T - Codice 3

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T - Codice 3
C
hapitre I
L’ENVIRONNEMENT MONTAGNE
Caractéristiques physiques et climatiques
Altitude
Latitude
Température
Hygrométrie
Rayonnement
Dangers objectifs
Les contraintes sur l’organisme
Baisse de pression barométrique ou « hypobarie »
Baisse de pression en oxygène ou « hypoxie »
Refroidissement
Les moyens de défense de l’organisme
Lutte contre l’hypoxie
Lutte contre le froid
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
1
Caractéristiques physiques et climatiques
Altitude
Sur notre planète, l’altitude maximale accessible par l’homme par voie terrestre est de
8 850 mètres (Everest).
Tous les hommes ne sont pas égaux face à l’altitude.
Entre habitants des plaines et natifs des hauts plateaux, les capacités à la supporter ne
seront pas les mêmes. Certains peuples de l’Himalaya ou des Andes vivent à haute altitude
depuis des siècles et ont eu le temps de développer des mécanismes d’adaptation. Nous qui
résidons habituellement beaucoup moins haut, nous ne bénéficions pas de telles
dispositions et ne pouvons pas nous comparer à ces populations. Nous devons nous
montrer humbles devant les éléments contraignants de cette altitude hostile et respecter des
paliers d’acclimatation naturelle si nous voulons grimper.
On parle de « paliers biologiques » définissant des niveaux progressifs d’agression sur
l’organisme.
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Caractéristiques physiques et climatiques
Latitude
La troposphère a un impact direct sur la pression atmosphérique : plus cette couche est fine,
plus la pression atmosphérique diminue et avec elle, la pression partielle en oxygène dans
l’air ambiant. Aux pôles, la troposphère est plus fine qu’à l’équateur, donc la pression
partielle en oxygène, plus basse, si bien que pour une même altitude donnée, l’exercice sera
plus difficile qu’au niveau de l’équateur.
Par exemple, le mont Vinson, qui culmine à 4 897 mètres en Antarctique, est aussi difficile à
gravir qu’un sommet de 6 310 mètres comme le Chimborazo situé en Équateur.
La saison joue également un rôle sur la pression atmosphérique et donc sur la pression
partielle de l’oxygène dans l’air. En hiver, cette pression diminue, ce qui augmente
légèrement la difficulté des ascensions hivernales.
La couche d’air (troposphère) qui recouvre
le globe terrestre est moins épaisse aux
pôles qu’à l’équateur. Pour une même
altitude, la pression d’oxygène disponible
est donc moins importante au pôle qu’à
l’équateur.
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Caractéristiques physiques et climatiques
Température
La température de l’air diminue de 0,85 °C tous les 100 mètres.
Elle est également influencée par la latitude. Dans les régions tropicales, les variations
diurnes et saisonnières sont beaucoup plus nettes qu’au niveau des pôles.
Le refroidissement du corps humain est modifié par certains facteurs :
Le degré d’hygrométrie de l’air ambiant : plus il est important, plus le corps se
refroidit car la vapeur d’eau participe à la perte de calories par conduction.
La diminution de pression en oxygène dans le sang : la pression en oxygène dans
le sang diminue avec l’altitude surtout si l’alpiniste n’est pas acclimaté. L’oxygène est
l’élément indispensable à la combustion des réserves énergétiques, donc à la
production de chaleur. S’il vient à manquer, les capacités de défense de l’organisme
sont diminuées.
La vitesse du vent : plus le vent est violent, plus le corps se refroidit. C’est ce que
l’on appelle « l’effet Windchill ». Une protection vestimentaire adaptée est
indispensable en altitude où les vents sont particulièrement véloces.
L’effet Windchill
Le pouvoir de refroidissement du vent est important. Il est donc essentiel de s’en
protéger pour lutter contre l’hypothermie. Ce tableau donne une idée de cet effet sur
l’individu qui s’expose au vent sans protection.
Pour une température réelle de 10 °C
sans vent, le pouvoir de
refroidissement d’un vent à 40 km/h
équivaut pour l’organisme à une
température fictive de – 30 °C.
La température diminue en altitude.
Le refroidissement du corps augmente avec l’hygrométrie et le vent.
Le pouvoir de défense de l’organisme diminue en altitude par manque d’oxygène.
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Caractéristiques physiques et climatiques
Hygrométrie
L’hygrométrie diminue vite avec le froid et l’altitude.
À 4 000 mètres, elle ne représente déjà plus que le quart de celle qui existe au niveau de la
mer.
Au sommet de l’Everest, l’air est très sec, l’hygrométrie est proche de zéro. Cet air sec est
hydrophile, il attire la vapeur d’eau contenue dans celui que nous expirons, ce qui explique
l’importance des pertes d’eau majorées par l’hyperventilation.
En altitude et dans l’effort, les volumes d’air ventilés pour compenser le manque d’oxygène
peuvent être dix fois plus importants qu’au repos au niveau de la mer (de 10 litres par minute
à 100 litres par minute).
L’hyperventilation participe donc activement à la déshydratation générale.
La déshydratation par transpiration est également sous-estimée en altitude car la sudation
passe inaperçue. L’hygrométrie faible de l’air ambiant accélère le processus d’évaporation
de la sudation ce qui diminue la sensation de transpirer.
A contrario, on se déshydrate moins au froid qu’au chaud, car la transpiration a pour seul
objectif de maintenir la température centrale du corps à 37 °C et d’éviter l’hyperthermie
maligne. Par temps froid, la température de la machine reste plus facilement sous contrôle,
la transpiration est moindre et le corps se déshydrate peu.
Ainsi le fait qu’il fasse froid en altitude limite la déshydratation qu’elle induit sur l’organisme
en plein effort.
En altitude et à l’effort, l’hyperventilation et l’inhalation d’air très sec augmentent
les pertes d’eau insensibles et favorisent la déshydratation.
En altitude et à l’effort, la déshydratation par transpiration est importante mais cela
ne se voit pas.
Seul avantage de la haute altitude : le niveau d’hygrométrie diminuant à mesure
que l’on s’élève, sa capacité à refroidir l’organisme est moindre.
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Caractéristiques physiques et climatiques
Rayonnement
Il est produit par des rayons ultraviolets (UVA, UVB, UVC) et de rayons infrarouges (IR)
Les UVB et UVA sont les plus agressifs pour la peau et les yeux, car contrairement aux
UVC, ils ne sont pas absorbés par la couche d’ozone.
Les IR apportent de la chaleur.
Le rayonnement auquel doit faire face l’alpiniste est augmenté car :
L’absorption des UV par l’atmosphère diminue de plus d’1 % tous les 100 mètres.
La neige et la glace peuvent réfléchir jusqu’à 90 % des UV.
L’atmosphère peut réfléchir jusqu’à 50% du rayonnement solaire (on reçoit le
rayonnement même à l’ombre)
Il dépend également de :
L’heure : il est maximum entre 10 heures et 14 heures.
La saison : il est plus intense en été qu’en hiver.
La latitude : il est maximum en région tropicale car l’axe du rayonnement est
perpendiculaire à la surface de la terre.
Par exemple, on estime que le rayonnement est augmenté de 65 % au sommet du mont
Blanc et de 120 % au sommet de l’Everest.
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Caractéristiques physiques et climatiques
Dangers objectifs
La montagne n’est pas dangereuse uniquement pour l’alpiniste chevronné qui s’engage dans
des voies de grande difficulté. Ce dernier connaît généralement bien le terrain. Il sait
s’équiper, s’informer et s’entraîner.
Les dangers visent souvent le plus faible, le novice ou le pratiquant occasionnel qui ne
contrôle pas l’environnement dans lequel il évolue. Tout comme le plaisancier s’expose à la
furie des océans, le randonneur peut se retrouver à la merci d’une météorologie
particulièrement cyclothymique en montagne.
La montagne est le terrain où s’illustrent avec prédilection les lois de la gravité : chute d’un
alpiniste ou chute d’un corps étranger sur l’alpiniste (pierre, sérac, avalanche, autre
alpiniste…).
Les éléments météorologiques, instables eux aussi, amplifient les risques d’accident et
limitent les possibilités de secours.
Qu’on le veuille ou non, la montagne reste un lieu d’aventure et de surprises avec lesquelles
il faut compter. Tout visiteur, néophyte ou pratiquant chevronné, doit en accepter l’augure.
Il est des comportements à proscrire une fois pour toutes : pique-niquer sous un sérac,
grimper sans casque, évoluer sur glacier sans être encordé, mépriser les alertes météo,
ignorer la carte et les équipements adéquats, etc. Toutes ces règles s’apprennent et leur
valeur devient évidente avec le temps, l’expérience et l’observation. Les conseils prodigués
par les professionnels sont incontournables.
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Les contraintes sur l’organisme
Hypobarie
Elle est due à la baisse de pression atmosphérique qui s’accentue au fur et à mesure que
l’on s’élève.
Nous avons vu que l’atmosphère qui entoure la calotte terrestre est composée d’une
première couche appelée troposphère, puis d’une deuxième couche plus épaisse et plus
éloignée, la stratosphère. La tropopause est la fine zone qui sépare ces deux enveloppes.
La pression de l’air que nous respirons résulte du poids de l’air contenu dans cette épaisse
couche. Et nous avons vu que celle-ci varie avec la latitude : 7 000 mètres au niveau des
pôles et près de 18 000 mètres à l’équateur.
Plus on s’élève, moins la colonne d’air au-dessus de notre tête est importante, plus la
pression atmosphérique diminue.
La baisse de pression à l’extérieur des organes creux mous (comme le tube digestif) ou durs
(comme les sinus) entraîne leur dilatation et leur distension.
De même, l’hypobarie peut modifier et perturber les échanges des secteurs liquidiens ou
gazeux partiellement perméables (vaisseaux, cellules).
Ces contraintes physiques peuvent être à l’origine de troubles douloureux ou gênants
(flatulences, douleurs abdominales, otalgie, douleurs dentaires, sinusite) surtout en cas de
variation de pression brutale (téléphériques). Elle participe à la survenue des œdèmes
pulmonaires et cérébraux tant redoutés en haute altitude.
Plus on s’élève et plus on se rapproche des pôles et plus la pression
atmosphérique baisse !
Plus la pression atmosphérique baisse et plus les corps se dilatent !
Les variations d’altitude et de pression sont mieux supportées par l’organisme si
elles sont lentes et progressives.
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Les contraintes sur l’organisme
Hypoxie
C’est la baisse de pression partielle en oxygène dans l’air.
L’air que nous respirons est constitué de 78 % de diazote (N2) pour, 21 % d’oxygène (O2) et
1 % de gaz plus rares.
Nous avons vu que la pression atmosphérique diminuant au fur et à mesure que l’on s’élève,
la pression partielle en oxygène baisse avec elle. Comme c’est la pression de l’oxygène
dans l’air ambiant qui conditionne son captage au niveau des alvéoles pulmonaires,
l’oxygène sera de moins en moins disponible avec l’altitude. Nous verrons dans le chapitre
suivant comment l’organisme réagit à ce manque de pression en oxygène.
Au niveau du mont Blanc (4 810 m), la pression en oxygène baisse d’environ 45 %, au
niveau de l’Aconcagua (6 962 m) elle est réduite de moitié, à celui de l’Everest (8 848 m), de
deux tiers.
Cette baisse de pression en oxygène se manifeste dans le sang (hypoxémie). Les globules
rouges, chargés du transport de l’oxygène jusqu’aux cellules, ne fournissent pas assez de
molécules indispensables à la fonction cellulaire.
L’activité musculaire est la première à souffrir de l’hypoxie. Elle se dégrade de façon
proportionnelle à l’altitude. Beaucoup d’autres fonctions se détériorent également, comme
celles des reins devenant incapables de réguler les échanges liquidiens ; la digestion est
perturbée, les fonctions cérébrales sont diminuées ; la ventilation s’effectue mal…
Pour compenser l’hypoxie, l’homme est capable de déclencher des mécanismes
d’adaptation : augmentation de la ventilation et du rythme cardiaque dans un premier temps,
puis augmentation du nombre de globules rouges dans un deuxième temps. Mais si la
baisse de pression en oxygène est à la fois trop brutale et trop rapide, l’homme ne peut pas
répondre de manière efficace. C’est alors qu’il risque de faire les frais du mal aigu des
montagnes et de l’œdème de haute altitude, dont il peut mourir.
En altitude la baisse de pression atmosphérique s’accompagne d’une baisse de pression en
oxygène ce qui le rend de moins en moins disponible pour l’organisme.
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Les contraintes sur l’organisme
Refroidissement
L’homme, contrairement à certains animaux, est un homéotherme, c’est-à-dire qu’il doit
conserver une température corporelle constante pour survivre !
Comme pour un fruit, on peut attribuer à l’homme un « noyau » et une « écorce ». Pour
vivre, il doit absolument maintenir la température de son noyau à 37 °C.
Ce noyau est constitué des organes nobles, indispensables à la survie (cœur, poumon,
reins, foie, cerveau et gros vaisseaux).
L’écorce (peau, muscles, bras et jambes, etc.) peut subir des variations plus sensibles sans
que l’organisme en soit perturbé. Cette écorce joue un rôle de tampon assez efficace quand
les contraintes extérieures ne sont pas excessives (chaud ou froid). L’écorce est également
capable de participer à l’équilibre thermique si l’agression vient de l’intérieur (augmentation
de la chaleur interne produite par la fièvre ou un exercice musculaire intensif) : elle transpire
pour évacuer l’excès de calorie.
En montagne, le froid, le vent, le manque de réserves énergétiques, l’inactivité, la
déshydratation sont autant de facteurs capables de compromettre l’équilibre entre production
et déperdition de chaleur.
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Les pertes de chaleur se produisent par :
Conduction : contact direct de la peau avec la neige, la glace ou l’eau (sudation).
Convection : flux d’air arrachant les calories au contact de la peau.
Radiation : le corps rayonne, comme tout corps vivant, et perd de l’énergie
continuellement quand le rayonnement externe (soleil) disparaît.
Évaporation : pour se refroidir, l’homme consomme des calories en transformant
l’eau de la sudation en vapeur d’eau.
Pour comprendre le mécanisme de thermorégulation chez l’homme, il est pratique de le
comparer à une maison équipée d’une chaudière.
La chaudière, c’est noyau central de l’organisme ; c’est elle qui produit de la chaleur.
Le combustible, c’est la ration calorique apportée par l’alimentation, les réserves
énergétiques.
On peut comparer le sang circulant dans les vaisseaux au flux d’eau chaude que diffuse la
chaudière jusqu’aux radiateurs de la maison.
Les radiateurs correspondent aux mains, pieds et cuir chevelu en périphérie du corps
humain (grande surface d’échange bien vascularisée).
Sans charbon (ration calorique), la chaudière ne chauffe pas l’eau des tuyaux.
Sans eau dans les tuyaux (déshydratation, hémorragie) et sans pompe (pompe
cardiaque), la chaleur n’est pas drainée vers les radiateurs périphériques.
L’absence d’isolation de la maison entraîne un surcroît de travail pour la chaudière.
Le thermostat de l’organisme est situé dans le cerveau au niveau de l’hypothalamus ; il
est réglé à 37.2°C, et à la moindre variation de température, il relance la chaudière.
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Les moyens de défense de l’organisme
Lutter contre le manque d’oxygène (hypoxie)
Pour évoluer dans un environnement inhospitalier, l’homme est capable de mettre en place
des mécanismes de défense, soit de manière volontaire en suivant un programme
d’entraînement, soit en laissant son organisme s’adapter et s’acclimater.
Les scientifiques estiment que l’homme s’adapte mieux au manque d’oxygène qu’aux
effets du froid !
Entraînement
Il contribue à l’amélioration des performances en habituant l’organisme à subir des charges
de travail plus importantes et à augmenter ses capacités d’endurance à l’altitude.
L’entraînement apprend à gérer l’effort, à économiser les réserves énergétiques, chose
indispensable en altitude.
Adaptation
Les premiers mécanismes physiologiques mis en place de façon involontaire sont
l’augmentation de la fréquence cardiaque et l’augmentation de la fréquence ventilatoire pour
compenser la baisse de pression en oxygène dans le sang.
Acclimatation
Ce sont les mécanismes plus économiques qui se mettent en place à condition que
l’organisme bénéficie d’un peu plus de temps.
Pour compenser les effets de l’hypoxie, la production de globules rouges se multiplie : c’est
la polyglobulie. Elle commence à être efficace dès le sixième jour en altitude.
La fréquence cardiaque reste élevée, mais un mécanisme de contrôle naturel se met en
place pour l’empêcher d’être trop rapide, ce qui limite ses possibilités mais protège le cœur
de l’infarctus.
Le corps doit absolument modifier la répartition de l’eau dans l’organisme au risque de
développer des œdèmes…
Pour que cette acclimatation se produise, il faut que le séjour en altitude dure et qu’il soit
suffisamment haut. L’altitude de 3 000 mètres est considérée comme palier nécessaire au
déclenchement de réactions efficaces
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L’acclimatation protège le cœur contre l’infarctus
Au bout d’une semaine à plus de 4000 mètres, la fréquence cardiaque maximale diminue,
comme si le cœur ne voulait plus répondre à un exercice physique important. En fait, cette
limitation naturelle est due à la baisse de sensibilité des béta-récepteurs du myocarde.
C’est à leur niveau que l’adrénaline agit pour augmenter la fréquence cardiaque en temps
normal. Après acclimatation, ces récepteurs se masquent et l’adrénaline n’agit plus.
Bien que cette modification soit responsable d’une baisse de performance, elle protège le
cœur d’une demande insolvable en oxygène, plus rare à cette altitude.
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Acclimatation pour un sommet de moyenne altitude (3000 à 5000 m)
L’ascension du mont Blanc est trop souvent de celles que l’on pense pouvoir aborder sans
préparation. Beaucoup s’y engagent pour la première fois sans se donner les moyens de
réussir. Trop pressés, ils préfèrent compter sur le seul entraînement physique. Pourtant, les
statistiques parlent d’elles-mêmes puisque parmi les prétendants, quatre alpinistes sur cinq
n’atteignent pas le sommet. Et la plupart n’en garderont qu’un mauvais souvenir puisque
trois sur cinq auront souffert de maux de tête ou de vomissements.
La pression en oxygène disponible au sommet du mont Blanc est réduite presque de moitié,
ce qui altère de façon évidente les capacités physiques humaines. La dépression mécanique
exercée sur les cellules et sur les organes creux n’est pas sans effet sur les réactions
physiologiques de l’organisme. Pour en avoir une idée, il suffit d’observer une bouteille en
plastique étanche que l’on a emportée en altitude : elle a gonflé !
La théorie :
La production de globules rouges supplémentaires pour faire face au manque d’oxygène
démarre dès que l’organisme est soumis plus de six heures à une altitude supérieure à
3000 mètres. Il faut six jours pour que ces globules rouges acquièrent leur efficacité.
La pratique :
Sachant cela, il est facile d’établir un programme qui stimule l’organisme les premier et
deuxième jours en réalisant une course aux alentours de 3500 mètres. Avec, en plus, une
nuit à cette altitude, les bénéfices de cette acclimatation seront probants quatre à cinq
jours plus tard et l’ascension du mont Blanc pourra se dérouler dans de bonnes conditions.
Acclimatation pour un sommet de haute altitude (5000 à 8848 m)
Les statistiques démontrent que la haute altitude est souvent le lieu d’expression et
d’épanouissement de l’homme ou la femme mûr. Avec l’âge, on sait mieux se préserver,
respecter les règles d’ascension, gérer l’effort et faire preuve de patience ; l’esprit de
compétition fait place à l’humilité.
L’acclimatation est la pièce maîtresse de la réussite et chacun doit la gérer en fonction de
ses réactions. Toutefois, 5% des alpinistes ne parviennent pas à s’acclimater. Face à
l’hypoxie, certaines personnes ne ressentent aucun signe alors que d’autres réagissent
violemment. Si c’est le cas, ne désespérez pas, nombreux sont ceux qui après avoir vécu
des moments difficiles lors de la marche d’approche se sont retrouvés au sommet de
l’Everest, tandis que d’autres, apparemment plus solides n’ont jamais dépassé la barre des
7000. Il faut savoir prendre son temps.
La période idéale pour réussir un sommet de plus de 8000 mètres se situe entre la
troisième et la sixième semaine d’expédition. Avant, l’acclimatation n’est pas optimale,
après, l’épuisement se fait sentir. Dans l’intervalle, l’alpiniste perd la plus grande partie de
son poids en graisse, ce qui améliore ses performances en même temps que la production
de globules rouges croît. Par ailleurs, dans ce laps de temps, il se trouve dans une phase
combative.
Au-delà de cette période, les chances s’amenuisent. Au-dessus de 5000 mètres, l’organisme
récupère mal, la digestion perd de son efficacité et la constitution de réserves énergétiques
devient plus difficile. Après six semaines, l’organisme puise dans son stock protéique, ce qui
diminue les capacités musculaires.
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Les moyens de défense de l’organisme
Lutter contre le froid
Face au froid intense, plusieurs réactions naturelles de défense interviennent :
Le frisson fournit de la chaleur de façon éphémère et peu rentable (« feu de paille »).
La vasoconstriction périphérique réduit le calibre des vaisseaux de l’écorce
(systématique chez tous les individus) et le débit sanguin.
L’augmentation de la température centrale par élévation de la consommation
d’énergie (seules certaines ethnies en sont capables spontanément).
La diminution de la température centrale pour diminuer le gradient de déperdition par
rapport à l’extérieur. Certains pensent que l’acclimatation au froid permet ce type
d’adaptation car certaines ethnies vivant dans ce type de climat depuis plusieurs
générations on développé ce type de défense.
L’ouverture de shunts (dérivations, raccourcis) au niveau des poignets et des
chevilles permettant au sang d’éviter les extrémités et donc de se refroidir avant de
retourner au cœur. Les extrémités sont des surfaces d’échanges importantes
(vascularisation importante, grande surface de peau pour un faible volume de tissus).
Le risque de gelures augmente, mais dans la perspective de sauvegarder les
organes nobles.
Face au froid intense, plusieurs réactions volontaires de défense sont possibles :
L’activité musculaire apporte beaucoup de chaleur mais consomme beaucoup
d’énergie (ne jamais rester statique).
L’augmentation des réserves énergétiques (alimentation, stockage).
L’augmentation directe de la température du noyau central (boissons chaudes,
aliments chauds).
La protection contre les facteurs de refroidissement : convection (coupe-vent, abri) et
conduction (combattre l’humidité, éviter le contact direct avec la glace, l’eau et la
neige).
L’hydratation permet de mieux réguler les transferts de chaleur dans l’organisme.
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La protection
La protection de l’individu qui séjourne en montagne passe avant tout par son équipement
vestimentaire et son choix comportemental face à l’isolement propre à l’environnement
hostile.
L’équipement vestimentaire
Il s’est considérablement amélioré, notamment grâce à l’invention de fibres performantes.
Le pouvoir d’isolation d’un vêtement est défini par un indice appelé Clo. 1 Clo correspond au
pouvoir d’isolation d’un vêtement de ville de demi-saison ; l’indice est de 10 Clo pour un sac
de couchage conçu pour des conditions polaires, tandis qu’une tenue légère d’été affichera
0,5 Clo.
En montagne le vêtement protecteur doit être léger pour éviter le surpoids, solide pour limiter
l’usure liée au terrain corrosif, isolant afin de combattre les baisses de températures
extérieures, imperméable à la pluie et au vent tout en permettant à l’évaporation de la
transpiration. En outre, les vêtements doivent sécher rapidement pour être réutilisés en
permanence, mais aussi être confortables et pratiques (ergonomie et qualité des velcros,
des fermetures éclairs et des bretelles…).
On préconise de multiplier les couches de vêtements de manière à pouvoir changer celles
qui auront absorbé l’humidité lors de l’exercice. L’eau qui condense augmente la conduction,
donc la nuisance du froid extérieur sur l’organisme. La multiplication des couches d’air prises
en sandwich, en diffusant la vapeur d’eau, limite la condensation.
Gérer l’isolement
Combattre l’isolement, c’est avant tout se munir de moyens de communication qui
deviendront salvateurs en cas de problème (mobile, radio ou téléphone satellite) et savoir
préserver les batteries de secours.
Il s’agit aussi de prévenir des proches de la course envisagée, de donner des informations
sur le type d’excursion et les horaires de retour.
Mieux vaut éviter de s’aventurer seul si l’on est néophyte et si l’on ne connaît pas le terrain…
En cas de bivouac forcé, il faut savoir économiser ses réserves énergétiques en évitant le
gaspillage par des mouvements inconsidérés, en réduisant les surfaces de conduction
exposées à la glace, la neige ou l’eau, et en se protégeant des courants d’air (convection).
Enfin, ne jamais rester statique. Maintenez votre noyau au-dessus de 35 °C !
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C
hapitre 2
LES MALADIES DE MONTAGNE
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1
Les maladies liées à l’altitude
Mal aigu des montagnes (MAM)
Œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA)
Œdème cérébral de haute altitude (OCHA)
Œdème périphérique de haute altitude (OLHA)
Hémorragie rétinienne de haute altitude (HRHA)
Bronchite irritative d’altitude (BIHA)
Trouble neurologique de haute altitude (TNDHA)
Trouble du sommeil
Les maladies dues au froid
Hypothermie
Gelure
Allergie au froid
Engelure et acrocyanose
Syndrome de Raynaud
Gelure de cornée
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Déshydratation
Hyperthermie
Épuisement
Ophtalmie des neiges
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et cataracte
Brûlure solaire
Les lésions provoquées par la foudre
Brûlure
Arrêt cardiaque
Effet blast
Les lésions engendrées par les avalanches
Lésions et mécanismes
Conduite à tenir
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Les maladies liées à l’altitude
Mal aigu des montagnes (MAM)
Pour comprendre ce phénomène, il faut rappeler les deux paramètres essentiels qui
caractérisent l’altitude : la pression diminue et l’oxygène se raréfie.
L’organisme n’apprécie pas ces contraintes, et bien qu’il soit capable de s’y adapter en
augmentant sa ventilation et en multipliant le nombre de ses globules rouges, il a besoin
d’un délai pour réagir.
Si l’on monte trop vite sans respecter de paliers, un ensemble de signes désagréables
apparaît. Les plus fréquents sont les maux de tête (qui peuvent être importants), les
vomissements, l’essoufflement et une fatigue anormale ; l’insomnie perturbe les nuits.
Parfois surviennent même des troubles neurologiques, d’abord sans gravité comme des
vertiges ou de l’agressivité ou, au contraire, sous forme de léthargie, puis plus sérieux, voire
mortels.
Cet ensemble de symptômes constitue ce que l’on appelle le mal aigu des montagnes
(MAM)
Si les signes restent modérés, le MAM est considéré comme bénin et la conduite à tenir est
simple : se reposer, ralentir la courbe d’ascension en prenant un jour de détente sans
couvrir de dénivelé, prendre éventuellement de l’aspirine ou du paracétamol et bien
s’hydrater. Même en prenant toutes les précautions nécessaires, on peut considérer que le
MAM est le prix à payer pour une acclimatation progressive. Il atteint sept personnes sur dix
qui tentent l’ascension du mont Blanc et une personne sur deux en Himalaya : c’est dire
comme ce syndrome est banal en altitude.
Mais les symptômes peuvent s’intensifier au point de rendre toute activité physique
impossible. Du stade de gravité 1, on passe au stade 2, puis au 3. Attention ! n’attendez pas
ce dernier pour agir : la décompensation en œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA)
ou en œdème cérébral de haute altitude (OCHA) peut être rapidement mortelle.
Stades de gravité du MAM
Stade 1
Maux de tête calmés par les
antalgiques courants
(paracétamol, aspirine)
Stade 2
Maux de tête résistants aux
antalgiques courants + signes
digestifs +/-signes accessoires.
Stade 3
Difficulté respiratoire au repos
ou/et trouble neurologique (les
troubles de l'équilibre sont les
premiers signes à apparaître)
Respectez les paliers !
(ne pas dépasser 400m entre
deux nuits consécutives audessus de 3000m)
Reposez-vous un jour ou
deux à la même altitude.
Antalgiques traditionnels
Hydratation +++
Oxygène
Descente ++
Caisson
acétazolamide
Signes accessoires
Maux de tête +++
Insomnie ++
Troubles digestifs +
Essoufflement
Manque d’appétit
Urines peu abondantes
Bâillements
Somnolence diurne
Désorientation
Vertiges
Stress
Irritabilité
Dépression
En altitude, l’élimination urinaire importante est un signe de bonne acclimatation !
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Conduite à tenir devant un MAM
Du repos à la même altitude suffit le plus souvent à apaiser les troubles et permet
de reprendre l'ascension le lendemain.
La redescente agit de façon miraculeuse : une perte de dénivelé de 500 mètres
seulement peut améliorer rapidement l’état du malade et éviter que son état
n’évolue vers un œdème pulmonaire ou cérébral.
Le caisson hyperbare est la solution la meilleure quand la descente est
impossible. Il équipe désormais de nombreuses expéditions ou trekking. Portable, il
se plie comme une tente et ne pèse pas plus lourd. On le gonfle avec une pompe
mécanique qui permet de comprimer artificiellement l’air qui se trouve dedans. Une
à deux heures à l’intérieur du sarcophage améliorent les symptômes du malade et
lui permettent même parfois de redescende par ses propres moyens. Ce caisson
portable a sauvé de nombreuses vies [voir vidéo du caisson de recompression portable]
Traitement médical du MAM
Trois médicaments notoirement efficaces doivent faire partie de la trousse médicale d’expédition,
surtout quand on ne dispose pas d'un caisson hyperbare.
L'acétazolamide (DIAMOX) est le plus efficace, surtout en traitement préventif débuté deux
jours avant l'ascension.
-
Posologie : 1 comprimé de 250 mg le matin et le midi. Diviser les doses par deux pour les
personnes de moins de 60 kg ou si les effets secondaires sont mal supportés.
Effets secondaires : fourmillements dans les mains, les pieds ou sur le visage ; émission d’urine
augmentée ; donne un goût salé aux boissons gazeuses ; parfois troubles digestifs (nausées,
vomissements) ; tendance à l’hypokaliémie (baisse de potassium dans le sang).
Contre-indication absolue : allergie connue aux sulfamides.
Contre-indication relative : personnes sujettes aux coliques néphrétiques.
Conseils : prendre des pastilles de potassium pour prévenir de l’hypokaliémie (KALEORID : 2
comprimés par jour le temps du traitement) Prolonger le traitement par acétazolamide 4 à 5 jours
après l’ascension si l’on reste en altitude (camp de base)
Le sildénafil (VIAGRA) est un médicament récent conçu pour les troubles de l’érection et le
traitement de l’impuissance. Son action bénéfique sur le mal aigu des montagnes et surtout
sur l’œdème pulmonaire vient d’être validé. Il intervient sur l’hypertension artérielle
pulmonaire connue pour être en partie responsable de l’œdème pulmonaire de haute
altitude. Son intérêt dans la mal aigu des montagnes n’est pas encore démontré.
La bétamétasone (CELESTENE) : 8 mg injectable d’emblée (intra veineuses ou intra
musculaire), à renouveler toutes les 6 heures jusqu’à amendement des signes. Le
bétamétasone peut être utilisé pour les MAM récalcitrants.
Ces traitements ne peuvent être prescrits que par un médecin du fait des contre-indications et des
effets secondaires. Dans la pratique, les experts admettent que ces traitements soient appliqués à
distance par un soignant non médecin bien averti ou à distance par un médecin (télémédecine)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
Utilisation du caisson de recompression hyperbare [voir vidéo]
Indications :
Mal aigu des montagnes sévère (MAM stade 3)
Œdème pulmonaire de haute Altitude (OPHA)
Œdème cérébral de haute altitude (OCHA)
Étape 1
Allonger l’alpiniste malade à l’intérieur du caisson ouvert sur un matelas en mousse en lui expliquant ce qui va
suivre pour le rassurer.
Surélever sa tête avec des vêtements ou un coussin.
1
Placer un saturomètre (si disponible) à son doigt.
Mettre à sa disposition un urinal ou une bouteille pour uriner.
Pour qu’il ne souffre pas des oreilles, lui donner un bonbon
à sucer ou un chewing-gum à mâcher.
Étape 2
Fermer la fermeture éclair et attacher les sangles.
Arrimer le caisson s’il est dans une pente glissante.
Placer la tête du caisson vers le haut si le terrain est pentu.
Étape 3
Brancher la pompe manuelle sur l’un des robinets en prenant soin de fermer l’autre robinet (évacuation)
Gonfler le caisson progressivement jusqu’à son maximum (manomètre calé à 220 mbar) en prenant soin de
laisser au malade le temps de déglutir pour équilibrer la pression dans ses oreilles.
Une fois la pression de 220 mbar atteinte, 5 coups de pompe doivent être administrés toutes les minutes
pendant toute l’opération afin de renouveler le taux d’oxygène et d’évacuer le gaz carbonique dans le caisson (se
faire relayer par d’autres membres de l’expédition)
Le traitement doit durer au moins une heure, deux heures en cas d’atteinte sérieuse. Si l’état du malade ne
s’améliore pas, il peut être renouvelé autant de fois que nécessaire en attendant l’évacuation.
Le dégonflage doit s’étaler sur quelques minutes, par paliers, pour respecter la décompression des oreilles du
malade.
1
Outil de mesure de pression en oxygène du sang artériel que l’on place sur le bout du doigt.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
5
L’acétazolamide (DIAMOX) est un inhibiteur de l’anhydrase carbonique qui limite l’alcalinisation du
sang, ce qui a pour effet de stimuler la ventilation. Il aurait un effet bénéfique également en
diminuant la pression intra crânienne. Il lui faut 12 à 24 heures pour agir. On doit donc le prendre de
façon préventive un à deux jours avant de monter en altitude.
On le préconise chez les personnes présentant des difficultés d’acclimatation ou pour celles qui
n’ont pas le temps de s’acclimater pour des raisons professionnelles ou logistiques (arrivée en avion
directement à plus de 4000 m, comme à La Paz (Bolivie) ou Lhassa (Tibet))
Le DIAMOX n’est que faiblement diurétique, mais il est conseillé de s’hydrater largement pendant la
phase d’acclimatation.
Il peut être responsable de fuite de potassium (hypokaliémie), qu’il est donc recommandé de
prendre un complément (comprimés)
Il a été démontré que le DIAMOX améliorait la ventilation pendant le sommeil en altitude, ce qui peut
être intéressant pour les personnes souffrant d’insomnie et d’apnées du sommeil.
Comment prévenir le MAM ?
Consultation préventive
Ceux qui ne sont jamais allés en altitude peuvent avoir un aperçu de leur sensibilité au mal aigu des montagnes
en pratiquant un « test à l’hypoxie » à l’occasion d’une consultation spécialisée (voir chapitre 6)
Cette consultation est également conseillée à toutes les personnes souffrant d’une pathologie chronique
susceptible de décompenser en altitude.
Respecter les paliers d’ascension
Le corps est capable de s’acclimater pour peu qu’on lui en laisse le temps. En trekking, une fois l’altitude de
3 000 mètres atteinte, on conseille de ne jamais dépasser 400 mètres de dénivelé entre deux nuits consécutives.
À ceux qui ne peuvent pas se permettre de monter progressivement pour des raisons logistiques alors que le
sommet visé dépasse 4 000 mètres, on conseille de réaliser une ou deux ascensions à moindre altitude au cours
de la semaine qui précède le séjour, en dormant une ou deux nuits à plus de 3 000 mètres. C’est pendant la nuit
que l’organisme est le plus stimulé pour produire les globules rouges supplémentaires (polyglobulie)
Hydratation
Il faut s’affranchir de cette idée fausse qui accuse l’hyperhydratation d’être responsable des œdèmes d’altitude.
C’est tout le contraire ! L’hydratation amorce et relance la fonction rénale, ce qui permet au rein de jouer son rôle
de filtre. Les toxines liées à l’exercice et à la souffrance des cellules en manque d’oxygène sont mieux filtrées,
permettant à l’équilibre hydroélectrique de s’instaurer de manière harmonieuse.
Acétazolamide (DIAMOX)
C’est l’alternative médicamenteuse la plus courante, à condition de le prendre au moins 24 heures avant
l’ascension. Il est en effet beaucoup plus efficace en préventif, bien qu’il puisse être utilisé aussi de façon
curative.
Aspirine
La prise préventive d’aspirine est également possible. L’aspirine prévient des maux de tête, des crampes et des
courbatures en améliorant la circulation dans les petits vaisseaux.
Autres moyens
Bien que fort prisés, certains produits n’ont jamais véritablement fait la preuve de leur efficacité (produits à base
de ginkgo biloba [TANAKAN] et homéopathie [coca])
Ne jamais monter trop vite trop haut !
Monter suffisamment haut pour s’acclimater !
Ne pas rester trop haut trop longtemps !
À partir de 3000 m d’altitude, ne jamais dépasser 400 m de dénivelé positif
entre deux nuits consécutives.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
6
Les conseils du Docteur Vertical
Le mal aigu des montagnes est un syndrome inévitable. Même si tout le monde n’y est pas aussi
sensible, chacun doit savoir gérer la survenue des signes révélateurs et désagréables aussi bien sur
soi-même que sur ses compagnons de cordée. L'ascension provoque sur le corps une double
contrainte : mécanique, liée à la dépression (comme la bouteille en plastique qui gonfle en altitude) ;
physiologique, par un déficit en oxygène qui limite les efforts (imaginez-vous avec un sac en
plastique sur la tête !)
L'altitude appartient à ceux qui montent tranquillement. Celui qui brûle les étapes (c'est souvent le
plus jeune, sportif et entraîné) risque de payer cher son impatience. Le temps qu'il espère gagner en
brûlant les étapes d’acclimatation va lui être exigé plus haut. Le MAM fait toujours payer l'alpiniste
prétentieux qui s'imagine au-dessus du lot.
La PEP ou pression expiratoire positive est une technique qui intéresse les adeptes de la
haute altitude en mal d'amélioration de performance. Elle repose sur le fait que si la pression
diminue en altitude et limite la fixation de l’oxygène sur les globules rouges, il suffit
d'augmenter cette pression de façon artificielle au niveau de l'alvéole pulmonaire pour
améliorer les performances (souffler comme dans une trompette ou pour réanimer un feu ;
mettre un obstacle devant la bouche comme un foulard épais ou un masque de néoprène)
Appréciée par certains (un masque prototype a même été élaboré), elle est dénigrée par
d'autres en raison de la gêne et de la fatigue qu'elle procure en plein effort.
En cas de maux de têtes, certaines petites astuces peuvent être salutaires :
– Séances d'hyperventilation au repos qui améliorent la saturation en
oxygène dans le sang et diminuent ainsi la pression intracrânienne.
– Éviter les somnifères en altitude quand on est encore mal acclimaté car ils peuvent
entraîner des hypoventilations, voire des apnées pendant le sommeil.
– Prendre un comprimé d'acétazolamide (DIAMOX) qui améliore la ventilation ou/et
prendre 1 g d'aspirine.
– Dormir en gardant le haut du corps redressé, appuyé sur un sac à dos.
– Éviter les efforts violents pendant les phases d'acclimatation.
– Penser à bien s’hydrater.
– Éviter les bonnets, les casques ou les bandeaux trop serrés.
– Se protéger du soleil.
– Éviter l'excès d'alcool.
Certains centres de consultation proposent un entraînement sur bicyclette ergométrique avec
inhalation d'un mélange gazeux appauvri en oxygène selon un programme de séances
quotidiennes ou biquotidiennes avant le départ en expédition. L’objectif est de déclencher la
production de globules rouges avant le séjour proprement dit pour prendre de l’avance.
Cette technique ne fait pas l’unanimité chez les experts.
Bien que les fruits de l'acclimatation disparaissent trois semaines après le retour
d'expédition, beaucoup de professionnels pensent qu'une certaine mémoire de
l'acclimatation perdure au fur et à mesure des expéditions. Même si cela est vrai,
l’himalayiste le plus aguerri ne sera jamais vacciné contre le MAM et ne peut faire l’économie
d’une acclimatation à chaque expédition.
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7
Les maladies liées à l’altitude
Œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA)
C’est l’une des principales complications du mal aigu des montagnes.
Il survient généralement dans la première partie du séjour en altitude, pendant les phases
d’acclimatation. Ceux qui ne respectent pas les paliers d’acclimatation sont les premiers
menacés.
Les personnes qui ont déjà été atteintes d’un œdème aigu du poumon risquent fort de
récidiver.
Attention, c’est la nuit que l’œdème se prépare, car la ventilation est moins bonne et c’est le
matin, au chant du coq, qu’il achève sa victime. À partir de 4 000 mètres d’altitude, ne
jamais dormir seul, surtout au début du séjour !
Certains signes annoncent l’œdème et permettent de le détecter avant qu’il ne soit trop
tard :
Les maux de tête ne cèdent pas malgré les doses importantes d’aspirine ou de
paracétamol.
La fatigue est à son comble et, alarme déterminante, le sujet n’arrive pas à reprendre
son souffle, même à l’arrêt.
Des troubles du comportement peuvent être associés, comme une somnolence
exagérée, une apathie démesurée, voire, au contraire, une agitation avec délire.
Si personne n’a détecté ces signes avant-coureurs, la personne commence bientôt à
s’asphyxier et des grésillements laryngés venant du fond de sa gorge peuvent
devenir audibles à l’oreille.
Quand la toux et l’expectoration ramènent une sorte de mousse saumonée, l’urgence
est extrême et le cas devient mortel.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
8
Conduite à tenir devant un OPHA
La descente urgente est le meilleur traitement (+++) C’est la solution la plus souvent
adoptée dans les montagnes européennes grâce au secours héliporté. En
expédition, il faudra se débrouiller le plus souvent sur chaise à porteur ou yack.
Oxygène (++) : efficace en secours en montagne, mais souvent indisponible en
expédition.
Caisson de recompression (+++) : arme indispensable en expédition ou en trekking
quand il n’y a pas d’oxygène disponible.
Traitement médical de l’OPHA
Bétaméthasone (CELESTENE) 8mg injectable (IV-IM)
C’est un corticoïde qu’il faut associer au traitement de recompression (oxygène,
caisson ou redescente)
Le mieux est de l’administrer en injection intra veineuse de (8 mg IV)
En situation d’urgence, s’il n’y a pas de médecin sur place et que le délai
d’évacuation dépasse une heure, un infirmier ou un correspondant averti et formé
doit être en mesure de l’injecter. Faute de quoi, on pourra faire avaler le produit si le
malade est coopérant.
Ou/et Nifédipine (ADALATE) 20 mg d’emblée puis 1 gélule de 20mg LP toutes les
6 heures jusqu’à la disparition des signes. Contre-indication : hypotension
Ou/et Sildénafil (VIAGRA) 1 comprimé de 50mg toutes les 6 heures jusqu’à
disparition des signes. Contre-indications : insuffisance cardiaque et antécédent
d’insuffisance coronarienne
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
9
Les maladies liées à l’altitude
Œdème cérébral de haute altitude (OCHA)
Comme l’œdème pulmonaire, cette redoutable complication du MAM survient généralement
dans la première partie du séjour, pendant les phases d’acclimatation.
Les personnes ayant déjà été atteintes d’un œdème aigu du poumon d’altitude ou d’un
œdème cérébral d’altitude sont plus à même d’en faire un autre.
Les personnes qui ne respectent pas les paliers d’acclimatation sont les premiers sur la liste.
Attention, comme l’œdème pulmonaire, c’est la nuit que le mal survient et à l’aube qu’il tue.
On ne répétera donc jamais assez qu’il ne faut pas dormir seul à partir de 4 000 mètres.
Attention, l’œdème cérébral peut être associé à un œdème pulmonaire ; les troubles du
comportement qui accompagnent l’œdème pulmonaire peuvent être trompeurs.
Comme l’œdème pulmonaire, l’œdème cérébral est un mal aigu des montagnes mal
soigné :
Là encore, les maux de tête ne cèdent pas malgré les fortes doses d’aspirine ou de
paracétamol.
La fatigue est à son comble et, ce qui doit vous inquiéter, ce sont les troubles de
l’équilibre (ataxie) et les troubles du comportement : le sujet n’est plus cohérent, il
délire, souffre d’hallucinations, devient agressif ou beaucoup trop somnolent.
L’œdème cérébral, un peu moins fréquent que l’œdème pulmonaire, est souvent plus
difficile à soigner car le malade n’est pas toujours coopérant.
L’OCHA est plus sournois que l’OPHA car il survient parfois sans prodromes
évidents.
Sans soin, le malade sombre le coma. L’urgence est alors extrême et le cas mortel.
On meurt ou on guérit sans séquelle d’un œdème cérébral de haute altitude.
Le cerveau souffre à la fois du manque d’oxygène et d'une augmentation de pression
dans la boîte crânienne qui comprime le cerveau.
L’œdème cérébral de haute altitude (OCHA) se traite en associant :
Redescente (réelle) ou artificielle (oxygène ou caisson de recompression)
Médicaments (bétaméthasone (CELESTENE))
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Conduite à tenir devant un OCHA
La descente urgente est le meilleur traitement (+++) C’est la solution la plus
souvent adoptée dans les montagnes européennes grâce au secours héliporté. En
expédition, il faudra se débrouiller le plus souvent sur chaise à porteur ou yack.
Oxygène (++) : efficace en secours en montagne, mais souvent indisponible en
expédition.
Caisson de recompression (+++) : arme indispensable en expédition ou en
trekking quand il n’y a pas d’oxygène disponible.
Traitement médical de l’OCHA
Bétaméthasone (CELESTENE)
C’est un corticoïde qu’il faut associer au traitement de recompression (oxygène,
caisson ou redescente)
Le mieux est de l’administrer en injection intra-veineuse de (8 mg IV)
En situation d’urgence, s’il n’y a pas de médecin sur place et que le délai
d’évacuation dépasse une heure, un infirmier ou un correspondant averti et formé
doit être en mesure de l’injecter. Faute de quoi, on pourra faire avaler le produit si le
malade est coopérant.
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Les maladies liées à l’altitude
Œdèmes localisés de haute altitude (OLHA)
Du fait de la dépression et de l’hypoxie, l’altitude provoque des troubles dans les échanges
entre les différents compartiments liquidiens de l’organisme.
Le rein, qui joue normalement un rôle majeur pour réguler ces échanges, n’est pas toujours
à la hauteur. Il lui faudra parfois un peu de temps pour s’adapter. Dans certains cas, plus
rares, il ne s’adaptera jamais.
Les premiers signes visibles sont les œdèmes périphériques que l’on repère très
facilement :
au niveau des jambes et surtout des chevilles par le « signe de la chaussette »
(marque importante sur la peau),
au niveau du poignet par les marques du bracelet de la montre,
au niveau des yeux, plus gonflés que d’habitude le matin (poches sous les yeux)
au niveau du visage qui est boursouflé prenant un aspect « mongoloïde »,
une prise de poids survient,
l’émission d’urine diminue.
Ces signes sont un avertissement, lequel ne doit pas obligatoirement affoler mais au moins
inciter à ralentir la courbe d’ascension. Une pose d’un jour ou deux à l’altitude où l’on se
trouve est préconisée.
La personne atteinte d’OLHA n’a certainement pas assez bu, car contrairement à ce qu’on
imagine trop souvent, c’est en augmentant ses apports hydriques que l’on relance la diurèse
et que les œdèmes disparaissent.
L’adage « qui pisse bien boit bien et qui boit bien pisse bien ! » est particulièrement pertinent
en altitude !
Si les œdèmes persistent, il faut tenter un traitement à
l’acétazolamide (DIAMOX),
ou/et « décoincer » le système par une séance de caisson hyperbare qui pourra
relancer la diurèse.
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12
Les maladies liées à l’altitude
Hémorragie rétinienne de haute altitude (HRHA)
On l’appelle aussi « rétinopathie d’altitude »
La rétine est la fine membrane qui tapisse le fond de l’œil et qui permet de
voir. Les petits vaisseaux sanguins qui la parcourent et la nourrissent sont
fragiles, comme tous les vaisseaux qui circulent dans notre cerveau.
En altitude, la circulation est ralentie par la déshydratation et l’augmentation
du nombre de globules rouges qui rend le sang plus épais.
Des petits caillots de sang peuvent se former à cause du manque d’oxygène.
Sur la rétine, ces caillots bouchonnent et l’augmentation de pression provoquée par cette mauvaise circulation
entraîne des ruptures et des micro-hémorragies du fond de l’œil qui peuvent se traduire par des troubles de la
vision.
La plupart du temps, ces hémorragies sont tellement petites que la vision n’en est pas affectée.
Au-delà de 7 000 mètres, tous les himalayistes font des micro-hémorragies et presque toutes cicatrisent dans les
deux mois qui suivent le retour.
Par contre, les hémorragies plus importantes peuvent être dangereuses.
Les signes prémonitoires sont :
Ŕ l’impression de voir des tâches ou un voile noir.
Ŕ des sensations de flou visuel.
Le signe véritablement alarmant est la perte brutale d’une partie plus ou moins importante du champ de
vision.
Ce n’est pas douloureux mais inquiétant. Dans ce cas, la poursuite du séjour est fortement contre-indiquée au
risque de perdre définitivement la vision de l’œil atteint.
Tester son œil !
Pour déterminer l’origine du problème, il suffit de masquer un œil puis l’autre. Si la sensation est similaire c’est
que le problème vient d’en haut (le cerveau), si la vision est différente selon l’œil masqué, c’est que le problème
se situe au niveau de l’œil.
Conduite à tenir
Redescendre, arrêter l’aspirine si la personne atteinte en prend et démarrer un traitement à l’acétazolamide
(DIAMOX) ; cela diminuera la pression intraoculaire.
Le port des lunettes de glacier de qualité ne semble pas jouer un rôle majeur dans la survenue de cette
pathologie qui relève plus de l’altitude et de l’hypoxie que du rayonnement solaire.
Plus l’altitude est importante plus le risque est élevé.
Les personnes ayant déjà souffert de problèmes rétiniens doivent consulter leur ophtalmologue avant de partir.
Hémorragies Rétiniennes (HRHA)
Flou visuel
Voile noir
Perte de la vision d'un œil ou d'une partie du champ de vision
Conduite à Tenir
Interrompre définitivement l'ascension
Arrêter l'aspirine
acétazolamide (DIAMOX)
