Guerre de montagne, réquisitions et pillage
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Guerre de montagne, réquisitions et pillage
Guerre de montagne, réquisitions et pillage René SIESTRUNCK [email protected] Résumé : Vivre à la frontière, c’est vivre sous une double contrainte, celle des troupes amies et celle des troupes ennemies, celle du défenseur et celle de l’envahisseur. Le Queyras, à ce titre, a au long de son histoire éprouvé les diverses figures du passage des troupes, de leur stationnement, de leur ravitaillement, sous forme de contributions remboursables à long terme ou de pillage pur et simple. Toutefois avec le rôle joué par les fortifications - Fort Queyras puis Mont-Dauphin - le secteur du haut Queyras est devenu un vide défensif, c’est-à-dire un lieu qui, si l’on n’oublie pas d’y lever des contributions, n’est pas destiné à la bataille. Mots-clefs : Et plus la ligne de défense stratégique s’éloigne de la frontière géographique, plus le vide défensif se trouve sollicité. C’est ce qui apparaît à suivre le rôle militaire joué par le haut Queyras durant trois épisodes : la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1686-1697), la guerre de Succession d’Espagne (1701-1714) et la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748). Fortification Frontière Guerre Passage de troupes Pillage 69 Riassunto: Abstract : Vivere al confine, significa vivere sotto una doppia costrizione, quella delle truppe amiche e quella delle truppe nemiche, quella del difensore e quella dell’invasore. A questo titolo, il Queyras ha provato lungo la sua storia le diverse figure del passaggio delle truppe, del loro stazionamento, del loro rifornimento, sotto forma di contributi rimborsabili a long termine o di vero e proprio saccheggio. Living on a border means living under two constraints, one of them with friendly troops that of the defender, and the other, with enemy troops, that of the invader. The Queyras during its history, for this reason, has been affected by the movement of troops, their stationing and their supply systems, through long-term refundable contributions, or simply plundering and looting. Tuttavia, con il ruolo e poi Mont-Dauphin un vuoto difensivo, dei contributi non alla battaglia. However, with the part played by the fortifications - Fort Queyras and Mont Dauphin - the high Queyras became a form of battle-free zone, i.e. a place which, if not forgotten for raising taxes, was not intended for fighting. svolto dalle fortificazioni - Fort Queyras - il settore del alto Queyras è diventato cioè un luogo che, se la riscossione viene dimenticata, non è destinato E più la linea di difesa strategica si allontana del confine geografico, più il vuoto difensivo si trova sollecitato. È quello che appare quando si segue il ruolo militare svolto dall’alto Queyras durante tre episodi : la guerra della Lega di Augsbourg (1686-1697), la guerra di Successione in Spagna (1701-1714) e la guerra di Successione in Austria (1740-1748). 70 Further, the more the strategic line of defence moves away from the geographical border, the more the defensive zone is used. This is what appears to be the military role played by the high Queyras during three periods: the war of the League of Augsburg (1686-1697), the Spanish war of succession (1701-1714) and the Austrian war of succession (1740-1748). Parole chiave: Key words : Fortificazioni Fortifications Confine Border Guerra War Passaggio di truppe Movement of troops Saccheggio Plunder & looting 71 Les opérations militaires débutent en 1688. En 1690, le duc de Savoie adhère à la Ligue. Guerre de montagne, réquisitions et pillage L a chronique locale décrit en détail, avec la préoccupation de gestionnaires de la communauté, les effets des passages de troupes. Les Transitons, journaux tenus par les chefs de famille du haut Queyras et transmis de génération en génération, d’abord destinés à consigner l’état des chemins ruraux, relatent chronologiquement les faits importants qui se sont déroulés dans le pays. On constate que l’ennemi n’est pas toujours le pire. En effet, si au cours de leurs raids les Vaudois s’emparent de ce qui se trouve sur place en fait de bétail et de ravitaillement, les réquisitions françaises ne s’embarrassent pas de savoir si la communauté a les moyens d’y répondre. La communauté, quand les particuliers ne peuvent répondre, doit faire l’avance de ce qui lui est commandé. Elle est généralement payée six mois plus tard. Si une troupe est jugée trop importante pour un village, alors les communautés voisines sont sollicitées. Souvent les communautés doivent passer par l’emprunt pour subvenir aux besoins de la troupe. Par ailleurs, les militaires n’ignorent pas que le bétail doit demeurer de longs mois à l’étable et que, de ce fait, les réserves en fourrage et en viande sont importantes. Une autre calamité pour les communautés est la résidence de la troupe pour ses “quartiers d’hiver”. Il faut alors la nourrir et subir ses exactions. Tous ces faits souli- 72 gnent le rôle déterminant du pays traversé ou occupé dans la logistique des armées. Lieu de résidence, réserve de vivres, grenier à foin pour les deux partis, et pourtant indéfendable, le haut Queyras comme base de regroupement pour les offensives françaises en direction des vallées vaudoises est en première ligne pour en éprouver les représailles. Un pays d’escarmouches qui permettent de gagner du temps, d’éviter la bataille décisive, celle qui, aux portes de Briançon, ouvrirait celles du royaume. 1686-1697 : Guerre de la Ligue d’Augsbourg Avec les traités de Nimègue (1678-79) mettant fin à la guerre de Hollande, la France recevait de l’Espagne la Franche-Comté ainsi que plusieurs places. Ce fut l’apogée militaire du règne de Louis XIV dont les ambitions ne s’arrêtaient pas là. En 1686, contre sa politique agressive se constitue une coalition comprenant l’Angleterre, la Hollande, l’Espagne, la Suède, plusieurs principautés allemandes. Le sac du Palatinat et la Révocation de l’édit de Nantes soudèrent cette alliance. Le traité de Turin (1696) et celui de Ryswick (1697) mirent fin à la guerre alors que les belligérants étaient épuisés. La France devait rendre l’essentiel Juin 1690 Tandis que les troupes de Fauquières, sur ordre de Catinat, opèrent à Luserne, La Tour, etc, 300 Vaudois entré en Queyras par le col Lacroix pillent La Monta et Ristolas et s’avancent jusqu’à Abriès. Novembre 1690 Molines pillée par les Vaudois. Août et septembre 1691 Costeroux, Fontgillarde et Pierre Grosse pillés. Juillet-août 1692 Invasion savoyarde. Le duc de Savoie vient par Larche et Vars et le comte de Schomberg par le col Lacroix. Embrun tombe le 6 août. Alors que la vallée de la Durance est ravagée, les assaillants n’assiègent pas Briançon mais des coups de main ont lieu contre Villard Saint-Pancrace et Cervières. Les Savoyards se retirent le 11 septembre. 1693 Ristolas, Abriès, Aiguilles, Arvieux, Cervières pillés par une bande vaudoise, tandis qu’une autre bande fait de même à Gaudissard. 1695 Molines mis à contribution par une bande de Barbets. 1696 Même chose pour Fontgillarde. 1701-1714 : Guerre de Succession d’Espagne À l’avènement sur le trône d’Espagne de Philippe V, petit-fils de Louis XIV, l’empire colonial espagnol s’ouvre au commerce français. Guillaume III d’Orange forme alors la Quadruple Alliance de La Haye, composée de l’Angleterre, des Provinces Unies, de l’Empire (le fils de l’empereur Léopold 1er, Charles prétendait aussi au trône d’Espagne) et du Portugal. Ils sont rejoints par la Savoie qui d’abord alliée à la France et à l’Espagne rejoint la coalition lorsque ses prétentions sur le Milanais ne sont pas prises en compte. Victor-Amédée de Savoie fait à nouveau appel aux Vaudois pour des raids offensifs vers les vallées françaises. Les traités d’Utrecht (1713) et de Rastadt (1714) mettent fin à cette guerre. Les escartons de Château-Dauphin, Pragelas et Oulx sont rattachés à la Savoie tandis que l’Ubaye revient à la couronne de France. 9 novembre 1703. 450 Vaudois se rendent à Abriès et Ristolas pour en exiger la contribution, les “étrennes”. 1704 En vue d’une invasion des vallées vaudoises, 6 bataillons, 50 dragons, des soldats du train, deux canons et un mortier sont concentrés en Queyras. Le 26 ils sont à Ristolas et le 27 sur le versant piémontais du col Lacroix, au Prat. Siestrunck de ses conquêtes mais n’en fit rien. Pour Louis XIV et la France le temps des épreuves commençait. 1705 L’intendant au bailliage de Briançon réclame 30 000 rations de fourrage pour la garnison de Suse, dont 9979 incombent à l’escarton du Queyras. 1708 Sous le commandement de Villars, 10 compagnies du régiment de Flandre séjournent à Molines du 11 novembre au 16 mai 1709. Villars est remplacé par Berwick qui envoie 5 bataillons occuper le Queyras. Dix com73 Les Piémontais du marquis d’Audourne campent aux cols Longet et de Cristillan, à charge à Molines et Saint-Véran de les entretenir. 1710 Menace des Impériaux par l’Ubaye. Berwick se poste au col de Vars. Les Impériaux renoncent mais font une incursion par le col Agnel. Guerre de montagne, réquisitions et pillage 1710 - 11 Dix compagnies du régiment de Gâtinais hivernent à Molines. 1712 Raid de Berwick par les cols des Ayes et d’Izoard, puis le col Agnel et descente à Saint-Pierre et Chanal pour lever 50 000 livres de contributions. 