un bébé n'ouvre
pas tout de suite les yeux. Les médecins savent bien mentir.
Pendant ce temps, les visites avaient commencé dès le petit matin de ma naissance. Des personnes
défilaient dans ma chambre, félicitaient mes parents, me prenaient dans leur bras, m'embrassaient
puis repartaient. Je n'entendais que leur voix. Cela me suffisait. Je ne voulais pas voir leurs visages.
Mais le jour suivant, alors que ma mère me serrait tendrement dans ses bras, me chantonnant une
chanson, mon père est entré dans la chambre accompagné d'une, peut-être deux personnes. Je
découvris tout d'abord le son de sa voix, si doux, si mélodieux. Je desserrais alors les poings comme si
d'un seul coup l'environnement dans lequel je me trouvais avait changé. Je n'étais plus dans la
chambre d'hôpital, à entendre à longueur de journée des infirmières et des médecins entrer et sortir.
J'étais dehors. Ce dehors qui m'était encore inconnu. Mon père me souleva lentement, m'embrassa
et me déposa dans les bras de cette inconnue à la voix si douce. Révélation. Au contact de ses bras, je
fis un effort titanesque et j'ouvris enfin les yeux. Mon père, heureux de voir enfin mes yeux s'ouvrir,
courut chercher une infirmière. Pendant ce temps, j'observais c'est deux ronds marrons et blancs audessus de mon visage. Je ne voyais pas encore très bien et je ne compris pas tout de suite ce dont il
s'agissait. Mais au fur et à mesure, tout devenait plus clair comme si un voile se levait. Je compris que
ces deux ronds marron et blancs étaient en fait les deux grands yeux de la personne à la voix si
apaisante. Je ne pouvais pas m'empêcher de les regarder comme hypnotisée. Alors l'inconnue me
sourit, caressant doucement ma joue et d'une petite voix m'annonça : « Bonjour Anne-Sophie, je suis
ta grand-mère ». Anne-Sophie. Quelle idée mes parents avaient eu. Ils ne pouvaient pas simplement
choisir un des deux ? Etait-ce si compliqué ? Toujours est-il qu'à l'écoute de ces paroles, un coup de
foudre se produisit. Je souris à mon tour, pour la première fois. Un sourire spontané marquant le
début d'une histoire qui n'allait jamais ternir. On nous dit souvent qu'on ne choisit pas sa famille mais
je sais aujourd'hui que je suis venue des étoiles et que j'ai choisi ma grand-mère, qu'elle était celle
que j'attendais pour découvrir et affronter le monde dans lequel j'avais atterri, qu'elle était celle qui
me protègerait chaque seconde de ma vie, nouvellement entamée.
Delphine Colras, Bucefalo. Licence LLCR Italien, Première année
Mentre stavo andando a vedere Bucefalo, preparandomi ad una buona giornata, caricando sella,
imbracatura e mele in macchina, pensando alla passeggiata che si stava preparando, qualcosa dentro
di me non andava. E infatti, arrivo nelle scuderie, Bucefalo non c’è più. La porta è aperta, le sue cose
sono sparite. Sono fuori di me, ho paura che gli sia successo qualcosa.
In questo momento però, sento i suoi passi sul cammino, il rumore si avvicina. Adesso lo posso
vedere. Sono stupita. Qualcuno lo sta cavalcando. Lui, Bucefalo, sembra calmo come se niente fosse.
Sembra stare bene. Sulla sua schiena, una ragazza dai capelli lunghi, sorridente, giovane. Si
avvicinano.
Sono incavolata nera, ma per chi si prende lei per portare fuori il mio cavallo ? Che cosa gli ha fatto ?
Non sarà la prima volta, Bucefalo sembra conoscerla. Come mai ?
Adesso, pochi metri ci separano. Bisbiglio un «Bucefalo, amore...» . Proprio in questo momento si
ferma. Capisco che l'ordine non viene da lei, ma che lui mi guarda perplesso. Poi trotta nella mia
direzione. La ragazza, reagisce, lo costringe ad andare più piano, a camminare con calma. Sembra nel
suo mondo, non mi ha ancora vista.