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Les maladies liées à l’altitude
Bronchite irritative de haute altitude (BIHA)
Pourquoi tousse-t-on autant en altitude ?
La bronchite irritative de haute altitude est une toux sèche et quinteuse volontiers
déclenchée par l’inspiration forcée, ce qui est très ennuyeux puisqu’il s’agit précisément
d’hyperventiler pour atteindre les plus hauts sommets.
Les mécanismes en cause ne sont pas clairement définis. Une inflammation locale au
niveau de la muqueuse des bronches et bronchioles, liée à l’hyperventilation d’air sec et
riche en microparticules de glace, serait en partie responsable. Mais certains chercheurs
pensent que cette inflammation est plutôt le fait d’un œdème pulmonaire de haute altitude à
minima.
Cette toux harcelante est particulièrement pénible la nuit en position allongée.
Pour s’en prémunir et éviter la survenue d’une bronchite irritative, tous les petits moyens
sont bons :
masque néoprène ou foulard devant la bouche,
aérosol, humidificateur,
inhalation au-dessus d’une gamelle d’eau qui boue.
En cas de toux rebelle, il est possible de recourir au spray de corticoïdes comme le
béclométasone (BECOTID) par exemple, 3 à 6 bouffées de spray par jour) ou paracétamol
codéiné.
Mais attention à ne pas abuser des médicaments à base de codéine qui calment la toux
mais dépriment la respiration !
En haute altitude, mettre un masque sur la bouche pour respirer afin de prévenir la
bronchite irritative d’altitude
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Les maladies liées à l’altitude
Troubles du sommeil
Ils sont très fréquents et se traduisent par :
une diminution de la durée du sommeil profond qui peut aller jusqu’à l’insomnie.
une augmentation des phases de sommeil paradoxal où prédominent rêves et
agitations.
une augmentation du nombre de réveils nocturnes.
Ils résultent d’un mécanisme de défense de l’organisme assez classique ; par
autorégulation, l’organisme limite les phases de sommeil favorables aux apnées
respiratoires favorisant l’hypoxie et les complications qui peuvent en être la conséquence
(œdème pulmonaire ou cérébral d’altitude)
Gérer ce problème en expédition n’est pas chose facile puisqu’il faut à la fois pouvoir dormir
suffisamment afin de récupérer de la fatigue, sans, par ailleurs, favoriser les apnées du
sommeil.
C’est la raison pour laquelle on a longtemps déconseillé l’utilisation de somnifères et de
médicaments susceptibles de déprimer la ventilation en altitude.
Toutefois, il a été démontré récemment que certains d’entre eux ne déprimaient pas les
centres respiratoires et pouvaient être utilisés sans crainte, au moins jusqu’à des altitudes
voisines de 5 000 mètres. Il s’agit du zolpidem (STILNOX), du loprazolam (HAVLANE), du
zolpiclone (IMOVANE)
Par ailleurs, certaines communications scientifiques ont montré que l’acétazolamide
(DIAMOX) pouvait diminuer le risque d’apnée et d’hypoventilation nocturne.
Malheureusement, l’acétazolamide étant diurétique, il augmente le nombre de réveils pour
vidange physiologique, ce qui participe à l’inconfort des nuits en d’altitude.
L’insomnie s'améliore avec l'acclimatation.
N'utiliser que des somnifères ne déprimant pas la respiration (zolpiclone, zolpiderm,
loprazolam)
Éviter la codéine.
Essayez l'acétazolamide.
Les ronfleurs sont sujets aux apnées du sommeil.
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Les maladies liées à l’altitude
Troubles neurologiques de haute altitude (TNDHA)
Quantité de symptômes curieux peuvent apparaître à des altitudes où ne subsiste que le
minimum vital d’oxygène et où l’organisme est fragilisé alors qu’aucune déficience n’est
autorisée.
Troubles de l’élocution, amnésies, troubles de la marche, délires, vertiges ou paralysies
rendent perplexes, surtout s’ils apparaissent lors du franchissement d’une crevasse ou sur le
fils d’une arête vertigineuse.
L’hypocapnie (baisse du taux de gaz carbonique dans le sang) serait responsable de
spasmes au niveau des petits vaisseaux irriguant certains territoires du cerveau.
L’hyperventilation, si elle a l’avantage d’augmenter l’apport d’oxygène dans l’organisme,
présente l’inconvénient d’évacuer plus de gaz carbonique qu’il n’en faudrait, ce qui
provoque cette hypocapnie.
Certes pas aussi nombreuses qu’en plongée sous-marine, des microbulles d’azote
conséquentes des variations de pression pourraient être responsables, dans un territoire
cérébral rendu si fragile, de l’interruption transitoire de son irrigation. Plus de son, plus
d’image !
Ces phénomènes étant mal connus, on ne peut en déduire que des mesures préventives.
Ne pas abuser de l'hyperventilation.
Éviter les variations de pression trop brutales (montée en hélicoptère)
La haute altitude est à déconseiller aux personnes ayant déjà fait l’objet d’un problème
cérébral.
Mieux veut éviter de grimper seul à très haute altitude au cas où ce type d'incident
surviendrait.
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Les maladies dues au froid
Hypothermie
L’hypothermie guette quiconque fréquente la montagne où la température diminue de 1 °C
tous les 150 mètres d’ascension et où le pouvoir refroidissant du vent est important (effet
Windchill (cf.chapitre 1)
On parle d’hypothermie quand la température centrale du corps humain descend en
dessous de 35 °C.
Tous les spécialistes ne sont pas tout à fait d’accord sur la façon de définir les niveaux de
gravité de l’hypothermie. Certains préconisent une classification en fonction de la
température, d’autre en fonction du risque potentiel, d’autres en fonction du mécanisme
impliqué, etc.
La classification la plus classique est fonction de la température centrale, c’est-à-dire de la
température du cœur mesurée au moyen d’une sonde rectale ou œsophagienne à l’hôpital
ou d’un thermomètre épitympanique2 spécifique quand on est sur le terrain.
vent
hypoxie
humidité
déshydratation
épuisement
dénutrition
équipement inadapté
inaction
alcool
Les conseils du Docteur Vertical
Le vent a un pouvoir de refroidissement important : s’en protéger rapidement est
essentiel pour éviter l’hypothermie !
La majorité des pertes thermiques se font par la tête, les mains et les pieds ;
bonnet, gants et chaussettes sont primordiaux : ne pas s’en séparer !
Les sous-vêtements mouillés par la transpiration ont un pouvoir refroidissant majeur
lié à la conduction : changer rapidement de sous-vêtements quand ils sont humides, emporter des sousvêtements de rechange dans le sac !
L’hydratation est indispensable pour assurer les échanges thermiques dans les
différentes parties du corps : boire ou se refroidir, il faut choisir !
Les réserves énergétiques sont les seules capables d’activer les muscles et de
dégager de la chaleur : se nourrir intelligemment et de façon équilibrée, et savoir gérer son effort dans le
temps !
L’activité physique permet de maintenir une température de survie : ne
jamais rester inactif !
L’alcool donne une sensation de réchauffement éphémère car il dilate les vaisseaux
périphériques ce qui entraîne secondairement une hypothermie : ne boire de l’alcool qu’une fois le refuge
atteint !
2
Thermomètre mesurant la température de la colonne d’air située contre le tympan.
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Comment évaluer un degré d’hypothermie ?
Évaluation de la température centrale de l’hypotherme
37°C - 35°C
pas d’hypothermie
frissons intermittents/conscience conservée
35°C - 32°C
hypothermie modérée
frissons permanents/conscience conservée
32°C - 28°C
hypothermie sévère
arrêt des frissons/hallucinations, délire
et perte de conscience progressive
rigidité musculaire modérée
28°C - 25°C
hypothermie majeure
coma/cœur battant - pouls régulier mais lent
rigidité musculaire importante
ATTENTION, FRAGILE !
en dessous de
25 °C
hypothermie létale
ATTENTION, FRAGILE !
coma/état de mort apparente
arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire
pas de pouls ressenti
rigidité musculaire majeure
Les thermomètres utilisés traditionnellement pour mesurer la fièvre ne sont pas adaptés à
l’hypothermie ; il faut un thermomètre épitympanique dont ne disposent généralement que
les médecins spécialistes.
C’est ainsi qu’il vaut mieux apprendre à évaluer la température en fonction de l’aspect
clinique
Attention ! Un hypotherme grave en état de mort apparente peut survivre. Le cas record de
réanimation publié concerne une étudiante norvégienne en arrêt cardiaque à 13,7 °C. Elle a
été massée près de deux heures avant d’être évacuée au centre hospitalier le plus proche
où elle a pu bénéficier d’une circulation extracorporelle !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
18
Comment réchauffer un hypotherme ?
Conscient
avec
frissons
Inconscient
avec
Inconscient
sans
pouls
pouls
Au-dessus de
32°C
Entre 32°C et
28°
En-dessous de
28°C
Protéger du froid et
réchauffer
énergiquement.
Enlever les vêtements s'ils
sont mouillés.
Frotter la personne avec
des linges secs et
l'envelopper avec un
duvet ou l'approcher
d'une source de chaleur.
Protéger du froid mais ne
pas chercher à réchauffer
énergiquement car risque
d’arrêt cardiaque.
Alerte, demande de
médicalisation et
évacuation vers un
hôpital.
Surveiller le pouls et
masser si le pouls s'arrête.
Protéger du froid.
Massage classique à un
rythme de 80/min.
Alerte, demande de
médicalisation et
évacuation vers un hôpital
si la victime semble être
en arrêt depuis peu de
temps.
Donner des boissons
chaudes.
En expédition, rapatrier
sous une tente en
douceur. Réchauffer avec
bouillottes
En expédition, rapatrier
sous une tente en
douceur. Réchauffer avec
bouillottes et duvet… et
priez
Traiter les lésions graves
et perfusions chaudes si
nécessaires
Traiter les lésions
graves.
Réanimer (3 chocs
électriques et
intubation conseillée)
Mobiliser en douceur.
Évacuer vers un centre
muni d’une CEC.
Évacuer vers un centre
muni d’une CEC.
Éviter les gestes invasifs
(ni intubation ni
perfusion systématique)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
Pas de drogue vasoactive (inefficace)
19
Deux grandes catégories circonstancielles d'hypothermie
Les hypothermies pures (sans lésion traumatique associée) dont l'exemple typique est
l'alpiniste perdu, qui creuse un trou en attendant les secours.
Le pronostic est meilleur. C’est le cas le plus proche de l’hibernation : le cœur, les fonctions
vitales ralentissent progressivement. Tant que le cœur ne s’arrête pas, tous les espoirs sont
permis. De hypothermes à 25°C ont été réchauffés avec succès. Mais si le cœur s’arrête, peu
survivent !
Les hypothermies associées (avec lésions traumatiques associées) dont l'exemple typique
est celui de l'alpiniste qui se blesse en tombant au fond d'une crevasse, puis se refroidit.
Leur pronostic est moins bon. En dessous de 32°C, des troubles de coagulation importants
surviennent et rendent le réchauffement très problématique.
Si vous n’avez pas de thermomètre épitympanique !
Un hypotherme conscient a généralement une température centrale supérieure à 32°C.
Il peut être réchauffé sur place de façon énergique avec les moyens du bord et doit être traité
et évacué s'il présente des blessures associées.
Un hypotherme inconscient à cœur lent a généralement une
température centrale inférieure à 32°C.
Ne pas masser ! Évacuer avec beaucoup de précautions. Perfusions (chaudes si possible) en
cas de traumatismes associés. Maintenir au mieux les fonctions vitales (oxygène)
Si un blessé inconscient en hypothermie, à cœur battant rapide, avec des lésions
neurologiques ou/et traumatologiques importantes, est encore vivant, c’est que sa
température centrale n’est pas au-dessous de 30°C.
Le remplissage actif par des perfusions chaudes et/ou le salé hypertonique est la conduite à
tenir conseillée.
Conditionnement et évacuation classique avec oxygénothérapie.
En expédition, masser en réchauffant avec bouillottes et duvet… et priez !
Un hypotherme à cœur arrêté sans lésion létale apparente en asystolie ou en fibrillation
ventriculaire est a priori à moins de 28°C.
Réanimation avec massage classique à un rythme de 80 par minute.
Intubation ou masque laryngé conseillés et évacuation vers un centre hospitalier muni d’une
CEC si la victime semble en arrêt depuis peu de temps.
Arrêter la réanimation au-delà de 3 heures ou si lésion létale évidente.
En expédition, masser en réchauffant avec bouillottes et duvet… et priez !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
20
Les maladies dues au froid
Gelure
La gelure est redoutée de l’alpiniste qui pratique la montagne surtout l’hiver, mais elle
menace aussi le randonneur perdu ou le voyageur aimant fréquenter les régions froides.
C’est un gel des tissus qui atteint d’abord les extrémités, pieds et mains surtout, mais aussi
parfois le nez, les joues, les oreilles et même les fesses ou les genoux quand on reste
immobilisé dans un trou de neige ou une grotte de glace.
Comment se rendre compte qu’on se gèle ?
La perte de sensibilité est le premier signe de gelure.
Si l’on regarde ses doigts, on peut s’apercevoir qu’ils deviennent blancs, livides et froids.
On peut essayer de faire revenir le sang et la sensibilité en les agitant, les massant ou en les
réchauffant sous les aisselles.
Si la sensibilité revient, c’est ce que l’on appelle une gelure de stade 1, déjà quasiment
guérie.
Quand la sensibilité ne revient pas et que les doigts restent blancs, il faut s’inquiéter et
trouver rapidement un abri.
Le meilleur moyen de les réchauffer est d’immerger les extrémités gelées (mains ou pieds)
dans une bassine d’eau chaude (38 °C / 40 °C) pendant une bonne heure. Sans
thermomètre, on peut évaluer la chaleur en trempant son coude dans la bassine comme
pour le bain d’un nourrisson.
Il est conseillé, si possible, de boire chaud pour réactiver la circulation sanguine et de
prendre un cachet d’aspirine pour améliorer la fluidité du sang dans les petits vaisseaux.
Comment évaluer la gravité des gelures ?
Évaluer la gravité des gelures est essentiel pour adapter le traitement et surtout savoir s’il est
nécessaire, en montagne ou en expédition, d’évacuer ou non la victime vers un centre
chirurgical adapté.
Un premier pronostic n’est possible qu’une fois le bain d’eau chaude terminé. En sortant les
extrémités de l’eau, on remarque que la limite des lésions (bleues grises) est plus nette et
qu’elle peut être mesurée. Tantôt elle disparaît complètement, tantôt elle recouvre seulement
les pulpes, tantôt elle remonte beaucoup plus haut, prenant l’ensemble des doigts, voire la
main ou l’avant-pied. En se référant à la classification qui va suivre, on peut alors déterminer
un pronostic précoce suffisant pour prodiguer les premiers soins et prendre une décision sur
l’orientation du blessé.
L’immersion des extrémités gelées dans une bassine d’eau chaude à 38°C/40°C pendant
1 heure est la première chose à faire pour limiter les dégâts !
Cette immersion dans un bassin d’eau chaude est aussi nécessaire pour évaluer la
gravité des gelures !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
21
Traitement de la gelure d’urgence sur le terrain
-
Tremper les extrémités gelées dans un bain d’eau chaude à 38°C/40°C (vérifier la
température de l’eau avec le coude comme pour le bain d’un bébé)
Ajouter à l’eau un produit antiseptique (iode, BETADINE)
Laisser à température constante pendant 1 heure en rajoutant régulièrement de
l’eau chaude.
Faire boire au patient des boissons chaudes et légèrement sucrées.
Les pansements ne sont nécessaires que pour les gelures sévères et seulement
à partir du deuxième jour, lorsque les phlyctènes (bulles ou ampoules)
commencent à apparaître.
Ces phlyctènes doivent être aspirées proprement puis recouvertes d’un
pansement hydrocolloïde (URGOTUL, par exemple) que l’on recouvre de
compresses et de bandes. Les refaire tous les 2 ou 3 jours.
Traitement médical associé
Aspirine, 1 g par jour.
Buflomédil (FONZYLANE) matin et soir ou nifédipine (ADALATE), 1 gélule/jour ;
ou encore 1 comprimé de pentoxifilline (TORENTAL) pour les Anglo-Saxons qui
n’ont pas de buflomédil.
Antalgiques si la douleur est importante, paracétamol, dextropropoxyphène
(DIALGIREX) ou tramadol (TOPALGIC)
Antibiotiques si les gelures sont sévères, amoxicilline (CLAMOXYL) ou
pristinamycine (PYOSTACINE)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
22
Les quatre stades
Stade 1
La sensibilité revient après
réchauffement (massage ou bain
d’eau chaude)
La couleur rose reprend le dessus
Il n’y a pas de danger et vous
pouvez reprendre votre activité,
mais soyez prudent.
Pas de risque d’amputation.
Aspirine et buflomédil.
Guérison en 10 jours.
Pas de rapatriement en urgence.
Stade 2
La perte de sensibilité persiste et les
dernières phalanges des doigts ou des orteils
restent bleues ou violacées, mais les signes
restent localisés sur les phalanges distales.
Il faut arrêter l’activité au froid, réintégrer le
plus vite possible un abri et faire chauffer de
l’eau.
Des petites phlyctènes, qu’il faudra soigner
comme des ampoules, guériront en quelques
semaines.
Pas de risque d’amputation.
Aspirine et buflomédil.
Guérison en 1 mois.
Pas de rapatriement en urgence mais arrêt
de l’expédition.
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23
Stade 3
L’insensibilité et l’aspect bleuté remontent
au-dessus des dernières phalanges
distales mais ne remontent pas sur la main
ou l’avant-pied.
Il faut les réchauffer très vite dans de l’eau
chaude et faire évacuer en urgence vers
un hôpital le risque d’amputation est
important.
En expédition, un rapatriement rapide
s’impose.
Lésions remontant au-dessus des dernières
phalanges
Risque d’amputation à prévoir.
Aspirine et buflomédil.
Pansement stérile.
Antibiothérapie.
Rapatriement en urgence.
Stade 4
L’insensibilité et l’aspect bleuté remontent sur la main
ou sur l’avant-pied.
Il faut très vite de les réchauffer dans l’eau chaude et
faire évacuer en urgence vers un hôpital car le risque
d’amputation est majeur.
Surtout, si la victime doit encore marcher, ne laisser
pas ses pieds hors des chaussures car ils risquent de
gonfler rapidement et l’empêcher de se rechausser.
Lésions remontant sur le carpe ou/et le
tarse.
Aspirine et buflomédil.
Pansement stérile.
Antibiothérapie.
Risque d’amputation majeur.
Rapatriement en urgence.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
24
Les conseils du Docteur Vertical : la prévention !
- L’absorption quotidienne de 250 mg d’aspirine diminue le risque de gelure.
- Éviter le contact direct des mains avec des objets métalliques froids.
- Utiliser du matériel de bonne qualité (gants pas trop serrés, chaussettes, chaussures, bonnet
prenant les oreilles)
- Éviter les gants humides et les chaussettes mouillées. Bien faire sécher ses vêtements (dans
le duvet ou dans un refuge pendant la nuit)
- Pas de chaussures trop serrées, mieux vaut une bonne chaussette que deux l’une sur l’autre
qui compriment les pieds et gênent la circulation sanguine.
- Penser à bien s’hydrater et garder des boissons chaudes en réserve dans un thermos.
L’apparition des gelures est souvent le signe d’une hypothermie qui débute.
- Changer de sous-vêtements à l’arrêt de l’exercice quand ils sont humides car cela provoque
un choc thermique entre le noyau central du corps et la périphérie. C’est le meilleur moyen
d’éviter l’onglée (ou « débattue » en suisse)
- Ne pas attendre de ne plus sentir ses doigts pour réagir. Dès qu’une perte de sensibilité se
précise, agiter les membres, les masser, laisser pendre les jambes quelques minutes et desserrer
les sangles qui compriment la racine des membres (sangles du sac-à dos ou du baudrier)
- Éviter de fumer et éviter l’alcool si l’on n’est pas à l’abri dans un refuge.
- Ne pas abuser de la caféine.
- Ne pas traumatiser pas les parties gelées (ne pas frotter avec de la neige car cela
endommage les tissus atteints)
- Si l’évacuation n’est pas possible, malgré des gelures sévères, ne pas laisser les pieds hors
des chaussures plus d’une heure pour les réchauffer car ils vont gonfler et il ne sera plus possible
de se rechausser pour redescendre.
Où se faire soigner ?
La gelure est une pathologie mal connue des hôpitaux de plaine.
Les cas graves relèvent d’un centre spécialisé comme l’hôpital de Chamonix ou, tout au
moins, d’un avis spécialisé par téléphone ou par télémédecine.
L’envoi d’une simple photo numérique à un expert peut suffire à l’établissement à distance
d’un diagnostic, d’un pronostic ou d’une conduite à tenir.
La conduite à tenir dépend du lieu où la victime se trouve.
En expédition lointaine, une gelure jugée de stade 3 ou 4 selon la classification présentée ici
nécessite un rapatriement d’urgence.
En France ou en Europe, l’hôpital de Chamonix où est installé l’IFREMMONT (Institut de
Recherche et de Formation en Médecine de Montagne), particulièrement expérimenté en
matière de gelures, pourra recevoir les victimes en urgence.
À défaut, consulter un centre d’urgence et se renseigner en consultant le site
www.ifremmont.com ou en appelant le numéro de renseignements montagne (SOS MAM :
0 826 14 8000)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
25
Les maladies dues au froid
Onglée ou « débattue »
L’onglée ou la « débattue » n’est pas une gelure. C’est le phénomène de revascularisation
brutale des doigts (ou orteils) juste après un début de gelure de stade 1. Le spasme se lève
et c’est très douloureux. Il faut savoir attendre de longues minutes avant de pouvoir
reprendre l’activité, mais il n’y a pas de risque immédiat.
Ce phénomène se produit volontiers lors d’un changement brutal de la température
corporelle entraînant un fort gradient de température entre le corps et les extrémités.
Par exemple, en hiver, pour peu que l’on transpire à grosses gouttes pour atteindre le pied
d’une cascade de glace ou d’une goulotte, l’effet refroidissant brutal provoqué par les sousvêtements mouillés sur la peau entraîne une baisse brutale de température centrale quand
l’effort s’arrête. Un spasme réactionnel se produit à la base des doigts et les prive de sang.
La meilleure défense contre l’onglée est de changer rapidement de sous-vêtements avant de
se refroidir.
En hiver, un skieur en pleine action qui s’arrête pour régler sa fixation métallique à mains
nues, provoque le même type de mécanisme.
Evitez donc le contact direct des surfaces métalliques en hiver et les changements de
température trop brutaux !
L’onglée ou débattue n’est pas une gelure, c’est un spasme réactionnel au froid !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
26
Les maladies dues au froid
Engelure et acrocyanose
L’engelure n’est pas une gelure non plus. C’est une maladie chronique qui survient en milieu
froid et humide et qui se traduit par l’apparition de papules rouges et des démangeaisons, le
plus souvent au niveau des pieds que des mains.
L’acrocyanose provoque des lésions similaires avec brûlures et démangeaisons sauf qu’à la
place des papules les rougeurs sont plus diffuses virant sur le bleu.
Le mécanisme de survenue de ces deux types de lésions est mal connu et probablement
héréditaire. Les réactions vasomotrices locales sont certainement responsables de ces
désagréments lesquels peuvent persister longtemps pendant les périodes froides et
humides.
Le meilleur moyen de s’en préserver est de garder les pieds au sec et d’éviter les
chaussures en plastique ou en caoutchouc.
Certaines personnes soufrent d’engelures sévères parfois très handicapante jusque dans
leur travail (moniteurs de ski, pisteurs, maraîchers) Les traitements proposés sont
généralement décevants mais doivent être tentés.
Prévention
Éviter les bottes et les chaussettes synthétiques.
Sécher les extrémités, talquer régulièrement les pieds.
Bain de permanganate de potassium.
Extrait de pépins de pamplemousse.
Traitement médical
Différents traitements peuvent être testés ensembles ou séparément :
Buflomédil (FONZYLANE), 150 mg deux fois par jour en période de crise.
Nifédipine (ADALATE), 10 mg par jour en l'absence de contre-indication.
Iloprost (ILOMEDINE) actuellement proposé en cure de 3 à 5 jours en milieu
hospitalier. Ce traitement semble efficace sur une durée de 3 à 6 mois, mais reste
à évaluer de façon plus formelle.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
27
Les maladies dues au froid
Syndrome de Raynaud
C’est une atteinte des extrémités plutôt chronique qui concerne majoritairement les femmes
(80 %) Survenant plutôt au cours de saisons froides, les crises peuvent durer plusieurs
heures et présenter au niveau des doigts ou des orteils des anomalies cutanées curieuses.
La peau des extrémités prend un aspect cartonné et rétracté dont la couleur passe
successivement du blanc au bleu, puis au rouge. Le syndrome n’atteint jamais le pouce.
-
-
-
La phase blanche s’accompagne d’une sensation de peau cartonnée et rétractée,
généralement au niveau des deux dernières phalanges, comme si l’irrigation
sanguine était interrompue.
La phase bleue survient ensuite, plus inquiétante, raidissant les doigts comme des
« baguettes de tambour »
La phase rouge termine la crise en donnant aux doigts un aspect congestif mais non
douloureux.
Traitement médical
Nifédipine (ADALATE) ou ditialzem (LOXEN)
Buflomédil (FONZYLANE)
Aspirine.
Iloprost (ILOMEDINE), sous forme de cure en milieu hospitalier pour les formes
sévères.
Risques
Pas de risque particulier pour la survie des extrémités.
Sensation désagréable rendant l’utilisation des doigts contraignante.
Nécrose quand le nombre de crises est important (rare)
Favorise la survenue des gelures.
Conseils et prévention
Masser les doigts avec patience.
Éviter les boissons excitantes (café, thé).
Éviter le tabac qui favorise le spasme.
Éviter le contact direct avec les objets froids.
Attention au manque de sommeil !
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28
Origine du syndrome de Raynaud
Cause idiopathique : c’est une maladie de génétique
Causes secondaires : canal carpien avec compression tendineuse de la face antérieure du poignet
(il faut alors se faire opérer), obstacle mécanique (cal osseux au niveau de la clavicule,
compression sous la clavicule ou dans le cadre d’une autre maladie plus complexe (maladie du
sang, sclérodermie))
Les maladies dues au froid
Allergie au froid
Il s’agit d’une réaction cutanée peu fréquente qui se caractérise par des apparitions de
plaques rouges au niveau des parties exposées. Ces plaques finissent par démanger, si bien
que l’on appelle aussi cette maladie « urticaire au froid » Dans quelques cas rares, l’allergie
peut avoir des conséquences plus diffuses et se manifester par un œdème généralisé, des
malaises, des nausées, des douleurs abdominales, une augmentation du rythme cardiaque ;
autant de symptômes qu’il convient de prendre très au sérieux.
L’affection survient sur des zones cutanées exposées au froid (mains et visage) par contact
direct avec des substances froides, des courants d’air froid ou de l’eau froide. Elle se
diagnostique grâce à un test simple : si le patient est atteint d’urticaire au froid, un glaçon
appliqué pendant 1 à 4 minutes sur la partie interne de l’avant-bras lui provoque une
démangeaison et un œdème apparaît.
Traitement par antihistaminiques H1. Les bloqueurs des récepteurs H2, tel que la cimétidine
peuvent aussi être efficaces.
Traitement médical
Limiter les contacts directs avec le froid.
Antihistaminique H1, dexchlorphéniramine (POLARAMINE)
Lévocétirizine (XUZALL)
Cimétidine (TAGAMET)
Cyproheptadine (PERIACTINE)
Antihistaminique associé à un corticoïde (CELESTAMINE)
Bétaméthasone (CELESTENE 8 mg) et adrénaline 1 mg (intra musculaire ou souscutanée) si œdème de Quincke.
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29
Les maladies dues au froid
Gelure de cornée
Elle survient généralement par vent froid en altitude ou dans les régions polaires, quand les
yeux ne sont pas protégés par un masque.
La sensation de vision floue est typique et peut amener à une perte de la vue complète
empêchant toute évolution sur le terrain.
Malgré quelques cas isolé de nécrose de cornée, la gelure évolue le plus souvent
favorablement en 24 à 72 heures.
Le syndrome du « white out » définit la gelure des paupières : larmoiement, perte de la
perception du relief, crainte de la lumière. L’évolution spontanée favorable est habituelle.
Protection par un masque ou par un pansement occlusif.
Réchauffement passif (sachet de thé tiède)
Avis spécialisé.
Traitement médical
Pommade ophtalmique cicatrisante à la vitamine A (3 applications/jour)
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30
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Déshydratation
Bien s’hydrater en montagne relève de l’ingéniosité et de l’expérience. Une bonne
hydratation est pourtant l’une des clés majeures de la réussite d’une ascension, quand il ne
s’agit pas tout bonnement de la survie.
En montagne, on se déshydrate très vite sans s’en rendre compte du fait de l’hygrométrie qui
diminue à mesure que l’on monte. Moitié moindre qu’en plaine au sommet du mont Blanc,
elle est proche de zéro en haut de l’Everest.
À faible altitude (randonnée, trekking), la sudation ne manque pas de mouiller le tee-shirt et
le fait de s’hydrater paraît aller de soi. En revanche, en haute altitude, la transpiration qui
perle sur le corps est évacuée instantanément sous forme de vapeur d’eau, ce qui donne
l’impression de ne pas transpirer. L’effet du vent qui dessèche la peau s’ajoute à cette
sensation et l’alpiniste ou l’himalayiste ne se rend pas compte qu’il se déshydrate.
Enfin, l’hyperventilation indispensable en altitude pour compenser l’hypoxie entraîne une
déshydratation importante par les voies aériennes. Les volumineuses quantités d’air saturé
en eau provenant des poumons sont expirées et asséchées par l’air ambiant glacial et sec
(20 % des pertes d’eau se font par la ventilation)
Le montagnard a la fâcheuse tendance d’attendre d’avoir soif pour boire, d’autant qu’il a
souvent les mains trop occupées pour prendre le temps de sortir sa gourde. Or l’organisme
est extrêmement sensible aux variations hydriques. L’eau est à la fois nécessaire au muscle
pour qu’il fonctionne et à l’équilibre thermique en permettant l’évacuation de la chaleur
excédentaire par évaporation de l’eau transpirée.
Parce que l’assimilation de l’eau ingurgitée, sa diffusion et la réhydratation des organes
sensibles ne s’effectuent pas sans un délai d’inertie, lorsque l’alpiniste a la soif, il est déjà
trop tard !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
31
Comment boire et quoi boire ?
À 25 °C lors d’une activité modérée, on perd un demi-litre d’eau par heure.
La règle d’or est de boire avant d’avoir soif. Quand on a soif, c’est trop tard : les cellules sont
en déficit et elles ont déjà fabriqué les toxines qui donnent les crampes et toutes sortes
d’effets pervers. Ne pas boire suffisamment pendant l’effort va provoquer des douleurs
musculaires pendant les trois jours suivants.
Pour bien assimiler, il faut fractionner les apports toutes les demi-heures, jamais plus d’un
demi-litre à la fois.
Idéalement, l’eau doit être tiède, bien dosée en sels minéraux et en sucres assimilables
comme le saccharose ou le miel (50 g par litre d’eau environ). Plus il fait froid, moins on
dilue.
Les signes de déshydratation à connaitre !
Sécheresse buccale.
Fatigue.
Diminution des émissions d’urine.
Cernes oculaires.
Augmentation du rythme du cœur.
Baisse de pression artérielle.
Hallucinations
Vertiges
Bourdonnement d’oreille.
En altitude, il faut boire avant d’avoir soif !
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32
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Coup de chaleur Ŕ hyperthermie
Le coup de chaleur est une augmentation anormale de la température centrale.
Son risque principal est d’évoluer en hyperthermie maligne.
Fréquenter le froid et la haute montagne n’en protège pas. À force de prévention et de
précautions, il arrive que l’on soit trop couvert avec des vêtements plus ou moins
perspirants. En effet, des écarts de température importants que l’on rencontre parfois en
altitude, au soleil, peuvent être à l’origine d’une situation paradoxale de surchauffe. En plein
effort et en pleine chaleur, si l’on ne pense pas à se découvrir, l’organisme n’est pas à l’abri
d’une hyperthermie. L’activité physique consomme de l’eau et produit beaucoup de chaleur.
La transpiration est l’un des moyens d’élimination de cette chaleur excédentaire :
- Pas d’eau, pas de transpiration.
- Pas de transpiration pas de refroidissement.
- Pas de refroidissement = coup de chaleur.
La température centrale augmente et l’activité musculaire se dégrade assez rapidement.
L’absence de convection (vent) entre l’air et la peau aggrave le phénomène et interdit au
corps de réguler sa température centrale. Le thermostat se dérègle et ne peut plus faire son
travail.
Tant que persistent les facultés de jugement, tout peut rentrer dans l’ordre facilement. Se
dévêtir, s’hydrater, se rafraîchir et stopper l’exercice sont les premières mesures à prendre.
Les facteurs favorisants
Déshydratation.
Suréquipement.
Surpoids.
Exercice exagéré.
Diurétique, acétazolamide (Diamox).
Régime hyperprotéique.
Antalgiques.
Si cette étape est dépassée, des signes neurologiques alarmants peuvent apparaître et
réduire les chances de l’alpiniste de s’en sortir indemne.
Signes du coup de chaleur à bien connaitre !
Agitation, malaise.
Peau brûlante.
Hypersudation.
Bourdonnement dans les oreilles.
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33
Si l’on ne s’hydrate pas, la phase suivante est « l’hyperthermie maligne d’effort »
Les signes neurologiques sont prédominants, la victime ne peut plus transpirer !
Signes de gravité
Hallucination, délire.
Peau sèche et brûlante.
Absence paradoxale de sudation +++
Coma évoluant vers le décès.
Conduite à tenir
Refroidir coûte que coûte la victime en lui ôtant ses vêtements, en la protégeant
du soleil et en plaçant des bouillottes froides entre les jambes, sur le ventre, sous les
aisselles et derrière la nuque (neige, linge humide, glace).
Asperger d'eau fraîche tout en massant la peau pour limiter la
vasoconstriction réflexe.
Placer la victime en position latérale de sécurité (PLS) si elle est inconsciente
et qu’elle respire encore et appeler les secours.
Traitement médical
Perfusion de salé isotonique en grande quantité (1litre/heure)
Benzodiazépine (VALIUM) en perfusion si convulsions.
Réanimation si coma ou arrêt cardio-respiratoire.
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34
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Épuisement
Ce terme général et peu qualitatif ne donne aucune indication sur l’origine physiologique du
mal. On pourrait le traduire par « consommation totale du stock énergétique »
Il est souvent utilisé un peu hâtivement alors qu’avant de le prononcer, il convient de
s’interroger sur les autres causes d’une incapacité soudaine à développer une activité
physique.
Elles peuvent être diverses et multiples :
Hypoglycémie : il suffit d’attendre 5 à 10 minutes et d’absorber une collation
sucrée pour que la machine reparte.
Hypothermie
Hyperthermie ou coup de chaleur
Déshydratation
Hyperhydratation : typique chez les sportifs qui boivent en excès de l’eau
dépourvue de sels minéraux (hyponatrémie3) Donner du sel.
Mal Aigu des montagnes
Fièvre
Le diagnostic d’épuisement par tarissement des réserves énergétiques ne peut être posé
qu’après élimination de toutes ces causes.
3
Insuffisance de sels de sodium dans le sang
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35
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Ophtalmie des neiges
Pathologie connue depuis des siècles, elle reste inévitable en l’absence de verres de
protection efficaces. Le rayonnement UV particulièrement incisif en altitude vient brûler la
conjonctive et la cornée qui se trouvent sur la face antérieure de l’œil.
Les UVC et UVB sont les plus agressifs pour les yeux.
Ce rayonnement est augmenté par :
L’altitude (l’absorption des UV par l’atmosphère diminue de plus d’1 % tous les
100 mètres)
La réverbération sur la neige et la glace peut réfléchir jusqu’à 90 % des UV.
La diffusion par l’atmosphère peut augmenter de 50 % la quantité reçue (on les
reçoit même à l’ombre)
Le rayonnement est maximum entre 10 heures et 14 heures. Il est plus intense en été qu’en
hiver et il est maximum en région tropicale où il est perpendiculaire à la surface de la terre.
On estime que le rayonnement est augmenté de 65 % au niveau du mont Blanc et de 120 %
au niveau de l’Everest.
La survenue de l’ophtalmie des neiges est insidieuse, car la douleur ne se fait sentir qu’au
bout de quelques heures. Classiquement, elle apparaît le soir de l’exposition et augmente
d’intensité pour atteindre son acmé dans la nuit.
Cette douleur se caractérise par une sensation de sable puis de verre pilé dans les yeux, et
rien ne peut la soulager, que ce soit la fermeture des paupières ou l’occlusion à l’aide d’un
bandeau.
En expédition, l’ophtalmie des neiges interdit toute activité pendant 24 à 48 heures ; plus si
aucun traitement n’est disponible.
Conduite à tenir
Apaiser les douleurs en déposant des sachets de thé infusés et tiédis sur les
paupières, puis garder un bandeau pendant 24 heures.
Aspirine.
Prendre son mal en patience et se dire que l'ophtalmie guérit spontanément en
48 heures.
Si la victime doit malgré tout se déplacer, découper dans du carton un masque
de secours, à la manière des lunettes traditionnelles en os des Inuits.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
36
Traitement médical
Oxybuprocaïne collyre, 1 ou 2 gouttes dans œil suffisent pour pouvoir écarter les
paupières et y déposér la cornée une bonne dose de pommade ophtalmique
calmante et cicatrisante à la vitamine A.
Attention ! L’utilisation de l'oxybuprocaïne doit être ponctuelle (le temps d'ouvrir l’œil et d'y appliquer la
pommade apaisante), car son utilisation répétée risque de retarder la cicatrisation et même de
provoquer des ulcérations de la cornée.
Pommade ophtalmique cicatrisante à la vitamine A (3 fois par jour dans
chaque œil).
Aspirine.
Pansement occlusif
Garder le malade à l'abri de la lumière pendant au moins 24 heures.
Prévention
Porter des lunettes labellisées capables de filtrer les UVB et UVC.
Emporter plusieurs paires de rechange dont au moins une de qualité maximale que l’on
réserve à la haute altitude et aux glaciers.
Ces lunettes doivent posséder les caractéristiques suivantes :
labellisées protection 4 (100% des UV)
verres épais incassables (le polycarbonate semble le mieux adapté à la montagne,
solide et léger)
montures légères mais solides,
verres foncés,(les verres bruns +++ pour la protection des UV et la restitution des
contrastes, les verre verts +++ pour la protection des UV et la restitution des
couleurs, verres jaunes pour le brouillard)
verres miroités et réfléchissants +++ pour la haute montagne et les glaciers
protections latérales,
protégées par un étui résistant.
La bonne qualité des lunettes n’est pas suffisante, il faut surtout les porter le plus
souvent possible !
Larmes artificielles
Un gel, sorte de liquide lacrymal artificiel, est vendu sous forme de dosettes et peut être utilisé, à
titre préventif, pour les yeux particulièrement sensibles à la sécheresse oculaire
Ces larmes en gel sont également intéressantes pour ceux qui persistent à vouloir porter des
lentilles en altitude (elles sont déconseillées du fait de la difficulté à les maintenir dans un état de
propreté idéale et du fait des irritations liées à la sécheresse oculaire).
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
37
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et cataracte
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) et la cataracte méritent d’être
mentionnées car ce sont des dégénérescences qui touchent un grand nombre de
professionnels de la montagne et ceux qui ne se protègent jamais les yeux.
La macula est la partie centrale de la rétine qui reçoit le plus de rayons UV quand ceux-ci
sont mal filtrés. Quand on ne porte pas de lunettes ou quand on porte de mauvaises
lunettes, les seuls filtres qui empêchent les UV de passer sont la cornée et le cristallin (la
cornée arrête les UVC, mais seulement 70% des UVB et 35% des UVA, le cristallin absorbe
les UVB restant ce qui le rend opaque à la longue et laisse passer une petite quantité d’UVA
restant qui dénature la macula) Ces UV doivent être arrêtés avant d’atteindre la cornée.
Ces dégénérescences sont le fruit d’une longue accumulation irréversible qui est d’autant
plus rapide que l’agression commence tôt dans la vie et que les yeux sont mal protégés.
La cataracte est une opacification du cristallin qui peut être opérée.
UV
cristallin
macula
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
38
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Coup de soleil
La protection cutanée contre l’agression solaire est capitale en montagne.
Comme il est expliqué dans le chapitre précédent, la capacité atmosphérique à pouvoir filtrer
les rayons solaires diminue avec l’altitude. Le pouvoir réfléchissant de la neige accentue
l’agression. Alors que les infrarouges n’apportent en fait qu’une sensation de chaleur, les
rayons ultraviolets UVB et UVC sont les plus néfastes.
Le seul moyen pour la peau de se défendre est de secréter un pigment appelé mélanine.
Suivant le type de peau (blanche, hâlée, noire), son pouvoir de sécrétion est plus ou moins
efficace. Les peaux blanches, nordiques, produisent moins facilement de la mélanine lors de
l’exposition solaire que les peaux noires, ce qui leur confère une fragilité plus grande.
Les protections (casquette, foulard) ou les crèmes solaires sont donc indispensables pour
éviter les brûlures cutanées.
Les crèmes solaires sont caractérisées par un indice de protection croissant (de 4 à 60),
certaines affichant même l’indication « écran total » ! En fait, il n’existe pas d’écran total. Le
chiffre n’indique que le temps de protection assuré par une crème suite à son application.
Une crème d’indice 5 multiplie par cinq le temps d’exposition suffisant pour attraper un coup
de soleil sans protection.
Pour un indice 20 il faudra remettre de la crème 5 à 10 fois par jour selon les conditions
d’ensoleillement et les types de peau, pour un indice 50, il suffira de l’appliquer 4 à 5 fois
dans la journée.
Les crèmes utilisant des produits à base d’acide para amino-benzoïque (PABA) sont les plus
efficaces.
Prévention
Plus l’indice de la crème est faible, plus il faudra renouveler l’application.
Insister sur les parties proéminentes (nez, oreilles)
S’équiper d’une casquette adaptée, type saharien, protégeant également la
nuque.
En montagne, pour les peaux très sensibles ou déjà légèrement brûlées, ne pas
hésiter à utiliser des crèmes opaques à base de zinc comme l'Oxyplastine,
particulièrement efficace.
Traitement médical
Arrêt de l'exposition solaire.
Pommade FLAMAZINE trois fois par jour.
Antalgique (paracétamol, aspirine)
Anti-inflammatoire, kétoprofène (PROFENID)
Antihistaminique si démangeaison, dexchlorphéniramine (POLARAMINE)
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39
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Herpes labial
Il est caractérisé par une éruption vésiculeuse gênante et douloureuse sur les lèvres. Il
survient plus fréquemment avec la fatigue, le stress et le soleil. Cette atteinte est
généralement connue du sujet atteint car c’est une pathologie chronique.
Outre les pommades contenant de l’acyclovir (ZOVIRAX crème, par exemple) que les sujets
sensibles doivent prévoir d’emporter et doivent appliquer jour et nuit le plus tôt possible dès
l’apparition des signes, il est souvent plus efficace de traiter par voie générale avec cinq
comprimés par jour en une seule prise pendant cinq jours d’acyclovir oral (ZOVIRAX)
L’homéopathie peut donner de bon résultats également (rustoxicum 5ch, 5 granules 5fois par
jour pendant 5 jours)
Les maladies causées par le soleil et la chaleur
Brûlures et gerçures des lèvres
C’est un réel problème pour les expéditions en haute altitude. Malgré l’application de crèmes
filtrantes, les lèvres finissent toujours par gercer ce qui provoque d’intenses douleurs,
nocturnes notamment.
Il est très important de se protéger de façon préventive avec une crème opaque de haute
protection spécialement conçue à cet usage ou d’utiliser un foulard.
La pommade SENOPHILE est l’une des bonnes crèmes apaisantes en cas de plaies et
gerçures aiguës. Ces gerçures sont très longues à cicatriser (8 à 15 jours).
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40
Les lésions provoquées par la foudre
Généralités
La science de la foudre est aussi appelée kéraunologie.
Peu de gens se font occire par la foudre, contrairement à ce que l’on pourrait croire (10 par
an en moyenne), pourtant, aucun alpiniste pendu dans son baudrier en pleine montagne ne
fait le malin quand le tonnerre gronde.
En dehors des accidents secondaires, comme les chutes ou « l’effet blast », les pathologies
directement causées par la foudre sont le fait du passage inopiné dans le corps d’un courant
de brève durée et de faible intensité mais sous très haute tension.
Cette décharge est induite par la différence de potentiel que génère le nuage orageux
(jouant le rôle de condensateur) par rapport au sol.
Le courant choisit de passer par le chemin de moindre résistance (pointe des rochers ou
arbres isolés, câbles conducteurs)
Quand, par malheur, il décide d’utiliser le randonneur pour se décharger, il peut passer soit
en surface, soit en profondeur.
On dit que la présence sur le corps d’éléments métalliques (mousquetons, pitons…) l’incite à
privilégier la surface.
Quel que soit le trajet, le passage du courant dans le corps provoque avant tout des brûlures
ou des arrêts cardiaques.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
41
Les lésions provoquées par la foudre
Brûlures
Si le courant passe en surface, les brûlures sont bien visibles au niveau des objets
métalliques. Elles peuvent être sérieuses mais l’essentiel des fonctions vitales est
sauvegardé. Il arrive aussi qu’on découvre sur la peau des lésions arborescentes rouges
appelées lésions de Lichtenberg, qui n’ont aucune valeur pronostique et disparaissent
spontanément
Si le courant passe en profondeur, les lésions sont peu marquées mais souvent plus
redoutables. On ne remarque que le point d’entrée et le point de sortie par la présence de
brûlures ponctiformes de quelques centimètres.
Classiquement, le point d’entrée se trouve sur la tête ou sur une main et le point de sortie au
niveau d’un pied ; des éléments qu’il faut savoir rechercher.
Les lésions peuvent être graves si le courant est passé au travers d’un organe noble
(cerveau, cœur, rein, foie)
Le courant passant par le cœur peut causer des troubles cardiaques graves. Trouble du
rythme cardiaque, infarctus ou arrêt cardio-respiratoire sont le plus souvent mortels. Si ce
n’est pas le cas, en brûlant les cellules musculaires, le courant risque de provoquer une
intoxication par excès de myoglobine (protéine spécifique contenue dans les muscles)
déversée dans le sang, entraînant une insuffisance rénale.
La foudre perturbe également les fonctions nerveuses et des symptômes neurologiques
peuvent apparaître :
perte de connaissance, perte de mémoire régressive,
trouble de la conscience,
fourmillements,
trouble de la sensibilité dans les membres,
paralysie qui finit toujours par disparaître,
perte de la vue ou épisode de surdité brutale,
perturbation psychologique de plus longue durée.
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42
Les lésions provoquées par la foudre
Arrêt cardiaque
L’arrêt cardio-respiratoire est la cause directe principale du décès par foudroiement.
Le passage du courant par le muscle cardiaque peut entraîner des troubles du rythme grave
(arrêt brutal ou fibrillation) qui présentent la caractéristique d’avoir une chance d’être
réversibles. Les chances de réanimation par massage cardiaque externe ou par défibrillation
à l’aide d’un [défibrillateur cardiaque] sont plus importantes que dans les autres causes
d’arrêt cardiaque.
Plus rarement la foudre entraîne des nécroses du muscle cardiaque de moins bon pronostic.
Arrêt cardiaque par foudroiement
Massage cardiaque immédiat ou DSA
Les lésions provoquées par la foudre
Effet blast
C’est l’effet produit par l’onde de choc liée au foudroiement.
C’est l’une des causes de chute des personnes qui sont proches de l’impact.
L’effet blast explique les nombreux traumatismes crâniens, les polytraumatismes, voire les
chutes mortelles quand les personnes atteintes sont en paroi ou sur un terrain escarpé.
Il explique aussi la fréquence des lésions du tympan chez les foudroyés.
En attendant que l’orage passe, mieux vaut donc s’asseoir et s’attacher solidement.
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43
Les lésions provoquées par la foudre
Protection contre la foudre
Comment se protéger de la foudre ?
Éviter les points culminants.
Éviter les objets pointus (bâtons métalliques, piolet...)
Éviter de rester coincé dans une fissure.
Éviter les petits surplombs ou les dévers humides.
Enlever les objets métalliques que l’on porte sur soi et les déposer plus loin ou
dans son sac à dos.
S’asseoir sur sa corde.
Ne pas s’asseoir dans l’eau.
Ne pas s’abriter sous un arbre isolé au milieu d'une clairière.
Éviter d'utiliser radio ou téléphone portable.
Ce qu'il faut essayer de faire :
Se mettre un peu à l'écart (quelques mètres) d'un sommet culminant de plus
de cinq fois votre hauteur (une dizaine de mètres)
Se réfugier dans une caverne profonde ou une cabane.
Si l’on est en paroi ou en terrain escarpé, s’asseoir et s’attacher.
Comment traiter les troubles secondaires ?
Les traitements sont peu convaincants. Voilà les éléments essentiels :
Si l’on a la chance d'être encore en vie après avoir été foudroyé, consulter un
médecin pour faire établir un bilan de santé, en particulier cardiaque et rénal.
Les brûlures cutanées se traitent comme des brûlures classiques, mais certaines, plus
profondes, devront faire l'objet d'une greffe de peau.
L'arrêt cardiaque provoqué par un foudroiement est l'un des rares cas pour
lesquels un massage cardiaque offre des chances de récupération : ne jamais hésiter à le
tenter si l’on est en présence d’une victime de la foudre.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
44
Les lésions engendrées par les avalanches
Mécanisme
La majorité des morts par avalanche succombent à l’asphyxie
Une partie moins importante décède d’un traumatisme (écrasement, choc contre un arbre ou
un rocher, chute dans une crevasse)
Peu de victimes meurent d’hypothermie.
ASPHYXIE
TRAUMATISME
HYPOTHERMIE
La commission européenne de médecine de montagne (IKAR-MEDCOM) a validé certains
protocoles issus d’un travail réalisé par des professionnels suisses et autrichiens dans les
dix dernières années.
Les données recueillies par ces équipes spécialisées montrent que :
-
Une victime dégagée en moins de 20 minutes a 90 % de chances de rester
en vie (ceci est dû à la présence d’oxygène dans la neige qui permet à la
personne ensevelie de résister à l’asphyxie un peu plus longtemps que si elle
se trouvait dans l’eau)
-
Si la victime est dégagée dans un délai de 35 minutes, ses chances de