1740-1748 : Guerre de Succession d’Autriche À la mort de l’empereur Charles VI, les puissances européennes dénoncèrent l’accord connu sous l’appellation de Pragmatique sanction qui assurait sa succession en ligne directe quel que soit le sexe de l’héritier, en l’occurrence sa fille MarieThérèse. France, Espagne, Saxe, Bavière et Prusse soutenaient les prétentions de Charles-Albert de Bavière, qui se fit élire sous le nom de Charles VII. Angleterre et Pays-Bas soutenait Marie-Thérèse. Le traité d’Aix-la-Chapelle (1748) reconnut la validité de la Pragmatique sanction sans régler le conflit. Mais à l’intérieur du conflit général, d’autres conflits secondaires se déployèrent. L’Espagne revendiquait Parme et Milan, tout comme le royaume sarde. Ce dernier, en 74 1743, se rangea aux côtés des Autrichiens. 1743 Invasion du Piémont par l’Infant d’Espagne. Ses troupes, augmentées de 14 bataillons français campant autour de Briançon, arrivent par le col d’Izoard, et par la vallée de la Durance, Guillestre, Ceillac et le col Fromage. Ces 50 000 hommes campent à Molines et Saint-Véran et occasionnent des dégâts considérables. Les colonnes de l’Infant franchissent les cols Agnel et Valante. Croyant prendre Château-Dauphin sans coup férir, elles laissent 8 000 hommes (8 octobre) sur le carreau et franchirent à grand peine le col Agnel sous la neige, y perdant encore beaucoup d’hommes et leur matériel. 1745 Le maréchal de Maillebois décide d’assiéger Exilles. Briançonnais et Queyrassins furent mis à contribution “avec leurs bestiaux” pour porter piquets, fascines et ravitaillement non loin du front. En Queyras, la même contribution vaudoise est demandée. 1747 Devant le refus de paiement de la contribution, un otage est emmené par les Vaudois. 1744 L’Infant et ses troupes, passés en Ubaye par le col de Vars pour assiéger Demonte dans la vallée de la Stura. Le manque de bêtes de somme conduit à réquisitionner la population du Queyras et du Briançonnais pour porter le ravitaillement et les munitions de Briançon à Guillestre et à Saint-Paul. Pour s’emparer plus sûrement d’Exilles, les Français décidèrent de prendre au préalable la montagne de l’Assiette, entre Doire et Chisone. L’attaque de cette position, en fait un véritable camp retranché, fut un échec sanglant (19 juillet) puisque près de 6 000 hommes y périrent. Tout le Briançonnais fut appelé à accueillir les très nombreux blessés. Après cette défaite cuisante, la population fut à nouveau mobilisée pour fortifier la frontière. Des combats eurent lieu aux cols de l’Echelle et de Montgenèvre. L’ennemi s’avança jusqu’à Cervières qui fut pillé. D’autres renforts arrivés de Bousson par l’Izoard passaient les cols Fromage, Cristillan et Longet pour assiéger Bellin. La population dut encore faire des portages. Fortification, guerre de mouvement et vide défensif Le 15 octobre, un nouveau détachement de 2 500 hommes est à Molines sans pouvoir franchir le col Agnel à cause du mauvais temps. Dans l’été les demandes vaudoises de contributions et les raids avaient repris. Bien que celles-ci aient été payées, un bande vaudoise passa le col Lacroix (6 août), poussa jusqu’à Aiguilles où elle fit des prisonniers du régiment de Béziers. Au mois d’octobre, une autre bande effectua un raid sur Molines. Durant l’été 1692 la preuve avait été faite qu’un ennemi, concentrant ses forces sur un point ou deux, pouvait emporter la défense de la frontière, une défense diffuse, faite de postes qui n’avaient pas la possibilité de s’appuyer les uns les autres. La suite est connue. Vauban vint et dressa les plans de nouvelles fortifications à Briançon et d’une nouvelle implantation au confluent Guil-Durance, sur le plateau de Millaures, Mont-Dauphin. Puisque la frontière n’était pas tenable avec des hommes, on attendrait l’envahisseur dans des lieux choisis, quitte à sacrifier sur l’autel de la défense du royaume quelques interstices, les vallées situées entre la frontière et les fortifications. Le dogme de la cuirasse, de la défense passive était tout puissant et Vauban en est le symbole. Sur la frontière des Alpes, qui n’était en fin de compte qu’un théâtre secondaire de la guerre si on le compare à ce qui se passait dans les provinces du nord, le système des places fortes permettait une économie de troupes, de tenir un grand territoire, avec peu d’hommes, en verrouillant quelques points clé. Toutefois, dans les années 1709-1712, plutôt que de vérifier si la théorie de la défense passive se révélait exacte, on en revint à la guerre de mouvement. L’état des fortifications, leur préparation, leur armement n’étaient sans doute pas à la hauteur des ambitions vaubanienne. Berwick, qui commandait l’armée des Alpes, s’en servit comme de camps retranchés à partir desquels il faisait manœuvrer des troupes très mobiles. Berwick écrit dans ses Mémoires : “La défensive était difficile, vu qu’un ennemi qui se tenait dans la plaine du Piémont et qui avait son projet formé, se pouvait tout d’un coup porter avec toutes ses forces du côté qu’il voulait ; au lieu qu’incertains de ses desseins, nous étions obligés de nous séparer pour porter notre attention de tous côtés.” Il met au point un système qui, alors qu’il est basé à Briançon, lui permet de se porter rapidement en direction du sud, par le col de Vars, la vallée de Barcelonnette, appuyé sur un camp à Tournoux, et en direction du nord par le col du Galibier, Valloire et la Maurienne. Pour corriger les défauts des fortifications de Briançon, “très mauvaise place commandée de partout” (on est en 1709 et Vauban est repassé à Briançon deux ans auparavant !), il fait construire un camp retranché sur les hauteurs des Têtes. Dans les vallées (le Queyras a droit Siestrunck pagnies du régiment de Vermandois passent l’hiver 1709-10 à Molines. 75 En 1752, le royaume est en paix et le marquis de Paulmy, secrétaire d’Etat, adjoint au ministre de la guerre inspecte la frontière des Alpes. Il est accompagné, entre autres experts, de Pierre Bourcet, natif du Valchisone, artilleur, cartographe, officier du génie et futur maréchal. Son expérience est celle de la guerre de Succession d’Autriche. Il transmet au marquis de Paulmy divers mémoires dont un Mémoire sur la vallée de Queyras. Il y synthétise le rôle donné à Fort Queyras : “Ce château, quoique d’une très petite défense, est très essentiel pour écarter les approches de Briançon et de Mont-Dauphin et facilite beaucoup le soutien de la communauté de ces deux places.” Au-dessus de fort Queyras, rien n’est défendable, malgré les supplications des communautés qui semblent préférer les contributions aux troupes royales (et leurs écarts de conduite) aux pillages des “Barbets” : “C’est la raison qui oblige ses habitants de demander comme une grâce qu’on leur permette de payer la contribution en temps de guerre pour éviter les descentes desdits Barbets qui brûleraient leurs habitations s’ils refusaient de la payer, et on ne peut les en dédommager que par des contributions de représailles qu’on tirerait des vallées soumises au roi de Sardaigne (…)” Le rôle militaire du haut Queyras est scellé : “Il faut nécessairement l’abandonner, quand on est inférieur par l’impossibilité d’y trouver aucune position où il soit facile de se soutenir contre un nombre un peu supérieur et même égal, à cause de la supériorité des débouchés de l’ennemi sur tous les points de cette partie”. Le relief plus abrupt du versant piémontais devient ainsi un atout. Les communications et la concentration 76 des troupes y sont plus aisées que sur le versant français, fragmenté en de multiples vallées accessibles par de multiples cols. “Ainsi, conclut Bourcet, il faut regarder l’avant du château de Queyras qui comprend les trois quarts de la vallée comme un pays abandonné à l’ennemi et duquel on pourra seulement tirer quelques ressources en fourrages”. Clausewitz, un demi-siècle plus tard, exprime la même analyse réaliste : ”La protection contre les razzias est d’importance très secondaire.” Il poursuit dans une critique des “cordons”, ces lignes continues de postes qui visent à défendre un secteur, et éparpillent la défense. Le dogme de Vauban est, au milieu du XVIII siècle, sérieusement écorné. Guibert et son Essai général de tactique n’y sont pas étrangers. Sur un ton sarcastique il donne un historique des “subsistances”, sujet peu traité par les auteurs classiques de l’Antiquité. Il imagine les petites armées des républiques grecques, “faisant la guerre à quelques lieues de leur territoire, des incursions de quelques jours faites pendant la saison des récoltes”. À la suite de quoi “les deux partis allaient réparer leurs pertes et cultiver leurs champs”, tableau qui correspond assez bien aux opérations sur notre frontière, durant les XVIIe et XVIIIe siècles. Jusqu’à la guerre de Trente ans, “les campagnes étaient des espèces d’incursions. On se répandait dans le pays (…) Si on se rassemblait, c’était pour quelques jours seulement et afin de livrer le combat”. Le reste du temps, les armées, dispersées, vivaient sur le pays, ce qui ne pouvait pas durer longtemps, “à cause de l’extrême indiscipline”. Puis vint l’époque des fortifications, que Guibert abhorre. Louvois administra les subsistances des armées “par entreprise et par régie”. Mais la foi en les fortifications était telle que la science de la guerre parut désormais “opposer place à place, magasin à magasin”. La guerre en e territoire ennemi suppose des différences de traitement entre territoires. “Si l’on est sur la défensive, on épuise les pays qui sont entre l’ennemi et soi ; si l’on est sur l’offensive, on les ménage. Dans tous les cas, on ménage, autant qu’il se peut, le pays qui est derrière soi, et celui où les opérations peuvent conduire : à plus forte raison les ménage-t-on, si l’on doit y asseoir ses quartiers. Pour la raison opposée, on le ménage moins, s’il est étranger, ou si l’on prévoit être obligé de l’abandonner”. La “science des subsistances” doit influer sur les combinaisons militaires. Mais réquisition et pillage sont des expédients aux yeux de Bourcet qui fait paraître, en 1775, ses Principes de la