E subito lo choc. Alza gli occhi e mi vede. Sono io. Sono lei. Non lo so più, un dubbio m'invade. In
quell’istante, vorrei soltanto abbracciare Bucefalo, chiudere gli occhi e trovarmi in questo solito
benessere. Ma io, lei, l'altra me, non la pensa così. Ferma il mio Bucefalo e non lo lascia venire verso
di me.
Mi guarda, la guardo, mi guardo...
Un sentimento d'angoscia mi viene, il mio stomaco si contrae, i miei occhi diventano umidi. Vorrei
tendere la mano verso Bucefalo, ma lo sguardo sicuro e minaccioso della ragazza, dell'altra me,
quella che tiene Bucefalo per tutto per sé, più forte di me, mi scoraggia.
Dopo un tempo che mi sembra un eternità, lei sorride, scende e avanza verso di me. Ho paura. Lei
no.
Bucefalo, contento di avere due persone tutte per sé, si avvicina. Dopo avere controllato, la sua, la
mia faccia, con un gesto un po' timido, alzo la mano e la poso sull'occhio di Bucefalo che si chiude.
Quando apre di nuovo gli occhi, sono io, sono una.
Bucéphale
Alors que je m'apprêtais à aller voir Bucéphale, en prévision d'une bonne journée, en chargeant la
selle, l'harnachement et les pommes en voiture, en pensant à la promenade qui se préparait,
quelque chose à l'interieur de moi n'allait pas. Et en effet, j'arrive aux écuries, Bucéphale n'est plus
là. La porte du box est ouverte, ses affaires ont diparu. Je suis hors de moi, j'ai peur qu’il lui soit
arrivé quelque chose.
Mais à ce moment-là, j'entends ses pas dans l'allée, le bruit se rapproche. Maintenant je peux le voir.
Je reste bouche bée. Quelqu'un le monte. Bucephale, lui, semble calme, comme si de rien n'était. Il
semble aller bien. Sur son dos, une fille aux cheveux longs, souriante, jeune. Ils s'approchent.
Je rentre dans une colère noire, mais pour qui elle se prend elle pour sortir mon cheval ? Qu'est-ce
qu'elle lui a fait ? Ce n'est sans doute pas la première fois, Bucéphale semble la connaître. Comment
est-ce possible ?
Maintenant, seulement quelques mètres nous séparent. Je murmure un «Bucéphale, mon amour...»
À ce moment même, il s'arrête net. Je comprends que l'ordre ne vient pas d'elle, il me regarde
perplexe. Puis il trotte dans ma direction. La fille réagit, le contraint à ralentir, à marcher calmement.
Elle semble dans son monde, elle ne m'a pas encore vue.
Et tout à coup, le choc. Elle lève les yeux et me voit. C'est moi. Je suis elle. Je ne sais plus, un doute
m'envahit. Je voudrai seulement serrer fort Bucéphale, fermer les yeux et me retrouver dans ce
même état de bien-être habituel. Mais moi, elle, l'autre moi, ne l'entend pas comme ça. Elle stoppe
mon Bucéphale et ne le laisse pas s'approcher de moi.
Elle me regarde, je la regarde, je me regarde ?...
Un sentiment d'angoisse monte en moi, mon estomac se noue, mes yeux deviennent humides. Je
voudrai tendre la main vers Bucéphale mais le regard menaçant de la fille, de l'autre moi, celle qui
tient Bucéphale pour elle, plus forte que moi, m'en dissuade.
Après un temps qui me semble être une éternité, elle sourit, descend et avance vers moi. J'ai peur.
Elle non.
Bucéphale, content d'avoir deux personnes rien que pour lui, s'approche. Après avoir controlé son
expression de visage, mon expression de visage, d'un geste un peu timide je lève la main et la pose
sur l'oeil de Bucéphale qui se ferme.
Quand il ouvre à nouveau les yeux, c'est moi, je suis une.
Alberto Nicotra Un Miraggio, Licence LLCER Italien
In un giorno di mezza estate, camminavo spensieratamente per la città con andatura lenta, era
mattina e faceva un caldo tremendo.
Il sole batteva forte sull'intero lato destro della strada tanto che a guardare la parte sinistra all'ombra
pareva aver visto un miraggio.