survie tombent à 35 %. Seules celles qui bénéficient d’une poche d’air pour
respirer résistent. Mais si cette poche d’air ne communique pas avec
l’extérieur, la mort survient dans un délai de 90 à 120 minutes par autointoxication (Triple H Syndrome*)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
45
-
Les chances de survie d’une victime dégagée après 120 minutes ne sont
plus que de 10 % et ne concernent que les personnes ayant bénéficié d’air
renouvelé parce que la poche communiquait avec l’extérieur (l’hypothermie
est alors la cause du décès (le record est de 44 heures en Italie - 1972)
Chances de survie sous une
avalanche
Cette courbe, élaborée suite à
l’analyse de plus de 600 accidents,
montre trois marches d’escalier qui ont
permis de mieux comprendre les trois
différentes étapes de survie en
fonction du temps passé sous la neige
Triple H Syndrome
Hypoxie (manque d'oxygène) Ŕ Hypercapnie (excès de CO²) Ŕ Hypothermie
Conduite à tenir
L'urgence absolue est de dégager la personne ensevelie. C'est une course
contre la montre, on dispose de 20 minutes pour lui accorder de réelles chances
de survie. Au cas où un téléphone ou une radio serait disponible et si plusieurs
personnes sont valides, faire appeler les secours par un seul pendant que vous
essayez de dégager la victime.
Si l’on est seul, garder les premières précieuses minutes pour dégager la
victime.
Si la personne ensevelie n’a pas été retrouvée au bout de 20 minutes, alors
seulement, prendre le temps d'appeler les secours (en Europe, la mise en
œuvre d’une équipe de secours nécessite 90 minutes en moyenne,) puis
continuer à chercher.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
46
Conduite à tenir générale
Victime
consciente
Victime
inconsciente
qui respire
Victime
inconsciente
qui ne
respire pas
Réchauffement
actif
Protection
Evacuation
Réanimation
Conduite à tenir
Si la victime est consciente :
Ŕ Vérifier qu’elle ne présente pas de signes de lésions traumatiques.
Ŕ Lui enlever ses vêtements mouillés.
Ŕ Lui mettre des vêtements secs, la frictionner, lui faire boire chaud.
Ŕ Lui administrer de l’oxygène s’il y en a.
Si la victime est inconsciente mais respire
Ŕ La placer en [PLS] (position latérale de sécurité)
Ŕ Évaluer et conditionner les lésions éventuelles.
Ŕ La protéger du froid.
Ŕ Appeler les secours pour évacuation douce médicalisée.
Si la victime est inconsciente et ne respire plus :
Ŕ Libérer les voies aériennes.
Ŕ Pratiquer un massage cardiaque externe.
Ŕ Protéger du froid.
Ŕ Appeler les secours pour évacuation douce médicalisée.
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47
Traitement médical
Si la victime est consciente :
– Vérifier qu’elle ne présente pas de lésions traumatiques.
– Réchauffer (vêtement sec, couverture)
– Oxygène au masque et soigner conditionner les lésions.
Si la victime est inconsciente mais respire :
Ŕ Pose d'un collier cervical (systématique)
Ŕ Intubation ou pose d'un tube laryngé (non systématique)
Ŕ Monitorage (scope)
Ŕ Voie veineuse périphérique.
Ŕ Prise de température centrale par thermomètre épitympanique.
Ŕ Évaluation des lésions périphériques, traitement primaire.
Ŕ Anamnèse établie en interrogeant les témoins pour connaître le temps
d'ensevelissement et la présence ou non d'une poche d'air autour du visage.
Ŕ Évacuation vers un hôpital équipé de déchoquage et de soins intensifs, si
possible vers un service équipé de CEC (circulation extra corporelle)
Si la victime est inconsciente et ne respire plus :
Ŕ Intubation ou pose d'un tube laryngé (systématique)
Ŕ Monitorage (scope)
Ŕ Collier cervical.
Ŕ Perfusion.
Ŕ Réanimation avec défibrillation. Trois chocs peuvent être délivrés.
Ŕ Prise de température centrale par thermomètre épitympanique
Ŕ Évaluation des lésions périphériques, traitement primaire.
Ŕ Anamnèse établie en interrogeant les témoins pour connaître le temps
d'ensevelissement et la présence ou non d'une poche d'air autour du visage ou de
neige tassée dans la bouche.
Quand interrompre la réanimation d’une victime en état de mort apparente ?
Interrompre la réanimation au bout d'une heure si l’un des critères suivants est
présent :
Ŕ Température supérieure à 32 °C.
Ŕ Lésions vitales évidentes.
Ŕ Signes évidents d’asphyxie (présence de neige dans la bouche et le nez,
pas de poche d’air à l’extraction)
Continuer la réanimation et évacuer vers un centre muni d’une CEC si tous les
critères suivants sont réunis :
Ŕ Température inférieure à 32°C.
Ŕ Temps d'ensevelissement supérieur à 35 minutes.
Ŕ Existence d’une poche d'air à l'extraction et pas de neige dans la bouche.
Ŕ Pas de lésion vitale évidente
Dans ce cas, la survie est envisageable car il peut s'agir d'un arrêt cardiaque par
hypothermie sévère ou d'un asphyxié pouvant bénéficier d’un délai de survie
cérébrale grâce à l'hypothermie. La décision de CEC sera prise à l'hôpital en
fonction du taux de potassium sanguin (doit être inférieur à 12 mmole/litre)
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48
Prévention
Apprendre à ne pas provoquer l’avalanche
Se renseigner sur la qualité de la neige avant d’aller tracer dans
les pentes vierges.
Attendre 1 jour ou 2 avant de skier hors pistes après de grosses
chutes de neige.
Apprendre à reconnaître les plaques à vent (accumulation de
neige due au vent formant une plaque instable) et à les éviter.
Ne pas couper les pentes instables surtout quand on est en
groupe.
Équipement pour évoluer en zone à risque (hors piste, héliski, ski de
randonnée)
Un appareil de détection en état de marche (ARVA, DVA)
Une sonde à neige de bonne qualité.
Une pelle solide.
Un appareil de communication (téléphone cellulaire, radio)
Pour plus de sécurité (pisteur, free-rider, héliski)
Un sac à dos équipé d'un Airbag Avalanche (réduit de 50%
l'ensevelissement et de 35% la mortalité)
Un système Avalung, intégré ou non à la veste, qui permet, en cas
d'ensevelissement, de neutraliser l'excès de CO² dans la poche d'air –
si poche d’air il y a. Ce système qui paraît intéressant doit encore fait
totalement la preuve de son efficacité. Il demande une certaine
dextérité pour garder l'embout à portée de la bouche et l'utiliser au
moment opportun.
Un système K² Avalanche Ball qui déclenche le lâcher d’un ballon
permettant aux sauveteurs de retrouver plus vite la victime ensevelie.
Son évaluation reste encore à apprécier sur la durée.
Prévention
Encore une fois, la prudence est le maître mot de la prévention !
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49
C
hapitre 3
Traitement par symptômes
Un symptôme est un signe clinique apparent qui permet au médecin
d’établir un diagnostic.
Mais deux maladies différentes peuvent être à l’origine d’un même
symptôme, et une seule pathologie s’illustre parfois par plusieurs symptômes, si bien que le diagnostic
est parfois difficile !
Ce chapitre n’a pas pour ambition d’explorer toute l’étendue de la médecine mais de tenter
de répertorier les pathologies le plus souvent rencontrées en montagne.
D’autres maladies plus complexes et plus rares sont bien entendues possibles et l’avis d’un
spécialiste sera indispensable.
Ce répertoire des symptômes permettra aux correspondants non-médecins d’adopter une
conduite adaptée et d’évaluer la gravité de la situation à laquelle ils risquent d’être
confrontés malgré eux.
Sachant qu’on n’a pas toujours un médecin sous la main en montagne ni même en
expédition, on ne peut que conseiller aux candidats à l’altitude de s’intéresser aux principes
élémentaires de médecine et de se former au secourisme.
Il faut savoir également que même si un médecin participe à un trek ou une expédition, il
n’est pas forcément spécialiste en médecine de montagne, et lui aussi peut tomber malade
ou se blesser.
Chacun peut donc être amené à prendre des décisions inéluctables sans avis médical.
Cependant, toute personne obligée d’outrepasser la loi selon laquelle les prescriptions
médicales sont habituellement du ressort du seul médecin, doit respecter les règles
énoncées en introduction de ce manuel.
AVERTISSEMENT
Il n’existe pas qu’une seule façon de traiter les maladies.
Plusieurs protocoles utilisant différents médicaments sont possibles et les traitements
proposés ici n’ont pas la prétention de faire autorité.
Les médecins ne sont d’ailleurs pas toujours d’accord sur la façon de traiter une même
maladie ; question d’école !
Les traitements ont été choisis en tenant compte de l’isolement, du contexte, et des
médicaments disponibles dans les trousses d’urgence.
Les médicaments sont cités sous leur dénomination commune internationale (DCI)
associée à une marque suggérée par l’auteur (entre parenthèses)
Pour la posologie, seule la durée du traitement est indiquée pour chaque maladie, le
lecteur se reportera au chapitre 7 « trousse d’expédition » pour plus de précisions
concernant la dose nécessaire et le nombre de prises quotidiennes.
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1
Tête
Maux de tête
Maux d’oreilles
Maux de dents
Maux de gorge
Saignement de nez
Rhume
Gonflement du visage
Œil douloureux
Œil rouge
Trouble de la vision
Vertige
Dos
Cervicales
Torticolis
Lombalgie
Poitrine
Maux de poitrine
Toux
Essoufflement
Asphyxie
Palpitation
Ventre
Maux de ventre
Vomissements de
sang
Parasites
intestinaux
Jambes
Maux de jambes
Gonflement des genoux
Gonflement des chevilles
Paralysie
Gelure
Démangeaison des pieds
Tendinite
Mains
Gonflement
Gelure
Gerçure
Paralysie
Pelvis
Brûlures urinaires
Sang dans les urines
Rétention d’urine
Hémorroïdes
Constipation
Sang dans les selles
Infection génitale
Mycoses vaginales
Maux de testicules
Signe Généraux
Fièvre
Malaise
Allergie, démangeaisons
Convulsion
Crampes
Morsures, piqûres
Angoisse, dépression
Agitation, délire, hallucinations
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2
ETE
T
Maux de tête
Mal aigu des montagnes
Sinusite
Grippe
Migraine
Maux d’oreilles
Otite
Maux de dents
Carie dentaire
Pulpite
Abcès dentaire
Maux de gorge
Angine
Laryngite
Extinction de voix
Maux de nez
Epistaxis
Rhume
Rhinite
Maux de visage
Gonflement du visage
Œdème localisé de haute altitude
Œdème facial allergique
Œil douloureux
Corps étranger
Kératite
Ophtalmie des neiges
Œil rouge non douloureux
Conjonctivite
Hémorragie sous conjonctivale
Troubles de la vision
Gelure de cornée
Hémorragie rétinienne
Décollement rétine
Vertige
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3
aux de tête
M
Essayer d’abord de comprendre l’origine.
La tension nerveuse et la migraine banale sont le plus souvent accusées injustement.
En montagne, d’autres causes sont plus fréquentes.
Maux de tête en phase d’acclimatation
Mal aigu des montagnes (MAM)
C’est la première origine à évoquer quand le mal de tête survient au début du séjour en
altitude, pendant la phase dite d’acclimatation.
Le MAM peut apparaître à partir de 2 500 mètres d’altitude.
Il est intense et maximum la nuit et le matin.
Il a tendance à s’atténuer lorsque l’on s’applique à bien ventiler, en particulier dès la reprise
de la marche.
Il peut s’accompagner de nausées, de vomissements, voire de signes neurologiques
surprenants comme des vertiges ou des hallucinations qui sont de mauvais augure.
Conduite et traitement [Voir Chapitre 2]
Inflammation des sinus
Maux de tête prédominant au niveau du front + nez qui coule +/- fièvre
Sinusite
Les sinus (cavités osseuses situées au niveau du front et du nez) peuvent être responsables
de maux de tête en altitude à cause des variations de pression.
Le plus souvent ce sont les sinus maxillaires (sous les orbites) qui sont enflammés et/ou
infectés, ce qui obture leur communication naturelle avec les fosses nasales.
En altitude, la pression de ces cavités inextensibles ne peut plus s’équilibrer avec la pression
extérieure qui diminue. C’est très douloureux !
-
Décongestionnant : pseudo éphédrine (RHINADVIL) ou, plus fort, oxymetazoline
(ATURGYL)
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Anti-inflammatoire stéroïdien : prédnisolone (SOLUPRED)
Si les symptômes persistent : amoxicilline (CLAMOXYL) ou pristinamycine
(PYOSTACINE) si allergie pénicilline.
Maux de tête + fièvre + douleur dans les articulations
Grippe ou état grippal
La grippe est une affection plutôt rare en altitude. Elle est due à un virus (myxovirus
influenza) Son caractère contagieux est plus virulent en milieu urbain du fait de la
promiscuité des populations.
La grippe se traduit principalement par des maux de tête, une fièvre brutale, une toux sèche
au début qui peut se surinfecter dans les 48 heures.
S’y associent une grande fatigue et des douleurs dans les muscles et les articulations.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
En principe, le traitement ne requiert pas d’antibiothérapie, mais en expédition, si la toux
devient grasse et si les signes ont du mal à s’amender, on peut y être amené.
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène.
Décongestionnant : pseudo éphédrine (RHINADVIL) si rhinite associée.
Clobutinol (SILOMAT)
Si les symptômes persistent : amoxicilline (CLAMOXYL) ou azithromycine
(ZITHROMAX) si allergie pénicilline.
-
Affection chronique
Migraine
Il est rare que la migraine ne soit pas connue du patient avant de monter en altitude. Celui
qui se sait migraineux doit être averti que les crises sont souvent plus fréquentes en altitude.
Certaines peuvent même être accompagnées de signes neurologiques, comme des
hallucinations visuelles et/ou des vomissements.
Le traitement spécifique n’étant pas prévu dans la trousse médicale, il est préférable que
celui-ci soit emporté par le patient lui-même. Dans le cas contraire, les antalgiques
classiques constituent l’unique alternative.
-
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID)
Triptan et dérivés (sumatriptan)
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Maux d’oreilles
Douleur dans l’oreille
Otite
L’otite est une infection de l’oreille. On parle d’otite externe quand elle atteint le conduit
auditif externe ou le pavillon, d’otite moyenne quand elle atteint la caisse du tympan, et
d’otite interne quand elle atteint la région labyrinthique.
L’otite moyenne est l’une des principales causes de douleur dans l’oreille chez l’adulte en
altitude.
L’inflammation des voies aériennes supérieures (gorge, pharynx, larynx), fréquente en
montagne, a pour effet de diminuer la perméabilité de la trompe d’Eustache alors que son
rôle est normalement de faire communiquer la caisse du tympan avec le fond de la bouche
pour équilibrer les pressions dans l’oreille.
Les microbes se multiplient alors dans cet espace devenu fermé, et l’augmentation de
pression provoquée par l’infection vient bomber le tympan.
Une douleur permanente ainsi qu’une baisse de l’audition surviennent. Parfois même, le
tympan peut se rompre en laissant échapper un écoulement purulent, ce qui a l’avantage de
soulager la douleur.
-
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Azithromycine (ZITHROMAX)
Si écoulement purulent : protéger le conduit des poussières (coton) et laisser le
drainage se faire.
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Maux de dents
Douleur boissons froide ++
Carie dentaire
C’est une lésion de l’émail provoquée par des germes cariogènes. Elle se révèle souvent en
altitude, probablement en raison du changement d’alimentation et des écarts de
température. Les variations de pression peuvent aussi desceller les vieux pansements
dentaires et les couronnes ce qui favorise la récidive.
Douleur à la pression
Pulpite
C’est l’agression de la pulpe soit par traumatisme direct sur la dent, soit par la carie dentaire.
La douleur est exacerbée par la mobilisation ou la pression. Soit la pulpe se cicatrise d’ellemême, elle se nécrose ou/et évolue vers l’abcès.
Douleur permanente rage de dent
Abcès
Collection de pus à la base de la dent entraînant une douleur permanente et tenace. Un
bombement lisse et douloureux apparaît sur la gencive en regard de l’apex de la dent
malade. L’abcès peut se rompre spontanément quand il est superficiel, ce qui soulage
spontanément la douleur. Il peut au contraire s’enkyster ou évoluer vers une rage de dent
intolérable. Le drainage de cet abcès par une incision soulage instantanément la douleur.
Lavage fréquent des dents en montagne
Visite de votre de dentiste avant de partir en voyage
N’abusez pas des aliments sucrés
-
-
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol en cas de carie
dentaire ou de pulpite.
Pansement dentaire transitoire (CAVAIT) si fracture ou carie dentaire.
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID) en association si pulpite et éviter les
variations brutales de pression (altitude).
Si abcès important : amoxicilline (CLAMOXYL) pendant 6 jours ou azithromycine
(Zithromax) pendant 3 jours.
Drainage de l’abcès par incision si douleurs rebelles
Pour l’extraction dentaire de fortune (Voir Chapitre 4)
Maux de gorge
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7
Douleur au fond de la gorge
Angine
C’est une inflammation caractérisée par une rougeur et une douleur localisées au fond de la
gorge (pharynx)
La douleur est exacerbée par la déglutition et le passage des aliments.
On distingue angine virale et angine bactérienne.
L’angine virale se caractérise par l’absence de fièvre, l’absence de ganglions proéminents
sous la mandibule et des amygdales qui restent peu enflammées.
L’angine bactérienne se différencie par la présence de fièvre, des ganglions sousmandibulaires et une grosse amygdale rouge inflammatoire avec parfois des vésicules. Un
traitement antibiotique est dans ce cas conseillé.
En expédition, vu le contexte et la facilité avec laquelle les angines décompensent, on
prescrira des antibiotiques dans les deux cas.
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-
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID) en association.
Antibiotique : pristinamycine (PYOSTACINE) pendant 5 jours ou azithromycine
(ZYTHROMAX) pendant 3 jours.
Boissons chaudes au citron.
Douleur à la déglutition + toux
Extinction de voix
Laryngite
La laryngite, comme toutes les pathologies ORL, peut être virale ou bactérienne.
C’est une inflammation du larynx caractérisée par une douleur localisée au fond de la gorge.
Elle s’accompagne d’une toux rauque et rugueuse très douloureuse, ressentie comme un
raclement ou une brûlure, et d’une difficulté à la déglutition.
Parfois elle s’accompagne d’une extinction de la voix pendant quelques jours.
On utilise les antibiotiques quand il y a de la fièvre et des ganglions, et on privilégie les
corticoïdes quand l’extinction devient vraiment handicapante.
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Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Anti-inflammatoire : kétoprofène(PROFENID) en association.
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) ou azithromycine (ZYTHROMAX)
Corticoïdes : prédnisolone (SOLUPRED 2O), 1 à 3 comprimés le matin en une
prise pendant 3 à 5 jours. Toujours en association avec un antibiotique.
Grogs et boissons chaudes au citron.
Maux de nez
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8
Écoulement de sang par les narines
Épistaxis
Ce saignement peut être provoqué par un traumatisme (choc, mouchage) ou survenir de
manière spontanée.
Il est favorisé par l’altitude du fait de l’agression de l’air froid et sec d’une part et des troubles
de la coagulation d’autre part.
Quelle qu’en soit la raison, cette hémorragie nasale doit être stoppée.
Généralement, une simple compression à l’aide du pouce et de l’index à la base de l’arête
nasale pendant quelques minutes suffit, à condition de placer les doigts suffisamment haut
pour comprimer les pédicules vasculaires.
Éviter de pencher la tête en arrière, car le sang, au lieu d’être évacué par la narine,
s’échappe dans le fond de la gorge ce qui donne une fausse impression de colmatage alors
que l’hémorragie continue.
Si l’épistaxis ne s’arrête pas, on peut introduire dans la narine un tampon hémostatique de
type Merocel (Voir Chapitre 4) En s’imbibant de sang, il gonfle et tamponne de façon
efficace le fond des fosses nasales. Si la narine est petite et que le Merocel est trop grand, le
découper dans la longueur avec une paire de ciseaux. Il s’agit de l’enfoncer suffisamment
pour qu’il gonfle dans la partie arrière des fosses nasales où prend naissance l’hémorragie.
On peut s’assurer qu’il est efficace en regardant avec une lampe au fond de la gorge du
malade pour voir s’il n’existe plus d’écoulement. Le malade ne doit plus avoir besoin de
déglutir.
En cas d’échec, le méchage nasal postérieur avec mèche grasse iodoformée est l’unique
moyen d’interrompre une épistaxis récalcitrante. Il ne peut être réalisé que par un médecin et
nécessite un matériel adapté (mèche grasse, pince courbe) La mèche doit être laissée en
place au moins 48 heures.
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9
Rhume
Écoulement séreux par les fosses nasales
Rhinite
La rhinite est très fréquente en altitude. Elle est la conséquence inévitable de l’agression du
froid et de l’air sec sur les muqueuses nasales.
Dans la plupart des cas, il n’y a rien d’autre à faire que de se moucher en attendant que cela
passe.
Quand la rhinite accompagne un mal de tête et une sensation de fébrilité, il y a de fortes
chances pour qu’une affection virale en soit en cours.
Plus rarement, elle se surinfecte et s’accompagne d’un mouchage purulent. Dans ce cas on
peut avoir recours aux antibiotiques.
Seule la rhinite allergique, avec éternuement continuel et larmoiement peut justifier d’un
traitement particulier antiallergique.
-
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Anti-sécrétoire : pseudoéphédrine (RHINADVIL).
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) ou azithromycine (ZITHROMAX 250), 1
ccp matin et soir pendant 3 jours.
En cas de rhinite allergique : corticoïde : prédnisolone (SOLUPRED 2O), 1 à 3
comprimés le matin en une prise pendant 3 à 5 jours.
Polaramine Répétabs.
Grogs et boissons chaudes au citron.
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M
aux de visage
Gonflement du visage + mal de tête en altitude
Œdème localisé de haute altitude (OLHA)
Le gonflement du visage est fréquent en altitude, surtout le matin au réveil. Il fait partie des
symptômes classiques du mal aigu des montagnes. Il apparaît généralement au début du
séjour lorsque l’altitude dépasse 3 000 mètres.
C’est le premier signe d’une mauvaise acclimatation lié à une perturbation des échanges
hydroélectriques dans l’organisme.
Le « signe de la chaussette » (marque importante au niveau de l’élastique de la chaussette)
ou le « signe du bracelet de montre » (marque inhabituelle au niveau du poignet)
accompagne volontiers le tableau, avec des maux de tête et une asthénie marquée.
Les poches sous les yeux sont les premières observations qui seront faites au patient.
Deux facteurs sont responsables de ce symptôme : une ascension trop rapide et une
hydratation insuffisante.
Contrairement à ce que l’on peut imaginer, boire beaucoup n’entraîne pas d’œdème : bien
au contraire, cela stimule la diurèse (excrétion d’urine) en activant la fonction rénale.
Traitement (Voir Chapitre 2)
Gonflement du visage + signes d’allergie
Œdème facial allergique
Même en montagne, on peut être victime d’un œdème facial d’origine allergique sans qu’il
n’y ait aucun rapport avec l’altitude.
Souvent, ce genre de problème touche des personnes se sachant allergiques à certains
aliments (cacahuètes, poisson, œufs, etc.) ou à certaines substances (latex, venin
d’insecte, etc.), ou encore à certains paramètres environnementaux (soleil, froid, etc.) (Voir
Chapitre 1)
Ce type d’allergie peut malgré tout survenir pour la première fois chez quelqu’un n’ayant
jamais souffert d’allergie auparavant.
L’œdème facial peut se résorber spontanément après identification de l’allergène et/ou grâce
à la prescription de médicaments antiallergiques.
Plus rarement, cette allergie décompense en œdème de Quincke ce qui nécessite une
thérapie urgente car il met en jeu le pronostic vital.
-
-
Eviter l’allergène responsable.
Dexchlorphéniramine (POLARAMINE) pendant deux jours.
Corticoïdes : prédnisolone (SOLUPRED 20mg), 1 à 3 comprimés en une prise si
l’allergie est importante et/ou si œdème de Quincke. Diminuer ensuite les doses
pendant 3 jours.
Adrénaline (ANAHELP), 0.25 mg à répéter jusqu’à 1 mg en sous cutané ou en
intramusculaire, ou en intraveineuse lente en cas d’œdème de Quincke avec
gonflement du visage et gêne à l’inspiration +++..
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Œ
il douloureux
Œil rouge et douloureux
Corps étranger
C’est la première cause de douleur oculaire.
La particule nuisible (éclat, bois, poussière) n’est pas toujours retrouvée mais c’est la
première chose à rechercher quand la douleur ou la gêne apparaissent subitement.
Il faut prendre le temps d’inspecter minutieusement la cornée avec une lampe de poche en
n’omettant pas les recoins de l’œil (demander au patient de regarder en haut, en bas, à
l’extérieur et à l’intérieur).
Prendre le soin de tirer sur les cils et de retourner les paupières sur une allumette pour être
sûr que la poussière ne s’est pas dissimulée sur la face interne de la paupière inférieure ou
supérieure.
Il est souvent possible d’ôter le corps étranger à l’aide d’un coin de mouchoir en papier.
Parfois le patient a tellement mal qu’il n’arrive pas à maintenir l’œil ouvert. Il est alors
intéressant de mettre une goutte de collyre anesthésique sur la cornée pour accomplir ce
geste. L’anesthésie disparaît en moins d’une heure.
Oxybuprocaïne collyre : 1 ou 2 gouttes dans l’œil suffisent pour calmer la douleur et
pouvoir écarter les paupières pour extraire le corps étranger.
Œil rouge et douloureux ++
Kératite
C’est une éraflure de la cornée, le plus souvent provoquée par un corps étranger (branche
d’arbre, vêtement, éclat de glace).
Enlever le corps étranger ne suffit pas, la douleur et la gêne persistent. Il faut tout d’abord
mettre en évidence la lésion sur la cornée.
On utilise le collyre anesthésique une seule fois, le temps d’ouvrir l’œil et de mettre une
goutte de fluorescéine qui colore la cornée en orange et met en évidence l’éraflure.
Une fois le diagnostic validé, l’application de pommade cicatrisante à la vitamine A permet
de calmer la douleur et de cicatriser la lésion en quelques jours.
Parfois le corps étranger reste incrusté : essayer de le déloger en douceur pendant que
l’anesthésie perdure. Si le fragment est solidement implanté, seul un spécialiste pourra
l’extirper et il faut malheureusement envisager un rapatriement rapide.
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-
Oxybuprocaïne collyre : 1 ou 2 gouttes dans l’œil suffit pour pouvoir écarter les
paupières et y déposer une bonne dose de pommade ophtalmique calmante et
cicatrisante.
Fluoresceïne pour repérer l’importance et la localisation de l’ulcération.
Pommade ophtalmique cicatrisante à la vitamine A, 3 fois par jour dans chacun des
deux yeux.
-
Attention ! Le recours à l'oxybuprocaïne doit être ponctuel, le temps d'ouvrir l’œil et d'y
appliquer la pommade apaisante, car une utilisation répétée risque de retarder la
cicatrisation et même provoquer des ulcérations de la cornée.
Sensation de verre pilée dans les yeux +++ œil rouge
Ophtalmie des neiges
Cette affection très spécifique du milieu montagne a été décrite au chapitre 2.
Elle est due à une brûlure de la cornée par rayonnement UV particulièrement intensif en
altitude.
La douleur qu’elle entraîne se caractérise par une apparition retardée par rapport à
l’exposition. Son intensité augmente dans la soirée et devient insupportable la nuit, avec une
sensation de verre pilé dans les yeux.
-
Sachet de thé infusé tiède sur les paupières.
Oxybuprocaïne collyre : 1 ou 2 gouttes dans chacun des deux yeux suffisent pour
calmer la douleur et écarter les paupières pour examiner la cornée.
Pommade ophtalmique cicatrisante à la vitamine A
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID) si nécessaire.
Pansement occlusif.
Garder le patient à l'abri de la lumière pendant au moins 24 heures.
Eviter à tout prix l'exposition à la lumière sans lunettes de glacier.
Attention ! Le recours à l'oxybuprocaïne doit être ponctuel, le temps d'ouvrir l’œil et d'y
appliquer la pommade apaisante, car une utilisation répétée risque de retarder la
cicatrisation et même provoquer des ulcérations de la cornée.
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Œ
il rouge non douloureux
Œil rouge collant et non douloureux
Conjonctivite
C’est une inflammation de la cornée par un germe ou un virus.
La conjonctivite n’est pas douloureuse à proprement parler, mais plutôt gênante, avec des
sécrétions collantes particulièrement le matin au réveil.
La conjonctivite virale atteint généralement les deux yeux. Elle se soigne quasiment
toute seule ; tout au plus faut-il utiliser un collyre antiseptique ou du sérum
physiologique.
La conjonctivite bactérienne n’atteint qu’un seul œil au début et les secrétions sont
purulentes. Elle nécessite le recours à une crème ophtalmique antibiotique.
La conjonctivite allergique s’associe le plus souvent à des éternuements et à un
ensemble de symptômes évoquant la rhinite allergique. Elle doit être traitée avec un
collyre antiallergique.
-
Sérum physiologique 5 fois par jour pendant 5 jours.
Crème antibiotique oculaire 3 fois par jour si conjonctivite bactérienne :
kanamycine (TOBREX) pendant 3 jours.
Acétylaspartylglutamique (NAAXIA) à prévoir si sujet allergique.
Œil rouge avec tache de sang
Hémorragie sous conjonctivale
Elle est la conséquence d’un traumatisme direct (contusion, frottement agressif).
Un des petits vaisseaux qui parcourent la conjonctive s’est rompu et forme une tache
sanglante impressionnante qui recouvre une partie plus ou moins importante de la cornée.
Il n’y a aucun traitement particulier à apporter ; la tâche disparaît spontanément en quelques
semaines.
L’évolution est toujours favorable et rien n’empêche la poursuite de l’expédition en se
protégeant correctement les yeux avec des lunettes de bonne qualité.
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roubles de la vision
T
La survenue d’un trouble de la vision peut évoquer différentes pathologies qu’il faut
toujours prendre au sérieux.
Généralement indolore, il n’en cache pas moins un processus pouvant devenir irréversible si
l’on s’entête à rester en altitude.
Vision floue ou images nuageuses pouvant évoluer vers la cécité
Gelure de cornée
Elle atteint les personnes dont les yeux sont mal protégés (masque) par grand vent en
altitude ou en région polaire.
Il faut interrompre la course avant que cette cécité ne soit totale, se protéger les yeux avec
un masque si ce n’est pas encore fait, puis regagner une tente ou un local tempéré.
Un sachet de thé infusé chaud appliqué sur les paupières peut accélérer la récupération de
la fonction visuelle, qui peut demander parfois plusieurs jours.
Protéger les yeux avec un masque.
Interrompre la course et regagner un local tempéré.
Sachet de thé infusé chaud sur les paupières.
Si les troubles de visions persistent, consulter un spécialiste.
-
Voile perturbant la vision ou une cécité partielle touchant un champ oculaire plus ou
moins important
Hémorragie rétinienne
Même si cette pathologie existe déjà en temps normal chez des personnes plutôt âgées, elle
est exacerbée en altitude. On la décrit comme une véritable entité sous le terme
d’hémorragie rétinienne de haute altitude (HRHA).
Ces lésions qui atteignent la rétine sont décrites dans le chapitre 2 dans le cadre des
maladies liées à l’altitude.
Les hémorragies sont fréquentes chez tout alpiniste dépassant l’altitude de 5 000 mètres
sans que cela provoque obligatoirement des modifications visuelles perceptibles. La plupart
d’entre elles cicatrisent d’ailleurs toutes seules dès le retour d’expédition sans que l’alpiniste
lui-même s’en soit rendu compte.
Quand les troubles de la vue apparaissent, c’est souvent parce que la lésion est importante.
-
Interrompre l’expédition et perdre de l’altitude si les troubles de vision
apparaissent.
Eviter l’aspirine.
Rapatriement vers un ophtalmologiste.
-
Acétazolamide (DIAMOX) pour diminuer la pression intra-oculaire
Rapatriement vers un ophtalmologiste.
Images mobiles ou déformées, scintillements ou « mouches volantes »
Décollement de rétine
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Le décollement de rétine est rare. Chez une personne jeune et en bonne santé, il peut être la
conséquence d’un traumatisme oculaire.
Les scintillements ou les « mouches volantes » marquent la présence de sang dans l’humeur
aqueuse.
Comme l’hémorragie rétinienne, le décollement de la rétine impose un rapatriement rapide
vers un ophtalmologiste car le risque de cécité définitive est important et aucun traitement
sur place n’est possible.
-
Rapatriement urgent vers un ophtalmologiste +++.
Œil gonflé
Appelé aussi œdème palpébral.
C’est souvent un signe d’accompagnement en cas de conjonctivite, allergie, œdème
périphérique de haute altitude, corps étranger dans l’œil.
L’œil dégonfle lorsque la pathologie est traitée.
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V
ertige
On différencie trois types de vertige :
Le vertige idiopathique : il traduit l’angoisse du vide naturelle et liée à l’instinct de
survie, exagérément prononcée chez certaines personnes.
Le vertige phobique : il représente un véritable handicap et contre-indique tout type
d’ascension susceptible de suggérer l’appel du vide. Ce type de vertige ne peut être
traité que par le biais de la psychothérapie.
Le syndrome vertigineux, à l’origine de véritables troubles de l’équilibre, qui peut
être dû à un déficit organique (trouble de vascularisation cérébral, atteinte de la
fonction de l’équilibre, œdème cérébral d’altitude +++, …).
En expédition, il n’est pas toujours facile de déceler la cause d’un vertige.
S’il est associé à d’autres signes neurologiques (paralysie, trouble du comportement, trouble
de l’élocution, trouble visuel), c’est qu’il est d’origine vasculaire cérébrale et trop complexe
pour être traité en altitude : un rapatriement en urgence s’impose.
Perdre de l’altitude pour traiter un éventuel œdème cérébral d’altitude débutant est la seule
chose à tenter (descente ou caisson hyperbare).
Si le vertige semble isolé et qu’aucun signe neurologique associé n’évoque la survenue d’un
accident vasculaire cérébral ou d’un œdème cérébral de haute altitude, essayer de résoudre
le problème en traitant les symptômes avec de l’acétylleucine et/ou de la métoclopramide.
Le vertige est l’un des signes les plus fréquents d’un œdème cérébral d’altitude
débutant +++
Si existence de signes d’œdème cérébral d’altitude et/ou si signes neurologiques
associés : oxygène, descente ou caisson de recompression (Voir traitement de l’OCHA
Chapitre 2)
-
Acétylleucine (TANGANIL) en cas de vertige isolé mal supporté.
Bétaméthasone (CELESTENE), 8 mg injectables si arguments en faveur d’un
œdème cérébral de haute altitude (OCHA).
Métoclopramide (PRIMPERAN) en suppositoire ou intraveineuse si vomissements
associés.
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17
DOS
CERVICALES
Torticolis
Lombalgie
Lumbago
Sciatique
Colique néphrétique
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Torticolis
Courbatures douloureuses au niveau des muscles du cou
Survient souvent le matin suite à une nuit inconfortable liée à une attitude vicieuse de l’axe
tête-cou.
Le torticolis peu être très douloureux et incompatible avec l’activité du randonneur ou de
l’alpiniste. La tête peut être franchement désaxée de l’axe sagittal et la palpation des
muscles assurant son maintien (trapèze, sterno-cléido-mastoïdien) est douloureuse.
Le torticolis se résout spontanément en 24 à 72 heures, mais peut être abrégé par un
traitement médical.
-
Modifier le matelas de couchage.
Massage des muscles du cou et application de sources de chaleur.
Crème anti-inflammatoire et décontracturante.
-
Tétrazépam (MYOLASTAN), jusqu’à disparition des signes. Demi-doses pour les
personnes de moins de 65 kg.
Kétoprofène (PROFENID), jusqu’à disparition des signes.
-
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Lombalgie
Contracture et douleur plus ou moins violente au bas du dos
Lumbago
La lombalgie aiguë ou « lumbago » est fréquente en randonnée ou en expédition du fait des
lourdes charges portées sur le dos. Les sacs à dos sont parfois mal ajustés ou mal équilibrés
et les mouvements ne sont pas toujours effectués dans les règles de l’art.
La sobriété des matelas de couchage (matelas mousse ou auto gonflant) n’est guère
favorable aux sujets les plus sensibles.
Le lumbago se caractérise par une contracture et une douleur plus ou moins violente au bas
du dos interdisant tout mouvement de flexion ou de rotation. Il survient plus fréquemment
chez les sujets atteints de façon chronique ou ayant fait l’objet de diverse intervention du
dos.
À la différence de la sciatique, le lumbago n’est pas accompagné d’une irradiation
douloureuse dans la fesse ou dans l’un des membres inférieurs mais il n’en demeure pas
moins handicapant, allant parfois jusqu’à l’immobilisation.
Le rapatriement ou l’évacuation sanitaire est inéluctable dans deux situations :
Douleur restant insupportable malgré le traitement.
Apparition de signes neurologiques dans les jambes ou le bassin (déficit sensitif ou
déficit moteur).
-
Modifier le matelas de couchage.
Massage des muscles du dos et application de sources de chaleur.
Etirements et assouplissements.
Crème anti-inflammatoire 3 fois par jour.
-
Tétrazépam (MYOLASTAN), jusqu’à disparition des signes. Demi-doses pour les
personnes de moins de 65 kg.
Kétoprofène (PROFENID), jusqu’à disparition des signes.
Paracétamol-dextropropoxyphène (DIALGIREX).
Antalgique majeur si nécessaire : tramadol (TOPALGIC 50) ou morphine orale
(ACTISKENAN 20).
-
Irradiation douloureuse dans la fesse ou dans l’un des deux membres inférieurs
Sciatique
La sciatique est fréquente en randonnée ou en expédition du fait des lourdes charges
portées sur le dos. Les sacs à dos sont parfois mal ajustés ou mal équilibrés et les
mouvements ne sont pas toujours effectués dans les règles de l’art.
La sobriété des matelas de couchage (matelas mousse ou auto gonflant) n’est guère
favorable aux sujets les plus sensibles.
À la différence du lumbago, la sciatique se caractérise par une irradiation douloureuse dans
la fesse ou dans l’un des deux membres inférieurs. Cette souffrance est liée à un conflit de la
racine nerveuse à sa naissance au niveau de la moelle épinière, le plus souvent en rapport
avec une diminution ou un pincement du hiatus (orifice étroit formé par deux vertèbres
juxtaposées) par lequel sort la racine.
Si le traitement ne produit aucun effet et que la douleur est aiguë, un rapatriement avec
traitement antalgique majeur est inévitable.
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20
-
Modifier le matelas de couchage.
Massage des muscles du dos et application de sources de chaleur.
Etirements et assouplissements.
Crème anti-inflammatoire 3 fois par jour.
-
Tétrazépam (MYOLASTAN), jusqu’à disparition des signes. Donner des demi-doses
pour les personnes de moins de 65 kg.
Kétoprofène (PROFENID), jusqu’à disparition des signes.
Paracétamol-dextropropoxyphène (DIALGIREX
Antalgiques majeurs si nécessaire: tramadol (TOPALGIC 50) ou morphine orale
(ACTISKENAN 20)
Corticoïdes : prédnisolone (SOLUPRED 20 mg), 1 à 3 comprimés oro-dispersibles,
en cas de signe neurologique rebelle. Diminuer la posologie progressivement en
quelques jours.
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Eléments de gravité et de rapatriement d’une sciatique
-
Douleurs rebelles malgré les antalgiques majeurs.
Trouble neurologique avec perte partielle ou complète de force musculaire
(sciatique paralysante) +/- perte de sensibilité.
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Colique néphrétique
Douleur violente en spasme partant des lombes + irradiation vers les organes
génitaux
La colique néphrétique est très souvent ressentie comme violente et insupportable. Prenant
naissance d’un coté du bas du dos vers les lombes, elle irradie vers les organes génitaux. Le
malade se tord de douleur, est très agité et ne trouve pas de position pour se calmer.
La colique néphrétique est due au passage d’un calcul dans l’urètre. C’est une maladie
chronique que l’on retrouve bien souvent dans les antécédents de la personne souffrante. Il
en reconnaît le plus souvent les signes. Il en fait lui-même le diagnostic.
La déshydratation et l’activité physique en montagne sont favorable aux crises. L’émission
de sang dans les urines est parfois remarquable par l’aspect rosé voire rouge des urines.
-
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID).
Antalgique majeur : tramadol (TOPALGIC) ou morphine (ACTISKENAN)
Hydratation
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
22
POITRINE
Maux de poitrine
Angine de poitrine
Infarctus
Déchirure intercostale
Fracture de côte spontanée
Pneumothorax
Pneumonie
Essoufflement
Mal aigu des montagnes
Épuisement
Infection du poumon
Toux
Bronchite irritative d’altitude
Pneumothorax
Œdème pulmonaire de haute altitude
Asphyxie
Œdème de Quincke
Etouffement par corps étranger
Crise d’asthme
Œdème pulmonaire de haute altitude
Palpitations
Tachycardie
Arythmie
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23
aux de poitrine
M
Douleur transitoire qui « serre » en barre pesante derrière le sternum, avec irradiation
dans le bras gauche = origine cardiaque
Angine de poitrine
L’angine de poitrine ou « angor » est le symptôme précurseur de l’infarctus.
Une ou plusieurs des artères coronaires qui nourrissent le muscle cardiaque montrent des
signes d’obturation transitoire (athérome [dépôt de substances en excès limitant la perméabilité
de l’artère], caillot).
Si la douleur s’atténue avec l’arrêt de l’effort, le diagnostic de l’angine de poitrine est plus
probable que celui de l’infarctus dont la douleur perdure. L’angine de poitrine ne demande
qu’à s’aggraver au moindre effort.
L’angine de poitrine est favorisée par l’effort, le froid et le stress.
Elle est rare chez le sujet jeune. Les grands fumeurs et les gros mangeurs sédentaires sont
les premiers menacés, mais le facteur stress joue aussi un rôle important.
-
Repos strict +++ et redescente si pas de possibilité d’évacuation.
Oxygène.
-
Aspirine 500 mg.
Isosorbide (RISORDAN), 1 à 3 comprimés par jour en fonction de la douleur.
Attention ! éviter l’association avec le sildénafil (VIAGRA)).
Avis médical indispensable, arrêt du séjour et rapatriement urgent.
-
Douleur continue qui « serre » en barre pesante derrière le sternum, avec irradiation
dans la mâchoire et/ou dans le bras gauche = origine cardiaque +++
Infarctus
Si la douleur persiste malgré l’arrêt de l’exercice, ce n’est plus une angine de poitrine, c’est
un infarctus. Il faut prendre la chose très au sérieux car la personne peut décéder
rapidement.
Repos strict +++ et redescente si pas de possibilité d’évacuation.
Oxygène.
-
-
Repos strict.
Aspirine 500 mg.
Antalgique puissant : tramadol (TOPALGIC 50) ou morphine (ACTISKENAN)
Héparine HBPM : enoxaparine (LOVENOX)
Avis médical, arrêt du séjour et rapatriement en urgence, prise en charge
médicale au plus vite.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
24
Douleur brutale au niveau de la paroi thoracique augmentée à l’inspiration et à la
palpation
Déchirure intercostale
Il s’agit d’une déchirure des petits muscles qui relient les côtes entre elles et participent aux
mouvements inspiratoires.
Même avec un traitement antalgique important, l’atténuation des signes peut prendre
quelques semaines.
-
Repos.
Strapping des côtes (Voir Chapitre 4)
-
Antalgique. aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol
Antitussif : paracétamol codéïné (CODOLIPRANE)
Douleur à la pression d’une côte
Fracture de côte spontanée
La fracture dite « spontanée » peut survenir lors d’un effort de toux violente ou en dormant
sur les cailloux d’un mauvais camp de base. Ce type de fracture n’est pas si rare même s’il
est difficile à admettre. Le traitement de la douleur passe par une contention élastique et des
antalgiques en attendant patiemment que la côte se consolide (environ 3 à 4 semaines).
-
Repos.
Strapping des côtes (Voir Chapitre 4)
-
Antalgique : aspirine, paracétamol, dextropropoxyphène, tramadol.
Antitussif : paracétamol codéïné (CODOLIPRANE)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
25
Douleur brutale en point de côté gênant l’inspiration
Pneumothorax
C’est une bulle d’air qui se forme sans traumatisme particulier entre les poumons et la
plèvre. Il peut survenir spontanément ou lors d’un mouvement violent.
Le pneumothorax est plutôt rare, mais il est gênant, parfois grave quand il est volumineux.
Dans ce cas, il faut redescendre ou faire évacuer la victime.
Le pneumothorax supporte mal les changements d’altitude brutaux. Lors d’une descente un
peu trop rapide (en hélicoptère, par exemple). Dans ce cas, les signes peuvent s’aggraver
du fait de la recompression trop rapide en basse altitude ce qui provoque un effet valve antiretour dans le poumon aggravant les symptômes. Dans ce cas, seul le drainage de fortune
(acte médical) ou l’association d’une oxygénothérapie peut sauver la personne.
Pour les pneumothorax de faible importance, la redescente progressive par voie terrestre est
préférable. L’alternative de dernière urgence en cas de détresse respiratoire sévère est de
tenter le caisson de recompression mais l’oxygène est préférable.
-
Oxygène
Repos.
Antalgique : paracétamol + dextropropoxyphène (DIALGIREX), tramadol
(TOPALGIC 50).
Évacuation.
Douleur en point de côté dans la poitrine + fièvre + toux
Pneumonie
Une infection pulmonaire peut aussi se révéler par une douleur moins forte, mais la fièvre et
la toux sont toujours présentes.
La pneumonie doit se traiter par antibiotiques, surtout en montagne où elle aura tendance à
dégénérer plus facilement et détériorer les capacités respiratoires.
-
Antalgique : paracétamol ou aspirine.
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) pendant 10 jours ou azithromycine
(ZITHROMAX) ou pristinamycine (PYOSTACINE) si allergie aux pénicilline.
Antitussif : paracétamol codéïné (CODOLIPRANE) si toux insupportable.
Repos et/ou descente +.
Caisson si gêne respiratoire.
Hydratation
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
26
E
ssoufflement
Mal aigu des montagnes (Voir Chapitre 2)
C’est la première cause à évoquer.
En altitude, si l’on est plus essoufflé que les autres, c’est que l’on a mal géré son effort ou
que l’on a mal respecté les paliers d’acclimatation.
Il est aussi possible d’avoir besoin d’un peu plus de temps que les autres pour s’acclimater.
Œdème pulmonaire de haute altitude (Voir Chapitre 2)
Comme il est expliqué dans le chapitre consacré aux maladies de montagne, l’œdème
pulmonaire de haute altitude est une complication d’un mal des montagnes négligé ou passé
inaperçu. L’essoufflement est un des signes annonciateurs de l’aggravation d’un MAM.
Épuisement
Chez certaines personnes ayant une balance énergétique défavorable, 5 à 6 semaines en
haute altitude peuvent être responsables d’un épuisement.
L’amaigrissement est important, les gestes finissent par être lents et sans volonté ; la
motivation s’érode.
-
Redescendre de 500 à 1000 mètres et essayer de reprendre des forces durant
quelques jours.
Alimentation et réhydratation +++.
Vitamines.
Essoufflement + fièvre + toux
Infection du poumon
La surinfection pulmonaire et la pneumonie doivent être traitées de façon radicale en
expédition car elles se décompensent plus facilement du fait de l’hypoxie.
En cas d’essoufflement, de fièvre et de toux productive, il est préférable d’avoir recours au
traitement antibiotique en première intention, avant que la symptomatologie ne décompense.
-
Aspirine ou paracétamol.
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) pendant 10 jours ou azithromycine
(ZITHROMAX) ou pristinamycine (PYOSTACINE) si allergie aux pénicilline.
Antitussif : paracétamol codéïné (CODOLIPRANE) si toux rebelle.
Repos, voire redescente pendant quelques jours.
Caisson si gêne respiratoire.
Hydratation.
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27
oux
T
Toux sèche et tenace déclenchée par l’inspiration profonde
Bronchite irritative d’altitude
La bronchite irritative d’altitude est traitée dans le chapitre 2 consacré aux maladies de
montagne.
Elle atteint principalement les alpinistes ou sportifs qui réalisent des exercices avec
hyperventilation en altitude et/ou dans un climat froid et sec.
Les himalayistes qui dépassent l’altitude de 7 000 mètres en font quasiment tous les frais.
Certains échouent à cause de cela. Cette toux contrarie énormément le sommeil.
-
Masque protecteur pour réchauffer l’air inhalé à l’exercice en altitude.
Limiter les phases d’hyperventilation en haute altitude.
Hydratation.
-
Antitussif : paracétamol codéïné (CODOLIPRANE)
Béclométasone (Bécotide Aérosol), 6 inhalations par jour.
Douleur brutale en point de côté gênant l’inspiration
Pneumothorax
C’est une bulle d’air qui se forme sans traumatisme particulier entre les poumons et la
plèvre. Il peut survenir spontanément ou lors d’un mouvement violent.
Le pneumothorax est plutôt rare, mais il est gênant, parfois grave quand il est volumineux.
Dans ce cas, il faut redescendre ou faire évacuer la victime.
Le pneumothorax supporte mal les changements d’altitude brutaux. Lors d’une descente un
peu trop rapide (en hélicoptère, par exemple). Dans ce cas, les signes peuvent s’aggraver
du fait de la recompression trop rapide en basse altitude ce qui provoque un effet valve antiretour dans le poumon aggravant les symptômes. Dans ce cas, seul le drainage de fortune
(acte médical) ou l’association d’une oxygénothérapie peut sauver la personne.
Pour les pneumothorax de faible importance, la redescente progressive par voie terrestre est
préférable. L’alternative de dernière urgence en cas de détresse respiratoire sévère est de
tenter le caisson de recompression mais l’oxygène est préférable.
-
Oxygène
Repos.
Antalgique : paracétamol + dextropropoxyphène (DIALGIREX), tramadol
(TOPALGIC 50).
Évacuation.
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28
Œdème pulmonaire de haute altitude
Comme il est expliqué dans le chapitre consacré aux maladies de montagne, l’œdème
pulmonaire de haute altitude est une complication d’un mal des montagnes que l’on a
négligé.
L’essoufflement est important et se caractérise par une impossibilité à reprendre son souffle
malgré l’arrêt de l’exercice.
La toux peut être le premier signe annonciateur d’un OCHA en voie de constitution.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
29
A
sphyxie
Œdème de Quincke
Même en montagne, on peut être victime d’un œdème de Quincke d’origine allergique sans
qu’il n’y ait aucun rapport avec l’altitude.
Bien souvent, ce genre de problème touche des personnes se sachant allergiques à certains
aliments (cacahuètes, poisson, œufs, etc.) ou à certaines substances (latex, venin
d’insecte, etc.) ou encore à certains paramètres environnementaux (soleil, froid). Ce type
d’allergie peut malgré tout survenir pour la première fois chez une personne n’ayant jamais