guerre de montagne. Il entreprend d’y systématiser ravitaillement, transport et quartiers d’hiver. Ainsi une connaissance précise des “ressources de la frontière” permettrait “de taxer les communautés à tant de quintaux de foin et boisseaux d’avoine, suivant le nombre des bestiaux qu’elles nourrissent communément”, posant de la sorte une option sur tant de têtes de bétail sur pied et telle quantité de bétail. L’intérêt pour les dénombrements et les statistiques, chers à Vauban et mis à l’ordre du jour par lui, souvent mis au compte d’un humanisme, ne cherche plus à se déguiser. Il s’agit de constituer, à la frontière, des approvisionnements programmés, prélevés sur le cheptel, et, si la guerre n’a pas lieu, vendus par les paysans comme surplus. Les quartiers d’hiver, grâce auxquels les communautés du haut Queyras escomptaient protection contre les incursions vaudoises-piémontaises, ne peuvent, cela s’entend, s’établir “dans un pays dénué de toutes ressources” où l’armée s’affaiblirait, les hommes tombant malades et d’autres choisissant la désertion. L’armée, pourvue d’équipements, de “munitions de guerre et de bouche” doit s’épargner et “occuper beaucoup de paysans armés pour le soutien des communications”. D’une manière générale, en terrain ennemi principalement, mais aussi pour assouplir toute négociation avec les paysans, il est recommandé de prendre des otages, ce qui est fait couramment de part et d’autre. “Il sera à propos de faire prendre dans les villages, par des détachements particuliers, les principaux habitants ou officiers municipaux (..) en les rendant responsables de tout ce qui se ferait” écrit Bourcet. Graduellement ensuite, on menace de brûler le village, on le brûle effectivement, et enfin “on fait enlever tous les hommes en état de porter les armes” pour les éloigner du pays. Instruit de toutes ces recommandations, dès le mois de juin, un général, muni du Mémoire accompagnant la carte des cols et vallées les plus aisés pour déboucher en Piémont, abandonnerait l’idée d’un passage par le col Lacroix et la vallée de Luserne. Son choix naturel et conseillé est le col Agnel et, à condition d’occuper les hauteurs par des fusiliers de montagne pour en imposer “aux Barbets ou Vaudois”. La vallée de Château-Dauphin offre un débouché avantageux : “les chemins y sont déjà assez bons et (…) susceptibles d’être élargis ; il n’y a aucune place qu’on soit obligé de s’assujettir” et, enfin, “on y trouve d’assez gros villages où l’on peut faire des établissements et qui ont d’assez grosses provisions de fourrages pour la nourriture des bestiaux pendant l’hiver.” Siestrunck Guerre de montagne, réquisitions et pillage à cinq bataillons) il installe des troupes qui ont ordre de se replier devant un ennemi en nombre supérieur. Si par hasard un “gros nombre de troupes” garde l’entrée de la vallée, il est toujours possible de faire retraite, protégée par fort Queyras ou, si l’on revient de la vallée de Barcelonnette, par le camp de Tournoux ou encore par Mont-Dauphin. 77 Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain Bibliographie : Laura CASTAGNERI Directrice du Parc naturel Orsiera Rocciavrè et du Parc naturel du Gran Bosco de Salbertrand [email protected] Elisa RAMASSA Employée du Parc naturel du Gran Bosco di Salbertrand, [email protected] Jacques Vallet Directeur du Parc naturel régional du Queyras [email protected] Traduction par Europa Développement • BERWICK Maréchal de, Mémoires. Hachette, Paris, 1872. • BOURCET, P. 1775, Principes de la guerre de montagne. Imprimerie nationale, Paris, 1888. • CHABRAND J.A., 1885, La Guerre dans les Alpes, Grenoble. • CLAUSEWITZ (von) Carl, 1832-1834, De la guerre, traduction Denise Naville, Éditions de Minuit, 1955. Guerre de montagne, réquisitions et pillage • GUIBERT, 1752, Essai général de tactique, Londres. Résumé : • PAULMY Marquis de, Voyage d’inspection de la frontière des Alpes en 1752, 1902, Librairie dauphinoise H. Falque & Félix Perrin, Grenoble. Dans l’ère moderne où nous sommes, l’homme est conscient d’être responsable de ce qui arrive à la nature, nature transformée, dominée et parfois détruite de sa propre main; et conscient de la nécessité de la préserver, au moins en partie, pour les générations futures. • TIVOLLIER J. 1913, Molines en Queyras. Monographie physique, historique, économique, etc, Laffite Reprints, Marseille, 1981. Mots-clefs : Protection Réglementation Parc national Parc naturel régional Organisme régional Zone protégée Plan de zone S’inspirant de l’exemple des parcs américains, des formes de protection qui, en Europe, comprennent également les produits manufacturés et les activités professionnelles traditionnelles, se développent dans le monde entier. En Italie, différents niveaux complémentaires de protection coexistent : les parcs nationaux et les parcs régionaux, tous institués par des lois et des règlements. La région du Piémont se détache pour son esprit pionnier. La France, plus lente à mettre en place des Parcs, innove cependant avec ses Parcs naturels régionaux. Les 5 parcs du Mont Viso sont ici décrits dans le but d’une meilleure compréhension de leurs différences et de leur complémentarité. Plan d’aménagement Environnement Interdictions 78 79 Riassunto: Abstract: In questa nostra era, l’uomo è cosciente di essere responsabile di ciò che succede alla natura, natura trasformata, dominata e talvolta distrutta con la sua propria mano ; è anche cosciente della necessità di preservarla, almeno in parte, per le generazioni future. Currently, modern man is conscious of being responsible for what is happening to nature, the way it is being transformed, dominated and sometimes destroyed by his own hand. He is also conscious of the necessity to conserve it, at least in part, for future generations. Ispirandosi all’esempio dei parchi americani, si stanno sviluppando in tutto il mondo certe forme di protezione che, in Europa, comprendono anche i manufatti e le attività professionali tradizionali. In Italia, vari livelli complementari di protezione coesistono: i parchi nazionali ed i parchi regionali, tutti istituiti da leggi e regolamenti. La regione Piemonte spicca per il suo spirito pionnieristico. Inspired by the example of the American parks, forms of protection have developed worldwide which, in Europe, also accept the inclusion of local manufacturing and traditional occupational work. In Italy, different complementary levels of protection coexist: national parks and regional parks, both instituted by law and regulations. The Piedmont area is known particularly for its pioneering spirit. La Francia, più lenta per l’istituzione dei Parchi, innova tuttavia grazie ai suoi Parchi naturali regionali. I 5 parchi del Monviso vengono qui descritti allo scopo di una migliore comprensione delle loro differenze e complementarità. 80 Parole chiave: Key words : Protezione Protection Regolamentazione Regulations Parco nazionale National park Parco naturale regionale Regional nature reserve Ente regionale Regional organisation Zona protetta Protected area Piano regolatore di zona Area map Piano di sviluppo del territorio Development plan Ambiente Environment Divieti. Prohibition. France, slower on the uptake to set up parks, has, however, been innovative with its regional nature reserves. Here, the five parks of the Mont Viso area are described to provide a better understanding of existing differences and the ways in which they complement each other. 81 Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain L e rapport entre l’homme et la nature a changé radicalement avec la révolution du néolithique, quand, de créature de la création, chasseur et cueilleur de fruits, l’Homo sapiens s’est transformé en dominateur, éleveur et agriculteur, se libérant du joug des saisons et des environnements et commençant à modeler les territoires et les espèces selon ses propres exigences. Loin du concept moderne d’environnement, dans les millénaires suivants, la nature pouvait être épargnée seulement pour des questions religieuses, pour les privilèges de quelques nobles ou simplement pour des questions objectives d’insalubrité. Mais c’est la révolution industrielle qui a marquée le point de non retour : les conséquences ont été l’amélioration des conditions de vie de l’être humain et une croissance démographique exponentielle, l’exploitation des ressources énergétiques non renouvelables, la pollution, la production de déchets et d’immondices. Dans le siècle qui voit se développer les arbres de la science et de la technologie, dans un climat d’optimisme, de possibilités illimitées, de terres encore 82 à conquérir, un nouveau sentiment fait finalement son chemin chez l’espèce humaine, désormais dominatrice sur la nature : la responsabilité. L’idée d’agir pour défendre la nature, plutôt que de la subjuguer et de la détruire, de la préserver en partie telle qu’elle est, en empêchant toute transformation et de destruction des Hommes “for the benefit and enjoyment of future generations” naît aux Etats-Unis, où les horizons sont infinis et sauvages en comparaison de la vieille Europe, urbanisée et anthropisée. C’est ainsi qu’en 1872, à Yellowstone, le premier parc naturel de l’ère moderne voit le jour, immédiatement suivi d’autres noms célèbres (Yosemite, Grand Canyon…) et gérés depuis 1916 par un seul organisme, le National Park Service. En 1879, l’Australie copie l’idée et institue ce qui est aujourd’hui le Royal National Park. Suivent le Canada en 1885, la Nouvelle Zélande en 1894, l’Afrique du Sud en 1898. En Europe, les premiers parcs nationaux naissent en Suède en 1909, en Suisse en 1914, en Pologne en 1919 et finalement en Italie en 1922/1923 avec le parc national du Gran Paradiso et le parc national