Arrivato alla fine della strada, dinnanzi alla ringhiera con sotto la scalinata a chiocciola che porta al
mare, la prima cosa che mi saltò agli occhi non fu lo splendido panorama bensì una figura umana che
saliva per le scale.
Lì pensai sul serio si trattasse di un miraggio.. quando vidi me stesso su quella scalinata la realtà
prese ad un tratto il volo...
Pensai di essere in un sogno, un sogno molto strano che non avevo mai vissuto prima d'allora, poiché
solitamente non appaiono sosia nei nostri sogni.
Però dovetti ricredermi ben troppo presto poiché non mi trovavo in un' atmosfera da sogno: sentivo i
pizzicotti e i minimi rumori, e vedevo perfettamente ogni singola cosa.
Inoltre riuscivo a focalizzare abbastanza bene la fisionomia di quella persona, dalla testa ai piedi
anche se a tratti, poiché attendevo che facesse il giro dei gradini della chiocciola per osservarlo a
poco a poco.
Ero impressionato da una tale veduta, osservavo un ragazzo tale e quale a me salire quelle scale: gli
stessi capelli, la stessa conformazione fisica, degli abiti simili ai miei.
Cominciavo a preoccuparmi del suo arrivo alla piazza centrale dove stavo io, immobile ed incredulo.
Finalmente era all'ultimo tornante della scala; mi preparavo al suo incontro, ero agitato. Ed eccolo
all'ultimo gradino.. mi avvicino di colpo a lui.. e, ponendomi davanti alla sua figura, mi accorgo di
essermi sbagliato. Anche lui rimase qualche secondo ad osservarmi, e poi subito se ne andò, senza
riflettere più di tanto.
Si trattava in realtà di un normale ragazzo che mi assomigliava, ma non più di tanto, mi ero soltanto
illuso di aver incontrato il mio sosia, o chissà un gemello dal quale fui separato alla nascita.
Alain Perio, Processo. Auditeur libre Licence LLCER italien
Al telefono mi aveva detto di essere puntuale. Mi ritrovo davanti a una porta alle nove in punto.
Busso. Una voce bassa ma sonora grida: “Entri !” Apro la porta. Il luogo è buio. La voce dice : “Tu che
entri, lascia ogni speranza!” Aggiunge “Si accomodi!” Una luce si accende. Numerose persone ben
vestite si trovano di fronte a me. “Secondo Lei,” dice l’uomo con la cravatta rossa, sembrava il capo.
“Lei conosce i suoi amici, me ne può parlare ?...” Sono sorpreso dalla domanda, dopo averci pensato
per qualche lunghissimo istante che sembrò un’eternità balbetto parole su due o tre persone che
sono i miei più cari amici. Ho l’impressione a quel punto che la gente mi guardi appena, che non mi
ascolti. Alcuni parlano tra di loro a bassa voce, altri scuotono la testa, altri ancora nascondono un
sogghigno dietro la mano. Mi sento solitario e stupido e mi chiedo se vale la pena continuare.
Smetto. Di nuovo Cravatta rossa mi rivolge la parola : “Bene, bene... si vede che ha numerosi amici,
che c’è simpatia tra di voi. Ma adesso conosci i tuoi nemici ? Chi sono ? Puoi descriverli ?” Sono
stupito. Mi dà del tu. Non mi aspettavo una domanda simile. I propri nemici certo che li conosco, ma
non se ne parla mai. Chi sa quali sono gli amici dei miei nemici. Forse qualcuno fra questi uomini è
l’amico d’infanzia del mio peggiore nemico. Meglio essere prudenti. “Beh... di nemico vero,
non ne ho veramente. Direi piuttosto, persone che non ho voglia né piacere di incontrare, o persone
che a me sono indifferenti.” L’uomo mi guarda sorridente : ‘Ne sei sicuro ? A me pare che ci sia
almeno una persona. Pensaci...” Certo ce n’è uno che odio, è il padrone di mio padre. Sono a disagio,
non mi va di parlare di lui. “No, tutto sommato, nessuno!” “Credi...” mi risponde Cravatta rossa
“Sono sicuro che ce n’è almeno uno. E in più è il peggiore di tutti. Si trova dietro di te. Guarda!”