manifesté d’allergie auparavant.
Cette affection peut se résumer à ce simple œdème facial qui se résorbe spontanément
avec l’identification de l’allergène ou grâce à la prescription de médicaments antiallergiques.
Plus rarement, cette allergie décompense en œdème de Quincke, ce qui nécessite une
thérapie urgente car le pronostic vital est en jeu.
Le mécanisme de l’œdème de Quincke se traduit par une inflammation brutale et rapide des
voies aériennes supérieures entraînant une asphyxie qui peut aboutir à un arrêt cardiorespiratoire.
-
Mettre en position assise.
Calmer la personne
Dégrafer les vêtements au niveau du cou.
Oxygène.
-
Bétaméthasone (CELESTENE 8 mg) par voie sous-cutané, intramusculaire ou
intraveineuse.
Adrénaline (ANAHELP), 0.25 mg à répéter jusqu’à 1 mg en sous cutané ou en
intramusculaire, ou en intraveineuse lente en cas d’œdème de Quincke avec
gonflement du visage et gêne à l’inspiration +++.
-
Étouffement par corps étranger
Il survient le plus souvent de manière inattendue, en mangeant. La personne se trouve
soudainement agitée, ne peut plus s’exprimer et devient rouge puis violacée.
Un aliment insuffisamment mâché a été avalé de travers et s’est logé dans la trachée au lieu
d’emprunter l’œsophage.
La ventilation s’en trouve interrompue.
L’urgence est majeure car le risque d’arrêt cardio-respiratoire est imminent. La manœuvre de
Heimlich, qui consiste à expulser le corps étranger en comprimant le thorax, est salvatrice.
-
Manœuvre de Heimlich (Voir Chapitre 5)
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30
Détresse respiratoire avec sifflement à l’expiration
Crise d’asthme
L’asthme est une maladie chronique. Il serait exceptionnel de déclencher une crise
inaugurale à l’occasion d’un trekking, d’une course en montagne ou d’une expédition.
Aussi, celui qui se sait asthmatique, ne doit-il jamais partir en montagne ou en voyage sans
emporter son traitement habituel (Voir Chapitre 6)
-
Position assise.
Oxygène.
Salbutamol (VENTOLINE), 2 bouffées en spray à renouveler.
Corticoïde : bétaméthasone (CELESTENE), 8 mg en injection intra veineuse,
intramusculaire ou sous-cutanée.
Œdème pulmonaire de haute altitude (Voir Chapitre 2)
Comme il est expliqué dans le chapitre consacré aux maladies de montagne, l’œdème
pulmonaire de haute altitude est la complication d’un mal des montagnes que l’on a négligé.
L’essoufflement est important et se caractérise par une impossibilité à reprendre son souffle
malgré l’arrêt de l’exercice. L’asphyxie est le stade ultime de l’OCHA
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31
P
alpitations
La sensation de palpitations peut prêter à confusion.
Elle peut être due soit à une accélération, soit à une anomalie du rythme cardiaque, ce qui
est plus ennuyeux.
Il serait illusoire de vouloir exercer de la cardiologie de pointe en milieu périlleux sans
matériel adapté. Il faudra se limiter aux prises en charge élémentaires et ne pas tenter le
diable.
Cœur régulier mais rythme trop rapide
Tachycardie
Une accélération du rythme cardiaque (tachycardie) est tout à fait normale en altitude. Nous
avons vu dans le chapitre 2 que l’organisme répond au manque d’oxygène par une
accélération du rythme cardiaque.
Si le rythme est régulier et la fréquence élevée mais sans dépasser 150 pulsations/minute, il
s’agit d’une tachycardie naturelle.
Si cette tachycardie s’élève subitement au-dessus de cette limite sans qu’il y ait de lien avec
l’exercice, on peut tenter, pour la réduire, les manœuvres vagales classiques (massage
d’une carotide, compression des globes oculaires, manœuvre de Vasalva utilisée par les
plongeurs, qui consiste à se pincer le nez et à souffler dedans comme si on se mouchait, afin
de se déboucher les oreilles).
Rythme cardiaque irrégulier
Arythmie
À moins que cette arythmie soit connue du patient et qu’il ait son propre traitement,
l’intervention d’un médecin est indispensable.
Si l’arythmie est mal supportée (essoufflement, malaise), l’évacuation doit être envisagée en
urgence car les options thérapeutiques sur place seront limitées, surtout en l’absence de
tracé ECG (électrocardiogramme) qui reste la seule façon d’établir correctement un
diagnostic.
-
Repos.
Arrêt des excitants (thé, café).
Evacuation si arythmie mal supportée.
-
Ne traiter que les troubles du rythme mal supportés quand on y est contraint. Ne
pas chercher à tempérer… Évacuer !
Hydroxyzine (ATARAX 25).
Aténolol (TENORMINE) ou amiodarone (CORDARONE).
-
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32
VENTRE
Maux de ventre /Vomissements/Diarrhées
Turista
Gastro-entérite
Appendicite/péritonite
Colique Hépatique
Gastrite / Ulcère
Reflux gastro-œsophagien
Intoxication alimentaire
Vomissements sang
Parasites intestinaux
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33
aux de ventres
Vomissements
Diarrhées
M
La douleur dans l’abdomen est un symptôme fréquent.
Trois éléments importants sont à prendre en considération :
la localisation de la douleur,
la qualité du transit,
la présence ou non de fièvre.
Douleur abdominale + diarrhées et/ou vomissements
Turista
Quand un Occidental débarque en trekking ou en expédition, l’origine la plus fréquente est la
turista (ou diarrhée du voyageur) : elle atteint jusqu’à 60 % des individus sains arrivant en
pays tropical ou tempéré chaud.
Elle est toujours d’origine infectieuse, bactérienne le plus souvent, parfois parasitaire,
rarement virale.
Son apparition est brutale. Généralement, elle se caractérise par l’émission de 3 à 8 selles
liquides par jour, avec anorexie, nausées, douleurs abdominales.
Il n’y a pas ou peu de fièvre.
L’évolution vers la guérison se produit en 4 à 7 jours.
La prévention des diarrhées infectieuses et parasitaires passe par une bonne hygiène de
l’alimentation et de l’eau. Le lavage des fruits, des légumes et la stérilisation de l’eau sont
efficaces sur la plupart des bactéries mais insuffisantes pour les kystes d’amibes et de
giardia.
-
-
Réhydratation +++, si les signes sont modérés.
Traiter uniquement les symptômes.
Anti-vomitif : métoclopramide (PRIMPERAN), en comprimé, en suppositoire ou en
injection quand la voie orale n’est plus possible.
Anti-diarrhéique : lopéramide (IMODIUM). Il est d’usage de laisser libre cours à la
diarrhée pour permettre au tube digestif d’évacuer les toxines. Cependant, les
alpinistes savent comme il est difficile de gérer la diarrhée lors d’une ascension. Le
lopéramide est le seul à pouvoir contrecarrer ce désagrément, en évitant d’en
abuser pour ne pas bloquer totalement le système digestif.
Si les symptômes ne s’améliorent pas en 24 heures, antibiotique : norfloxacine
(NOROXINE) ou azithromycine (ZITHROMAX) en traitement cours sur 3 jours.
Un régime à base d’aliment « constipants » (riz, chocolat) est recommandé.
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34
Douleur abdominale + diarrhées et/ou vomissements + fièvre
Gastro-entérite infectieuse
La présence de fièvre confère à l’infection gastro-intestinale un caractère plus sérieux qui
sous-entend la diffusion du germe responsable dans l’organisme.
Le traitement antibiotique s’avère nécessaire.
-
-
-
Anti-vomitif : métoclopramide (PRIMPERAN), en suppositoire ou en injection si le
malade ne parvient pas à garder ses aliments.
Antipyrétique : aspirine ou paracétamol.
Antibiotique : norfloxacine (NOROXINE) ou amoxicilline (CLAMOXYL). Si le traitement
est insuffisant et/ou si les selles ont une odeur de souffre, ajouter du tinidazole
métronidazole (FASIGYN).
Anti-diarrhéique : lopéramide (IMODIUM). Il est d’usage de laisser libre cours à la
diarrhée pour permettre au tube digestif d’évacuer les toxines. Cependant, les
alpinistes savent comme il est difficile de gérer la diarrhée lors d’une ascension. Le
lopéramide est le seul à pouvoir contrecarrer ce désagrément, en évitant d’en abuser
pour ne pas bloquer totalement le système digestif.
Un régime à base d’aliment « constipants » (riz, chocolat) est recommandé.
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Fièvre + douleur abdominale + défense (contracture réflexe du ventre à la palpation)
Appendicite Ŕ Péritonite
Dans un cas semblable de douleur abdominale, on doit suspecter l’appendicite et/ou la
péritonite avant qu’il ne soit trop tard. Le plus difficile est de ne pas la confondre avec une
infection gastro-intestinale, beaucoup plus fréquente.
Pour cela, le geste capital est la palpation de l’abdomen. Le patient est allongé sur le dos, la
main de l’examinateur doit palper le ventre. Si cette palpation provoque une douleur aiguë de
défense, le patient doit être évacué au plus vite (à plus forte raison s’il n’a jamais été opéré
de l’appendicite et que la douleur est située au niveau de l’appendice, à droite).
Antidouleur et antipyrétique.
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) + tinidazole (FASIGYN).
En cas d’allergie aux pénicillines : norfloxacine (NOROXINE) ou azithromycine
(ZITHROMAX) + métronidazole (FLAGYL)
Bouillotte de glace sur le ventre et évacuation en urgence.
Hydratation par perfusion
-
Douleur sous-costale droite +/- vomissements
Colique hépatique
Quand la douleur irradie vers le dos en suivant le trajet d’une ceinture, il faut évoquer la
colique hépatique liée à un trouble du fonctionnement de la vésicule biliaire.
Hydratation.
Anti-vomitif : métoclopramide (PRIMPERAN), en suppositoire ou en injection si le
malade ne parvient pas à garder ses aliments.
Diète en respectant les apports hydriques et en évitant surtout les aliments gras
Antalgique puissant.
-
Douleur violente en spasme partant des lombes + irradiation vers les organes
génitaux
Colique néphrétique
La colique néphrétique est très souvent ressentie comme violente et insupportable. Prenant
naissance d’un coté du bas du dos vers les lombes, elle irradie vers les organes génitaux. Le
malade se tord de douleur, est très agité et ne trouve pas de position pour se calmer.
La colique néphrétique est due au passage d’un calcul dans l’urètre. C’est une maladie
chronique que l’on retrouve bien souvent dans les antécédents de la personne souffrante. Il
en reconnaît le plus souvent les signes. Il en fait lui-même le diagnostic.
La déshydratation et l’activité physique en montagne sont favorable aux crises. L’émission
de sang dans les urines est parfois remarquable par l’aspect rosé voire rouge des urines.
-
Anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID).
Antalgique majeur : tramadol (TOPALGIC) ou morphine (ACTISKENAN)
Hydratation
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
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Brûlures dans le ventre
Gastrite Ŕ ulcère
Ces brûlures sont situées dans la région épigastrique (au-dessus du nombril).
Elles sont rythmées par les repas et calmées par la prise alimentaire.
En plus des médicaments antiacides, le traitement peut nécessiter des antibiotiques, mais
rarement en première intention. Les antibiotiques seront prescrits après le retour d’expédition
si les signes persistent et après bilan spécifique.
-
Anti-acides : gel d’aluminium (XOOLAM à croquer).
Esoméprazole (INEXIUM), tant que la douleur persiste.
Reflux gastro-œsophagien
Reflux de liquide gastrique remontant dans l’œsophage en provoquant des sensations de
brûlures.
-
Eviter les positions déclives et mieux rythmer les repas.
Anti-acides : gel d’aluminium (XOOLAM à croquer).
Vomissements + diarrhées
Intoxication alimentaire
L’association des deux critères suggère l’intoxication alimentaire.
L’absence de fièvre permet de s’abstenir d’antibiotique en premier lieu. On doit uniquement
traiter les symptômes pour que le sujet arrête de vomir et ne se déshydrate pas.
-
-
Hydratation
Anti-vomitif : métoclopramide (PRIMPERAN), en suppositoire ou en injection si le
malade ne parvient pas à garder ses aliments
Anti-diarrhéique : lopéramide (IMODIUM). Il est d’usage de laisser libre cours à la
diarrhée pour permettre au tube digestif d’évacuer les toxines. Cependant, les
alpinistes savent comme il est difficile de gérer la diarrhée lors d’une ascension. Le
lopéramide est le seul à pouvoir contrecarrer ce désagrément, en évitant d’en
abuser pour ne pas bloquer totalement le système digestif.
Un régime à base d’aliment « constipants » (riz, chocolat) est recommandé.
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37
V
omissements de sang
En cas de vomissements de sang, deux éléments essentiels sont à évaluer :
Détecter l’origine du sang vomi (sphère ORL, poumon ou estomac ?).
Déterminer la quantité de sang perdu.
Origine :
ORL : il peut provenir d’un saignement dans les voies aériennes supérieures (dents,
fosses nasales). Ce sang est dégluti.
Estomac ou œsophage « hématémèse » : dans ce cas, le renvoi prend l’aspect d’un
vomissement classique.
Poumons trachée, poumons « hémoptysie » : dans ce cas, le renvoi prend l’aspect
d’une expectoration expulsée à l’occasion d’une toux.
Si le sang provient de la bouche, rechercher en premier l’origine nasale. C’est la plus
fréquente. Une épistaxis peut s’écouler dans la bouche sans s’extérioriser, en particulier en
position allongée. Le sang peut être dégluti et vomi secondairement.
L’hémostase de l’épistaxis s’obtient, soit par compression nasale soit, par méchage (Voir
Chapitre 5) Éviter de mettre tête en arrière, ce qui ne fait que masquer l’écoulement de sang
sans l’interrompre.
On peut également rechercher une plaie de la gencive ou une plaie interne de la cavité
buccale qui, généralement, guérit sans suture. En cas d’échec, une suture avec un fil
résorbable peut être réalisée à condition de maîtriser le geste.
Les plaies des muqueuses internes cicatrisent en 3 à 4 jours.
Si le sang provient du tube digestif, il est préférable d’organiser une évacuation ou un
rapatriement du patient.
Le vomissement de sang est rarement anodin, il nécessite un bilan en urgence. En
expédition ou en trekking, il est souvent la conséquence d’un ulcère des voies digestives.
Interrompre toute alimentation et traiter l’ulcère (esoprémazole) mais continuer l’hydratation
par voie orale si la perfusion n’est pas possible.
Quand la quantité de sang est importante (équivalent d’un bol), l’évacuation est urgente.
La pose d’une voie veineuse avec soluté de remplissage macromoléculaire (liquide de
perfusion permettant de mieux compenser les pertes de sang lors d’une hémorragie) est
souhaitable en attendant l’évacuation.
-
Anti-vomitif : métoclopramide (PRIMPERAN), en suppositoire ou en injection si le
malade ne parvient pas à garder ses aliments.
Esoprémazole (INEXIUM).
Perfusion et hydratation.
Evacuation, rapatriement.
Si le sang provient du système respiratoire, et qu’il reste en petite quantité sous forme de
filets de sang dans les crachats, la cause en est le plus souvent de nature irritative (toux
violente, mouchage un peu trop énergique). Il n’y a pas lieu de s’affoler.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
38
Si le sang est expectoré en quantité importante, évacuer le patient aussi vite que possible.
Chez les populations d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique du Sud, la probabilité d’une origine
tuberculeuse est forte.
Expectoration importante de sang par la toux = évacuation - rapatriement
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39
P
arasites intestinaux
De nombreux parasites peuvent être responsables de troubles digestifs, parfois graves dans
les pays tropicaux. La liste est longue et nous n’évoquons que les plus courants.
Oxyures
Ce sont des petits vers présents dans l’intestin.
Plutôt fréquent chez les enfants, la contamination est alimentaire.
Tænias
Il existe 3 types de tænias observés selon les hôtes qui les hébergent : le tænia du
bœuf, le tænia du porc ; l’hôte intermédiaire est l’homme. La contamination humaine
se produit lorsque les conditions d’hygiène sont mauvaises.
Ce sont des vers qui peuvent être longs de plusieurs mètres.
Le signe pathognomonique du tænia est la présence d’anneaux dans les selles qui
contiennent des milliers d’œufs qui partent à l’extérieur.
Parfois, aucun signe ne permet de déceler le tænia ; d’autres fois, il provoque des
douleurs abdominales, des nausées, des troubles de l’appétit, un amaigrissement,
voire des manifestations allergiques
Ascaris
L’ascaridiose est relativement rare en France. La contamination peut intervenir par
l’ingestion de légumes qui contiennent des œufs de ces vers que l’on appelle
nématodes.
Les vers qui se développent dans le tube digestif migrent vers les poumons puis
remontent dans les bronches et repassent dans le tube digestif.
Les signes cliniques sont parfois pulmonaires, avec une toux et de la fièvre. Le plus
souvent, ce sont des troubles digestifs avec des douleurs abdominales, des nausées,
une perte de l’appétit.
Le traitement prescrit est un vermifuge.
Lambliase ou trichocéphalose sont dues à l’ingestion de kystes ou d’œufs de vers
qui sont présents dans l’eau souillée ou sur des crudités mal lavées, essentiellement
dans les pays en voie de développement.
Parfois il n’y a aucun symptôme ; parfois des troubles digestifs, troubles de l’appétit,
nausées, diarrhée chronique, douleurs abdominales, léger amaigrissement qui
persiste au retour d’un voyage dans un pays à risque.
Giardiase
Elle Mérite d’être nommée car elle particulièrement présente au Népal.
Elle se reconnaît aux troubles digestifs (douleurs abdominales, selles pâteuses ou
diarrhéiques, nausées) et à l’odeur de soufre émanant des selles.
Le parasite (appelé aussi lambliase) existe sous deux formes : végétative, dans le
duodénum, et kystique dans les selles. Il se transmet par voie oro-fécale.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
40
Beaucoup de ces diagnostics se feront une fois rentrer de voyage par examen parasitologie
des selles
C’est souvent au retour de voyage ou d’expédition qu’interviendra le diagnostic de ces
parasitoses.
Le traitement par vermifuge aura raison de ces maladies.
La prévention est essentielle et repose sur une hygiène corporelle et alimentaire stricte si
l’on se rend dans des pays à risque.
Prophylaxie
Si le voyageur est fragile : doxycycline (VIBRAMYCINE) ou norfloxacine
(NOROXINE) tous les jours.
Traitement
Réhydratation.
Ralentissement du transit : lopéramide (IMODIUM).
Antiseptique intestinal : nifuroxazide (ERCEFURYL).
Si forme sévère (fièvre, diarrhée mucosanglante) :
- Doxycycline (VIBRAMYCINE) pendant 3-4 jours.
- Norfloxacine (NOROXINE) pendant 3 jours.
Si forte présomption de :
Oxyure, ascaris, trichocéphale : flubendazole (FLUVERMAL), 1 cp en prise
unique à renouveler 15 jours plus tard.
Taenia : niclosamide (TREDEMINE), 2 comprimés matin à jeun et 2cp 2 heures
plus tard.
Giardiase : tinidazole (FASIGYN), 4 comprimés de 500 mg en une prise unique
(posologie spéciale).
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41
MAINS
Gonflement
Gelure
Gerçure
Paralysie
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42
onflement des mains
G
Les œdèmes des membres supérieurs observés en montagne sont surtout visibles au
niveau des poignets et des doigts. Ils sont mis en évidence par le signe du « bracelet de
montre » qui laisse une empreinte particulièrement profonde.
Trois causes sont à retenir :
-
-
Compression trop importante des bretelles du sac à dos. Il suffit de les régler
correctement et de penser à les déplacer latéralement de temps en temps sur les
épaules. Penser également à utiliser la sangle ventrale qui permet de mieux répartir
le poids du sac.
Œdèmes localisés de haute altitude (OLHA) (Voir Chapitre 2)
Allergie, pouvant être isolée, provoquée par le contact d’une substance allergène
(gant, pommade, etc.) ou par élément extérieur agressif (soleil, froid, etc.).
Des démangeaisons accompagnent généralement les œdèmes allergiques.
La suppression de l’élément allergène est la première chose à faire. On utilisera des
produits antiallergiques par voie locale ou générale comme le désonide (LOCAPRED
crème), ou dexchlorphéniramine (POLARAMINE) en comprimé.
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43
Elure des mains
G
(Voir Chapitre 2)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
44
erçure
G
Les gerçures sont souvent inévitables chez les alpinistes ou himalayistes qui séjournent en
haute altitude et utilisent leurs mains à des manipulations agressives en milieu froid et sec.
Il est important de prévenir ou de retarder au maximum la survenue de ces lésions en
assouplissant et en hydratant les mains, pour que la peau ne craque pas, en particulier sur la
pulpe des doigts.
Les gerçures sont particulièrement douloureuses, réveillent la nuit et mettent du temps à
cicatriser. Les crèmes hydratantes et assouplissantes, type HOMEOPLASMINE ou
SENOPHILE, permettent d’atténuer le phénomène à condition de les appliquer
quotidiennement.
En cas de crevasse profonde, la colle chirurgicale (DERMABOND) peut être utilisée comme
pour une plaie.
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45
P
aralysie du bras
En cas de dysfonctionnement moteur ou/et sensitif du bras survenant au réveil, il faut
d’abord vérifier si cette paralysie n’est pas due à une compression du plexus brachial
pendant le sommeil.
Ce syndrome survient volontiers en trekking ou en expédition du fait des conditions de
couchage précaires. Une position vicieuse, bras replié ou coincé sous le corps lors du
sommeil, peut en effet comprimer l’ensemble du plexus brachial qui chemine dans le creux
axillaire. Cette compression peut entraîner une pseudo-paralysie du bras et de la main.
Si la paralysie ne disparaît pas dans les 24 heures, c’est que les dégâts sont plus sérieux et
qu’une rééducation intensive est nécessaire.
L’évacuation ou le rapatriement du patient, le bras dans une écharpe, sera alors l’unique
alternative.
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46
PELVIS
Brûlures urinaires
Cystite
Prostatite
Pyélonéphrite
Sang dans les urines
Cystite
Colique néphrétique
Rétention d’urine
Cystite
Prostatite
Adénome de la prostate
Hémorroïdes
Constipation
Sang dans les selles
Hémorroïdes
Infection génitale
Mycose vaginale
Maux de testicules
Orchi-épididymite
Torsion de testicule
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47
B
rûlures urinaires
Brûlure urinaire + miction impérieuse + douleur dans le bas-ventre, +/- sang dans les
urines
Cystite
C’est une infection des urines qui irrite la vessie et les voies urinaires basses (urètre).
Elle peut être à l’origine de saignements associés donnant aux urines une coloration rose ou
rouge.
Très fréquente chez la femme, elle se traite facilement par une bonne hydratation et des
anti-infectieux urinaires.
-
Boissons abondantes.
Antibiotique : norfloxacine (NOROXINE), pendant 3 jours.
Brûlure urinaire, miction impérieuse, douleur dans le bas-ventre, +/-, fièvre et frisson
chez l’homme
Prostatite (infection de la prostate)
-
Boissons abondantes.
Antipyrétique : aspirine ou paracétamol.
Antibiotique : norfloxacine (NOROXINE), pendant 10 jours.
Brûlure urinaire, miction impérieuse, douleur dans le bas-ventre, sang dans les urines
+/-, fièvre et frisson avec douleur dans les reins
Pyélonéphrite
Cette infection urinaire remontant dans les reins est plus grave.
-
Boissons abondantes
Antipyrétique : aspirine ou paracétamol.
Antibiotique : norfloxacine (NOROXINE), pendant 10 jours.
Préférer un rapatriement. Une pyélonéphrite mal soignée peut entraîner la perte
d’un rein.
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48
S
ang dans les urines
Brûlure urinaire + miction impérieuse + douleur dans le bas-ventre, +/- sang dans les
urines
Cystite
(Voir ci-dessus).
Douleur en spasme qui va du rein aux organes génitaux, sans fièvre avec +/- sang
dans les urines
Colique Néphrétique
(Voir « lombalgie »)
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49
R
étention d’urine
C ‘est l’impossibilité d’évacuer les urines normalement malgré une envie impérieuse.
Trois possibilités :
Brûlure urinaire + miction impérieuse + douleur dans le bas-ventre, +/- sang dans les
urines
Infection urinaire
(Voir plus haut)
Brûlure urinaire, miction impérieuse, douleur dans le bas-ventre, +/- fièvre et frisson
chez l’homme
Prostatite
(Voir plus haut)
Rétention d’urine sans brûlures urinaires
Adénome de la prostate
Chez un homme d’un certain âge, il faut y penser. Cette compression de l’urètre par
l’hypertrophie de la prostate empêche la vessie de se vider. Celle-ci gonfle et forme ce que
l’on appelle un « globe vésical » très douloureux que l’on peut palper au niveau du basventre.
C’est un cas d’urgence, car si l’urine ne peut être évacuée par sondage ou en posant un
trocart transvésical (geste médical), la personne risque de décéder dans les 24 heures par
insuffisance rénale aiguë.
-
Sondage ou pose d’un trocart trans-vésical (Cystocath) par un médecin.
Evacuation en urgence.
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50
H
émorroïdes
Les veines hémorroïdaires bordent les parois internes de l’anus. Lorsqu’elles deviennent
inflammatoires, la douleur peut être insupportable, une sensation de verre pilé
accompagnant l’émission de selles.
Il n’est pas rare qu’il y ait également du sang dans les selles, ce qui inquiète d’autant plus.
À un degré plus sévère, on parle de thrombose hémorroïdaire. Seul un médecin peut alors
pratiquer un geste chirurgical simple mais loin d’être agréable.
Hydratation +++
Alimentation riche en fibres et en huile minérale. Le jus de pruneaux et les fibres
naturelles (supplément en psyllium) favorisent la régularité.
Laxatif : confiture de pruneaux, huile de paraffine ou évacuation digitale d'un
fécalome si nécessaire.
Éviter les aliments qui constipent (riz, banane, pomme, chocolat). Penser à bien
mastiquer les aliments et profiter des moments opportuns pour déféquer.
-
-
Antalgique.
Laxatif médical si association d’une constipation : macrogol (FORLAX).
Trimébutine (PROCTOLOG) en pommade annale.
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51
C
-
-
onstipation
La constipation est une évacuation anormalement rare des selles. Elle est
fréquente en expédition du fait de la déshydratation et du régime pauvre en
fibres alimentaires, surtout en haute altitude.
Elle est caractérisée par une douleur souvent chronique évoluant sur
plusieurs jours. Accompagnée de ballonnements et d’une sensation
d’inconfort, elle est généralement soulagée par le passage des selles.
Hydratation +++
Alimentation riche en fibres et en huile minérale. Le jus de pruneaux et les fibres
naturelles (supplément en psyllium) favorisent la régularité.
Laxatif : confiture de pruneaux, huile de paraffine ou évacuation digitale d'un
fécalome si nécessaire.
Éviter les aliments qui constipent (riz, banane, pomme, chocolat). Penser à bien
mastiquer les aliments et profiter des moments opportuns pour déféquer.
Antalgique
Laxatif médical : macrogol (FORLAX).
Citrate trisodique (MICROLAX).
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52
S
ang dans les selles
La présence de sang dans les selles est le plus souvent due à une poussée hémorroïdaire. Il
faut donc en priorité traiter les hémorroïdes par les moyens exposés précédemment
Elle est inquiétante si :
Absence d’hémorroïdes (ce qui n’est pas toujours évident à déterminer).
Émission de sang noir « digéré » qui vient de plus haut (ulcère, gastrite
hémorragique, etc.).
Dans ces deux cas, il faut entreprendre un rapatriement et interrompre les traitements
susceptibles d’accroître le saignement (aspirine).
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53
I
nfection génitale
Les infections génitales chez l’homme se caractérisent par l’association de brûlures, de
démangeaisons et un écoulement purulent nauséabond au niveau du méat urétral.
Chez la femme, ce sont des démangeaisons, des brûlures et des pertes vaginales
nauséabondes.
Les germes responsables sont bien souvent les mêmes.
À défaut de prélèvement pour analyse bactériologique, il est proposé un traitement à
l’aveugle qui est efficace dans la plus grande majorité des cas.
-
VIBRAMYCINE 250 mg, pendant 10 jours ou azithromycine (ZITHROMAX)
pendant 3 jours.
Pas de rapports sexuels pendant le traitement.
Traitement du partenaire également même en l’absence de signe.
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54
ycose vaginale
M
C’est une affection relativement fréquente chez la femme, surtout en voyage.
Elle occasionne démangeaisons et brûlures mais se différencie de l’infection par l’absence
de pertes anormales.
Elle est causée par des champignons (chlamydia ou mycoplasme) contre lesquels il existe
un traitement standard assez efficace.
Quand on ne peut pas déterminer à coup sûr une infection bactérienne qui relèverait
d’antibiotiques, il est judicieux d’essayer en premier lieu le traitement antifongique, plus
court. Sans résultat, on peut reconsidérer l’affection et la traiter comme telle.
-
GYNO PEVARYL: 1 ovule.
Pas de rapports sexuels pendant le traitement.
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55
aux de testicules
M
Deux causes principales sont à envisager :
L’orchi-épididymite.
La torsion de testicule.
Douleur progressive sous un testicule +/- fièvre
Orchi-épididymite
Cette infection est localisée au pôle inférieur du testicule. Il est possible que s’y ajoute de la
fièvre, la douleur concernant le plus souvent un seul testicule.
L’affection ne survient pas brutalement mais apparaît en moins de 24 heures. Le testicule
atteint est rouge, douloureux et chaud.
-
VIBRAMYCINE pendant 10 jours.
Antalgique.
Pas de rapports sexuels pendant le traitement.
Douleur brutale, couleur violacée du testicule
Torsion de testicule
Elle atteint essentiellement le sujet jeune. Contrairement à l’orchi-épididymite, la douleur est
brutale et peut faire suite à un traumatisme local (compression du baudrier ou masturbation
par exemple). Le testicule atteint est douloureux à la palpation et prend une teinte violacée.
Le risque de perdre la fonction d’un testicule est important.
L’opération en urgence est malheureusement le seul traitement possible, et cela dans un
délai court.
Le diagnostic étant parfois difficile à établir par rapport à l’orchite, le mieux est de le traiter
comme tel en attendant une évacuation sanitaire.
-
VIBRAMYCINE 10 jours en attendant évacuation.
Antalgique.
Pas de rapports sexuels pendant le traitement.
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56
JAMBES
Tendinites
Démangeaison des pieds
Maux de jambes
Crampes et courbatures
Sciatique
Phlébite
Gonflement des genoux
Gonflement des chevilles
Paralysie
Gelures
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
57
endinites
T
Les tendinites sont légions à l’occasion d’une longue randonnée, d’un trekking ou
d’une expédition, pour ceux qui se trouvent confrontés à une activité physique
qu’ils n’ont pas l’habitude de pratiquer aussi intensément.
Les tendinites sont essentiellement liées à la répétition inappropriée d’un mouvement
incorrect, associée parfois à une mauvaise hydratation, une préparation physique
insuffisante ou encore un équipement mal adapté.
Pour la marche, les tendinites au genou et à la cheville sont monnaie courante.
Les traitements proposés sont assez décevants, mais il est possible de modifier des
attitudes qui sont à l’origine du problème.
Les conseils du Docteur Vertical
-
-
-
-
S’entraîner à la randonnée avant de partir pour un long séjour.
Boire abondamment, si possible des boissons bien minéralisées (sachets de sels
minéraux en pharmacie sans ordonnance).
Ne pas acheter ses chaussures au dernier moment.
Tous les soirs, étirer muscles et articulations en douceur.
La tendinite latérale externe du genou ou « tendinite de l’essuie-glace » est due à
un frottement d’une languette fibreuse sur le condyle externe du genou. Elle est
typique des longues traversées en dévers sur un même versant. Il faut adapter
son itinéraire de façon à alterner l’orientation des versants.
La tendinite latérale interne du genou est appelée « tendinite de la patte d’oie », du
nom de l’insertion tendineuse qui est atteinte. Elle intervient quand le genou est
trop désaxé par rapport à la jambe (jambe en varus vers l’intérieur ou jambe en
valgus vers l’extérieur).
La tendinite du « jambier antérieur », au niveau de la cheville, est également
fréquente car elle concerne le muscle qui amortît la flexion de la cheville lors des
descentes.
La confection de semelles adaptées par un podologue peut se révéler fort utile si
le pied présente des anomalies anatomiques. Ces semelles apportent une
compensation intéressante pour les genoux en varus ou en valgus.
Les tendinites disparaissent généralement avec l’arrêt ou la correction du geste
inapproprié, mais certaines peuvent être tenaces et nécessiter le recours aux antiinflammatoires et/ou corticoïdes, et à l’immobilisation partielle comme la
syndactylie (Voir Chapitre 5)
Les massages transverses profonds (MTP) peuvent aider à traiter les tendinites.
On masse latéralement le tendon ou le faisceau fibreux avec un doigt,
généralement avec une pommade anti-inflammatoire.
La magnétothérapie (petits aimants qu’on peut commander en pharmacie) semble
parfois efficace. C’est une alternative à tester en cas de tendinite tenace.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
58
-
-
Pommade anti-inflammatoire : kétoprofène (PROFENID ) en massage transverse
profond répété.
Pommade aux corticoïdes (PERCUTALGINE) Ne pas masser mais faire simplement
pénétrer ou appliquer un pansement occlusif. Attention, cette pommade est
agressive pour les yeux et les muqueuses : bien penser à se laver les mains après
utilisation.
Pansement adhésif anti-inflammatoire (FLECTOR TISSUGEL) : couper et appliquer
la petite bande de tissu adhésif en regard de la douleur.
Kétoprofène (PROFENID) par voie générale.
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59
D
émangeaison des pieds
Chez les marcheurs et les alpinistes, la prolifération des mycoses interdigitales par la
macération est assez classique.
Les lésions se présentent sous la forme de papules rouges et prurigineuses qui grattent et
s’étendent en desquamant.
Des crevasses douloureuses peuvent se former dans un deuxième temps si les lésions sont
laissées sans soins.
Prévention
-
-
Eviter de garder des chaussettes humides.
Laisser respirer les orteils dès que possible (sandales)
Utiliser du talc ou du concentré de pépin de pamplemousse.
Masser avec des concentrés de vitamine E (SANYRENE)
Isoconazole (PEVARYL)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
60
aux de jambes
M
Crampes et courbatures
Ce sont les premières causes à évoquer.
Le traitement est plutôt préventif, à savoir, hydratation+++, sels minéraux, stretching et
massage quotidien.
Il faut également savoir respecter les périodes de récupération pour éviter que les muscles
ne se fragilisent par manque de souplesse.
L’aspirine peut être utilisée à titre antalgique.
Douleur irradiante prenant naissance dans la fesse
Sciatique
Douleur dans un des mollets avec sensation de chaleur +++ et perte du ballant
Phlébite
La phlébite est une inflammation du réseau veineux. Elle atteint classiquement le mollet chez
la femme peu active qui fume et qui prend la pilule. On la redoute également lors
d’immobilisation prolongée (immobilisation d’une jambe cassée)
En altitude, la survenue de la phlébite est possible car le risque est majoré par la
polyglobulie. Le mollet est alors douloureux, tendu et chaud. Si la suspicion est forte, il faut
instituer un traitement anticoagulant par héparine (HBPM) et organiser un rapatriement en lui
interdisant l’appui de son pied au risque de faire les frais d’une embolie pulmonaire ++ (des
caillots de sang peuvent migrer dans la circulation pulmonaire en appuyant sur la jambe)
Si signes évidents de phlébite :
Rapatriement sanitaire
Pas d’appui sur la jambe malade
Bande de contention autour du mollet
Traitement anti coagulant (Chapitre 4)
Enoxaparine (LOVENOX 0.4) 1 injection sous cutanée par jour
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61
G
onflement et douleur des genoux
Après traumatisme, le gonflement du genou est certainement le fait d’un
épanchement de sang dans l’articulation.
Les cas les plus fréquents se rencontrent dans l’entorse grave du genou (Chapitre 4)
Sans traumatisme, le gonflement est certainement le fait d’un épanchement
inflammatoire dans la capsule articulaire (épanchement de synovie).
Le surmenage fonctionnel sur une articulation déjà fatiguée (arthrose débutante ou
blessure ancienne) est souvent responsable.
Le traitement associe en repos, strapping (Chapitre 4), anti-inflammatoires et
antalgiques.
En cas de douleur à la pression de la rotule, c’est le très classique « syndrome
rotulien » ou tendinite du tendon rotulien.
Il touche les marcheurs peu entraînés qui se retrouvent brutalement confrontés à un
exercice intense et répété, en particulier la marche en descente.
Le traitement est identique au précédent. L’application d’un tissu anti-inflammatoire
type FLECTOR Tissugel peut se révéler efficace.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
62
G
onflement des chevilles
Les gonflements des chevilles bien visible par le « signe de la chaussette »
(emprunte marquée de la chaussette dans la peau) est le fait de deux syndromes :
Insuffisance veineuse (pas de traitement spécifique en dehors de celui de
l’insuffisance veineuse) ; traitement de fond à entretenir avec son médecin
généraliste (extraits de ginkgo Biloba).
Œdème localisé de haute altitude (OLHA) conséquent d’une difficulté à
l’acclimatation (Chapitre 2)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
63
aralysie
P
Une déficience motrice ou sensitive d’un membre doit faire suspecter :
soit la compression d’un nerf de façon mécanique (baudrier, chaussure),
soit une sciatique, surtout si une douleur irradiante l’accompagne.
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64
Elures des pieds
G
Voir chapitre 2
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
65
SIGNES GÉNÉRAUX
Fièvre
Malaise
Allergie, démangeaisons, œdème
généralisé
Convulsions
Crampes
Morsures, piqûres
Angoisse, dépression
Agitation, délire, hallucinations
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66
ièvre
F
De multiples pathologies peuvent provoquer de la fièvre.
Il n’est donc pas toujours facile d’en trouver l’origine.
Grippe ou état grippal
Sinusite
Infection de la sphère ORL (angine, laryngite, otite)
Pneumonie et autres infections respiratoires
Infection gastro-intestinale et toxi-infection alimentaire
Appendicite, péritonite
Pyélonéphrite
Prostatite
Infection d’une blessure ou plaie cutanée : nettoyage de la plaie, antiinflammatoire (PROFENID) et antibiotique (pristinamycine (PYOSTACINE))
Abcès : drainer l’abcès (acte médical) + anti-inflammatoire (PROFENID) et
antibiotique (pristinamycine (PYOSTACINE))
Paludisme
Fièvre + vomissements + mal de tête avec raideur de la nuque
Méningite
Cette raideur de la nuque doit être recherchée en allongeant le malade sur le dos et en lui
soulevant la tête comme si l’on voulait rapprocher le menton du sternum. Ce geste
déclenche une douleur aiguë qui empêche de l’achever. C’est un signe caractéristique de la
méningite, surtout quand le malade ne supporte plus la lumière (photophobie).
Toute suspicion de méningite doit motiver une évacuation en urgence +++ et des
précautions contre une éventuelle contagion.
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67
Fièvre inexpliquée après un passage dans une zone à risque
Maladies tropicales Ŕ Paludisme (voir chapitre 6)
Cette parasitose est peu fréquente chez les alpinistes et les trekkeurs tant qu’ils restent en
altitude, mais pour atteindre certaines montagnes, il est parfois nécessaire de traverser des
zones à risque.
Le paludisme est très répandu en Afrique et en Asie.
Toute fièvre inexpliquée après un passage dans une zone à risque doit le faire suspecter.
À défaut d’en avoir la confirmation, il est préférable de traiter la fièvre en conséquence si les
signes généraux sont inquiétants (hausse de température importante, frissons, troubles de
conscience).
La doxycycline (VIBRAMYCINE) a été choisie pour les trousses médicales d’urgence que
nous proposons car il agit même sur les paludismes sévères et il peut servir aussi pour
traiter d’autres infections (urétrite, par exemple).
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68
alaise
M
Hypoglycémie : donner du sucre avec de l’eau.
Malaise vagal, baisse transitoire de tension artérielle : allonger la
personne et lui mettre les jambes en l’air.
Coup de chaleur : refroidir (Chapitre 2)
Choc hémorragique : lever les jambes et traiter l’hémorragie ; points de
compression ou perfusions.
Choc allergique
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69
A
llergie, démangeaison, œdème généralisé
On peut différencier deux types de réactions allergiques généralisées :
Réaction épidermique avec manifestation superficielle (rash cutané,
démangeaison, boutons rouges, urticaire) pouvant aller de la simple plaque rouge
très localisée au rash généralisé.
Réaction hypodermique plus profonde avec œdème généralisé et signes généraux
(malaise, hypotension, trouble respiratoire et œdème de Quincke allant jusqu’à l’arrêt
cardiaque).
Ces réactions sont déclenchées par le contact avec un allergène (poussière, cacahuètes,
poisson, froid, soleil, latex, pénicilline, piqûre de guêpe, etc.).
Les réactions de type épidermique peuvent être très gênantes mais sans conséquence sur
les fonctions vitales contrairement aux réactions hypodermiques susceptibles d’être
mortelles.
L’affection doit être traitée en fonction de son degré de gravité, du simple antihistaminique
pour les rashs cutanés superficiels, jusqu’aux injections d’adrénaline, en passant par les
corticoïdes pour le choc allergique.
L’apparition de signes respiratoires doit faire envisager une décompensation rapide en
œdème de Quincke nécessitant une thérapie urgente.
-
-
Éviter l’allergène responsable.
Rash cutané, démangeaison : Dexchlorphéniramine (POLARAMINE), jusqu’à
disparition des signes.
Rash cutané important et œdème facial : Dexchlorphéniramine
(POLARAMINE) + prédnisolone (SOLUPRED 20 mg), 1 à 3 comprimés en une
prise si l’allergie est importante. Diminuer ensuite les doses pendant 3 jours.
Apparition de difficultés respiratoires : Ajouter adrénaline (Anahelp
0.25mg) ou injections progressives de bolus de 0.25 jusqu’à 1mg (sous cutané,
IM ou IVL).
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70
C
onvulsions
La convulsion est un mouvement incontrôlable des muscles qui se raccourcissent
et se contractent violemment et de façon plus ou moins durable.
Deux types de convulsions sont à distinguer :
Convulsion vraie, caractéristique de la crise d’épilepsie (ou crise comitiale).
La victime perd contact avec la réalité. Il y a chute et souvent perte d’urine. Les yeux sont
révulsés et de la mousse est expectorée.
La crise d’épilepsie est plus impressionnante que grave. Il s’agit le plus souvent d’un
épileptique dont le traitement est insuffisant ou particulièrement sensible à
l’environnement (manque de sommeil, altitude)
-
Ne pas vouloir insérer à tout prix un objet entre les dents de l’épileptique pour éviter
qu’il ne se morde la langue. Cette intervention est toujours trop tardive et on risque
de lui casser les dents.
Se contenter d’écarter tout objet contendant et d’éviter que l’épileptique ne tombe si
l’on est en montagne.
Contrôler la respiration et le pouls carotidien pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un
arrêt cardiaque +++
Une injection intramusculaire de sédatif comme le diazépam (VALIUM) est la seule
thérapeutique possible en attendant que la crise passe, mais celle-ci se résorbe quasiment
tout le temps sans aucune thérapeutique.
Le sédatif ne sera utile que pour une crise longue de plus d’une minute.
La phase de récupération calme (phase post-critique) est assez longue mais habituelle.
Il faut ensuite revoir le traitement de fond avec le malade.
Crise de tétanie ou spasmophilie.
Dans ce cas, la victime reste consciente et ne tombe pas. Les mains sont crispées et la
respiration est rapide et incontrôlable. La spasmophilie est très fréquente chez la femme,
sans conséquence sur les fonctions vitales.
Calmer la personne.
Faire respirer dans un sac en plastique pour équilibrer le taux de pression d’oxyde de
carbone dans le sang qui est insuffisant en cas d’hyperventilation.
Sédatif oral type alprazolam (XANAX).
Injection de diazépam si la crise ne passe pas (VALIUM).
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
71
C
rampes
Les crampes sont liées à plusieurs facteurs :
Exercice physique important (gérer l’effort et respecter les phases de récupération).
Manque d’entraînement (s’entraîner avant de partir : une à deux séances de fond par
semaine, minimum).
Mauvaise hydratation
Manque de sels minéraux
Manque d’hygiène musculaire : lors d’un séjour durant lequel l’activité physique est
intense, ne pas négliger les séances quotidiennes d’étirement et de massage).
Les personnes prenant de l’acétazolamide (DIAMOX) au cours de leur acclimatation, ne
doivent pas oublier d’y associer des cachets de sel (KALEORID).
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
72
P
iqûres/morsure
Toute morsure est susceptible de s’infecter !
Toute morsure d’animal sauvage est une menace de rage !
Les morsures ou piqûres peuvent entraîner :
Des blessures profondes difficiles à refermer.
Des blessures qui s’infectent facilement.
La libération de substances venimeuses.
-
Identifier l’animal ou l’insecte et l’écarter.
Rassurer la victime.
Pas de garrot, pas d’incision pas de succion.
Si réaction locale :
- Désinfection et lavage énergique.
- Vérification des vaccins.
Si réaction générale (malaise, urticaire, vomissement, douleur abdominale, diarrhée,
confusion) :
- Repos strict.
- Immobilisation du membre.
- Bandage serré non compressif.
- Oxygène.
Si détresse vitale (choc, baisse de pression artérielle, troubles respiratoires) :
- Position semi assise si trouble respiratoire (Voir Chapitre 5)
- Jambe surélevée si baisse de tension (Voir Chapitre 5)
- PLS si trouble de conscience (Voir Chapitre 5)
- Oxygène.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
73
-
Antalgiques : Paracétamol-dextropropoxyphène (DIALGIREX)
Antalgique majeur si nécessaire : tramadol (TOPALGIC) ou morphine orale
(ACTISKENAN).
Désinfection locale ++ ; suture cutanée avec points seulement si plaie importante.
Vomissement : métoclopramide (PRIMPERAN) suppositoire ou intra veineuse si diarrhée
associée.
Rash cutané, démangeaison : dexchlorphéniramine (POLARAMINE) jusqu’à disparition des
signes.
-
Rash cutané important et œdème facial : Dexchlorphéniramine (POLARAMINE) +
prédnisolone (SOLUPRED), 1 à 3 comprimés en une prise si l’allergie est importante.
Diminuer ensuite les doses pendant 3 jours.
-
Apparition de difficultés respiratoires : +++
o
o
-
Ajouter adrénaline (Anahelp 0.25mg) ou injections progressives de bolus de 0.25
jusqu’à 1mg (sous cutané, IM ou IVL). L’adrénaline peut également se donner
sous la langue (sublingual).
Salbutamol en aérosol (VENTOLINE).
Antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL) ou doxycycline (VIBRAMYCINE) ou azithromycine
(ZITHROMAX).
Rage
La rage est moins exceptionnelle dans certains pays en voie de développement que chez
nous. En trekking ou en expédition, lorsque ni traitement ni vaccin ne sont disponibles, et si
l’animal vraiment douteux, le rapatriement et une consultation spécialisée sont
recommandés. L’incubation de la rage est de 40 jours
Tique
Il peut provoquer la maladie de Lyme (borréliose) qui donne des complications cardiaques et
neurologiques
Si dans les trois semaines qui suivent, un érythème rouge de 20 à 30 cm apparaît autour de
la lésion initiale, il faut prendre un antibiotique : amoxicilline (CLAMOXYL), 3 g/jour ou
Doxycycline (VIBRAMYCINE), 200 mg/jour.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
74
A
ngoisse dépression
Ce type de problème peut survenir à tout moment quand le contexte associe
mauvaise préparation et fragilité mentale.
Bien que l’altitude, l’isolement, la peur et la tension soient propices à la
décompensation de névroses ou de psychoses à l’état de veille, il faut se méfier des
maladies organiques que cela peut cacher.
Les grands principes sont les suivants :
-
Calmer la crise en proposant éventuellement un anxiolytique : alprazolam (XANAX).
Traiter le problème de fond par une psychothérapie improvisée.
Crise de panique ou « panic attack »
C’est un état de stress incontrôlable, sans véritable facteur déclenchant.
Si la thérapie comportementale n’apporte pas de solution, essayer le sédatif : alprazolam
(XANAX), voire une injection de diazépam (VALIUM) si la crise est sévère.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
75
A
gitation Délire
Hallucinations
En cas de délire, somnolence anormale, agitation ou hallucinations, il faut savoir
rechercher :
Un œdème cérébral de haute altitude (Voir Chapitre 2)
Une hypothermie sévère (Voir Chapitre 2)
Une hyperthermie maligne (Voir Chapitre 2)
Une hypoglycémie (Voir Chapitre 2)
Une fièvre importante
Une déshydratation (Voir Chapitre 2)
Un accident vasculaire cérébral
Une intoxication
Les hallucinations
Des hallucinations sont décrites dans de nombreuses narrations d’aventure en montagne.
Avant de suspecter une cause psychiatrique ou l’absorption de drogue, il faut se rappeler
qu’en montagne, d’autres origines sont possibles.
Images et sensations déformées
Hypoxie, haute altitude
Le cerveau, insuffisamment nourri en oxygène, perd en premier ses capacités de jugement
et d’analyse. Les images et les sensations que l’alpiniste perçoit sont retranscrites sous des
formes plus ou moins réalistes.
Perception d’un personnage imaginaire
Hypothermie
Les hallucinations sont souvent décrites sous la forme d’un personnage imaginaire qui
accompagne l’alpiniste. Les hallucinations surviennent typiquement quand la température du
corps est descendue entre 34 °C et 30 °C.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
76
C
hapitre 4
TRAUMATOLOGIE
PANSEMENTS ET CONTENTIONS
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
1
Général
Brûlure
Plaie
Contusion
Hématome
Déchirure musculaire
Entorse
Fracture
Luxation
Gestes infirmiers
Traitement anticoagulant
Tronc
Traumatismes du dos
Fracture de côte
Tête et cou
Plaies et traumatismes crâniens
Plaies et traumatismes de l’œil
Saignements de nez
Traumatismes dentaires
Luxation de la mâchoire
Membre supérieur
Hématome sous l’ongle
Doigt en maillet
Entorse et fracture des doigts
Luxation de doigt
Disjonction de l’épaule
Fracture de la clavicule
Luxation de l’épaule
Membre inférieur
Traumatismes du pied
Traumatismes de la cheville
Traumatismes de la jambe
Traumatismes du genou
Traumatisme du bassin
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
2
GENERAL
Brûlure
Plaie
Contusion
Hématome
Déchirure musculaire
Entorse
Fracture
Luxation
Gestes infirmiers
Traitement anticoagulant
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
3
B
rûlure
Trois critères font la gravité d’une brûlure :
Le degré (profondeur) de brûlure
- 1er degré : rougeur et chaleur et douleur sans cloque.
- 2e degré : rougeur, chaleur, douleur et apparition de cloques (phlyctènes).
- 3e degré : aspect blanc insensible.