des Abruzzes. En France, il faudra attendre 1963 Aujourd’hui également des portions de mer, de côtes et de cours d’eau constituent des zones protégées, pour la sauvegarde aussi bien des espèces menacées par la pêche industrielle, que des habitats, compromis par la pollution et les abus de la construction immobilière. L’Italie, avec son orographie si variée et sa position géographique de pont entre l’Europe et l’Afrique, “au mouillage” dans la mer Méditerranée, possède, en termes d’espèces et d’écosystèmes, une richesse et une variété environnementale uniques et l’on peut en dire autant d’un point de vue historique, culturel et artistique. Pourtant, si, dans le sillage de Yellowstone, elle a été une des premières, dans le panorama européen, à donner le coup d’envoi à la � Au ����������������������� nombre de 9 en mars 2007. ����� Au nombre de 45 en mars 2007. Il faut ajouter ici les changements de gouvernements, le passage de la monarchie à la république, avec une nouvelle constitution et un quiproquo sur la décentralisation des pouvoirs de l’Etat, qui, au lieu de favoriser la naissance de nouveaux parcs nationaux a laissé les Régions décider en toute liberté, durant presque quarante ans, comment exercer la protection de leurs zones remarquables. Heureusement la possibilité ouverte aux régions par l’art. 4 du Décret présidentiel n° 616 du 19 février 1972 leur permettant de s’occuper de protection de la nature, a été immédiatement utilisée par la région Piémont qui n’a cessé d’instituer, par des lois régionales, ce qui aujourd’hui constitue 63 zones protégées, pour un total de 160.000 ha. Il a fallut attendre 1991 pour que la loi cadre nationale sur les zones protégées, la loi 394, voie le jour, mais certains parcs nationaux prévus dans cette loi, sont encore aujourd’hui des “parcs de papier”, légalement institués, mais sans personnel et être opérationnels. La loi cadre sur les zones protégées, 6 décembre 1991, n° 394. - Vallet Introduction Mais si d’un côté de la planète la création d’une zone protégée a coïncidé avec une protection de la nature impliquant l’exclusion quasi absolue de l’espèce humaine et de ses activités “néfastes”, de autre côté du globe, pour des questions de surpopulation, le concept de zone protégée et de parc s’est nécessairement élargi pour embrasser également les nombreuses installations et transformations anthropiques déjà présentes. En Europe, la nature vierge n’est souvent qu’un “reliquat de l’ère glaciaire” et ce n’est pas un hasard si les premiers parcs se sont concentrés dans ces portions de territoire, comme par exemple les Alpes, où l’hostilité du climat et la pauvreté des ressources avaient limité historiquement la présence de l’homme. création des parcs nationaux, elle s’est ensuite arrêtée pour une longue et sombre pause depuis la seconde guerre mondiale (chamois et bouquetins frôlèrent l’extinction à cause du braconnage) jusqu’à l’aprèsguerre du boom économique et immobilier, où les limitations imposées par les parcs n’étaient pas tolérées. Castagneri - Ramassa pour la création du premier Parc national (Vanoise) et 1968 pour le premier parc naturel régional (Saint-Amand-Raismes) . Elle se compose de 38 articles, subdivisés en IV titres. A l’art. 1, les finalités de la loi sont immédiatement expliquées comme 83 Les parcs nationaux sont institués par décret du Président de la République, sur proposition du Ministre de l’environnement, après concertation avec les régions concernées (art. 8) L’art. 11 prévoit un règlement du parc qui régi les activités permises. Les activités et les ouvrages qui peuvent compromettre la sauvegarde du paysage et des environnements naturels protégés sont toujours interdits, en particulier : la capture, l’abattage, la perturbation d’espèces animales, ou leur préjudice ; la cueillette et la détérioration d’espèces végétales ; l’ouverture et l’exploitation de carrières, de mines, de décharge ; la modification du régime des eaux ; l’introduction de la part de particuliers d’armes et d’explosifs ; les feux en plein air ; le survol par des moyens non autorisés. L’art. 18 prévoit que l’institution des zones marines se fasse de concert avec le Ministre de l’environnement, celui de la marine marchande et le Ministre du trésor. Dans les zones marines protégées, outre les interdictions déjà mentionnées, la navigation à moteur et toute forme de décharge de déchets solides et liquides sont interdites (art. 19). L’art. 21 établit que la surveillance dans les parcs nationaux est confiée au Corps Forestier de l’Etat et éventuellement à des employés du Parc. L’art. 27 établit que dans les parcs naturels régionaux il est du devoir de la Région de procéder à la surveillance. Dans le même temps, le Corps Forestier de l’Etat ne peut assurer ladite surveillance qu’après une convention expresse avec le Parc. L’art. L’expression «garde de parc» n’est pas utilisée. 84 30 liste les sanctions, y compris pénales à l’encontre de qui viole les dispositions de préservations prévues dans les parcs, en particulier une peine d’emprisonnement jusqu’à 12 mois et une amende de 103 à 25 823 € pour les violations en matière de constructions immobilières nouvelles ou de constructions abusives. L’art. 34 institue les nouveaux parcs nationaux : Cilento et Vallo de Diano, Gargano, Gran Sasso et Monti de la Laga, Maiella, Val Grande, Vesuvio. L’art. 36 liste ensuite les zones marines qui devront devenir des parcs, par exemple l’archipel de la Maddalena et l’île de l’Asinara (aujourd’hui des parcs). En 2006 les parcs nationaux institués en Italie sont au nombre de 22 et deux sont en attente des dispositions d’application. Les parcs nationaux couvrent un territoire d’environ un million et demi d’hectares, c’est-à-dire 5% du territoire national environ. Le seuil souhaité de 10% de territoire protégé serait donc hors de portée si les parcs naturels régionaux n’avaient pas été également institués. Les parcs naturels régionaux dans le Piémont Pour le Piémont, la loi en vigueur est la loi régionale du 22 mars 1990, n°12, composée de 42 articles. Elle s’est substituée à celle du 4 juin 1975 (n°43) qui avait donné naissance aux premiers parcs régionaux du Piémont. A l’art. 1 les zones protégées sont instituées part la Région “afin de conserver, défendre, restaurer les paysages et l’environnement, d’assurer à la collectivité l’usage correct du territoire dans des buts récréatifs, culturels, sociaux, didactiques et scientifiques et pour la qualification et la valorisation des activités agricoles et des autres économies locales”. Il apparaît immédiatement, de façon claire, que la protection de l’environnement n’est pas conçue principalement en vue de la protection absolue des espèces animales ou végétales, mais qu’elle a bien plutôt pour fin l’exploitation de l’environnement de la part de la collectivité sans toutefois en causer l’appauvrissement. L’environnement doit donc assurer à l’être humain la satisfaction d’un bien-être psychologique et récréatif. La protection absolue existe cependant sur des zones particulières à l’intérieur des aires protégées. Il s’agit de réserves naturelles intégrales, spéciales, orientées, selon une classification prévue par l’art. 5. L’art. 6 suivant établit que chaque zone protégée peut être instituée seulement par une loi régionale qui en indiquera les limites, la classification, la gestion, les instruments de planification du territoire, les régimes de contrôle, les sanctions correspondantes, les formes de surveillance et les financements. L’art. 7 redéfinit la gestion administrative des zones protégées créées avant la loi et désigne de nouveaux parcs naturels. Ils y sont tous définis comme “organismes instrumentaux de la Région Piémont, dotés d’une personnalité juridique de droit public”. L’art. 8 confie la gestion administrative des parcs naturels à des organes précis : le conseil de direction, le comité exécutif, le Président. Les conseils de direction sont formés de représentants de la Région, des communes et des communautés de - Vallet A l’art. 2, les aires naturelles protégées sont classées en distinguant les parcs nationaux des parcs régionaux. Les parcs nationaux sont “constitués de zones terrestres, fluviales, lacustres ou marines qui contiennent un ou plusieurs écosystèmes intacts ou même partiellement altérés par des interventions anthropiques, une ou plusieurs formations physiques géologiques, géomorphologiques, biologiques, d’importance internationale ou nationale pour leur valeur environnementale, scientifique, esthétique, culturelle, éducative et récréative telle, qu’elle nécessite l’intervention de l’État pour leur conservation pour les générations présentes et futures”. Les parcs naturels régionaux sont, quant à eux “constitués de zones terrestres, fluviales, lacustres et éventuellement de portions de mer donnant sur la côte, de valeur naturaliste et environnementale, qui constituent, à l’intérieur d’une ou de plusieurs régions limitrophes, un système homogène déterminé par la disposition naturelle des lieux, la valeur du paysage, de l’expression artistique et des traditions culturelles des populations locales”. L’alinéa 8 du même article sanctionne la liberté pour toute Région de classer et d’instituer ses propres parcs naturels et ses réserves d’intérêt locale. Un Parc est une personne de droit public, le Ministre de l’environnement en nomme le Président, qui en est le représentant légal (art. 9). Le Directeur du parc est nommé, après concours public, par le Ministre de l’environnement. Castagneri - Ramassa Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain “nécessité de dicter les principes fondamentaux pour l’institution et la gestion des aires naturelles protégées, afin de garantir et promouvoir la conservation et la valorisation du patrimoine naturel du pays”. 