Allarmato, mi giro e vedo il mio ritratto in uno specchio. Un campannello suona. Cos’è ? Ah , certo la
sveglia!
Da allora ho spesso pensato che quegli sconosciuti del sogno avessero ragione. Dovevo riflettere in
qual modo io potessi essere il mio peggior nemico.
Le procès
Au téléphone, il m’avait dit d’être à l’heure. Je me trouve devant une porte à neuf heures précises. Je
frappe. Une voix basse mais sonore crie : « Entrez ! » J’ouvre la porte. L’endroit est sombre. La voix
dit « Asseyez-vous ! » Une lumière s’allume. Je me trouve devant plusieurs personnes bien habillées.
« D’après vous », dit l’homme à la cravate rouge, il paraissait être le chef. « Vous connaissez vos
amis, vous pouvez m’en parler ?... » Je suis surpris par sa question, après y avoir pensé un très long
moment qui parut une éternité, je balbutie des mots sur deux ou trois personnes qui sont mes plus
chers amis. A ce moment, il me semble que les gens me regardent à peine, qu’ils ne m’écoutent pas.
Certains parlent entre eux à voix basse, d’autres secouent la tête, d’autres encore cachent un
ricanement derrière leur main. Je me sens seul et stupide, je me demande si ça vaut la peine de
continuer. Je m’arrête. De nouveau Cravate rouge m’adresse la parole : « Bien, bien... on voit que tu
as de nombreux amis et que vous vous aimez bien. Mais dis-moi, connais-tu tes ennemis ? Qui sontils ? Peux-tu les décrire ? » Je suis étonné. Il me tutoie. Je ne m’attendais pas à une telle question.
Mes ennemis, bien sûr je les connais, mais c’est un sujet qui ne se discute jamais. Qui sait quels sont
les amis de mes ennemis. Peut-être quelqu’un parmi ces personnes est l’ami d’enfance de mon pire
ennemi. Mieux vaut être prudent. « Ben... de véritable ennemi, je n’en ai pas vraiment. Je parlerais
plutôt de personnes que je n’ai ni l’envie ni le désir de rencontrer, ou de personnes qui me sont
indifférentes. » L’homme me regarde en souriant : « Tu en es sûr ? Il me semble qu’il y a au moins
une personne. Réfléchis... » Bien sûr il en est un que je déteste, c’est le patron de mon père. Je suis
mal à l’aise, je n’ai pas envie de parler de lui. « Non, tout compte fait, personne ! » « Tu crois... » me
répond Cravate rouge « Je suis sûr qu’il y en a au moins un. Et de plus c’est le pire de tous. Il se
trouve derrière toi. Regarde ! » Inquiet, je me retourne et vois mon portrait dans un miroir. Une
sonnette retentit. Quoi ? Ouf ! bien sûr le réveil !
Depuis, j’ai souvent pensé que ces inconnus du rêve pouvaient avoir raison. Il me fallait réfléchir en
quoi je pouvais être mon pire ennemi.
Alain Perio, Origine di una vocazione. Auditeur libre Licence LLCER italien
A colazione la mamma disse come se fosse la cosa più naturale al mondo « Bambini, stasera
mangeremo il riso della strega ! » Il Babbo aggiunse casualmente: “Bisognerà incontrare la maestra,
prima. Ci sarà la riunione trimestrale dei genitori degli alunni.” Molto misteriose quelle parole
“riunione trimestrale” il tono fu vagamente minaccioso. Io e mia sorella ci guardammo inquieti e
preoccupati. Odiavamo il riso. Ma in più, quel riso della strega era una prova orrenda. A l’inizio aveva
un colore azzurastro non naturale come se fosse stato cotto nel liquido per pulire le finestre. Tutto
andava bene se manteneva quel colore. Ma ogni tanto, come il naso di Pinocchio che si allunga
quando mente, il maledetto riso cambiava colore quando la mamma aggiungeva la salsa. Da
azzurastro diventava di un rosso infernale. E ciò accadeva ogni volta che eravamo stati cattivi. Non ci
si poteva sottrarre. Poi la mamma, su di noi con la voce gioconda, che ci faceva arrossire di vergogna,
diceva: “Ah è stata cattiva la Claudinette (così si chiama mia sorella), la strega me lo dice. Mi dice
anche che Alinou non è stato bravo a scuola !” Dovevamo mangiare questo riso rossastro condito con
lacrime.