Le pourcentage de surface corporelle atteinte
- à 10 % avec atteinte d’une zone sensible (face, cou, main, organes génitaux
ou périnée).
- à 30 %, ce qui demande une évacuation en urgence.

L’atteinte d’une zone sensible
- Face, cou, main, organes génitaux ou périnée.
Règle des 9%: Pour calculer approximativement et rapidement la surface brûlée, on additionne le
pourcentage de zones brûlées avec cette table. Chaque jambe représente 9%, la tête 9% et chaque
bras 9% (il reste 1% pour les organes génitaux ce qui fait 100%)
Un brûlé grave se déshydrate et se refroidit très vite !
En cas d’isolement, le faire boire et le protéger du froid +++
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
P
laie
Les plaies nécessitant une intervention urgente sont les suivantes :
Plaie dont le saignement abondant et pulsatif laisse présumer de l’atteinte d’une
artériole ou d’une artère.
Plaie importante du scalp car elle saigne toujours beaucoup.
Plaie de l’œil
Les autres plaies peuvent attendre quelques heures avant d’être recousues, même si le plus
tôt sera le mieux.
Certaines plaies n’ont pas besoin d’être suturées (plaies peu profondes, longues de moins
d’1 cm, plaies ponctiformes, dermabrasions et plaies contuses).
Les plaies par morsure ou les plaies datant de plus de douze heures se surinfectent
systématiquement quand on les suture : la cicatrisation dirigée avec pansements hydrocolloïdiens donnera de bien meilleurs résultats. Tout au plus, peut-on faire quelques points
de rapprochement pour les plaies importantes et délabrantes.
Plusieurs méthodes permettent de traiter les plaies :