85 86 L’idée de parc naturel régional s’est développée au cours des années 1960, dans une période faste de modernisation de la France et de transformation rapide des structures territoriales confrontées à une urbanisation galopante. A l’époque on s’interrogeait sur la solution alternative à mettre en œuvre au développement des métropoles, à la reconversion des vieilles régions industrielles, ou encore aux parcs naturels nationaux. Le choix s’est orienté vers la création d’espaces protégés habités. Il s’agissait en fait de disposer d’espaces verts de détente ou forestiers, à proximité de zones urbaines à forte densité démographique, pour changer l’image de marque d’une région le plus souvent confrontée à un certain exode rural, et attirer ainsi de nouveaux investisseurs. Initiée en 1964 par le Ministère de l’agriculture et la Direction de l’aménagement du territoire et de l’action régionale (DATAR) la réflexion sur les territoires ruraux habités au patrimoine remarquable donne lieu en 1966 à une proposition de « Parc naturel régional » à la française. Un décret de 1967 instituera les parcs naturels régionaux en tant que « territoire de tout ou partie de plusieurs communes présentant un intérêt particulier par la qualité de son patrimoine naturel et culturel, pour la détente, le repos des hommes et le tourisme, qu’il importe de protéger et d’organiser ». Le premier parc naturel régional sera créé en 1968 dans le Nord de la France aux portes de la métropole de Lille- Roubaix –Tourcoing. 9 autres seront créés dans les 5 années suivantes. En 1975, les Régions voient le jour. Un nouveau décret précise le rôle d’un Parc : « il a vocation à définir et promouvoir la mise en œuvre des actions concertées d’aménagement et de développement économique du territoire qui le concerne et d’en assurer la cohérence[...] » et le mode de création : celle-ci relève désormais de l’initiative de l’Institution régionale. En 1977, la France compte 10 Parcs de plus, dont notamment le Parc naturel régional du Queyras De déclarations ministérielles en amendements législatifs, la mission des Parcs naturels régionaux et le cadre réglementaire se précisent : les Parcs sont devenus au début des années 80 des exemples d’harmonisation entre le développement économique et la préservation de l’environnement ; ils sont obligatoirement consultés pour les études d’impact sur leur territoire, ils peuvent assurer les missions d’assistance architecturale ; l’affichage y est réglementé afin d’assurer la protection du cadre de vie. Avec les lois de décentralisation un nouveau seuil sera franchi : les Parcs deviennent des exemples remarquables d’auto développement, leur rôle est reconnu dans le développement rural. En 1988, un nouveau décret met en conformité la politique des parcs avec les lois de décentralisation. A l’objectif premier de protection et gestion du patrimoine s’ajoutent celui de développement économique et social ainsi que le rôle d’expérimentation, d’exemplarité et de recherche. Les Parcs ont une obligation de résultats, jugée par l’Etat pour classer le territoire pour une durée de 10 ans renouvelable selon un décret du 1er Ministre sur proposition du Ministre en charge de l’environnement. Nouvelle avancée en 1993, la loi sur les paysages donne une base législative aux parcs naturels régionaux. La loi précise la mission des Parcs qui « concourent à la politique de protection de l’environnement, d’aménagement du territoire, de développement économique et social et d’éducation et de formation du public [...] et constituent un cadre privilégié des actions menées par les collectivités publiques en faveur de la préservation des paysages et du patrimoine naturel et culturel[...] ». Les documents d’urbanismes doivent désormais être en conformité avec les chartes. Le 18 septembre 2000, les dispositions législatives concernant les Parcs sont reprises et codifiées dans le Code de l’environnement. La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain qui réaffirme la compatibilité des outils d’urbanisme avec les chartes de Parcs, soumet celles-ci à enquête publique avant classement. Enfin dernière évolution opérée, le 14 avril 2006 est adoptée une loi relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux. La durée d’un parc naturel régional est portée à 12 ans avec une possibilité de prolongation exceptionnelle de 2 ans. Il lui est possible de porter un schéma de cohérence territoriale (SCOT). Son avis est obligatoire sur divers documents de planification relatifs à son territoire. Sa gestion est assurée obligatoirement par un Syndicat mixte et son Président pourra bénéficier d’un dispositif indemnitaire. En quarante ans la France aura créé 45 parcs naturels régionaux qui couvrent 12% du territoire, touchent 21 Régions, 68 Départements, 3700 communes et abritent plus de 3 millions d’habitants (5% de la popula- - Vallet Par l’art. 23, la loi définit la gestion territoriale des zones protégées à travers un plan de zone, instrument principal de prévision, guide et référence dans le domaine de l’urbanisme. Les communes doivent en tenir compte dans leurs schémas directeurs. L’art. 24 prévoit la rédaction du plan d’aménagement des forêts pour la prévision et la gestion des coupes et l’art. 25 prévoit la rédaction et la mise en œuvre du plan environnemental, lui aussi instrument de prévision, guide et référence pour la gestion de la zone protégée sous un angle strictement environnemental. L’art. 27 renvoie à une autre loi régionale, la loi n° 36 du 8 juin 1989, successivement amendée, pour la gestion de la faune, introduisant la possibilité d’abattre ou de capturer des animaux sauvages. L’art. 28 prévoit que, dans chaque zone protégée, un règlement spécifique pour l’exploitation et l’utilisation du territoire soit rédigé, contenant interdictions et leurs sanctions, les activités réglementées et le régime d’autorisation prévu. L’art. 38 prévoit la constitution d’un centre de recherche et de documentation ainsi que la création et la gestion des banques de données environnementales de la Région. C’est ainsi que les données recueillies dans les études de l’interreg “Mont Viso” ont été insérées dans ces banques de données, dont la consultation est possible à deux niveaux, professionnelle et grand public. Les parcs naturels régionaux en France : une histoire de 40 ans ! Castagneri - Ramassa Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain montagne sur lesquelles se situent les territoires des parcs, ainsi que de représentants des Province (départements) et des associations environnementales et agricoles les plus représentatives. Les membres du comité et le Président, qui endosse la fonction de représentant légal de l’organisme, doivent être nommés à l’intérieur du conseil de direction. Ceci est une des différences fondamentales avec les parcs nationaux où la nomination du Président dépend directement du Ministre de l’Environnement. 87 88 Trois des quatre parcs impliqués dans les études de l’interreg. “Mont Viso” ont des caractéristiques communes de territoire de montagne et se trouvent dans la province de Turin. Le quatrième parc, celui du Po sur la portion de la région de Coni a au contraire une histoire propre aussi bien en ce qui concerne le territoire qui comprend la partie en montagne de l’axe fluvial du Po, qu’en raison de sa création plus récente. Tous ont pour origine commune mai 1980 et sont destinés à être des zones protégées à durée limitée, 99 ans, renouvelables en 2079. Le Parc della Val Troncea est situé dans la province de Turin, sur le territoire d’une seule commune, Pragelato, mais à l’ombre d’une autre commune bien plus connues et puissante, celle de Sestriere. C’est un parc de haute montagne, fait de rochers et de prairies alpines. Il a été institué par la loi régionale du 16 mai 1980, n° 45. L’art. 3 liste ses finalités : “assurer la protection des caractéristiques naturelles, environnementales et paysagères de la zone ; organiser le territoire pour son exploitation à des fins didactiques, scientifiques, culturelles, touristiques ; promouvoir la qualification des conditions de vie et de travail des populations locales ; promouvoir et valoriser les activités agro-sylvo-pastorales, en qualifiant les dotations agricoles et en garantissant la continuité du pâturage de montagne, indispensable facteur pour le maintien des valeurs environnementales et paysagères de la zone”. Nous verrons par la suite que les trois parcs de montagne ont des finalités similaires. L’art. 6 renvoie à une autre loi régionale pour l’organigramme du personnel et l’art. 10 confie la surveillance au personnel de l’organisme (les gardes du parc), renvoyant lui-même à des conventions spécifiques la possibilité de la part du Corps forestier de l’Etat d’effectuer la surveillance à l’intérieur du parc. C’est une autre des différences entre les parcs nationaux et les parcs régionaux. L’art. 8 liste une série d’interdictions parmi lesquelles ouvrir et exploiter des carrières, exercer des activités de chasse, abattre ou endommager les arbres, construire de nouvelles routes ou agrandir celles qui existent déjà, démolir les édifices existants ou en construire de nouveaux, exercer des activités récréatives ou sportives impliquant des moyens de transports mécaniques tout terrain. L’art. 9 fait indique les sanctions, les plus graves sévissant à l’encontre de qui viole les interdictions concernant l’urbanisation. La loi régionale du 30 août 1988, n° 40 élargit les cas d’interdictions et de sanctions prévues et nous y trouvons des références spécifiques à l’interdiction de s’approcher des nids de l’aigle royal en-deçà des distances établies