Qualche mese dopo, i genitori ci avevano iscritti a una giornata dedicata alla scienza e i suoi mestieri.
Tutti e quattro ci andammo. Entrammo in un’aula consacrata alla chimica. Un uomo in camice bianco
ci fece sedere di fronte a una specie di bancone coperto con bottigliette piene di liquidi trasparenti.
Ci disse: “ Ragazzi, state per scoprire che la chimica può essere divertente. Cio che vediamo può
trasformarsi come per magia.” Prese un piatto di riso azzurastro. Con la sorella ci guardammo.
L’uomo versò un liquido che chiamò acido. Il riso diventò rosso. Indignati, io e Claudine ci alzammo
“No, non siamo stati cattivi, la strega si sbaglia !” L’uomo ci guardò stupito : “Ma cosa dite ? Il
cambiamento di colore non è colpa di una strega, è una reazione chimica. Si spiega ecc...”
È così che io e mia sorella scoprimmo, dopo la delusione di Babbo Natale, che le faccende delle
streghe non erano né misteriose né favolose. I genitori c’entravano molto. I misteri si spiegavano in
modo semplice e razionale. Forse questa vicenda è all’origine del nostro interesse per la scienza.
Origine d’une vocation
Au petit déjeuner, notre mère dit, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde : “Les
enfants, ce soir nous mangerons le ris de la sorcière!” Notre père ajouta comme par hasard :
« D’abord, il faudra rencontrer la maîtresse. Il y a la réunion trimestrielle des parents d’élèves. » Bien
mystérieuses ces paroles « réunion trimestrielle », le ton fut légèrement menaçant. Ma sœur et moi
nous regardâmes inquiets et mal à l’aise. Nous détestions le riz. De plus, ce riz de la sorcière était une
épreuve horrible. Au départ il avait une couleur bleuâtre, non naturelle comme s’il avait été cuit dans
le liquide à nettoyer les vitres. Tout allait bien tant qu’il gardait cette couleur. Mais, de temps en
temps, comme le nez de Pinocchio qui s’allonge quand il ment, ce maudit riz changeait de couleur
quand maman ajoutait la sauce. De bleuâtre il devenait d’un mauvais rouge infernal. Et ceci se
produisait toutes les fois que nous avions été méchants. Pas moyen d’y échapper. Alors, notre mère,
penchée sur nous, d’une voix joyeuse qui nous faisait rougir de honte « Ah Claudinette (tel est le nom
de ma sœur) a été méchante, la sorcière me le dit. Elle me dit aussi qu’Alinou n’a pas été bon à
l’école ! » Il nous fallait manger ce riz rougeâtre épicé de larmes.
Quelques mois plus tard, nos parents nous avaient inscrits à une journée consacrée à la science et à
ses métiers. Nous y allâmes tous les quatre. Nous entrâmes dans une salle affectée à la chimie. Un
homme en blouse blanche nous fit asseoir devant une espèce de comptoir couvert de fioles remplies
de liquides transparents. Il nous dit : « Les enfants, vous allez découvrir que la chimie peut être
amusante. Ce que nous voyons peut se transformer comme par l’intervention d’un magicien ». Il prit
un plat de riz bleuâtre. Avec ma sœur, nous nous regardâmes. L’homme versa un liquide qu’il appela
acide. Le riz devint rouge. Claudine et moi nous levâmes, indignés « Non, nous n’avons pas été
méchants, la sorcière se trompe ! » L’homme nous regarda étonné : « Que dites-vous ? Le
changement de couleur n’est pas de la faute d’une sorcière. C’est une réaction chimique. On
l’explique etc... »
C’est ainsi que ma sœur et moi comprîmes, après la déception du Père Noël, que les agissements des
sorcières n’étaient ni mystérieuses ni fabuleuses. Nos parents y étaient pour beaucoup. Les mystères
s’expliquaient de façon simple et rationnelle. Peut-être que cette histoire est à l’origine de notre
intérêt pour la science.