Pansement adhésif simple : sur une plaie peu importante, bien placé, il peut suffire
à condition d’être changé tous les 2 ou 3 jours.

Stéristrips : il s’agit de petites bandelettes adhésives autocollantes. Elles permettent
de rapprocher les berges de petites plaies bien nettes (couteau).
Sur le visage, ce type de pansement à tendance à se décoller et la plaie peut
macérer.
Pour que les Stéristrips tiennent de manière efficace, il faut que la peau soit bien
dégraissée et que les bandelettes soient longues afin d’adhérer à une surface
d’ancrage suffisamment importante.
Bien nettoyer la plaie et les berges de la plaie.
Placer des bandelettes longues pour augmenter la surface d’ancrage.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
5
Colle chirurgicale (DERMABOND) : elle ne peut être utilisée que sur des plaies bien
linéaires. Ne jamais mettre de colle dans la plaie +++
Il faut attendre quelques bonnes minutes que le saignement tarisse afin que la colle
ne forme pas un agglomérat inesthétique et inflammatoire.
L’application requiert deux personnes. Pendant que l’un étire la peau à chacune des
extrémités de la plaie, l’autre dépose un film de colle le plus large possible à l’aide de
l’applicateur. Renouveler l’application une minute plus tard de manière à superposer
deux films de colle. Laisser sécher 5 minutes. La colle s’éliminera seule à condition
de ne pas gratter. Cette colle est imperméable à l’eau, mais mieux vaut éviter de la
mouiller.
Règles d’utilisation de la colle chirurgicale
Petites plaies linéaires.
Écoulement sanguin stoppé (attendre que la plaie s’arrête de saigner).
Nettoyer la plaie avec un antiseptique.
Sécher les berges.
Protéger les points sensibles (l’œil, par exemple) avec une compresse.
Étirer les extrémités pour joindre les deux berges de la plaie (deux personnes sont
nécessaires).
Appliquer une première couche large avec le tampon applicateur.
Laisser sécher 60 secondes, appliquer une seconde couche, puis laisser sécher 5
minutes.
Ne pas mettre de pansement car la colle fait office de film protecteur imperméable.
Laisser la colle se désintégrer seule en quelques jours.
Si la colle lâche dans les 6 premières heures, une deuxième tentative est possible.
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6
Suture :
Expérience et matériel sont souhaitables pour réaliser cet acte.
La suture est très utile pour les larges plaies, sinon, elles risquent de s’infecter beaucoup
plus facilement et de cicatriser avec difficulté.
Matériel
Paire de gants stériles
Compresses stériles
Désinfectant liquide (solution iodée ou dakin)
Seringue de 10 ml et une aiguille sous-cutanée
Flacon de lidocaïne à 1%
Aiguille à suture courbe sertie d’un fil non résorbable diamètre 3/0
Porte-aiguille désinfecté
Pince à disséquer désinfectée
Paire de ciseaux désinfectés
Méthode
Mettre les gants stériles.
Nettoyer la plaie avec un antiseptique.
Anesthésier les berges de la plaie en injectant des petites doses de lidocaïne
(maximum 1 flacon de 20ml à 1% pour un adulte). On peut anesthésier les berges en
suivant les cibles vertes ou injecter directement dans les berges à l’intérieur de la plaie
(moins sensibles)
À l’aide du porte-aiguille, enfoncer l’aiguille courbe sertie de haut en bas pour ressortir
par l’autre berge de bas en haut.
Nouer les fils sans forcer le serrage par deux nœuds plats successifs.
Espacer les points d’1 cm pour refermer toute la plaie.
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7
Agrafeuse :
Elle s’achète en pharmacie et est facile d’emploi.
Elle convient particulièrement aux grosses plaies, surtout sur le cuir chevelu et peut être
utilisée par une personne peut expérimentée.
Methode :
-
Désinfecter correctement la plaie, y compris l’intérieur et en enlevant les corps
étrangers.
En rapprocher les berges, les maintenir bord à bord à l’aide d’une pince à disséquer
ou en exerçant une traction à l’extrémité de la plaie avec le pouce.
Agrafer tous les 5 mm.
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8
C
ontusion
La contusion musculaire ou osseuse est courante en alpinisme et ne présente aucun facteur
de gravité en soi.
-
-
-
Il faut savoir prendre patience et laisser la cicatrisation se faire par elle-même,
sachant que cela peut exiger plusieurs jours.
L’aspect pourpre puis violacé traduit la diffusion de sang dans les parties molles.
Malheureusement, parfois, quand la contusion est importante, l’hématome peut se
collecter en une poche qui peut être gênante.
Si l’utilisation d’antalgiques ou d’anti-inflammatoires peut améliorer sensiblement les
choses, les onguents ou pommades anti-œdémateux se révèlent le plus souvent
inutiles. L’application d’une poche de neige pendant quelques heures est tout aussi
efficace.
L’évolution brune puis jaune de la contusion est caractéristique de sa régression et
signe la guérison.
Le massage doux est bénéfique car il permet au sang de diffuser dans les tissus,
évitant ainsi la collection de sang en hématome, mais le massage énergique est
déconseillé car il accentue le saignement.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
9
H
ématome
L’hématome est une collection de sang qui n’a pu être réabsorbée par les tissus et qui
s’organise comme une poche dans les masses musculaires profondes.
Lorsqu’il est de faible abondance, il finit tôt ou tard par s’enkyster avec la fâcheuse tendance
à laisser une tuméfaction proéminente qui peut gêner, surtout lorsqu’elle est mal placée
(cuisse, fesse).
Quand la collection est importante, il est impératif d’agir pour éviter l’enkystement. Une
évaluation par échographie de sa taille et de sa position et la consultation d’un chirurgien
sont nécessaires, mais peuvent attendre quelques jours.
En expédition, en cas d’impotence majeure (boiterie, douleur), on pourra envisager un
rapatriement anticipé.
Le chirurgien proposera de drainer l’hématome pour limiter le volume cicatriciel de
l’enkystement, soit en réalisant une petite incision, soit par ponction-aspiration.
Cet acte peut attendre quelques jours.
Application d’une poche de neige ou de glace pendant plusieurs heures.
Massage doux pendant quelques jours.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Si la collection persiste en formant une masse volumineuse, consulter un médecin
ou chirurgien dans les 8 jours pour effectuer un drainage de l’hématome.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
10
D
échirure musculaire
La déchirure traduit la rupture d’un nombre plus ou moins important de fibres musculaires.
Elle survient à l’occasion d’un effort violent, le plus souvent effectué sans échauffement.
Différents degrés de gravité peuvent survenir :

Élongation : déchirure de quelques fibres musculaires sans rupture de continuité.
Elle peut gêner l’activité physique sans la compromettre totalement.
Ce type de lésion guérit en quelques jours en utilisant le froid au début, des antiinflammatoires et des massages appropriés.

Claquage : rupture d’une partie plus ou moins importante d’un groupe musculaire
avec discontinuité.
On peut sentir une tuméfaction plus ou moins importante en passant la main le long
du muscle atteint.
L’activité physique est alors compromise et le traitement sera long, reposant sur la
physiothérapie et parfois même la chirurgie.
En expédition, le rapatriement anticipé est conseillé.
Le mollet, la cuisse ou le biceps sont les lieux privilégiés de ce type de lésion.
Différents degrés de déchirure musculaire
Repos.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Pommade anti-inflammatoire.
Massage approprié.
Avis spécialisé dans les 8 jours si claquage important avec impotence et perte de
continuité perçue sur le trajet musculaire.
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11
E
ntorse
L’entorse est le résultat d’une sollicitation exagérée et forcée d’une articulation.
Elle touche les éléments clés de cette articulation, à savoir :
les ligaments, véritables tendeurs maintenant les extrémités des os solidaires ;
la capsule articulaire qui contient le liquide synovial ;
les surfaces cartilagineuses qui s’emboîtent ;
les ménisques pour certains types d’articulation (genou, hanche, épaule).
Les articulations le plus souvent touchées en montagne sont les chevilles, les genoux, le
cou,Quelque
les épaules,
coudes,
les poignets
et les doigts.
soit les
le stade
de gravité
de l’entorse,
cinq règles de prise en charge immédiate
doivent être respectées pour limiter l’œdème, l’aggravation, la douleur et accélérer la
reprise de l’activité :
- Compression, banage serré en évitant le garrot.
- Elévation du membre atteint
- Refroidissement par application d’une poche de neige ou de glace pillée.
- Repos en évitant de solliciter le membre atteint dans les premiers jours.
- Antalgiques pour calmer la douleur.
Le réchauffement et le massage à l’aide de pommade anti-inflammatoire n’intervient
qu’au bout de 48 heures

L’entorse bénigne n’est qu’une distension ligamentaire simple. Elle se traduit par
une impotence partielle n’empêchant pas l’articulation de fonctionner. Seule la
douleur, qui reste supportable, limite l’utilisation de l’articulation.
Elle guérit sans séquelles en quelques semaines.
Compression – Elévation – Repos – Refroidissement – Antalgiques.
Strapping ou attelle bivalvée.
Durée : 1 à 3 semaines.

L’entorse de gravité moyenne traduit la déchirure partielle de fibres des ligaments.
Elle est souvent plus douloureuse et interdit l’utilisation de l’articulation touchée.
L’œdème est généralement plus important. Il n’y a pas rupture totale du ligament et
même si la guérison peut être longue et incomplète, ce type d’entorse ne justifie, a
priori d’aucune intervention chirurgicale.
Elle se différencie de l’entorse grave par l’absence de « laxité » de l’articulation.
La guérison totale peut exiger plusieurs mois.
Compression – Elévation – Repos – Refroidissement – Antalgiques +/- Antiinflammatoires.
Immobilisation : attelle bivalvée ou plâtre/résine.
Durée : 45 jours à 3 mois.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
12

L’entorse grave est caractérisée par une rupture d’un ou plusieurs ligaments de
l’articulation, la rendant complètement instable et donc inutilisable.
Elle peut s’accompagner de lésions associées comme la rupture de la capsule
articulaire, de lésions des surfaces cartilagineuses articulaires ou des ménisques.
Le ligament, au lieu de se rompre, peut arracher le fragment d’os sur lequel il
s’insère. On retrouve bien souvent du sang dans l’articulation, c’est l’hémarthrose (et
non un épanchement de synovie !)
L’examen réalisé par un médecin détectera la présence d’une laxité et d’une
instabilité.
L’entorse grave nécessite l’avis d’un spécialiste dans un délai relativement bref car
elle requiert un suivi particulier et, plus tardivement, le recours éventuel à la chirurgie.
Compression – Elévation – Repos – Refroidissement – Antalgiques +/- Antiinflammatoires.
Immobilisation : attelle bivalvée ou plâtre/résine.
Durée : 3 à 12 mois +/- chirurgie.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
13
racture
F
Traumatisme fréquent, la fracture est très invalidante quand elle survient en montagne. Une
immobilisation de fortune est parfois nécessaire.

Les fractures non déplacées : les fragments de l’os sont contigus.
Immobilisation (avec les deux articulations sus et sous jacentes).
Élévation du membre concerné.
Anticoagulants (enoxaparine) s’il s’agit d’une fracture du membre inférieur
interdisant l’appui.
Antalgiques pour traiter la douleur (paracétamol, dextropropoxyphène,
morphiniques).

Les fractures ouvertes non déplacées : les fragments de l’os ont perforé la peau,
ouvrant ainsi une brèche aux microbes.
Immobilisation (avec les deux articulations sus et sous jacentes).
Élévation du membre concerné.
Anticoagulants (enoxaparine) s’il s’agit d’une fracture du membre inférieur
interdisant l’appui.
Antalgiques pour traiter la douleur (paracétamol, dextropropoxyphène,
morphiniques).
Lavage, désinfection à l’iode et bandage de la plaie.
Antibiotiques +++ (amoxicilline (CLAMOXYL) ou pristinamycine (PYOSTACINE)).

Les fractures déplacées : les fragments de l’os sont déplacés ; il y a une
déformation du membre avec sensation de mobilité et une anomalie dans l’axe.
Réalignement du mieux possible dans l’axe. Cet acte qui est douloureux et relève
d’une véritable compétence médicale doit être réalisé sur le terrain si la
médicalisation n’est pas possible dans les heures qui viennent. Il est préférable
d’administrer un antalgique puissant (morphinique) 15 minutes avant de le pratiquer.
Immobilisation (avec les articulations sus et sous jacentes)
Élévation du membre.
Anticoagulants (enoxaparine) s’il s’agit d’une fracture du membre inférieur
interdisant l’appui.
Antalgiques pour traiter la douleur par la suite.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
14
uxation
L
C’est la perte de congruence entre deux éléments osseux d’une même articulation.
Remettre les éléments en place – réduction – est la conduite à tenir appropriée.
Sur le plan légal, la réduction est du ressort d’un médecin, mais en milieu hostile, la nonintervention peut avoir de graves conséquences, tant au niveau de la viabilité du membre à
long terme que sur le plan logistique (autonomie).
Les experts considèrent donc que cet acte peut être accompli par un secouriste averti, à
condition qu’aucune structure médicale ne puisse être atteinte dans un délai raisonnable
(plusieurs heures) et en l’absence de vascularisation distale du membre luxé (vérification des
pouls distaux).
Le secouriste doit avoir l’accord de la victime. En cas d’insuccès, il ne doit pas insister.
La réduction consiste à tracter dans l’axe pour réaligner l’articulation.
Il est plus aisé de la pratiquer le geste à chaud, après une prémédication sédative et
antalgique.
Les articulations le plus souvent en cause sont l’épaule, le coude, la rotule et les doigts.
Voir fin du Chapitre
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
15
estes infirmiers
G
Injection sous-cutanée (SC)
Le geste est simple et peut-être réalisé sans aucun danger.
La voie sous-cutanée permet d’injecter un anticoagulant pour éviter la phlébite en cas de
fracture ou d’immobilisation des membres inférieurs.
Elle permet également d’injecter des antalgiques puissants ou des corticoïdes si aucune
autre voie n’est possible.
Les produits injectés par voie sous-cutanée mettent un peu plus de temps à agir que par
voie intramusculaire, mais leur injection est généralement moins douloureuse.
Injection sous cutanée
Utiliser une aiguille sous-cutanée fine de 3 à 4 centimètres et de diamètre 21 Gauje
(aiguille orange).
Désinfecter la peau à l'endroit où l’on compte enfoncer l’aiguille.
Vider l’air de la seringue en orientant l’aiguille vers le haut.
Pincer le gras de la peau entre le pouce et l'index (sur le gras du ventre, de la fesse
ou de la cuisse).
Planter tangentiellement l'aiguille sur 1 centimètre.
Injecter le produit doucement.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
16
Injection intramusculaire (IM)
La technique est moins facile, mais peut être acquise aisément.
Le produit est plus rapidement disséminé dans l’organisme et donc actif en 5 à 10 minutes.
En cas d’urgence, à moins d’être habilité à la technique de la voie intraveineuse, c’est la voie
d’injection à privilégier.
Elle permet d’administrer, par exemple, des corticoïdes en cas d’œdème cérébral d’altitude,
un anti-vomitif en cas de vomissements importants, un anti-inflammatoire en cas de coliques
néphrétiques, etc.
Remplir la seringue avec le produit à injecter.
Vider l'air excédentaire en mettant la tête de la seringue au zénith.
Choisir une aiguille intramusculaire de 5 à 7 centimètres de long et de diamètre 20
Gauge (aiguille verte).
Diviser en quatre quarts égaux, virtuellement (ou avec un feutre), la fesse droite ou
gauche du patient.
Désinfecter la peau à l'endroit où l’on compte planter l’aiguille.
L'aiguille doit être plantée verticalement, jusqu'à la garde, dans le quart supéroexterne de la fesse, afin d'être sûr de bien être dans le muscle (« étiquette du
Jean »).
Il est aussi possible de faire une intramusculaire dans la face externe de l'épaule ou
dans le bord latéral de la cuisse. Dans ces deux cas, il n'est pas nécessaire
d'enfoncer l'aiguille jusqu'à la garde, la moitié suffit.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
« étiquette du Jean »
17
Bandage en croix
C’est le seul moyen de faire tenir une bande, notamment au niveau d’une articulation.
L’autre solution est d’utiliser un filet (léger, pas cher et extensible).
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18
raitement anticoagulant
T
Anticoagulant (HBPM : Héparine de Bas Poids Moléculaire)
Quand l’appui sur une jambe est impossible, le risque de formation d’un caillot dans les
veines profondes de la jambe est important, surtout en altitude où le sang est plus
visqueux (déshydratation et polyglobulie).
L’anticoagulant est indiqué car il diminue fortement la survenue des phlébites et de
l’embolie pulmonaire (Voir Chapitre 3)
Il se présente sous forme de petites injections à administrer une fois par jour tant qu’on
ne peut appuyer sur la jambe.
Méthode
Désinfecter la peau, puis pincer le gras de la peau au niveau de la face antérieure de la
cuisse ou de la paroi abdominale. Piquer transversalement en sous-cutanée et injecter .
La dose indiquée dans le cas d’une immobilisation d’un membre inférieur est de 0.2 à
0.4 ml par jour suivant le poids de la victime.
Bien que la surveillance plaquettaire soit impossible en expédition, il est considéré que
le risque majoré par l’altitude de faire une phlébite dépasse largement celui, beaucoup
plus exceptionnel, de thrombopénie.
`
Pour l’injection de l’anticoagulant par
voie sous-cutanée, on choisit de
préférence les zones où le pédicule
adipeux est le plus riche !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
19
raitement de la douleur
T
Traiter la douleur en milieu inhospitalier relève de compétences particulières qu’un médecin
peut acquérir s’il s’en donne les moyens. Pour le non-médecin l’action du froid est la seule
alternative possible bouillotte de neige ou pochette de gel refroidit.
La baisse de pression en oxygène, l’isolement et le manque de sécurité interdisent tout
recours aux puissantes drogues anesthésiques couramment utilisées dans le cas
d’interventions sur des accidents de la route ou dans des configurations dites préhospitalières.
Anesthésie intra focale
La technique d’anesthésie intra focale est peu utilisée en chirurgie du fait des autres
techniques d’anesthésie disponibles à l’hôpital.
Elle retrouve sa place en milieu inhospitalier et en expédition pour réduire une fracture
déplacée.
Technique
Injecter stérilement lidocaïne à 1% (maximum 40 ml) directement au niveau du foyer de
fracture puis faire la réduction dans les minutes qui suivent. Cette injection doit être réalisée
avec la meilleure aseptie possible.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
20
Analgésie-sédation par voie générale
Cette technique est possible mais doit être réalisée avec la plus grande prudence
par un médecin urgentiste expérimenté ou un anesthésiste réanimateur.
Elle doit respecter les règles suivantes :
1° Disponibilité de l’oxygène, d’un ballon d’insufflation et d’un saturomètre.
2° Acclimatation de la victime à l’altitude (séjour de plus de 3 semaines à la même
altitude et jamais au-dessus de 5000 mètres).
3° Titration des drogues : l’utilisation des bolus est à proscrire.
4° Utilisation de drogues antagonisables : flumazenil / midazolam, naloxone /
nalbuphine ; la kétamine n’ayant pas d’antidote, on se dotera d’atropine pour palier
aux effets secondaires (hypersialorrhée).
Les seuls produits recommandés sont le midazolam, la nalbuphine et la kétamine.
L’analgésie loco-régionale par réalisation de blocs plexiques
Elle est réservée aux experts pratiquant l’anesthésie réanimation ou aux
urgentistes confirmés.
Les nombreuses techniques ne seront pas décrites dans cet ouvrage, mais il
convient de les recommander du fait de leur efficacité sur la sédation de la douleur
et dans la durée d’action qui permet d’améliorer de façon radicale le rapatriement
des victimes.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
21
TETE ET COU
Plaies et traumatismes crâniens
Conduite à tenir
Plaie du scalp
Traumatisme cervical
Plaies et traumatismes de l’œil
Œdème et plaie des paupières
Hémorragie sous conjonctivale
Signe de gravité
Saignements de nez
Epistaxis
Méchage
Traumatismes dentaires
Abcès dentaire
Perte ou luxation dentaire
Fracture
Anesthésie dentaire
Extraction dentaire
Luxation de la mâchoire
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
22
P
Laie et traumatisme crânien
Le traumatisme crânien est fréquent en montagne.
On ne dira jamais assez qu’il est évitable par le port du casque.
Il est difficile d’évaluer la gravité d’une telle blessure, mais différents éléments peuvent
toutefois aider à en juger :
les éléments évidents :
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Violence du choc (chute de plusieurs mètres, pierre importante, etc.).
Perte de connaissance immédiate.
Plaie importante et hémorragique.
Vomissement immédiat.
les éléments subjectifs, plus déterminants mais souvent plus tardifs :
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Ŕ
Perte de connaissance persistante.
Troubles du comportement ou troubles neurologiques (trouble de la vue,
dysfonctionnement d’un membre, etc.)
Saignement par les oreilles ou par le nez.
Vomissements plus tardifs après un intervalle sans vomissements.
Maux de tête importants.
Agitation incontrôlable ou somnolence anormale.
La position dans laquelle on peut allonger le blessé doit être choisie en fonction de son état
de conscience.
S’il est conscient, on privilégie la position semi-assise pour diminuer la pression dans
la boîte crânienne.
S’il est inconscient, on privilégie la position latérale de sécurité (PLS), car le risque
d’inhalation est important en cas de vomissement.
Blessé conscient
Blessé inconscient
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
23
ATTENTION !
Tout traumatisé du crâne est susceptible de présenter une fracture cervicale :
attention aux cervicales !
Tout traumatisé crânien banal est susceptible de décompenser dans les heures
qui suivent : il faut donc le surveiller !
Une plaie du crâne saigne beaucoup, donc penser à réaliser au plus vite un
pansement compressif de fortune !
Plaies du scalp
Une plaie à la tête saigne toujours beaucoup : ne pas s’affoler, et stopper l’hémorragie par
compression.
Une agrafeuse permet de refermer rapidement une plaie qui saigne beaucoup. Ne pas
hésiter à s’en servir.
Un bonnet bien serré est un excellent moyen de maintenir
un pansement compressif sur la tête
Un filet est aussi est un excellent moyen de maintenir
un pansement compressif sur la tête
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
24
On peut classer de façon simple les traumatisés crâniens en suivant ce tableau pour avoir
une idée de la conduite à tenir, urgence, surveillance, évacuation…
Traumatisme
Crânien
Conduite
A
Tenir
Blessé conscient
Respire
spontanément
Répond de façon
cohérente
Surveillance et
repos
Antalgiques
mineurs si
douleur à la tête
Blessé conscient
Blessé conscient
Respire
spontanément
Respire mais fait
des pauses
Tient des propos
incohérents
Râle mais réagit
quand on le pince
Blessé
inconscient
Respire
difficilement ou
ne respire plus
Ne réagit plus
quand on le pince
Surveillance
rapprochée
Surveillance très
rapprochée
Position
semi-assise
Évacuation
urgente.
Évacuation
urgente
Évacuation pour
surveillance en
milieu spécialisé
Position d’attente
en PLS
Ou
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
Réanimation.
25
Traumatisme cervical
Il faut toujours suspecter une fracture des vertèbres cervicales devant tout traumatisme du
cou ou du crâne.
Même si les signes classiques sont absents (paralysie, tétraplégie), la prudence est de
rigueur. Il est indispensable de savoir détecter des indicateurs plus discrets : fourmillements
dans les doigts ou douleurs irradiant dans les épaules.
Au moindre doute et, avant que les signes évidents n’apparaissent, mieux vaut se
débrouiller pour confectionner un collier cervical avec les moyens du bord.
Attention l’axe cou-tête doit être
respecté sans exercer de rotation, de
flexion ni d’extension.
Si l’on n’a pas de collier cervical, on
peut en confectionner un avec une
attelle Sam Split ou même un avec un
papier journal !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
26
P
laies et traumatismes de l’œil
Les traumatismes de l’œil peuvent entraîner des lésions graves.
Œdème ou plaie des paupières avec ecchymoses (œil au beurre noir)
Les plaies sont difficiles à suturer et doivent être prises en charge par un médecin
expérimenté avec du matériel adapté. Les ecchymoses régressent en une semaine avec
l’application de compresses humides et la prescription d’anti-inflammatoires.
Hémorragie sous conjonctivale
Elle est souvent associée à la plaie ou à l’œdème de paupière et se caractérise par une
tache rouge dans le blanc de l’œil. Ces lésions, parfois impressionnantes, guérissent
spontanément en une à deux semaines sans nécessiter de traitement particulier.
Lésions graves qu’il faut savoir diagnostiquer et savoir évacuer quand :