par le parc, d’introduire des chiens sans collier et sans laisse, de camper, d’utiliser des motoneiges, de s’arrêter avec son camping-car, de brûler des prés et des pâturages, de pratiquer le ski de randonnée, de dépasser le nombre de tête autorisé pour la transhumance, de cueillir des produits du sous-bois. Toutes ces interdictions font bien comprendre que l’on s’oriente vers une protection quasi intégrale de la zone protégée et qu’il est tout à fait nécessaire de se défendre de ce tourisme d’hiver lié au divertissement des pistes de ski et peu attentif à la fragilité de l’environnement montagnard. Le Parco naturale del Gran Bosco di Salbertrand Le Parc del Gran Bosco di Salbertrand naît principalement de la volonté de quelques administrateurs de la commune de Salbertrand, mais implique immédiatement d’autres communes : Exilles, Oulx, Sauces d’Oulx, Pragelato, située dans la province de Turin. La protection du patrimoine constitué par les forêts de Sapins blancs, de Sapinettes et de Pins cembro, en compétition avec la présence de Cerfs et Chevreuils réintroduits une vingtaine d’années plut tôt en est un des objectifs. Il est institué par la loi régionale du 20 mai 1980, n° 51 et à l’art. 3 nous y trouvons immédiatement des similitudes sur les finalités : ”protéger et conserver les caractéristiques naturelles, environnementales et paysagères du Gran Bosco, également en fonction de la portée sociale de telles valeurs, organiser le territoire en vue de son exploitation à des fins scientifiques, culturelles, didactiques et récréatives ; promouvoir la requalification des conditions de vie des populations locales ; promouvoir et valoriser les activités agro-sylvo-pastorales”. Les interdictions et les sanctions prévues sont les mêmes que celles comprises dans la loi qui institue le parc de la Val Troncea. Par la loi régionale du 1er mars 1995, n° 29, le parc est agrandi avec deux autres communes : Usseaux et Chiomonte. Entretemps, la loi régionale du 22 avril 1991, n° 16 établie les règles pour l’exploitation de la zone protégée avec une série d’obligations, d’interdictions et de sanctions parmi lesquelles l’obligation d’être accompagné lors des visites organisées, l’interdiction de sortir des sentiers, l’interdiction de ramasser les bois perdus par les cervidés, l’interdiction de faire des safaris-photos, l’interdiction d’organiser des compétitions, des rassemblements ou des manifestations avec des moyens motorisés, l’interdiction d’accéder au parc avec des motoneiges et des véhicules à chenilles, de pratiquer des activités de ski de randonnée, l’interdiction de survoler en hélicoptère le territoire du parc sans autorisation, l’interdiction de pêcher. Dans ce cas également, la nécessité d’une protection absolue en vue de favoriser l’exploitabilité de la zone semble prévaloir. Le Parco naturale dell’Orsiera Rocciavrè Au départ nacquirent la Réserve naturelle spéciale de l’Orrido et la station de chêne vert de Chianocco. La loi régionale du 2 mai 1980, n° 34 prévoyait une forme particulière de protection pour ces plantes et ces - Vallet Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain Les parcs italiens du Mont Viso Le Parco naturale della Val Troncea Castagneri - Ramassa tion française). Sur cette période le droit à l’environnement en France aura beaucoup évolué. Il n’empêche que le développement des parcs aura surtout prévalu par le caractère consensuel, la recherche de compromis, de cohérence et de concertation en rapport avec leur approche éthique. Alors qu’à l’origine ils n’étaient ni Parc (espaces clos) ni naturels (car habités) ni régionaux (la Région n’existait pas en tant que collectivité territoriale) les parcs naturels régionaux sont devenus des territoires de territoires (organisés avec une gestion juridique publique) développant des projets fédérateurs d’acteurs volontaires respectueux de l’environnement touchant la protection de la nature, la qualité des milieux, le cadre de vie, l’éducation, l’architecture, le patrimoine bâti, l’agriculture, l’artisanat, l’économie, etc. C’est devenu un outil original de l’action publique sur le territoire rural, en adaptation permanente à la situation locale, un réseau territorial opérationnel. 89 Par la loi régionale du 3 avril 1998, n° 12 est instituée la réserve naturelle spéciale de l’Orrido di Foresto et Station de Juniperus oxycedrus de Crotte-San Giuliano. Dans ce cas-ci, les communes impliquées sont deux, Susa et Bussoleno. Les finalités sont celles de l’art. 3, visant à protéger cette plante particulière, mais également la conservation des éléments historiques et architectoniques présents sur le territoire. L’art. 4 confie la gestion de cette nouvelle zone protégée au Parc naturel Orsiera Rocciavrè et en change définitivement le nom en “Parc naturel Orsiera-Rocciabrè et de la réserve naturelle spéciale de l’Orrido et Station de chêne vert de Chianocco et de la réserve naturelle spéciale de l’Orrido di Foresto et Station de Juniperus oxycedrus de Crotte-San Giuliano”. Parc naturel du Po cuneese Également le parc du Po cuneese vient d’une réserve naturelle spéciale, celle de la Rocca di Cavour, instituée par la loi régionale du 16 mai 1980, n° 48. Une seule commune y est impliquée, celle de Cavour. Dans ses finalités, identiques à celles vues pour les autres parcs, apparaît une nouveauté à l’art. 3 : l’objectif de “procéder à l’acquisition de terrains laissés en jachère et de bâtiments abandonnés, à destiner à un usage social, récréatif, culturel et touristique”. Voilà introduit dans une loi l’objectif d’acquérir des propriétés immobilières. Par la loi régionale du 17 avril 1990, n° 28 est institué le Système des zones protégées de la bande fluviale du Po. Le parcours du Po est entièrement protégé depuis sa source jusqu’à son passage en Lombardie, mais il est administré par trois Organismes de gestion différents. Le système est une forme de protection particulière, composée d’une ample zone de sauvegarde dans laquelle sont insérées des réserves naturelles et des zones aménagées. La région Piémont a confié la gestion à trois organismes différents, qui correspondent aux portions de Coni, de Turin et de Verceil / Alexandrie du fleuve. L’Organisme de gestion de la portion de Coni est compétente depuis décembre 1995 également sur la réserve naturelle spéciale de la Rocca di Cavour, mais elle ne dispose de bureaux et de personnel propre que depuis juillet 1995. Le parc du Po Cuneese comprend les soixante premiers kilomètres du fleuve, depuis sa source, dans la commune de Crissolo, à la frontière avec la Provincia di Torino, dans la commune de Casalgrasso. En seulement onze kilomètres, le Po effectue les 700 mètres de dénivelée qui séparent sa source de Paesana, “chef-lieu” de la vallée. Il y est articulé en huit réserves différentes : PIAN DEL RE Réserve naturelle spéciale et Zone aménagée PAESANA Zone aménagée CONFLUENZA DEL BRONDA Réserve naturelle spéciale PRACOLLO - PONTE PESCI VIVI Zone aménagée CONFLUENZA DEL PELLICE Réserve naturelle spéciale FONTANE Zone aménagée CONFLUENZA DEL VARAITA Réserve naturelle spéciale ROCCA DI CAVOUR Réserve naturelle spéciale Le parc français du Mont Viso : Le Parc naturel régional du Queyras Confronté à une profonde mutation marquée par un exode rural, qui en un peu plus de deux générations a divisé par quatre sa population, le Queyras a choisi de recourir à l’outil « parc naturel régional » pour relancer son économie, redynamiser son territoire en utilisant son potentiel attractif lié à un environnement privilégié de montagne, des paysages exceptionnels, un patrimoine très riche en biodiversité. Le Parc initié par Philippe Lamour alors maire de Ceillac, haut fonctionnaire de l’Etat, est créé en 1977, il y a 30 ans déjà, par l’adoption d’une première charte. Ce Parc est situé aux confins de la Région Provence Alpes Côte d’Azur et du Département des Hautes Alpes à la frontière italienne. Il s’étend sur 11 communes de montagne : Abriès, Aiguilles, Arvieux, Ceillac, Château Ville Vieille, Molines en Queyras, Ristolas, St Véran (8 communes en totalité qui constituent par ailleurs la Communauté de communes de l’Escarton du Queyras) Eygliers, Guillestre et Vars (3 communes en partie de la Communauté de communes du Guillestrois). - Vallet ment est particulier car il interdit de prendre avec soi les animaux sauvages, vivants ou morts, en tout ou en partie, avec l’obligation de signalement au parc. Castagneri - Ramassa Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain 90 environnements tellement uniques dans le panorama d’une vallée alpine comme la Val di Susa. La zone protégée concernait donc une seule commune, celle de Chianocco et à celle-ci était confiées les tâches de gestion et de surveillance. Ensuite vint, à peu de jours de distance, la loi régionale du 30 mai 1980, n° 66 et l’institution du parc naturel Orsiera Rocciavrè en protection de la montagne divisée en trois vallées alpines et quatre Communautés de montagne, sur les communes de Bussoleno, Coazze, Fenestrelle, Mattie, Roure, San Giorio, Usseaux, Villarfocchiardo. Les finalités listées à l’art. 3 recouvrent celles des parcs vues jusqu’à maintenant, ainsi que les normes générales d’interdiction. En 1985 entrait en vigueur un élargissement des frontières du parc par la loi régionale du 20 février 1985, n° 13. La loi régionale du 26 mars 1990, n° 15 réglemente les modalités d’utilisation de la réserve naturelle spéciale de l’Orrido et de la station de chêne vert de Chianocco et il est intéressant d’y découvrir un article spécifique (l’art. 3) concernant la consommation des repas et des piqueniques par les visiteurs ou l’art. 7 qui interdit l’escalade sur les rochers du 1er janvier au 30 juin pour ne pas