HORS ACADEMIE
YASMINE BENNAMI, CA NE CHANGERA RIEN. ETUDIANTE EN BICURSUS ENTRE SCIENCES
PO ET PARIS IV SORBONNE EN PHILOSOPHIE ET SCIENCES SOCIALES. PARIS (75).
A cet endroit, de la peau, ça fait mal. Le bout frotte mais colore, alors c’est joli. Je ne saurais l’expliquer mais
aujourd’hui c’est violet. Les cils s’allongent au coup de pinceau, les iris paraissent sourire. Des gouttes d’eau se
cognent à l’évier, battent le silence. C’est peut-être la fatigue qui parle je crois. C’est comme si je me cachais,
trop de pudeur pour ce désir encore hésitant. La présence derrière la porte me gêne ; cet après-midi la pluie
tape des pieds mais c’est le silence de cette femme trop près, que j’entends le plus. Dernier regard pour moi à
travers le reflet, expression biaisée. Ma main pousse discrètement la porte, j’aimerais disparaître en traversant
le couloir, mais je le prévoyais, les cris reprennent. Les seules paroles filtrées qui parviennent à mon cerveau
toquent, fort «
» (ça y est, l’autre elle s’est maquillée !). Trois mots, tellement peu de place dans
un flot de sons, tellement aiguisés. Il fallait qu’elle émiette cette journée. A dix-huit ans, partir ça n’est plus
fuguer. Quand il arrivera, je m’en irai. Elle pourra toujours courir après la voiture, essayer de rattraper un
morceau de moi, un peu d’elle… ça ne changera rien. Mais il n’est pas venu. Je suis peut-être partie avant.
KENZA-MARIE BAYEBANE, VENISE DANS L’ART. ETUDIANTE EN 2ÈME ANNÉE DE DROIT,
PARIS 1 (75).
Le quai de la Giudecca
Sur le bord du quai de l’île de la Giudecca, je contemple l’air paisible et calme, l’étendue bleutée de la lagune et
la scintillante lumière de Venise. Tout est calme, paisible. Intérieurement, mes émotions sont plus violentes,
plus complexes. Un léger sursaut. Une pression s’exerce à l’intérieur de ma poitrine, prêt de mon coeur qui se
sert. Il sent la liberté, la ressent et tente fébrilement de s’y accrocher, de l’absorber dans son essence propre. Il
tremble de savoir qu’il devra la relâcher dans un soupir. A la vue de ce paysage, la vie bat plus avidement. Elle
résonne, profonde, ardente, dans le silence. Cette aspiration est si forte qu’elle rejoint mon âme qui veut
s’envoler, s’échapper de cette enveloppe charnelle et futile. En admiration avec le monde. En symbiose avec le
ciel agité et les flots gris. Un seul désir fait frissonner mon cœur : l’Evasion. L’évasion du moment. Minuscule
échappatoire qui brille en une étoile et nimbe les cœurs de son doux espoir. Et le vent me réveille. Je remonte
mon col et je tourne les pieds, retourne vers l’auberge. Mon soupire s’évapore. De nouveaux, les yeux
aveugles. L’âme éblouie.
Sans nom
Venise c’est le chant des possibles, les champs de la nouveauté.
Venise secrète, douce et câline, nous tente.
Nous voulons nous laisser bercer sur ses flots
La nuit, lentement, dériver le long de ses ruelles,
Le regard vers le ciel et se cognant aux portes
Des palais de jadis. Ne pas bouger.
Laisser l’eau nous mener au cœur de Venise.
Sans nom
La sombre Venise est comme un îlot
Lorsque le soir s’unissent le ciel et les flots
Instants de plaisirs et lieux de délices
Venise attise sous ses auspices les caprices
Et les espérances brillent sous son éther obscur
Reflétant sur les eaux, ses cruels augures
Sans nom
Laisser ses sens s’enivrer de la froide caresse
De Venise,
Silencieusement, livrée à sa tristesse,
Fébrile, naïve, bercée par l’enchanteresse
Venise.
Elle glisse, elle coule, elle tombe dans les limbes traitresses
De l’Insaisissable Venise.
Telle une ombre chagrine, une lumière chatoyante
Elle frémit sous l’ardeur attrayante
De cette tendresse apaisante, factice.