La pupille est dilatée et asymétrique par rapport à l’œil sain
L’œil est « mou »
Il existe des troubles de la vision importants (vision double, cécité)
La mobilité de l’œil dans l’espace est altérée ou impossible en comparant l’œil
malade avec l’œil sain
Antalgiques et anti-inflammatoires de type corticoïdes (SOLUPRED 20 mg).
Compresse humides ou sachets de thé.
Pansement oculaire.
Antibiotiques : amoxicilline (CLAMOXYL) ou pristinamycine (PYOSTACINE) si
lésion grave avec évacuation du blessé
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
27
raumatisme des dents
T
Peut-être avez-vous eu la prudence, avant de partir en trekking ou en expédition, de
consulter votre chirurgien-dentiste pour détecter les caries, les abcès potentiels ou une dent
à consolider. Dans ce cas, vous courez peu de risques de problèmes dentaires aigus en
dehors de lésions dues à des traumatismes.
Si vous n’avez pas consulté et souffrez des dents, c’est le plus souvent le fait d’un abcès en
formation.
Abcès dentaire
Il s’agit d’une inflammation en regard de la racine qui évolue en collection purulente.
Prendre des antalgiques et prier pour que l’abcès s’enkyste le plus rapidement possible.
Parfois, il se draine spontanément dans la bouche, ce qui soulage instantanément.
Le dentiste conseillera un antibiotique pour refroidir l’abcès. Y associer un anti-inflammatoire
pour dégonfler la joue.
Antalgique mineur ou majeur quand la douleur est rebelle.
Antibiotique en cas d’abcès (amoxicilline pendant 6 jours ou azithromycine
pendant 3 jours).
Anti-inflammatoire (kétoprofène) en association à l’antibiotique.
Luxation ou perte d’une dent
Dans le cas d’un traumatisme facial violent, il n’est pas rare de perdre une dent sans qu’elle
se casse.
Soit elle se met de travers dans son logement, soit elle vous reste entre les doigts.
La rincer à l’eau en douceur, sans la frotter afin de ne pas abîmer les fibres arrachées à sa
base.
Plus vite elle sera replacée, plus grandes seront les chances qu’elle se réinsère
spontanément.
Bien la repositionner dans le bon sens en exerçant une pression continuelle pendant un bon
quart heure.
Éviter de manger des aliments durs pendant 48 heures.
S’il n’est pas possible de la remettre en place
immédiatement,
la garder carrément dans la bouche (sans l’avaler !)
ou la conserver dans une compresse humide
pour la replacer dès que possible.
Une dent cassée à sa base ne
pourra pas être réinsérée.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
28
Fracture d’une dent
Seul un dentiste est en mesure d’intervenir.
Toutefois, un amalgame provisoire (Cavait) peut servir de pansement. Il s’agit d’une pâte
que l’on place sur la brèche de la dent cassée. Il est indispensable de consulter un dentiste
au retour d’expédition ou de trekking pour nettoyer la dent et refaire le travail correctement.
Extraction dentaire
En expédition ou en trekking, il arrive fréquemment de rencontrer des autochtones
suppliant qu’on leur arrache des dents en très mauvais état.
À chaque médecin de juger de la nécessité de soulager ces personnes. Il est toutefois
préférable de ne pas intervenir si l’on n’est pas entraîné et si l’on ne dispose pas d’un
minimum d’outillage.
En cas d’intervention, il faut savoir que les dents cariées se cassent facilement, et si la
dent s’arrache facilement, ne pas oublier d’assurer une compression pendant une
bonne heure pour limiter le saignement (faites mordre dans une compresse !).
Anesthésie dentaire
L’anesthésie d’une partie de la gencive est possible en utilisant une aiguille très fine
(aiguille d’anesthésie dentaire ou aiguille à intradermo-réaction).
On peut utiliser le même produit anesthésique que pour les plaies cutanées : lidocaïne à
1 % (adrénalinée c’est mieux !).
L’anesthésie du nerf mandibulaire antérieur est un geste facilement réalisable par un
médecin sans formation particulière.
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29
S
aignement de nez ou épistaxis
Traumatismes et altitude peuvent être causes de saignements de nez.
Méchage avec un tampon
Introduire profondément la mèche au fond de la narine qui saigne.
Un coton, un bout de mouchoir ou encore une compresse peuvent faire l’affaire, mais il
existe des mèches grasses expansives spécialement conçues à cet usage (type Merocel)
qui gonflent au contact du sang.
Ne pas incliner la tête en arrière !
NON
Lorsque l’on a la tête en arrière, le sang s’écoule dans l’arrièregorge, ce qui donne une fausse impression de guérison.
OUI
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
30
uxation de la mâchoire
L
C’est heureusement une affection rare, mais particulièrement handicapante, qui survient
généralement lors d’un bâillement trop prononcé ou d’un éclat de rire un peu forcé.
Pour avoir une chance de la réduire (la remettre en place), il faut essayer de faire avaler un
antalgique puissant (tramadol) et un myorelaxant (tétrazépam) à la personne atteinte au
moins 15 minutes avant la séance (ce qui n’est pas facile car la luxation gêne la déglutition).
Puis on assied le patient en dessous de l’opérateur en veillant à ce que sa tête soit calée
pour qu’il ne puisse pas la reculer ou l’abaisser lors de la réduction.
Une fois avoir placé ses deux pouces au fond de la bouche du patient, sur les dernières
molaires de chaque côté, l’opérateur doit d’abord appuyer énergiquement vers le bas, puis
vers l’arrière dans un deuxième temps.
Mettre des gants pour éviter de se faire mordre !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
31
MEMBRE SUPERIEUR
Hématome sous l’ongle
Doigt en maillet
Entorse et fracture des doigts
Luxation de doigt
Disjonction de l’épaule
Fracture de la clavicule
Luxation de l’épaule
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
32
H
ématome sous l’ongle
Une poche de sang se forme sous l’ongle sous l’effet d’un choc répété (chaussure trop
courte comprimant le gros orteil) ou à la suite d’un traumatisme brutal (écrasement d’un doigt
par une pierre ou un marteau, par exemple).
Ce traumatisme le plus souvent sans gravité guérit spontanément, mais la douleur peut être
insupportable, pulsative et particulièrement pénible la nuit pendant 48 heures.
-
Soit prendre des antalgiques et attendre stoïquement que la douleur s’atténue.
Soit recourir au drainage à l’aide d’un trombone chauffé au rouge.
Quasiment indolore si la poche de sang est suffisamment importante, cette méthode
soulage instantanément.
Chauffer au rouge la pointe d’un trombone en le tenant avec un isolant (gant ou
compresse), puis percer l’ongle bien au centre de la collection de sang que l’on devine en
dessous. Le trombone brûlant traverse la surface de l’ongle en une fraction de seconde et
refroidit instantanément au contact de la petite poche de sang qui, sous pression, peut
s’échapper en soulageant rapidement la douleur.
Placer ensuite le doigt dans une compresse humide pour bien vider la poche de sang.
L’ongle finira par noircir et se décollera quelques semaines plus tard sous la poussée de
l’ongle neuf.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
33
allet Finger ou « doigt en maillet »
M
Un traumatisme léger suffit parfois à provoquer la rupture du tendon extenseur. Celle-ci
donne au doigt un aspect crochu avec un affaissement de la dernière phalange. Il est alors
impossible d’étendre la dernière phalange.
Il est impératif de maintenir le doigt en extension forcée grâce à une attelle si l’on veut
donner au tendon toutes les chances de se réinsérer spontanément.
Cette attelle ne devra jamais être ôtée pendant 6 semaines, même pour quelques minutes.
À l’issue de cette immobilisation, un orthopédiste devra être consulté pour contrôler la
cicatrisation. Une fois sur deux, la guérison sera effective.
On peut confectionner une attelle parfaite avec une petite cuillère. La dernière phalange doit
être bien redressée pour que l’attelle soit efficace.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
34
E
ntorse ou fracture des doigts
En cas d’entorse, la meilleure façon d’immobiliser un doigt est d’utiliser le doigt voisin
comme attelle naturelle. C’est ce qu’on appelle une syndactylie. Elle est également indiquée
pour les petits arrachements osseux.
On peut se servir d’une petite bande de contention élastique, mais le mieux est d’utiliser une
bande de contention adhésive (ELASTOPLAST) en recouvrant complètement les doigts pour
éviter les zones de garrottage.
Placer une compresse entre les deux doigts pour améliorer le confort et limiter la macération.
N’hésitez pas à entourer les doigts de deux épaisseurs pour limiter la souplesse de la
contention. Surtout ne pas serrer !
Sans radiographie, le diagnostic de fracture n’est pas toujours possible, mais fixer un doigt
sur une attelle rigide trop longtemps entraîne des raideurs articulaires.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
35
E
ntorse du pouce
Cette lésion atteint fréquemment les skieurs ; on accuse alors la dragonne du bâton.
La rupture partielle ou complète du ligament latéral interne de l’articulation métacarpophalangienne (base du pouce) entraîne une douleur, un œdème et une impotence du pouce.
Le mouvement de pince avec les autres doigts s’en retrouve contrarié.
Si le ligament est partiellement déchiré sans être rompu, l’entorse peut se soigner soit grâce
à un strapping que l’on conservera 3 à 6 semaines selon la gravité, soit avec une attelle à
velcro (vendue dans le commerce).
S’il existe une laxité importante, c’est que ce ligament est rompu. Dans ce cas, une
intervention pour le suturer est à envisager dans les jours qui suivent. En attendant, refroidir
la lésion pour diminuer l’œdème et ne pas laisser la main pendre pour éviter qu’elle ne
gonfle.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
36
uxation d’un doigt
L
Toute luxation d’une phalange doit être remise en place à chaud sur le terrain en respectant
la méthode « traction et réduction ».
Des séquelles sont à craindre si l’on laisse en l’état pendant plusieurs jours une articulation
phalangienne luxée.
Pour éviter que le doigt ne glisse dans les mains de l’opérateur, enrouler un morceau de
tissu autour de la phalange qu’il faut tracter.
Une fois la luxation réduite, l’articulation doit être immobilisée pendant 4 semaines au moyen
d’une syndactylie.
Traction puis réalignement.
Application d’une poche de neige ou de glace pendant quelques heures.
Antalgiques éventuels.
Immobilisation durant 8 à 10 jours puis syndactylie pendant 4 semaines.
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37
racture ou contusion de la main
F
Quand la main est sérieusement abîmée, qu’il s’agisse de contusions ou d’une fracture, la
« technique de la boule » est la méthode d’immobilisation la moins délétère.
Elle permet de soulager la victime tout en respectant la position la plus neutre de l’ensemble
des os.
La boule peut être réalisée avec une bande, une boule de papier ou une chaussette repliée
sur elle-même.
Une fois bandée la main devra être mise dans une écharpe pour ne pas pendre et ansi
limiter l’œdème. La main pourra être libérée de ses bandages au moins deux fois par jour
afin de mobiliser en douceur les articulations et éviter la raideur articulaire.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
38
L
raumatismes du poignet
T
Qu’elle se produise en snowboard ou simplement en glissant sur du verglas,
la chute sur le côté ou en arrière entraîne le réflexe d’amortir avec la main et provoque de
fréquents traumatismes du poignet.
Le degré de douleur et de tuméfaction n’indique pas s’il s’agit ou non d’une fracture ou d’une
fracture-luxation. La déformation importante porte à le croire, mais c’est la radio qui signera,
quoi que qu’il advienne, le verdict.
En attendant, la conduite à tenir consiste à refroidir l’inflammation et à immobiliser le poignet
au moyen d’une attelle Sam Splite ou d’une gouttière résinée si l’on a le matériel. Il faudra
ensuite orienter la victime vers un centre médical.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
39
D
échirure du biceps
La déchirure musculaire est exceptionnelle au niveau du membre supérieur, exceptée celle
du biceps. Une sensation de déchirure, parfois même de claquement, peut survenir lors d’un
effort de flexion violent.
Cliniquement, on observe une grosse boule sensible dans la partie haute du biceps et la
flexion est difficile, voire impossible.
La déchirure du biceps ne s’opère pas systématiquement, mais il est difficile de continuer les
activités physiques.
La rupture totale ou
partielle du biceps entraîne
une tuméfaction avec
impotence musculaire.
Mettre le muscle au repos
dans une écharpe
Antalgiques et antiinflammatoires
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
40
E
ntorse et fracture du coude
En trekking ou en expédition, un coude très douloureux et enflé doit être immobilisé avec
une attelle plâtrée ou résinée postérieure en prenant bien soin de laisser la face antérieure
bien libre.
À défaut d’attelle plâtrée, en attendant l’évacuation de la victime, confectionner une écharpe
transitoire.
Ne pas hésiter à tester de nouveau le bras quelques jours plus tard afin de vérifier que la
lésion n’est pas une simple contusion, car l’immobilisation doit durer le moins longtemps
possible.
Si la déformation est importante et si tout mouvement est impossible, il se peut que le coude
soit luxé (luxation postérieure ou luxation de la tête radiale). L’indication d’une réduction doit
être posée en fonction de l’éloignement d’un centre médical.
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41
uxation du coude
L
Elle n’est pas rare et se définit par une perte de congruence de l’articulation.
Généralement douloureuse, elle interdit tout mouvement et rend problématique la poursuite
de la course.
Certaines luxations peuvent se réduire à chaud.
Bien que dans nos massifs il soit recommandé de ne pas intervenir sur place mais de faire
évacuer les victimes le plus rapidement possible vers un centre médical, dans le cadre
particulier de la haute montagne, on considère que la réduction doit être tentée si les
secours médicalisés ne peuvent être là dans la journée. La réduction à chaud est surtout
préconisée s’il existe des troubles sensitifs en aval de la luxation, avec une disparition du
pouls radial.
Les manœuvres de réduction doivent respecter une première phase de traction, suivie d’un
réalignement secondaire.
Si trois tentatives n’ont pas permis de réduire le coude luxé, il est conseillé de ne pas insister
au risque d’être plus nocif que salvateur.
Deux manœuvres de réduction sont proposées.
Technique de réduction
pour une luxation
postérieure du coude.
Technique la plus classique :
une main doit crocheter
fermement la tête de l’olécrane
pendant que l’autre main
repousse le bras vers arrière.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
42
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
43
D
isjonction épaule
Une chute sur l’épaule aboutit très souvent à une lésion appelée « disjonction acromioclaviculaire ».
C’est l’articulation entre la clavicule et l’omoplate qui est déchirée.
La disjonction est manifeste s’il suffit d’appuyer sur l’articulation pour déclencher une violente
douleur.
Le traitement en milieu hostile repose sur le strapping et les antalgiques.
Il existe 3 stades de disjonction
stade 3 « touche de piano »
Stade 1 : simple douleur sans déplacement : strapping 3 semaines.
Stade 2 : douleur avec ascension légère de la clavicule (déchirure partielle du ligament acromiocoracoïdien) : strapping 45 jours. Opération à discuter.
Stade 3 : douleur avec ascension et désolidarisation totale de la clavicule donnant un aspect en
« touche de piano ». Intervention chirurgicale à prévoir.
Strapping simple utilisant peu de matériel (à privilégier en expédition).
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44
Strapping de l’épaule pour disjonction importante de stade 3
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45
racture de la clavicule
F
La fracture de la clavicule est chose fréquente. Si la pression des doigts sur l’axe de la
clavicule déclenche une douleur aiguë, elle est manifeste.
La majorité des fractures de clavicule ne s’opère pas.
Sur le terrain, il faut prendre des antalgiques et immobiliser à l’aide d’« anneaux
claviculaires » que l’on peut réaliser avec une simple écharpe (on trouve en pharmacie des
anneaux claviculaires plus confortable).
Cette immobilisation doit être conservée jour et nuit pendant un mois.
Même s’il n’y a pas d’urgence, il est conseillé de rentrer de voyage pour effectuer une radio
de contrôle et prendre l’avis d’un spécialiste.
Le plus souvent, la clavicule se brise dans sa partie
moyenne.
Réalisation d’ « anneaux claviculaires » avec une bande de tissu ou une écharpe.
Ils peuvent aussi se mettre sur un tee-shirt pour éviter les échauffements du bandage
sur la peau.
La victime penser à bomber le torse et étirer ses épaules vers l’arrière afin de mieux que
les deux morceaux de l’os se réalignent.
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46
uxation de l’épaule
L
La luxation d’épaule est fréquente et douloureuse.
Dans ce cas, le blessé ne peut ramener son bras le long du corps.
Si la réduction est impossible, on peut le soulager à l’aide d’un sac à dos bien rempli que l’on
place sous l’aisselle.
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47
Techniques de réduction
Première technique proposée pour tenter de réduire une luxation d’épaule sur le terrain sans
forcer :
Toujours vérifier la présence d’un pouls radial au niveau du poignet et l’existence de déficit
neurologique (fourmillements, anesthésie dans le bras ou sur l’épaule).
Si c’est le cas, la réduction de la luxation est urgente.
Demander au blessé de se relâcher et tracter progressivement le bras au zénith. Cette
technique peut s’effectuer sans aide.
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48
Une autre technique, plus classique, consiste à tracter progressivement le bras dans l’axe
décrit sur ce schéma. Il peut être utile de se faire aider par une tierce personne qui enroule un
drap autour du tronc et tracte ce dernier dans l’autre sens.
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49
Fracture de la clavicule, du bras ou de l’avant-bras, luxation du coude ou de l’épaule : voilà
un moyen bien pratique d’immobiliser l’épaule avec son anorak.
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50
Strapping
TRONC
Traumatisme du dos
Fracture de cote
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51
raumatismes du dos
T
Les traumatismes du dos aboutissent le plus souvent à des contusions musculaires
douloureuses mais sans gravité à long terme.
Il faut toujours suspecter la fracture de côte ou de vertèbre qui peut s’y associer, étant donné
les conséquences dramatiques que cette dernière menace d’entraîner.
Bouger une vertèbre brisée peut endommager la moelle épinière et provoquer des déficits
neurologiques irréversibles.
Pour simplifier, on peut classer les traumatismes dorsaux en trois catégories :



Les contusions musculaires.
Les contusions musculaires avec fractures du rachis.
Les contusions musculaires avec fractures du rachis et troubles neurologiques.
En expédition, en l’absence de radiographie, savoir si la vertèbre est cassée n’est pas aisé
car l’accès à la radiographie est impossible.
Tout le monde doit donc apprendre à reconnaître les indices de présomption.
PRESOMPTION DE FRACTURE DE RACHIS




Douleur aiguë à la pression (que l’on recherche en appuyant avec ses doigts sur
chacune des apophyses épineuses qui pointent le long de la colonne vertébrale).
Constatation d'une paralysie complète ou incomplète des membres inférieurs.
Constatation de troubles de sensibilité dans les jambes.
Douleur intense dans le dos quand le blessé se tient debout.
Il ne faut jamais déplacer le blessé sans respecter les règles de mobilisation d’un
traumatisme du rachis.




Être suffisamment nombreux pour déplacer ou conditionner la victime.
Effectuer les manœuvres de traction.
Ne jamais mobiliser en rotation (maintenir le patient toujours dans le même plan).
Transporter la victime sur un plan dur rigide (matelas rigide, matelas coquille, KED*,
échelle…).
Antalgiques : paracétamol, dextropropoxyfène +/- morphiniques.
Anti-inflammatoire : kétoprofène.
Myorelaxant : tétrazepam.
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52
OUI
NON
OUI
À trois pour un adolescent
À quatre pour un adulte
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53
Le Kendrix Engine Device (KED) est un système
rigide de contention qui permet de maintenir le
rachis cervical, dorsal et lombaire dans le
même axe.
Une fois le KED fixé, la victime peut être déplacée
et même treuillée sans risque.
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54
racture de côte
F
La fracture de côte est très handicapante. La douleur qui s’y associe est exacerbée par le
mouvement, ce qui contrarie fortement l’exercice physique.
Parfois, la confection d’un strapping peut soulager. D’autres fois, c’est mieux sans…
Les antalgiques et la patience sont les seules armes contre l’impotence.
Quand une gêne respiratoire nette, avec augmentation de la fréquence respiratoire,
survient, c’est que le fragment osseux vient blesser le poumon. Il est urgent de trouver de
l’oxygène et d’évacuer la victime.
En expédition, le caisson hyperbare peut améliorer les symptômes en limitant la détresse
respiratoire de façon temporaire.
Strapping de cotes
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
55
MEMBRE INFERIEUR
Traumatismes du pied
Traumatismes de la cheville
Traumatismes de la jambe
Traumatismes du genou
Traumatismes du bassin
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
56
raumatismes du pied
T
Contusion et fracture du pied
Le diagnostic de fracture des os du pied, suite à un mouvement forcé ou sous le poids d’un
projectile, est difficile à apprécier.
La conduite à tenir en premier lieu est la suivante :
Si la douleur reste localisée à un orteil, confectionnez une syndactylie.
Si l’avant-pied ou le talon est touché, mettre le pied en élévation pendant 24 à
48 heures.
Refroidir avec une poche de glace ou de neige.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Ensuite, tenter l’appui progressif.
Si la douleur est importante, mieux vaut considérer la fracture et immobiliser
l’ensemble de la cheville par une attelle de fortune ou une gouttière résinée.
La victime doit être évacuée et éviter d’appuyer sur le pied tant que les radiographies
ne sont pas réalisées. Dans ce cas, un traitement anticoagulant s’impose.
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57
raumatismes de la cheville
T
Entorse
Lésion très fréquente en randonnée, elle peut revêtir plusieurs stades de gravité.
La plupart du temps, c’est le ligament latéral interne qui est lésé.





Compression : bandage serré (en évitant le garrot) pour réduire œdème.
Élévation du membre pour limiter l’œdème.
Refroidissement à l’aide d’une poche de neige ou de glace pillée sur l’œdème.
Repos : éviter de solliciter l’articulation atteinte.
Traitement la douleur : prendre des antalgiques ou/et des anti-inflammatoires.
Quand l’œdème est modéré et que la marche est encore possible, c’est que le ligament
est simplement distendu. Ce n’est qu’une entorse bénigne : strapping pour 1 à 3
semaines.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
58
Quand l’œdème forme un œuf de pigeon et que l’appui du pied est impossible, c’est que
le ligament est partiellement déchiré. C’est une entorse grave (stade 2) : attelle
bivalvée avec velcro et marche avec béquilles (ou bâtons) sont inévitables (l’évacuation
est recommandée).
L’immobilisation est souvent incontournable pour fixer une entorse grave ou une
fracture.
On peut réaliser une attelle de fortune ou une gouttière selon les moyens disponibles.
Antalgiques et anti-inflammatoires sont fortement conseillés.
La résine a remplacé le plâtre, moins solide, et qui supporte mal l’humidité.
Le principe est de ne jamais confectionner d’attelle circulaire fermée car en cas
d’œdème compressif l’ouverture de la résine ou du plâtre nécessite une scie électrique.
Une immobilisation de la jambe doit toujours être accompagnée par d’un traitement
anticoagulant
ATTELLE POSTERIEURE
Mettre des gants non stériles pour se protéger les mains.
Enfiler un morceau de jersey sur membre atteint (à défaut, on peut utiliser une
chaussette).
Ajouter une couche circulaire de coton.
Superposer 4 épaisseurs de bande résinée ou plâtrée que l’on replie sur elle-même.
L’alternative possible est d’utiliser une attelle E-Bone ou Sam-Split
Attelle postérieure plâtrée réalisée avec une
bande de plâtre ou de résine pour une fracture
ou une entorse grave du pied ou de la cheville.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
59
raumatismes de la jambe
T
Fracture
La fracture de jambe doit être bougée délicatement car elle est très sensible.
Elle se reconnaît facilement car l’appui sur la jambe blessée est impossible.
Immobilisation avec attelle de fortune (Sam Split) ou gouttière postérieure (plâtre
ou résine).
Élévation du membre le plus souvent possible.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Anticoagulant .





Immobilisation : avec attelle de fortune (Sam Split) ou gouttière postérieure (plâtre
ou résine).
Élévation du membre le plus souvent possible pour limiter l’œdème.
Refroidissement à l’aide d’une poche de neige ou de glace pillée sur l’œdème.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Anticoagulants.
Mobilisation et immobilisation de fortune.
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60
Fracture de jambe déplacée
Réduction
La réduction répond toujours à la même procédure, quel que soit le membre atteint :
« Traction – Rotation – Réalignement ».
Elle est beaucoup moins douloureuse lorsqu’une anesthésie intra focale, une analgésie locorégionale ou une analgésie sédation par voie générale a pu être réalisée par un médecin
expérimenté.
Sur le terrain, s’il n’y a pas de médecin et si les premiers secours sont inaccessibles, il
faudra bien remettre dans l’axe le membre brisé avant de rapatrier la victime.
Déchirure du mollet
Elle touche le muscle trijumeau de la loge postérieure du mollet qui a un rôle important pour
l’extension de la cheville et donc la marche.
La déchirure ou claquage, qui survient à l’occasion d’une sollicitation physique importante,
provoque une douleur violente décrite comme un coup de couteau au niveau du mollet.
Une tuméfaction sensible peut se retrouver facilement à la palpation.
La conduite à tenir est la suivante :
Refroidir avec une poche de neige ou de glace.
Repos ou marche avec un bâton.
Confection d’une talonnette dans la chaussure pour limiter la sollicitation du
muscle.
Antalgiques et anti-inflammatoires.
Massages doux.
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61
raumatismes du genou
T
Entorse du genou
L’entorse du genou est fréquente en montagne et souvent incompatible avec
l’activité physique. Elle se définit par une rupture partielle ou totale d’un ou
plusieurs des ligaments qui forment l’articulation du genou.
Elle peut s’associer à une lésion des autres éléments constituant cette articulation
(ménisque, cartilage, capsule articulaire, rotule).
On définit 3 stades de gravité :



Stade 1 : distension et douleur modérées sans épanchement intra-articulaire (le
genou n’est pas gonflé). La marche est encore possible sur de courtes distances.
Stade 2 : déchirure et douleur importantes sans épanchement intra-articulaire. La
marche est difficile, même sur une courte distance.
Stade 3 : déchire totale d’un ou plusieurs ligaments avec épanchement intraarticulaire, instabilité et laxité du genou. La marche est impossible.
Stade 1
Antalgique – Anti-inflammatoire – Froid – Strapping pendant 3 semaines.
Stade 2
Antalgique – Anti-inflammatoire – Froid – Strapping durant 6 semaines ou attelle semi-rigide.
Stade 3
Antalgique – Anti-inflammatoire – Froid – Attelle semi-rigide – Avis spécialisé sous 15 jours.
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62
Les bandes circulaires d’ancrage (en bleu marine) ne doivent pas être trop serrées
pour ne pas garrotter le membre.
Les bandes de contention latérales (bleu ciel) peuvent être moins élastiques (Strappal).
Les bandes croisées blanches doivent être élastiques (Elastoplast).
Fracture genou
S’immobilise en position rectiligne avec 5 à 10° de flexion, soit avec une gouttière
postérieure (plâtre, résine ou attelle de fortune).
L’appui au sol n’est pas autorisé.
Le traitement anticoagulant est indispensable.
Anti-inflammatoires et antalgiques sont conseillés.
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63
Luxation de rotule
Elle atteint souvent la femme hyper-laxe. Lors d’une chute ou d’un mouvement forcé, la
rotule bascule latéralement, le plus souvent à l’extérieur de sa gorge. Le genou se retrouve
alors en flexion irréductible hyperalgique. C’est l’une des luxations les plus faciles à réduire.
Il suffit de repousser la rotule latéralement, en sens inverse, pour qu’elle réintègre sa place.
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64
raumatisme du Fémur
T
Fracture du fémur
Elle est très douloureuse.
Dès qu’il existe une déformation importante de la cuisse, avec une attitude
vicieuse, le diagnostic ne pose pas de problème.
Si un médecin expérimenté est présent, est recommandé qu’il réalise une analgésie sédation
ou un bloc plexique pour mobiliser et conditionner la victime.
Si la déformation n’est pas flagrante mais que l’attitude vicieuse et la douleur sont présentes,
il peut s’agir d’une fracture du col du fémur (plus rare chez les gens jeunes) ou d’une luxation
de hanche.
Étant donné la fréquence des fractures du fémur, la méthode de prise en charge dit
« Pépin » justifie d’être décrite.
Elle peut être utilisée sur les pistes de ski pour installer un accidenté dans un matelas à
dépression. Elle peut être également réalisée en expédition pour déplacer et conditionner
une victime sur un plan dur de fortune (échelle avec sac à dos sous les genoux).
Conditionnement et réduction basée sur la méthode Pépin.
Tracter fermement la cuisse dans l’axe en
joignant les deux mains derrière les genoux
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
65
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
66
Luxation de hanche
C’est un traumatisme heureusement plus rare dont les symptômes ressemblent à ceux de la
fracture du fémur. En inspectant la cuisse, on peut se rendre compte qu’il n’y a ni
déformation ni augmentation du volume de la cuisse. Par contre la rotation externe du
membre évoque soit une fracture du col du fémur soit une luxation de la hanche.
Ces deux traumatismes ne peuvent qu’être évacués car il est très difficile de réduire sur le
terrain une luxation de hanche même avec de puissants sédatifs. De plus, sans radiographie
il est difficile de faire la différence avec une fracture du col du fémur
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67
raumatismes du Bassin
T
Fracture du bassin
La fracture du bassin peut être modérée, mais quand elle est importante, le
risque de décès par hémorragie interne est majeur.
L’évacuation du blessé en urgence est primordiale et le seul geste à tenter en
l’absence de médecin est de le serrer fermement un drap ou un vêtement autour du
bassin de la victime pour limiter l’hémorragie interne.
Les fractures du bassin sont connues pour entraîner
des saignements internes importants. Un tissu bien
serré autour du bassin permet de limiter l’hémorragie
.interne dans
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
68
C
hapitre 5
Gestes de survie
Réanimation
Bilan médical
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
1
Premiers gestes
Protéger – Alerter – Secourir
Extraction rapide en urgence
Points de compression
Manœuvre de Heïmlich
A.B.C.D.E
Réanimation
Algorithme décisionnel
Massage Cardiaque Externe
Défibrillateur
Score de Glasgow
Déplacement d’un blessé
Traumatisme dorsal
Fracture fémur
Traumatisme cervical
Position d’attente d’un blessé
Appel des secours
Transmission d’un bilan médical
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
2
Premiers Gestes
P
rotéger - Alerter - Secourir

Protéger
Tel est le premier principe du secourisme.
Avant de démarrer une réanimation sur un blessé, il faut penser à protéger la
victime et à se protéger soi-même d’un autre accident.
Tout comme il est indiqué de placer un triangle rouge sur la chaussée pour éviter
d’être fauché par une autre voiture, en montagne, il faut penser à planter ses skis
en croix au-dessus de l’accidenté pour éviter qu’un deuxième skieur ne vienne
compléter le tableau.
En paroi ou dans une pente glissante, ne pas oublier de s’accrocher à un relais ou
de mettre des crampons… Il n’est pas nécessaire de risquer sa vie en plus de
celle de la victime.
Il s’agit aussi de protéger la victime d’une aggravation de sa situation, par
exemple en l’extrayant rapidement d’une zone dangereuse comme un couloir
soumis aux chutes de pierres, ou un torrent…

Alerter
Avant de s’engager dans une réanimation ou dans une médicalisation complexe,
prendre quelques minutes pour appeler les secours ou les faire appeler. Les
renforts relayeront votre réanimation ou de votre prise en charge.
Alerter ne veut pas dire s’affoler.
La personne la plus expérimentée doit savoir distribuer les rôles aux bonnes
personnes.
Ne pas envoyer une personne incompétente chercher des secours alors qu’elle
risque de se perdre ou de se mettre en danger.

Secourir
S’il ne s’agit pas d’une urgence immédiate (étouffement, brûlure, noyade, arrêt
cardiaque) et après avoir pris le soin de sécuriser le lieu de l’accident (protection,
relais, terrasse, piton), il est possible de commencer à médicaliser la victime.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
3
E
xtraction rapide en urgence
Pour extraire une victime inconsciente d’un danger immédiat
vital (feu, noyade, avalanche) lorsqu’on est seul, les deux
façons les moins délétères pour elle consistent à la tirer par
les pieds ou à la ceinturer sous les aisselles.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
P
oints de compression
Il est important de connaître les points de compression des principaux trajets vasculaires.
Ce sont les endroits sur lesquels il faut appuyer fortement en amont d’une grosse plaie
hémorragique, en particulier une plaie artérielle qui peut entraîner un choc hémorragique et
le décès du blessé.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
5
Les points de compression les plus
classiques, axillaire et sus-claviculaire,
pour les plaies artérielles du bras et de
l’avant-bras.
Point de compression sous l’aisselle
Point de compression claviculaire
Point de compression fémoral pour les plaies
artérielles du membre inférieur.
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6
M
anœuvre de Heïmlich
Elle peut sauver la vie d’une personne en train de s’étouffer avec un corps étranger
coincé dans la trachée (un aliment, le plus souvent).
Tapez d’abord énergiquement 5 fois dans
le dos.
Placer les deux poings serrés l’un dans l’autre sous le sternum, au niveau de
l’estomac, et comprimer énergiquement en arrière et vers le haut
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
7
A
.B.C.D.E
Cette formule mnémotechnique, connue dans le monde entier, conserve toute sa valeur
pour établir le bilan médical rapide d’une personne victime d’un traumatisme ou d’un
problème médical.
Elle permet de n’oublier aucune fonction stratégique.
Ce protocole est applicable sur le terrain, à plus forte raison dans un milieu inhospitalier
comme la montagne.
Premier bilan : suivre l’algorithme A B C D E
A comme air liberty
Regarder la victime n’a rien dans la bouche qui l’empêche de respirer.
B comme breathing
Regarder si la victime respire,
soit en observant si sa poitrine se soulève,
soit en approchant l'oreille de son nez,
soit en collant la face dorsale de deux doigts sous son nez.
Mesurer la fréquence respiratoire en nombre de ventilations par minute (normale
entre 15 et 25/minute). Si un oxymètre digital est disponible, mesurer sa
saturation en oxygène (normale entre 95 et 100 % au niveau de la mer ; enlever
environ 5% tous les 1000 mètres).
C comme circulation
Prendre le pouls radial (s'il est présent, c'est que la pression artérielle est
supérieure à 80 mmHg).
Si aucun pouls radial n’est perceptible, prendre le pouls carotidien (s'il est présent
c'est que la pression artérielle est supérieure à 60 mmHg).
Fréquence cardiaque : compter le nombre de battements par minute. Il doit être
compris entre 60 et 80 battements/minutes au repos. À plus de 3000 mètres, il
peut être normalement plus élevé et atteindre 100 battement/mn sans que cela
soit anormal.
D comme disability
Il s'agit de juger de l'état de conscience :
La victime répond normalement (conscient.
La victime est confuse.
La victime Le malade n'émet que des râles.
La victime ne répond pas.
Vérifier que la victime sent bien ses bras et ses jambes pour ne pas passer à côté
d'une hémiplégie ou d'une paralysie.
E comme environnement :
Observer les lieux, la météo, l'altitude, la visibilité, la présence de vent et d'un
éventuel obstacle pour l'évacuation (héliportée ou terrestre).
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8
Réanimation
A
lgorithme décisionnel en cas de malaise

Si victime répond correctement aux questions, c’est qu’elle est consciente.

Si la victime ne répond pas mais respire et a un pouls carotidien, c’est qu’elle est
inconsciente mais n’est pas en arrêt cardiaque.

La victime ne répond pas, ne respire pas et n’a pas de pouls carotidien, c’est
qu’elle est inconsciente et en arrêt cardiaque !
Victime consciente
Bilan clinique et
surveillance
Interrogatoire
Antécédents
Médicaments
Plaintes (douleur,
nausée, vertige,
trouble
neurologiques...)
Victime respire
Inconsciente
Pouls carotidien perçu
Victime ne respire pas
Inconsciente
Pas de pouls carotidien
Protection Évacuation
Mettre en PLS
Oxygène
Protéger du froid
Demande de secours
Evacuation
médicalisée
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Réanimation
Libération des voies
aériennes
Massage cardiaque externe
Demande de secours
DSA
(défibrillateur semiautomatique)
9
M
assage cardiaque externe (MCE)
MCE
À pratiquer immédiatement sur une victime inconsciente qui ne respire plus.
1. Dégager d'abord les voies aériennes de tout obstacle (dent cassée, neige, corps étranger)
et basculer la tête en arrière.
2. Pratiquez deux ventilations .
3. Si