déranger la nidification l’avifaune. Chaque règlement reflète en effet la particularité de la zone protégée instituée et de ses visiteurs. Par exemple, la loi régionale 27 décembre 1994, n° 69 modifie ultérieurement les frontières du Parc naturel Orsiera Rocciavrè et ce ne sera que par la loi régionale du 11 avril 1995, n° 56 que l’exploitation à l’intérieur du parc sera réglementée. Les articles concernant les diverses interdictions reprennent ceux vus plus haut, mais s’y ajoutent des nouveautés, comme la possibilité de stationnement des véhicules motorisés sur le bord de la route (art. 3) ou l’interdiction du commerce ambulant (art. 15) et le camping temporaire consenti pour les tentes par l’art. 16, du coucher du soleil à l’aube. L’art. 19 égale- S’étendant sur 625 km2, il est très peu peuplé 2500 habitants. C’est le plus petit des 5 parcs naturels régionaux (Camar91 Renouvelée seulement en 1997, la charte actuellement en vigueur met l’accent sur : Le développement des activités agricoles artisanales et touristiques dans le respect des valeurs traditionnelles culturelles et humaines L’animation et la pédagogie de l’environnement La sauvegarde et la mise en valeur des milieux naturels et humains Architecture de la charte du Parc natruel régional du Queyras AXES DE LA CHARTE SOUS AXES DE LA CHARTE Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain Patrimoine naturel 92 Préservation et mise en valeur du patrimoine naturel et paysager Parc naturel regional du QUEYRAS Patrimoine paysager et culturel Diffusion de connaissances Sensibilisation à l’environnement Education et formation à l’environnement Soutien à la vie locale permanente Action économique et sociale Vie culturelle locale Pour la mise en œuvre de son programme d’actions, le Parc naturel régional du Queyras dispose d’un budget annuel de fonctionnement de 1,3 million d’euros et d’un budget d’investissement d’un million d’euros (données 2006). Quelques exemples illustrent l’action : L’aide au pastoralisme confronté au retour de grands prédateurs et au delà l’organisation d’une veille environnementale à caractère scientifique permettant d’actualiser les connaissances et d’observer les évolutions de la biodiversité sur le territoire. Depuis 10 ans maintenant le Parc apporte une aide aux éleveurs et aux bergers, contraints d’adapter leurs méthodes de pâturages pour se prémunir contre le retour du loup, par la mise en place d’un réseau radio « Bergers du Queyras et secours en montagne », la réalisation de constats de dommages de prédation, le portage équestre, la formation par « l’atelier technique pastoral » annuel[...]. Cette approche pragmatique se complète d’une mise en application de protocoles de suivi scientifique de l’évolution du loup sur le territoire élargie à l’observation attentive permanente de la nature et des espaces naturels. L’élaboration du contrat de rivière du Guil. Issu d’une concertation étroite, animée par le Parc, entre les acteurs riverains du Guil et de ses affluents qui traverse de part en part le Queyras avant de se jeter dans la Durance, ce contrat 2005-2009 fixe les enjeux en matière de protection des personnes et des biens, d’amélioration de la qualité des eaux, de gestion et d’entretien du cours d’eau, et définit le plan d’actions à entreprendre pour y répondre de manière concrète. Ainsi a-t-il été décidé notamment d’engager un important programme d’assainissement de toutes les communes riveraines par la création de réseaux de collecte des eaux usées séparées des eaux claires, et de stations d’épuration. Ce programme est réalisé par les Communautés de communes concernées. La création d’un réseau de bibliothèques multimédias sur le territoire. Le Parc a initié l’implantation d’une bibliothèque dans chacun des 8 villages du Queyras, reliée à une bibliothèque « centrale » située au siège du Parc. Ce réseau est lui-même relié à la bibliothèque départementale des Hautes Alpes. Outre le prêt de livres le réseau organise le ciné Parc, la tenue d’une conférence mensuelle, et dispose d’un point accueil Internet. L’élaboration de plans communaux de paysagers et d’une charte paysagère. Le paysage se révèle être une richesse importante pour le territoire du parc qu’il convient de gérer collectivement .Au delà de l’identification des unités paysagères, il s’agit au travers de plans communaux de se doter de règles qui permettent de garantir dans le temps la nécessaire préservation voire l’amélioration des paysages impactés par toutes sortes de projets. La mise en œuvre d’une signalétique commune sur tout le territoire va également dans les sens d’affirmation d’une identité paysagère L’élaboration de mesures de protection et gestion de la nature : Natura 2000 et réserve nationale naturelle. Le parc est opérateur Natura 2000 sur son territoire et même au-delà. 70% de son territoire est impacté par ce programme européen. Après en avoir proposé les mesures de gestion, il est désormais chargé de la gestion des programmes sur les 3 sites identifiés. Le Parc s’est également impliqué dans l’élaboration du projet de réserve naturelle - Vallet Un Syndicat mixte de gestion du Parc naturel régional du Queyras, structure publique, réunit les communes, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Département des Hautes-Alpes. Celui-ci comporte 25 membres élus représentant des collectivités territoriales (4 élus régionaux, 2 départementaux, deux par commune entière et un par commune partielle). Une équipe forte aujourd’hui de 24 personnes de formations et de compétences diverses mais complémentaires, placée sous l’autorité d’un directeur apporte son concours technique aux élus pour assurer le rôle et la place du Parc en tant qu’outil de cohérence et de coordination des politiques mises en œuvre sur son territoire. Castagneri - Ramassa gue, Lubéron, Verdon et Alpilles) que compte la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est aussi le plus montagneux, ce qui le différencie profondément de ses voisins français. 93 Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain La mise en œuvre de la marque Parc. La certification de produits, savoir faire, ou de l’accueil sont des marques spécifiques au Parc qui contribuent à mettre en valeur le territoire et le rendre plus attractif. La production de fromages fermiers et de pommes de terre, la fabrication de jouets et objets en bois ont atteint ce niveau de qualité en attendant prochainement l’accueil des hébergeurs. L’animation d’un réseau de sites muséographiques. Le Parc dispose de plusieurs sites muséographiques : le musée du Soum à Saint Véran représentation typique de l’habitat ancien doté d’une importante collection d’objets d’époque, la maison de la nature à Ristolas qui présentera dès l’été 2007 les rapports de l’homme et de la nature en Queyras au travers d’une muséographie « l’Arche nouvelle » qui met en valeur la richesse de la biodiversité et en explique les mécanismes de son évolution, l’espace géologique à Château Ville Vieille qui explique les origines du Queyras et en donne une interprétation, le moulin à eau d’Arvieux témoin d’une période d’activité agricole céréalière dynamique. Le développement d’un tourisme durable. Principale composante de l’éco 94 La mise en œuvre d’une politique d’éducation à l’environnement et au territoire. Construite dans le cadre d’un partenariat étroit avec l’Education nationale, les enseignants, les accompagnateurs en montagne, les associations, l’action d’éducation à l’environnement du parc se décline tout au long de l’année scolaire sur un thème choisi et met en synergie les initiatives correspondantes. Elle s’ouvre aussi aux classes transplantées qui sont nombreuses à choisir le Queyras comme terrain de découverte. L’organisation d’un système de porter à connaissance. Dans sa mission fondamentale, le parc se doit de rassembler les connaissances et de les diffuser pour une meilleure prise en compte. En relation avec les autres parcs naturels régionaux de la région Provence Alpes Côte d’Azur, le parc développe un système d’information géographique L’étude du projet de réserve mondiale de biosphère autour du Mont Viso en partenariat avec les parcs naturels régionaux italiens voisins selon des protocoles d’investigation communs . Bibliographie AA.VV. (1999). L’Italia dei parchi Naturali. Turin, Fabbri Editori. www.parks.it www.parchi.it www.emporiodeiparchi.it/tesi.laurea/tl-PNforcas/indice.html www.parchipertutti.it www.regione.piemonte/parchi/settori.htm National Park System Advisory Board (2001). Rethinking the National Parks for the 21st Century. Avant-propos de John Hope Franklin. Washington, D.C. National Geographic Society. Consultable sur www.nps.gov/policy/report. htm. Textes réglementaires concernant les parcs naturels régionaux en France (source : Fédération des Parcs naturels régionaux ) : • Décret 67-158 du 1er mars 1967, instituant les parcs naturels régionaux • Décret 75-783 du 24 octobre 1975 relatif aux parcs naturels régionaux (initiative et fonctionnement des parcs naturels régionaux conférés aux Régions) • Loi 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature et décret 77-1141 du 12 octobre 1977 pris pour application de l’article 2 de cette loi : ajout d’un article 7 bis dans le décret 75-783 précité soumettant les travaux à la procédure d’étude d’impact. • Loi 77-2 du 3 janvier 1977 relative à l’architecture, article 6 et 7, modifié par décret 86-984 du 19 août 1986 • Circulaire du 12 septembre 1979 relative aux parcs naturels nationaux et régionaux • Loi 79- 150 du 29 décembre 1979 relative à la publicité, aux enseignes et pré-enseignes article 7-1 • Loi 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les Départements et les Régions. • Loi 83-630 du 12 