Un délicieux poison, qui, parfait supplice,
L’abandonne à l’extase sublime
De la Trompeuse Venise.
Car rien n’est calme à Venise,
Tout n’est qu’ardeur, audace, et plaisir.
Seulement troublé par le cruel écho
De son absence
Amer et doux, le parjure silence
De son cœur.
Le plafond noir de la ville
Bruit incessant
Des blasphèmes serments
Tu fais pleurer les cieux,
Ces larmes qui, légères,
Glissent sur mes joues
Je les goûte sur les lèvres
De la Tentation
Les savoure un instant
Et mon éclat de rire
Retentit silencieux
Masqué par la tourmente
Des vents de Venise.
Moment de tourment
Ephémère mélodie
Le cœur soudain léger
Et le sourire aux lèvres
Je me sens m’envoler
Emportée par les brèves
Saccades du vent.
Doux, calme, lent
Moment de tourment
Libres, purs et bienfaisants
Chants, qui de ce sentiment
M’emplissent. Oh temps,
Pourquoi m’inspires-tu tant
De Mélancolie !
Sans nom
J'admire, je contemple, j’examine.
J'écoute avec attention.
Si mon visage se ferme, si je semble impassible, hiératique et sombre, c'est que toute la force de mon être est
dans mon esprit et que celui-ci, à cet instant précis, bouillonne de vie, de joie, d'enthousiasme et rayonne.
Si mon visage ne le montre pas, c'est que seuls les mots et la parole peuvent l'exprimer.
Ou alors regardez-moi dans les yeux si vous ne craignez pas la brûlure et l'aveuglement de ma passion à l'état
pur
Dans l’Arsenale
Attentive aux moindres œuvres, aux moindres échos qui retentissent dans mon âme. Je me sens coupée du
monde, hors du temps, étrangère de ma propre vie. En suspens, une simple ombre, dans le bâtiment principal
de l’Arsenale. Durant sa traversée, mon cœur s’émeut. Devant tant d’intensité, il se trouble, face à cette
étrangeté. Mon esprit ravivé par tant d’émotion, cherche à savoir, à tout comprendre. Mais mes yeux, eux, ne
veulent que contempler, sans trop se questionner. Saisir la profondeur esthétique, et la garder gravée à jamais
dans mon souvenir. De ce mélange complexe, de ce savoureux cocktail, que je m’oblige à savourer lentement,
il en ressort un timide sourire. Une douceur fébrile, une langueur qui frémit au bout des doigts et se dilate, se
propage autour de moi. Mon corps est comme figé, et mon être s’émerveille. Etat indescriptible, accentué par
l’ambiance feutrée, et la calme atmosphère des lieux, où s’entrechoquent pourtant tant d’idées. Voraces, mes
yeux dévorent et mon être attentif admire. On se sent dans un rêve, loin de tout, loin de tous. Dans un
microcosme indépendant, unique. Qui risque de s’éteindre, de mourir pour toujours, à la fin du jour. Une durée
définie, déterminée, presque déjà finie, sans conséquences. Et pourtant on en ressort changé.
Dans l’Arsenale
Les pas feutrés,
Les chuchotements,
Les sourires qui parfois s’échappent
Et se heurtent aux gens,
Rapidement étouffés par le silence
Des regards attentifs.
Tels des fantômes, pâles reflets
De ce qui nous entoure - Contemplatifs Essayant vainement d’absorber
L’essence des œuvres qui flottent tout autour,
Qui redonnent de la couleur à ceux qui savent la saisir ;
Affinant l’ouïe de ceux qui savent écouter ;
Aiguisant l’esprit de ceux qui savent Chercher.
A l’entrée, des simulacres de l’Homme
Se pressent
Qui espèrent ressortir meilleurs
S’ils parviennent à Trouver.
Sans nom
Si l’artiste n’est pas là pour aider le peuple en lui procurant et plaisir et bonheur, alors le monde sombre dans
l’abysse des malheurs. Si l’artiste n’est pas là pour refléter au peuple la désolante noirceur de son âme, la
vicissitude de ses caprices, et remplir ainsi le vide de ses yeux, alors l’Homme est dévoré, consumé par les
flammes de la cupidité. Et pourtant l’artiste est là, et le monde est comme cela.