juillet 1983 relative à la démocratisation des enquêtes publiques et à la protection de l’environnement. • Loi 85-30 du 9 janvier 1985 relative à la montagne (art. L-333-2 du code de l’environnement) • Décret 88-443 du 25 avril 1988 relative aux parcs naturels régionaux et circulaire 89-43 du 28 juillet 1989 d’application • Loi 91-2 du 3 janvier 1991 relative à la circulation des véhicules terrestres dans les espaces naturels (article 1er) • Loi 93-24 du 8 janvier 1993 sur la protection et la mise en valeur des paysages (article 2) • Décret 94- 765 du 1er septembre 1994 pris en application de l’article 244-1 du code rural et relatif aux parcs naturels régionaux et circulaire 95-36 du 1er septembre 1995 relative à la mise en œuvre de ce décret • Loi 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l’environnement (art 37, 46, 41, 50, 53, 55) • Loi 99-533 du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire portant modification de la loi 95-115 du 4 février 1995 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire (articles 25 et 29) et décret 2000-909 du 19 septembre 2000 relatif aux Pays et portant application de l’article 22 de la loi 95-115 modifiée - Vallet La recherche de diversification des productions agricoles. Le déclin des activités agricoles en zone de montagne est une réalité à laquelle le Parc cherche une alternative par l’expérimentation de nouvelles productions notamment végétales (culture du génépi, du chanvre, réintroduction de variétés de céréales etc [...] en vue d’une valorisation dans des circuits courts plus rémunérateurs pour les producteurs nomie, l’activité touristique a fait l’objet d’une expérimentation du « tourisme durable » dans le cadre d’une action plus large menée au niveau national. Le parc a testé la pertinence d’une qualification environnementale des lieux d’accueil et d’hébergement comme critère de choix de leur lieu de séjour de la part des touristes. Si cette sensibilité est de plus en plus avérée, venir séjourner dans un parc naturel régional reste le meilleur argument d’un tourisme doux. Castagneri - Ramassa nationale de Ristolas Mont Viso, désormais créée depuis le 8 février 2007. • Loi 99-574 du 9 juillet 1999 d’orientation agricole (art 115) codifiée en L-1231 du code de l’environnement et décret 99-731 du 26 Août 1999 95 • Loi 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au renforcement urbain (art. 1, 3, 4 modifiant le code de l’urbanisme et art.45 soumettant à enquête publique la charte du parc naturel régional) • Loi 2001-602 du 9 juillet 2001 d’orientation sur la forêt Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain • Loi 2002-276 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité, art. 49 modifiant l’article L-5721-2 du code général des collectivités territoriales (fonctionnement des syndicats mixtes ouverts) • Loi 2003-590 du 2 juillet 2003 relative à l’urbanisme, l’habitat et la construction, art. 6 et 8 modifiant les articles L-122-4 et L-122-18 du code de l’urbanisme (l’animation des SCOT, schéma de cohérence territoriale, est restreinte aux syndicats mixtes constitués exclusivement des communes et leurs groupements à fiscalité propre) et art.95 modifiant l’art. 22 de la loi du 4 février 1995 (nouvelle politique des Pays) • Loi 2003-590 du 2 juillet 2003 habilitant le Gouvernement à simplifier le droit, art.31 III (enquête publique) • Décret 2003-591 du 1er août 2003 relatif à la partie réglementaire du livre II du Code rural (codification de la partie réglementaire du code de l’environnement par soustraction du 96 • Loi 2005-157 du 23 février 2005 relative au développement des territoires ruraux, art.231 (modification de l’art L.33-1 du Code de l’environnement, durée de classement, révision de la charte d’un parc naturel régional) • Loi constitutionnelle 2005-205 du 1er mars 2005 adossant la charte de l’environnement à la constitution française • Décret 2005-1456 du 21 novembre 2005 pris pour application de l’article L.333-1 du code de l’environnement : le projet de charte de parc naturel régional constitutive ou révisée, arrêté par le président du conseil régional, est soumis à enquête publique • Loi 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, parcs naturels marins et parcs naturels régionaux Apostille : Texte unique sur la protection des zones naturelles et de la biodiversité en Piémont La dernière évolution, après 25-30 ans de parcs, pour la région Piémont est la transposition des normes communautaires et la création d’un système de zones protégées reliées et gérées de manière uniforme : le réseau nature 2000. Un projet de loi, déjà approuvé par le Conseil régional et en attente d’être promulgué comme loi régionale par le conseil, aura tout juste réussi à surmonter les oppositions et les critiques provenant aussi bien des supporters que des adversaires des parcs. À l’intérieur d’une loi comportant 59 articles, les finalités des zones protégées sont explicitées uniquement à l’art. 6 et subdivisées selon la classification de la zone en : parc naturel, réserve naturelle, zone naturelle de sauvegarde, réserve spéciale. Ainsi, une réserve naturelle a le devoir de protéger, gérer et reconstruire les environnements naturels et seminaturels, et de développer la recherche scientifique également à l’aide de modèles expérimentaux de gestion des environnements, alors que pour un parc naturel, à ces deux finalités s’ajoutent celles de protéger et gérer également les patrimoines historique, culturel et architectural, de garantir un équilibre territoriale de l’urbanisme et de promouvoir des initiatives de développement compatible. L’art. 7 liste les interdictions générales valides pour toutes les zones protégées : interdiction de chasser, d’ouvrir de nouvelles carrières, d’entreprendre des déplacements de terrain et de construire de nouvelles routes ou d’élargir celles existantes. Il interdit spécifiquement ensuite d’ouvrir des décharges, d’endommager les sentiers, d’introduire des armes de la part des particuliers, d’allumer des feux et d’utiliser des véhicules motorisés hors piste. L’art. 10 spécifie les nouvelles entités de gestion ; c’est l’article dit des “incorporations” car par exemple, le parc naturel du Gran Bosco di Salbertrand, celui de l’Orsiera Rocciavrè, celui de la Val Troncea et celui des Lacs d’Avigliana, aujourd’hui organismes instrumentaux autonomes de la région Piémont, en viendraient à être gérés par le seul organisme de gestion des Alpes Cottiennes. Autre nouveauté : la nomination du Président directement par le Président du Conseil régional, conformément à l’art. 12. L’art. 18 change également le statut du Directeur de l’organisme, haut dirigeant qui n’est plus un employé à durée indéterminée, mais un manager sous contrat de deux à cinq ans renouvelables. L’art. 19 confie la surveillance au personnel de l’organisme ayant la qualification d’agent et d’officier de police judiciaire, mais sont ajoutés, sans plus aucun besoin d’établir une convention, d’autres personnels, du Corps forestier de l’État aux Gardes Écologiques Volontaires. Le terme “garde du parc” n’est plus employé. L’art. 40 enfin reconnaît les dispositions communautaires et confie la gestion des Zones spéciales de Conservation, des Sites d’importance communautaire et des Zones de Protection spéciale aux organismes de gestion des zones protégées limitrophes. La surveillance sur ces sites est cependant laissée uniquement en dernier ressort au personnel de surveillance des - Vallet • Ordonnance 2000-914 du 18 septembre 2000 instituant le Code de l’environnement : Reprise des dispositions législatives concernant les parcs naturels régionaux dans le Code de l’environnement : art. L-132-1 (partie civile) L-326-1 (circulation motorisée) L-333-1 et L333-4 (politique des parcs naturels régionaux) L-581-8 (publicité) livre II de la partie du Code rural : les articles R.244-1 à R.244-16 du Code rural deviennent les articles R.244-1 à R.244-16 du Code de l’environnement) Castagneri - Ramassa • Loi 99-586 du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, article 49 modifiant l’article L.5721-2 du code général des collectivités territoriales (fonctionnement des syndicats mixtes) 97 organismes, privilégiant en ce cas-ci la Police départementale et le Corps forestier de l’État (art. 48). Les art. 42-43-44 rappellent toutes les prescriptions relatives à l’évaluation d’incidence environnementale, rendue obligatoire par les directives européennes 79/409/CEE et 92/43/CEE, transposées en Italie par le décret présidentiel n° 120 de 2003. Autre article intéressant : l’art. 54, qui prévoit la création de “couloirs écologiques” de liaison entre les diverses zones protégées, partout où l’on connaît des situations d’urgence faunistiques ou des lieux vitaux pour la migration des espèces. Parcs d’hier, d’aujourd’hui et de demain L’art. 59, enfin, abolit les nombreuses lois régionales en matière de zones protégées citées jusqu’ici, en allant de celles qui instituent des parcs jusqu’à la loi cadre de la région (L.R.12/90). 98 Que ce soit une bonne loi ou non, nous le déciderons quand elle sera approuvée; il semble clair de toute façon qu’il existe dans la région Piémont un esprit pionnier en matière environnementale et que l’effort de réduction des dépenses publiques peut coïncider, pour une fois, avec une simplification bureaucratique et une volonté effective de s’occuper du réseau nature 2000. Quel est l’avenir promis aux parcs du Piémont ? Espérons que l’idée américaine “Protecting Nature, Protecting Ourselves” inspire encore une fois la vieille Europe, car créer une zone protégée, “c’est l’expression de la foi dans le futur, c’est établir un pacte entre générations, une promesse du passé envers le futur”.