pas de réponse : massage cardiaque.
80-100 massages/minute
2 ventilations/30 massages
Si le sauveteur est seul, il doit pratiquer les deux ventilations lui-même.
Réanimation pendant au moins 1 heure en attendant les secours médicalisés (en
l’absence de secours médicalisé possible, c'est au sauveteur de décider de l'arrêt de la
réanimation).
 Si la victime semble être en hypothermie et ne présente pas de lésion évidente,
continuer la réanimation 1 heure de plus.
Les bras doivent être tendus.
Si possible, il faut se faire relayer tous les 7 cycles
de 30 compressions pour ne pas s’épuiser.
Le massage doit s’effectuer au niveau de
la base du sternum.
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10
D
éfibrillateur semi-automatique (DSA)
Le défibrillateur a longtemps été réservé au corps médical.
Il est en cours de popularisation car le choc électrique peut sauver de nombreuses
personnes à condition que son utilisation soit immédiate.
C’est la raison pour laquelle de nouveaux types d’appareils dénommés DSA sont disponibles.
Ils sont de plus en plus ergonomiques, petits et moins chers.
De nombreux pays ont mis sur pied des programmes de formation pour que l’utilisation du
DSA soit possible par n’importe quelle personne avertie de façon à gagner de précieuses
minutes avant l’arrivée d’une équipe de réanimation.
Il faut s’attendre à ce que les DSA soient de plus en plus accessibles par le grand public dans
les années futures, et soit même intégré dans les trousses d’expédition.
C’est la machine elle-même qui décide si le choc électrique doit être délivré, et ce choc ne
sera proposé que s’il peut résoudre l’anomalie cardiaque (fibrillation ventriculaire).
Pour utiliser un DSA, il suffit d’avoir reçu une formation préalable, puis de suivre les
consignes que dicte l’appareil lorsqu’on le met en marche : « Placer les électrodes !…
Stoppez le massage, analyse en cours !… Choc déconseillé, continuez le massage !… Choc
conseillé, écartez-vous !… »
Il ne doit pas être utilisé dans une flaque d’eau et il faut respecter les consignes de sécurité
lorsque l’on délivre le choc.
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11
E
tat de conscience : score de Glasgow
Cette classification internationale permet de mieux qualifier l’état neurologique
d’un malade ou d’un blessé.
Le score de Glasgow, bien connu des médecins, est de plus en plus utilisé par les autres
acteurs du secours.
La cotation va de 3 à 15 (3 pour le coma pré-mortem ; 15 pour une personne sans déficit
neurologique).
Score de Glasgow
Ouverture des yeux
Ouverture des yeux spontanée ……………………….
Ouverture des yeux à la commande………………….
Ouverture des yeux à la douleur..…………………….
Pas d’ouverture des yeux………………………………….
4
3
2
1
Réponse verbale
Réponse verbale normale…………………………………. 5
Réponse verbale confuse………………………………….. 4
Réponse verbale incohérente…………………………….. 3
Réponse verbale incompréhensible……………………. 2
Aucune réponse verbale……………………………………. 1
Réponse motrice
Réponse motrice à la commande……………………….. 6
Réponse motrice inadaptée……………………………… 5
Réponse motrice en flexion retrait……………………… 4
Flexion lente des bras et extension des jambes…… 3
Extension et rotation interne des bras………………. 2
Aucune réponse motrice……………………………………. 1
Ouverture des Yeux + Réponse verbale + Réponse motrice
Somme Y + V + M = 3 à 15
L’intérêt de ce score est double. Il permet de :
donner une information plus détaillée sur l’état neurologique d’une
victime,
suivre l’évolution d’un déficit neurologique au cours d’une surveillance.
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12
Déplacement d’un blessé
La mobilisation immédiate d’un blessé doit répondre à des règles primordiales déjà énoncées
p. mais qu’il n’est pas inutile de rappeler ici.
En cas de traumatisme dorsal, toujours respecter l’axe du rachis : pas de
rotation !
OUI
NON
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
13
En cas de fracture du fémur, conditionnement et réduction selon la méthode
Pépin.
Tracter fermement la cuisse
dans l’axe en joignant les
deux mains derrière les
genoux.
Tracter fermement les deux cuisses
réunies dans l’axe en joignant les
deux mains derrière les genoux.
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14
5
6
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
15
Il faut toujours suspecter une fracture des vertèbres cervicales devant tout
traumatisme crânien ou du cou et protéger la victime avec un collier cervical.
Même si les signes évidents sont absents (paralysie, tétraplégie), la prudence
s’impose. Il faut savoir rechercher des signes plus discrets comme des
fourmillements dans les doigts ou une douleur irradiant dans les épaules.
Attention, l’axe cou-tête doit être
respecté sans exercer de rotation
ni de flexion ou d’extension !
Si l’on n’a pas de collier cervical, on
peut en un confectionner avec une
attelle Sam Split ou même un avec
du papier journal !
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16
P
ositions d’attente
Personne inconsciente
Position latérale de sécurité (PLS) pour maintenir les voies aériennes supérieures libres.
Malade conscient
Position d’attente pour tout problème respiratoire, douleur cardiaque ou traumatisme
crânien.
Malade conscient
Position d’attente pour les malaises de type vagal, hypotension, plaie hémorragique.
L’élévation des jambes à tendance à augmenter la pression sanguine vers le cœur et le
cerveau en attendant la fin du malaise.
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17
A
ppel des secours
Ne pas se tromper de signe pour appeler l’hélicoptère.
Ne lever les deux bras que si l’on a besoin de secours.
Choisir un endroit dégagé pour être repéré.
Mettre des vêtements de couleur vive (orange ou rouge).
Utiliser lampe, fusée, fumigènes, flash d’appareil photo, etc. pour être repéré.
Si un contact vocal est établi (radio, cellulaire), décrire correctement l’endroit où
l’on se trouve (altitude, lieu-dit, nom de la voie, secteur, couleur des vêtements,
signes caractéristiques…).
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18
T
ransmission d’un bilan médical
Savoir transmettre un bilan médical quand il s’agit d’organiser l’évacuation d’un
blessé ou d’un malade est capital. Tout l’art consiste à faire passer un maximum
d’informations essentielles en un minimum de temps.
Ce n’est pas toujours chose aisée car l’expérience montre que la qualité des outils de
communication (téléphone portable ou satellite, radio, mail-runner…) n’est pas toujours
optimale et les alertes peuvent être inaudibles ou interrompues.
Mais aussi, sous l’effet du stress ou du choc émotionnel, la moitié des informations
significatives sont omises, ce qui entraîne souvent une perte de temps, une moindre
cohérence des moyens mis en œuvre. C’est ainsi que certaines évacuations complexes se
révèlent inutiles ou, à l’inverse, des demandes d’évacuation urgentes ne sont pas prises au
sérieux.
Les deux éléments à transmettre en premier lieu sont :
Un résumé concis contenant les termes « évacuation sanitaire », « intervention
médicalisée » ou encore « demande le secours ».
La description du lieu où les personnes à secourir se trouvent, avec si possible
altitude et point GPS.
Si la communication est bonne et le temps ne manque pas, l’idéal est de transmettre
l’essentiel des informations recensées dans cette fiche :
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19
BILAN INITIAL
AGE DE LA VICTIME :
SEXE DE LA VICTIME :
CIRCONSTANCES :
 accident
 maladie
NATURE DE L’AFFECTION :
 Antécédents médicaux (diabétique, cardiaque, épileptique ?)
 Localisation douleur (spontanée, provoquée ?)
 Lésions apparentes (plaie, brûlure, fracture ?)
 Degré d’impotence (peut bouger, peut marcher ?)
DEGRE DE DETRESSE VITALE :
A comme Airway (libérez les voies aériennes !)
 Encombrées
 Libres
B comme Breathing (respiration : nombre de ventilation/minute)
 Absente
 Difficile
 Normale
C comme Circulation (tension artérielle : nombre de battements/minute)
 Absente
 Difficile
 Normale
D comme Disability (état neurologique)
 Bien éveillé
 Bien éveillé mais ne sent plus une partie de son corps
 Ne réagit qu’à la voie
 Ne réagit qu’à la douleur
 Ne réagit à rien
E comme Exposure (environnement)
 Conditionnement de la victime (oui/non)
 Zone à risque (oui/non)
 Intérieur/extérieur
 Condition météo (vent/visibilité/neige)
 Nature du terrain (relief/ligne haute tension/télésiège/zone d’atterrissage)
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20
C
hapitre 6
À lire avant de partir en expédition !
En expédition, en trekking ou en voyage dans des terres
inhospitalières, mieux vaut s’attendre à tous types de
désagréments. Les soucis médicaux en font souvent partie, avec
une incroyable capacité à gâcher le séjour dans lequel on a
investi son énergie et toutes ses économies.
Réussir son voyage en montagne, c’est avant tout bien le préparer.
Il est préférable de bien se renseigner sur les particularités de l’environnement magnifique,
excitant mais aussi hostile où l’on compte se rendre
Un check-up médical avant le voyage peut éviter bien des ennuis.
Il va de même d’une bonne préparation physique.
Une parfaite connaissance de son contrat d’assurance et des conditions de rapatriement
énoncées par celui-ci peut faire gagner du temps et de l’argent, voire sauver la vie.
Consultation de médecine de montagne
Cas particuliers (diabète, asthme, épilepsie…)
Vaccins et prophylaxie
Précautions chez la femme
Précautions chez l’enfant
Assistance et rapatriement
Moyens de communication
Préparation physique
Conseils en diététique
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
1
C
onsultation de médecine de montagne
Fréquenter la montagne ou partir en voyage vers des contrées éloignées n’est plus réservé
aux seuls aventuriers ou sportifs de haut niveau.
Les séjours de plus ou moins longue durée dans des massifs lointains, des déserts d’altitude
ou des régions polaires sont devenus monnaie courante.
Ces territoires n’en restent pas moins hostiles.
Nonobstant l’isolement et l’absence de dispensaire, des maladies particulières sont à
redouter. Le moindre problème médical peut de se compliquer dangereusement.
Tous les candidats au voyage en montagne, s’ils ne comptent pas parmi les rares élites
sportives régulièrement surveillées, s’ils n’ont plus vingt ans et ont le moindre doute quant à
leurs capacités physiques, et plus encore s’ils ont été déjà sujets à des soucis de santé, ont
intérêt à se soumettre à une consultation de médecine de montagne.
Seules certaines structures employant des personnes dont les missions se déroulent en
altitude, exigent une telle consultation. Toutefois, elle permet d’informer, de détecter
d’éventuelles incompatibilités, et de prévenir bien des situations à risques. En cas de contreindication majeure à l’altitude, la personne concernée devra prendre ses propres
responsabilités quant aux risques encourus.
Quel est l’intérêt de cette consultation ?
Ces centres de consultation sont équipés de moyens d’exploration susceptibles d’évaluer les
capacités à voyager en altitude.
Détecter une éventuelle intolérance à l’altitude. Cette prédisposition génétique est
présente chez 5 % de la population, elle contre-indique les séjours en altitude.
Détecter une éventuelle autre contre-indication médicale à l’altitude (maladie
chronique, antécédent cardiaque…)
Informer des règles d’acclimatation à l’altitude afin de prévenir le mal aigu des
montagnes.
Constituer une trousse à pharmacie.
Vérifier l’état des vaccinations et la nécessité d’avoir recours à une prophylaxie pour
éviter certaines maladies exotiques.
Adapter le traitement d’une maladie chronique aux effets de l’altitude.
Identifier, a posteriori, l’origine d’un problème déjà rencontré en altitude.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
2
Où peut-on consulter ?
En France
Hôpital Avicenne
125, route de Stalingrad
93009 Bobigny
Pr. JP Richalet , Dr. Fouillot
Tél : 01 48 95 58 32
En Europe
Suisse
Dr Jackson
Danemark
Rob Roach
CMRC, Rigshospitalet, section 7652
20 Tagensvoj
DK 2200 Copenhagen
Autriche
Franz Berghold
Arztpraxis
A-5710 Kaprun
Belgique
Robert Naeije
Lab. of Phys. Erasme Camp
808 Lennik Road
B-1070 Bruxels
Espagne
C. Leal
Mallorca 56 5°-6a
E-08029 Barcelone
Italie
A. L. Cogo
Via Porta d’amore 41
I 44100 Ferrara
Angleterre
Andrew Peacock
6 Roman Rd
UK-Glasgow G6/2SW
Allemagne
Peter Bärtsch
Dept. of Sports Med.
Rupprecht karls University
Gebäude 4100 Hospitalstrasse 3
Heidelberg Germany 69115
IFREMMONT
Hôpital de Chamonix
509, route des Pèlerins, 74400 Chamonix
www.ifremmont.com
0826 14 800
E.N.S.A
BP 24 - 74400 Chamonix
Dr J P Herry
Tél : 04 50 55 30 07
Hôpital Sud
Avenue de Kimberley
38140 Echirolles
Consultation Biologie et Médecine du Sport
Dr Tollenaere
Tél : 04 76 76 54 94
C.H.U Clermont-Ferrand (G. Montpied)
58, rue Montalembert
BP 69 - 63003 Clermont Ferrand cedex
Dr Bedu
Tél : 04 73 75 16 60 (matin)
Hôpital Saint Jacques
Service de Médecine du Sport
85, rue St Jacques
44035 Nantes
Dr Potiron-Josse
Tél : 02 40 84 60 61
C.H.U de Purpan
Explorations fonctionnelles et respiratoires
31059 Toulouse Cedex
Dr Dugas
Tél : 05 61 77 22 90
Hôpital de Briançon
Centre Médico-sportif
05100 Briançon
Dr Cigarini
Tél : 04 92 20 10 33
Hôpital Arnaud de Villeneuve
Explorations fonctionnelles et respiratoires
371 Av. du Doyen G. Giraud
34295 Montpellier Cedex
Dr Ramonatxo
Tél : 04 67 33 59 11
Hôpital Civil
Explorations fonctionnelles et respiratoires
1 Place de l’Hôpital
67091 Strasbourg
Drs Richard, Lonsdorfer et Doutreleau
Tél : 03 88 11 62 85
Hôpital Sainte Marguerite
Explorations fonctionnelles et respiratoires
270 Bd Sainte Marguerite
BP 29 - 13274 Marseille cedex 9
Dr M Badier
Tél : 04 91 74 49 30
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
3
À qui est destinée la consultation de médecine de montagne ?
Toute personne préparant pour la première fois un séjour à plus de 3 000 mètres
d’altitude.
Toute personne atteinte d’une maladie chronique susceptible d’être décompensée par
l’altitude.
Toute personne suivant un traitement médical particulier.
Toute personne ayant été victime d’un problème médical lié à l’altitude.
Toute personne travaillant en altitude de façon périodique.
Toute personne responsable d’un groupe de trekking ou d’une expédition en altitude,
en mesure de devenir interlocuteur médical.
Toute personne avide de connaissance et voulant se donner le maximum de chance
de réussir son séjour.
Comment se déroule une consultation de médecine de montagne ?
Elle doit se prévoir au moins deux mois avant le départ pour permettre l’éventuelle mise à
jour des vaccinations. Elle est effectuée par un médecin, diplômé de médecine de montagne,
et dure environ une heure. Il pratique un examen clinique du patient et lui fait réaliser un
test à l’hypoxie s’il le juge nécessaire.
La consultation est à la charge du patient si elle est réalisée dans un but préventif. Elle peutêtre prise en charge par les mutuelles et la sécurité sociale si elle intervient dans le cadre
d’une expertise médicale (maladie professionnelle, suivi d’un œdème aigu de haute
altitude, etc.)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
Le test à l’hypoxie
Le test à l’hypoxie enregistre les réactions cardiaques et ventilatoires
en respirant de l’air raréfié en oxygène.
Avant de partir en expédition
Ce test spécifique ressemble à l’épreuve d’effort soumise aux sportifs de haut niveau
(VO2max). La différence majeure est qu’il utilise des gaz appauvris en oxygène visant à
reproduire les effets de l’altitude.
Si le corps réagit lorsque le rythme cardiaque et la réponse ventilatoire accélèrent, c’est que
le patient est apte à l’altitude. On le qualifiera de « bon répondeur à l’hypoxie ».
Attention, le fait d’être bon répondeur ne dispense pas de respecter les paliers
d’acclimatation (voir p.)
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
5
Contre-indications absolues
Maladie cardiaque sévère (angine de poitrine mal équilibrée, hypertension
artérielle sévère, trouble du rythme grave, insuffisance cardiaque acquise ou
congénitale).
Maladie cardiaque cyanogène.
Asthme et bronchite chronique modérés, emphysème modéré.
Antécédent d’accident vasculaire cérébral.
Antécédent psychiatrique majeur.
Insuffisance respiratoire chronique.
Artériopathie des membres inférieurs.
Drépanocytose homozygote et anémie sévère.
Insuffisance rénale.
Trouble de la coagulation sanguine.
Antécédents d’œdème pulmonaire ou d’œdème cérébral de haute altitude
répétés.
Contre-indications relatives
Maladie cardiaque modérée et contrôlée.
Hypertension artérielle contrôlée.
Problème psychiatrique mineur.
Asthme d’effort et au froid.
Bronchite chronique et emphysème modéré.
Diabète.
Epilepsie.
Migraine.
Drépanocytose hétérozygote, thalassémie et anémie modérée.
Diabète, obésité.
Insuffisance hépatique.
Coliques néphrétiques.
Scoliose grave.
Apnée du sommeil.
Grossesse (surtout du troisième trimestre).
Nourrisson de moins de 12 mois.
Antécédent de phlébite spontanée.
Prise de contraceptifs fortement dosés.
Antécédent d’œdème pulmonaire et d’œdème cérébral de haute altitude.
Toute personne sujette à l’une ou l’autre de ces contre-indications doit
impérativement consulter un centre de médecine de montagne si elle veut séjourner
en altitude.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
6
C
as particuliers
Diabétiques
Il existe deux types de diabète : celui qui se traite avec des médicaments et celui qui
nécessite des piqûres d’insuline. Ce dernier est le plus difficile à gérer et les spécialistes
déconseillent aux personnes qui en souffrent d’effectuer des expéditions dans des milieux
isolés.
Toutefois, plusieurs expérimentations sur le terrain et l’amélioration des dispositifs
injectables ont permis de rendre la montagne accessible aux personnes atteintes de diabète,
sous certaines conditions.
Préparer le voyage avec le spécialiste habituel.
Conserver sur soi un carnet contenant toutes les informations concernant son
diabète, les posologies de son traitement (si possible en anglais).
Être accompagné par une personne connaissant le cas du diabétique et à qui celui-ci
confie une partie de son traitement au cas où il perdrait ou se ferait voler son
matériel. Cette personne accompagnante doit être capable d’administrer les doses
d’insuline ou de glucagon en cas d’urgence.
En cas de malaise, deux situations sont à suspecter :
Hypoglycémie (+++) : le diabétique a mal évalué ses besoins énergétiques ou, s’il
est traité par insuline, a fait un excès dans le dosage quotidien.
Lorsqu’il n’est pas possible de mesurer le taux de sucre dans le sang du patient,
suspecter l’hypoglycémie d’abord : c’est le cas le plus fréquent et cas le plus urgent
(toutefois, le diabétique doit avoir sur lui des bandelettes permettant de contrôler la
glycémie).
Hyperglycémie (+/-) : le diabétique ne se surveille pas bien, son apport d’insuline est
insuffisant. Il a trop de sucre dans le sang et se déshydrate.
Ce qu’il faut faire :
En cas d’hypoglycémie, donner des boissons sucrées, un fruit et des aliments à base
de sucres lents (biscuits, céréales).
En cas d’hyperglycémie, donner à boire et organiser une évacuation.
Si la personne accompagnante connaît le traitement du diabétique, si elle dispose
d’une partie de son matériel, et si elle est en situation isolée, administrer au
diabétique des doses progressives de son insuline (5 UI/doses) par voie sous-cutanée
en prenant soin de vérifier sa glycémie toutes les 30 minutes jusqu’à ce qu’il retrouve
toute sa conscience.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
7
Asthmatiques
L’asthme n’est pas une contre-indication systématique.
Beaucoup de personnes considérées comme asthmatiques sont parfaitement équilibrées et
peuvent prétendre jouir des plaisirs des trekkings et des expéditions, à condition de bien
gérer leur pharmacie personnelle.
Un kit complet contenant des réserves suffisantes de médicament doit être confié à une
autre personne du groupe pour suppléer la pharmacie de l’asthmatique en cas de vol, de
dégradation ou de perte.
Les asthmatiques sévères non stabilisés devront renoncer aux tribulations en milieu hostile.
L’asthme sévère est malheureusement une maladie très difficile à gérer, sensibles à de
nombreux paramètres environnementaux et psychologiques. La gravité et la brutalité des
crises peuvent parfois aboutir à des situations catastrophiques.
Allergiques
L’allergie peut se manifester de façons diverses, depuis la simple manifestation localisée
jusqu’à la décompensation rapide mettant en jeu le pronostic vital (œdème de Quincke et
choc anaphylactique).
Heureusement, la plupart du temps, l’allergie se manifeste uniquement par l’apparition de
signes cutanés désagréables (plaques rouges, démangeaisons, œdème).
Elle répond généralement bien à des traitements de type corticoïdes ou/et antihistaminiques
disponibles dans toute bonne trousse d’expédition digne de ce nom [voir chapitre 3]
Les manifestations graves de l’allergie – œdème de Quincke et choc anaphylactique – sont
difficiles à traiter sur le terrain, même en ayant à disposition les traitements adéquats [voir
chapitre 3]
C’est la raison pour laquelle il est important de connaître, avant de partir en trekking ou en
expédition, les susceptibilités individuelles pouvant être à l’origine d’une allergie connue.
Quiconque ayant déjà manifesté une allergie grave doit être muni d’un kit auto injectable
d’adrénaline (voir p.) et apprendre à se l’injecter (p.).
En voyage, alors qu’il n’est pas toujours facile de comprendre l’environnement, un sujet se
sachant allergique doit pourtant toujours être attentif à ne pas se retrouver au contact de
l’allergène (allergie à l’arachide, aux fruits de mer…). Informer soi-même les cuisiniers et
vérifier qu’ils ont bien compris le message. Si c’est possible, passer en revue avec eux ou
avec le chef d’expédition, la liste des vivres avant le départ.
Épileptiques
Deux grandes catégories d’épilepsie sont à différencier ; l’épilepsie idiopathique que l’on
subit depuis l’enfance et dont l’origine n’est pas vraiment élucidée, et l’épilepsie secondaire à
une cause évolutive identifiée (fièvre du nourrisson, tumeur cérébrale, anévrisme…)
En altitude, les épileptiques peuvent être déséquilibrés et faire des convulsions plus
facilement qu’au niveau de la mer. Il arrive que certaines personnes fassent l’objet d’une
première crise révélant malheureusement la présence d’une pathologie.
La crise convulsive chez une personne épileptique peut paraître impressionnante mais ne
réclame pas en elle-même de geste médical. La seule chose à faire pour le bien de la
personne en crise est d’écarter les objets dangereux autour d’elle.
Ce n’est pas la crise qui fait la gravité de la maladie mais sa cause. Si elle a été déclarée
sans cause primitive par un spécialiste et si les crises sont rares, il est possible d’envisager
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
8
une expédition à condition d’en informer le responsable médical et de prévoir avec le
spécialiste un traitement occasionnel que l’on ajoute à la trousse d’expédition.
En cas de crise :
Garder son calme, même si l’on est impressionné !
Écarter les objets susceptibles de blesser le malade.
Maintenir la personne sur le côté.
Ne pas essayer d’enfoncer un objet dans sa bouche pour qu’elle ne se morde pas la
langue (le temps de réagir, le malade a déjà les dents serrées, si bien qu’on risque de
les lui casser !).
Attendre que la crise cesse d’elle-même (99 % des cas).
Laisser ensuite le malade se reposer, il mettra au moins une heure à sortir de sa
léthargie.
En cas, rare, de crise persistante, il faut administrer au malade des sédatifs par voie
intramusculaire ou intraveineuse et organiser son évacuation vers le centre médical le plus
proche.
Cardiaques
Les études récentes montrent que beaucoup de maladies cardiaques sont compatibles avec
l’activité physique en altitude, y compris les maladies coronariennes opérées.
Le consultant, spécialiste de médecine de montagne, contactera le cardiologue du patient
pour évaluer le risque potentiel de sa pathologie face aux contraintes de l’altitude.
Ce qui contre-indique l’altitude n’est pas tant la maladie cardiaque proprement dite, mais le
type de maladie et son degré de gravité.
Ce qui rend l’altitude dangereuse, c’est l’effort physique dans une atmosphère limitée en
oxygène. Plus l’altitude est élevée, plus le cœur est soumis à l’épreuve et se trouve limité
dans son travail.
L’acclimatation est d’autant plus essentielle, car l’augmentation du nombre de globules
rouges (polyglobulie) permet de compenser ce manque d’oxygène.
Skier dans la Vallée Blanche en montant brutalement à 3 800 mètres par le téléphérique de
l’aiguille du Midi est beaucoup plus risqué que d’effectuer un trekking à 5 000 mètres après
huit jours d’acclimatation progressive en respectant les paliers d’altitude [voir chapitre 2]
Colique néphrétique
La colique néphrétique est une maladie le plus souvent chronique qui touche les reins et qui
se révèle par des crises très douloureuses. La douleur est si typique, que les personnes
ayant déjà été atteintes la diagnostiquent immédiatement.
En altitude, les crises sont plus fréquentes car favorisées par la déshydratation.
La maladie peut se révéler à l’occasion d’une expédition chez une personne n’ayant jamais
souffert de colique néphrétique auparavant.
La douleur est souvent caractéristique, en spasmes, située dans le bas du dos et irradiant
dans les organes génitaux. Il est impossible de trouver une position pour se calmer et
l’expression « se tordre de douleur » retrouve toute sa valeur pour décrire ce qu’on ressent.
Bien que la trousse d’expédition doive contenir les médicaments capables de calmer la
douleur et traiter la crise, toute personne ayant des antécédents de coliques néphrétiques
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
9
doit avoir dans sa poche de quoi calmer les crises. Les personnes se sachant sujettes au mal
doivent boire abondamment tout au long du trekking.
En cas de crise, on aura recours aux antalgiques puissants et aux anti-inflammatoires [voir
chapitre 3]
Sinusites chroniques
Fréquente, la sinusite chronique doit suggérer des lavages sinusaux quotidiens avec du
sérum physiologique pour éviter les problèmes liés aux variations de pression.
Les personnes se sachant fragiles doivent se munir de produits vasoconstricteurs, voire de
corticoïdes à usage local [voir chapitre 3]
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
10
V
accins et prophylaxie
Vaccins
Il est capital, en vue d’un voyage ou d’une expédition, de consulter au moins 2 à 3 mois
avant le départ pour ne pas être pris de cours. En effet, certains vaccins ne peuvent être
administrés en même temps et exigent plusieurs injections avant d’être efficaces.
Se munir de son carnet de vaccination international comportant les tampons officiels ; il
permet notamment d’éviter bien des contretemps au niveau des aéroports.
Aucun vaccin n’est obligatoire, excepté pour l’Afrique où la fièvre jaune peut être imposée.
Toute l’actualité en matière de vaccination est accessible sur Internet :
http://www.pasteur-lille.fr - http://www.pasteur.fr - http://www.edisan.fr
Toutes les vaccinations peuvent être prescrites et réalisées par le médecin référent, excepté
celui de la fièvre jaune qui ne peut l’être que par un centre de médecine tropical habilité.
Les adresses peuvent aisément se retrouver sur Internet : http://www.muskadia.com
Au-delà des vaccins, la prévention est essentielle pour éviter de contracter certaines
maladies :
Éviter l’ingestion d’eau non purifiée.
Peler les légumes.
Se laver les mains.
Se protéger contre les moustiques.
Précautions contre la turista
La turista ou diarrhée du voyageur est la pathologie qui atteint le plus de trekkeurs et
alpinistes en expédition. Elle concerne jusqu’à 60 % des individus indemnes arrivant en pays
tropical ou tempéré chaud.
Elle est toujours d’origine infectieuse, bactérienne le plus souvent, parfois parasitaire,
rarement virale. Son apparition est brutale. Généralement, elle se caractérise par l’émission
de 3 à 8 selles liquides par jour, avec anorexie, nausées, douleurs abdominales et,
habituellement, pas ou peu de fièvre. L’évolution vers la guérison demande 4 à 7 jours.
La prévention des diarrhées infectieuses et parasitaires passe par une bonne hygiène de
l’alimentation et de l’eau de boisson. Le lavage des fruits et des légumes, la stérilisation de
l’eau sont efficaces contre la plupart des bactéries mais insuffisants contre les kystes
d’amibes et de giardia.
Pour les séjours de courte durée, il est préconisé de prendre dès le début un traitement par
norfloxacine (400 mg matin et soir) ou cotrimoxazole (matin et soir), en se protégeant bien
du soleil car ce médicament est photo-sensibilisateur.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
11
Vaccin
Recommandation
Cible
Rappel
Voie
d’administration
1 injection IM renouvelée à
renouveler une fois à 1 mois
Tétanos
Recommandé
Tous, partout
Tous les 10 ans
Poliomyélite
Recommandé
Tous, partout
Tous les 10 ans
Diphtérie
Recommandé
Tous, partout
Tous les 10 ans
Typhoïde
Recommandé
Tous, partout
Tous les 3 ans
si le risque est
maintenu
Hépatite A
Recommandé
Tous, partout
Tous les 10 ans
1 IM 2 semaines avant le
départ à renouveler 6 à 12
mois plus tard
Méningites A
+C
Conseillé
Népal
Tous les 10 ans
1 injection IM ou sscut
Rage
Conseillé
Asie Inde
Tous les 5 ans
1 IM à renouveler à 7jrs,
28jrs, et 1 an
Hépatite B
Conseillé
Personne à
risques
Pas de rappel
1 IM à renouveler à 1 et 6
mois
Fièvre Jaune
Conseillé
Afrique Amazonie
Tous les 10 ans
1 injection IM ou sscut 10 jrs
avant le départ
Encéphalite
Inutile
Cas particulier
BCG
Inutile
Cas particulier
1 injection IM renouvelée à
renouveler une fois à 1 mois
1 injection IM renouvelée à
renouveler une fois à 1 mois
1 IM 2 à 3 semaines avant le
départ
Paludisme
Il n’existe pas de vaccins pour toutes les maladies, mais on peut s’en protéger grâce à un
traitement préventif. C’est ce qu’on appelle une prophylaxie.
La prophylaxie du paludisme est essentielle dans de nombreux pays du Sud.
Le paludisme est une maladie sévère causée par un parasite transmis par un moustique,
l’anophèle. Ce parasite se présente sous des formes plus ou moins résistantes.
Cette parasitose est peu fréquente chez les alpinistes et les trekkeurs tant qu’ils restent en
altitude, mais pour atteindre certaines montagnes, il est parfois nécessaire de traverser des
zones à risque.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
12
Le paludisme est très répandu en Afrique et en Asie.
Toute fièvre inexpliquée après un passage dans une zone à risque doit le faire suspecter.
À défaut d’en avoir la confirmation, il est préférable de traiter la fièvre en conséquence si les
signes généraux sont inquiétants (hausse de température importante, frissons, troubles de
conscience).
La doxycycline (VIBRAMYCINE) a été choisie pour les trousses médicales d’urgence que nous
proposons car il agit même sur les paludismes sévères et il peut servir aussi pour traiter
d’autres infections (urétrite, par exemple). L’azithromycine (ZITHROMAX) bien que moins
efficace peut être une alternative possible.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
13
P
récautions chez la femme
Grossesse
Il est recommandé d’éviter d’être enceinte ou de le devenir pendant un voyage ou une
expédition. Pendant les 12 premières semaines de gestation, la probabilité de fausse couche
ou de grossesse extra-utérine est plus importante et les conséquences peuvent être difficiles
à gérer en milieu isolé.
En cas de saignements abondants inopinés, si le contexte permet de l’envisager, fausse
couche ou grossesse extra-utérine sont à considérer car, le cas échéant, le risque de
complication est majeur et l’évacuation indispensable.
Contraception
Altitude et contraception sont toutes deux connues pour majorer les risques de thrombose.
Pour l’altitude, le phénomène est lié essentiellement à l’augmentation du nombre de globules
rouges, à la déshydratation et aux périodes parfois longues d’inactivité (attente par mauvais
temps). Pour la contraception, le risque de thrombose est augmenté par les œstrogènes.
Il est donc déconseillé d’associer contraception et haute altitude.
De même, il n’est pas rare de voir le cycle menstruel s’interrompre du fait du stress, de
l’altitude, de l’effort et des modifications du rythme circadien. Ces dysfonctionnements
disparaîtront au retour.
Il est donc conseillé de discuter de l’indication d’une contraception avec son médecin avant
de partir.
Si l’on décide de s’abstenir, il est tout de même conseillé d’emporter une plaque de pilules
dosée à 0,05 mg d’œstrogène pour une contraception post-coïtale et un test de dépistage de
grossesse.
Si l’on choisit de se protéger, il est important de se munir de moyens contraceptifs efficaces
et/ou une contraception hormonale normo dosée. Cette contraception est également
indiquée en cas de dérèglement entraînant des saignements irréguliers et incommodants.
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14
P
récautions chez l’enfant
Avant le voyage
Vérifier l’état des vaccinations de l’enfant.
Vérifier sa capacité à donner son sang à l’enfant en cas de transfusion sanguine.
Consulter le médecin référent en cas de traitement particulier.
S’assurer que l’enfant est assuré pour le rapatriement.
Préparer l’enfant au voyage. S’assurer de ses motivations : en deçà d’un certain âge,
il n’est pas évident qu’il prenne autant de plaisir au voyage en montagne que ses
parents.
De petites excursions préparatoires sont indispensables pour se faire une idée des
capacités physiques et psychologiques de l’enfant.
Pendant le voyage
Fractionner les étapes.
Augmenter le nombre de collations.
Ne pas dépasser les limites d’endurance de l’enfant qui sont nettement moindres que
celles de l’adulte.
Utiliser le jeu pour agrémenter les longues marches (devinettes, chansons,
charades…).
Les avis sont partagés quant à la plus grande sensibilité de l’enfant au mal des montagnes.
Chez l’enfant, il peut se manifester de façon classique par des maux de tête et des troubles
digestifs, mais il peut également se traduire par une instabilité de caractère et des phases
d’hyper agitation perturbant le sommeil.
Si l’on déconseille d’emmener des petits de moins de deux ans au-delà de 2000 mètres, on
considère que l’enfant plus âgé répond aux mêmes critères d’acclimatation et aux mêmes
thérapeutiques que l’adulte.
L’important est de ne pas s’évertuer à vouloir faire de son enfant un prodige de l’alpinisme
en lui affligeant des sanctions physiques de surentraînement qu’il ne désire peut-être pas.
Il est conseillé d’attendre au moins l’âge de 12 ans pour l’ascension du mont Blanc et de
patienter jusqu’à 18 ans pour tenter un sommet andin ou himalayen.
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15
A
ssistance et rapatriement
Bien préparer un voyage ou une expédition, c’est aussi anticiper un éventuel rapatriement en
urgence.
Se renseigner sur l’étendue de son assurance rapatriement (dans quelle mesure
prend-elle en charge les accidents liés aux sports dits « à risques »).
Emporter les coordonnées de l’ambassade de France du pays visité.
Se munir des numéros de téléphone internationaux de son assurance et les inscrire à
différents endroits stratégiques dans ses affaires personnelles.
Prévoir de l’argent liquide (500 à 1 000 dollars) pour avancer la somme exigée par les
locaux en cas de rapatriement urgent, en prenant soin de demander des reçus.
L’idéal est de confier cette somme contre reçu à l’agence qui organise votre
expédition, laquelle confiera au guide local le soin de régler les affaires.
Faire des photocopies de son passeport et les conserver dans différents endroits
stratégiques de ses bagages.
Se munir d’un carnet médical de vaccinations.
Inscrire en anglais dans son carnet médical son groupe sanguin, ses antécédents
médicaux et ses allergies.
Inscrire clairement dans ses affaires le numéro vert de son assurance et le numéro
d’une personne en France qu’il sera possible d’appeler en cas de problème.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
16
M
oyens de communication
L’évolution des technologies de communication permet désormais au grand public de
bénéficier d’outils de transmissions à des tarifs abordables.
Certains téléphones satellite sont commercialisés sous des formes proches de celles du
téléphone cellulaire. Cela facilite leur utilisation introduction dans beaucoup de pays
« susceptibles », où ils sont pris, à la douane, pour de simples portables (ex : téléphone
Thuraya - 3G).
Ces outils sont très utiles pour assurer la sécurité des membres d’une expédition, notamment
en cas de rapatriement urgent.
Ces téléphones peuvent être alimentés par panneaux solaires miniaturisés et sont
suffisamment résistants pour être emportés dans les camps d’altitude.
Outre le fait qu’ils permettent de réquisitionner une évacuation sanitaire en urgence, ils
peuvent être utilisés pour obtenir des conseils médicaux à l’autre bout du monde, auprès de
son médecin référent, de son assurance ou d’une centrale spécialisée (SOS-MAM,
Ifremmont).
SOS-MAM (+ 33/826 14 8000 depuis l’étranger ; 0826 14 8000 depuis la France) est un
centre d’appel international animé 24h/24 par les médecins urgentistes experts de
l’Ifremmont. Il est réservé aux abonnés.
Outre les conseils et informations destinés à la préparation d’une expédition, ils sont à même
d’apporter des conseils précieux sur la conduite à tenir ou le traitement le plus approprié à
une situation médicale ennuyeuse ou urgente (renseignement sur www.ifremmont.com ou
[email protected]).
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Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
18
P
réparation physique
Préparation physique
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le succès n’appartient pas forcément aux
champions. Parmi les plus affûtés, nombreux sont ceux à s’être laissé surprendre en voulant
brûler les étapes.
A priori, être très sportif, marathonien par exemple, aide à aborder un séjour en altitude,
mais ça ne fait pas tout. En montagne il faut avoir de la patience, de la ténacité, un moral
d’acier et de la chance.
La règle inéluctable est de respecter les paliers d’acclimatation.
Or les marathoniens, par exemple, souffrent moins de l’effort physique à fournir en montant,
et cela les incite parfois à ignorer les paliers d’ascension. Ils sont ainsi les premiers à faire les
frais du mal aigu des montagnes, ce qui est peu compatible avec leur profil psychologique.
Réussir une ascension en haute altitude demande à la fois de bonnes capacités cardiopulmonaires, une bonne endurance et une bonne acclimatation à l’altitude.
Il faut donc se préparer suffisamment longtemps à l’avance en privilégiant les efforts de
longue durée (randonnée sur plusieurs jours, courses de deux jours, cyclisme de longue
distance), et si possible en altitude pour sensibiliser l’organisme à développer ses capacités
en anaérobie (sans oxygène).
Le travail en résistance ne doit pas être abandonné car il permettra d’améliorer sensiblement
les valeurs de la VO2max. Une bonne VO2max permet de mieux gérer les efforts violents en
altitude qui sont parfois inévitables (passage d’un sérac ou d’une rimaye, passage difficile en
escalade).
Pour améliorer la VO2max, l’exercice de type « fractionné » est idéal. Le vélo tout terrain
correspond bien un d’entraînement de cette nature car il impose, sur une durée
suffisamment longue, un enchaînement de passages violents entrecoupés de phases de
récupération partielle, et tout en faisant travailler les muscles de l’extension de la jambe.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
19
D
iététique et montagne
Alimentation
On passe souvent beaucoup de temps à choisir son matériel pour partir en montagne, mais
moins à sélectionner les aliments qui vont servir de carburant à l’organisme.
Aliments et boissons sont pourtant indispensables à la performance, à l’endurance et à la
résistance.
La balance énergétique est la clé de l’alimentation en montagne
L’alimentation en montagne
La première règle est connue de tous : une alimentation riche et équilibrée.
Le corps n’appréciera pas d’être gavé uniquement de sucres lents (pâtes, riz, pain).
Contrairement au dicton montagnard, un bon plat de pâtes ne suffit pas : l’organisme a
besoin de glucides, de protides et de lipides selon un rapport qui, en montagne, s’équilibre
de la façon suivante :
Environ 60 % de glucides.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
20
Il s’agit des sucres lents comme les pâtes, le riz, les pommes de terre, le pain, les céréales
(tout ce qui n’est pas sucré au goût), et des sucres rapides (sucre, chocolat).
Les glucides rapides sont plus efficaces dans l’urgence car ils fournissent de l’énergie
rapidement, mais on ne peut pas les stocker ; c’est le feu de paille ! Ils vont dans le sang et,
s’ils ne sont pas utilisés, repartent dans les urines.
Les glucides lents, eux, sont stockés dans les muscles et le foie sous forme de chaîne
glucidique. Ils sont ensuite libérés en fonction des besoins, lors d’un effort par exemple ;
c’est le feu de bois !
Il faut toujours mélanger sucres rapides et sucres lents, car avaler uniquement des sucres
rapides peut provoquer des hypoglycémies réactionnelles. C’est d’autant plus vrai après
l’effort.
Une barre de céréales ou une tartine de confiture, par exemple, associent les deux types de
glucides.
Environ 25 % de lipides.
Les graisses animales saturées sont moins facilement exploitables mais possèdent des
caractéristiques indispensables à l’organisme.
La graisse végétale insaturée comme l’huile d’olive, de tournesol ou le soja, a une grande
valeur énergétique.
L’idéal est de répartir les deux sortes d’huiles pour moitié.
Les lipides sont très énergétiques à condition d’avoir suffisamment d’oxygène dans le sang.
C’est en exerçant un effort long mais peu intensif que l’on peut exploiter cette excellente
ressource, plus économique que les glucides à long terme. Il faut bien gérer son effort pour
éviter d’avoir à brûler son carburant sans avoir d’oxygène.
Puisqu’il est question de carburant, on pourrait assimiler les lipides au diesel ; pas de grande
puissance mais une bonne endurance.
Environ 15 % de protides.
Viande, œufs en poudre, lait en poudre, gruyère, fruits secs, poisson.
C’est en général ce que l’on absorbe le moins en montagne, alors qu’il faut absolument
conserver l’équilibre alimentaire puisque chaque catégorie d’aliments a ses qualités propres.
Les protides limitent la fonte des muscles et préservent la puissance musculaire. Ils
participent aussi au stockage des glucides.
Besoins en vitamines
Vitamine C.
Pour des séjours en montagne de courte durée, pas besoin de vitamine.
Sur des randonnées plus longues ou des treks, un supplément de vitamine C peut se révéler
utile car c’est une vitamine fragile et indispensable à l’organisme. Le corps est incapable de
la fabriquer et la stocker.
Elle est habituellement apportée par des produits frais comme les fruits (orange, pomme,
carotte) ou les légumes, qui ne sont pas toujours disponibles en expédition ou en trekking.
Un comprimé de 500 mg de vitamine C par jour est recommandé lors des longs séjours en
altitude (contrairement à une croyance répandue, la vitamine C ne gêne pas le sommeil).
Vitamine B.
Elle gère les glucides et permet de les utiliser à l’effort.
On la trouve notamment dans l’écorce des céréales complètes (blé, riz).
Fer.
Il est conseillé chez la femme qui est fréquemment carencée lors de longs séjours en
altitude. SOUS QUELLE FORME ?
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
21
Ration calorique
La ration calorique en montagne est plus importante que pour vie urbaine et sédentaire.
Une journée normale en ville nécessite 2 000 à 2 500 calories, alors qu’une activité sportive
en montagne peut demander le double, voire le triple.
Par exemple, au camp de base d’une expédition, sans effort, il faut déjà prévoir un minimum
de 3 000 calories par jour.
Les fruits oléagineux (noix, noisette, olive) qui, outre un bon rapport qualité/poids,
enferment des graisses insaturées, des glucides, des protides et de la vitamine B, sont des
aliments particulièrement intéressants en montagne.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
22
Ration type pour une journée en altitude
100 g de lait en poudre
100 g de riz, pâte ou semoule
Pâte d'amande
100 g de fruits secs
5 barres énergétiques
2 sachets de sucre en poudre
2 sachets de thé ou café
Attention, en altitude :
La sensation de satiété survient plus vite qu’en temps normal : on se jette sur la
nourriture mais on a du mal à finir son assiette !
Le goût des aliments est différent de celui qu’ils ont habituellement ; en
particulier le sucre et le sel. Des aliments que l’on n’aime pas en plaine sont
dévorés en altitude alors que d’autres habituellement appréciés sont repoussés !
Alors que les rations sont le plus souvent insuffisantes, elles sont pourtant mal
absorbées par le système digestif qui est paresseux.
Ne pas négliger la qualité des aliments si l’on ne veut pas perdre 10 kg en 15 jours !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
23
Hydratation
La grande règle est de boire avant d’avoir soif. Quand on a soif, c’est trop tard, les cellules
sont en déficit et elles ont déjà fabriqué les toxines qui donnent des crampes.
Ne pas boire suffisamment provoque des douleurs musculaires pour les trois jours suivants.
Le rôle principal de l’eau est de refroidir le corps en évacuant la chaleur.
Un tiers seulement de l’eau absorbée lui sert à faire fonctionner la machine en permettant
aux glucides de se transformer en énergie.
En montagne, on se déshydrate beaucoup : par la transpiration, l'hyper ventilation, l'air
sec. On perd son eau sans s'en rendre compte (20% des pertes d'eau en altitude se font
par les poumons).
Lors d’une randonnée de 5 heures, en moyenne montagne, on perd :
2 litres d'eau par la sueur et la respiration, à une température de 20°C .
2,5 litres d’eau, à une température de 25°C.
5 litres d’eau, à une température de 35°C.
Le manque d’entraînement augmente encore ces pertes d’eau.
Comment boire ?
L’idéal est de fractionner les apports :
1/2 litre le matin avant de partir, puis 1/4 de litre toutes les heures (ne jamais
dépasser 1/2 litre à la fois).
Ne pas boire trop froid ni trop chaud.
L’eau gazeuse, qui contient du bicarbonate, est à prendre le soir, en fin d’effort. C’est une
boisson alcaline qui neutralise et évacue les toxines et les acides par le rein.
Une eau équilibrée et adaptée à l’effort contient notamment des sels minéraux qui
permettent une meilleure digestion.Elle doit être légèrement sucrée pour apporter l’énergie
rapide qui va faire le lien avec les énergies lentes.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
24
Recette du Docteur Vertical pour une boisson simple, efficace et pas chère
Ajouter 50 g de sucre par litre d'eau (plus il fait chaud, plus il faut diluer les
sucres, plus il fait froid, moins on dilue).
Agrémenter avec un fond de jus d'orange pour que le goût soit plus agréable.
Ajouter un sachet de sels minéraux (le thé contient ses sels minéraux, ou encore
une pincée de sel avec un citron).
Certains rajoutent de la caféine ou un cachet d'aspirine pour stimuler les
énergies.
Chez l’enfant
Les pertes en eau sont plus importantes et plus rapides chez l’enfant car il dépense plus que
l’adulte proportionnellement à sa masse musculaire et possède une surface d’échange (peau)
plus importante par rapport à sa masse corporelle.
De plus, l’enfant supporte beaucoup moins bien la déshydratation que les grandes
personnes.
Il doit boire toutes les demi-heures.
L’idéal est de l’équiper de son propre « Camel back ».
Ne jamais refuser sa demande de boisson !
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25
C
hapitre 7
Préparer une trousse
médicale d’expédition
Préparer une trousse médicale pour un trekking ou une expédition mérite une approche
particulière.
Le responsable médical d’un groupe ne peut plus s’appuyer sur les repères de sa pratique
quotidienne. Qu’il soit médecin, infirmier, guide ou accompagnateur, il se retrouve, comme
à bord d’un bateau en pleine mer, seul maître à bord.
L’absence d’infrastructures, le manque de moyens et les aléas du milieu naturel
rendent toute intervention plus aléatoire.
Chacun peut être amené à gérer l’urgence et les soins en fonction de ses moyens et
de ses connaissances.
Une trousse médicale d’urgence est bien préparée et utile si elle est adaptée à celui
qui va s’en servir.
Il est inutile, voire dangereux, d’emporter des médicaments et des instruments dont on
ne connaît ni les effets ni les dangers, et dans l’utilisation desquels on n’a pas
d’expérience.
Généralités
Contenu de la trousse à pharmacie
Jurisprudence
Modèles de trousse à pharmacie
Trousse pour trekking sans médecin
Trousse pour expédition légère sans médecin
Trousse pour expédition lourde avec médecin
Pharmacie volante
Pharmacie du guide
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
1
Généralités
Pour constituer une trousse, il faut tenir compte de différents paramètres qui
caractérisent le milieu.
L’altitude
Elle est responsable d’un syndrome spécifique, le mal aigu des montagnes, qui, à lui
seul, est à l’origine de la majorité des soucis.
Il faut bien en connaître les symptômes avant de partir.
Il faut également savoir distinguer les signes de gravités qui permettront de suspecter
un œdème pulmonaire ou un œdème cérébral de haute altitude avant qu’il ne soit trop
tard [voir chapitre 2 : Maladies de montagnes]
Enfin il faut connaître les différentes armes disponibles pour combattre les
complications dramatiques et sauver un compagnon de cordée.
Un caisson de recompression portable et des traitements adaptés peuvent se révéler
indispensables.
L’exotisme
Les plus hauts sommets se trouvent parfois sous les tropiques et la marche
d’approche traverse parfois des territoires de moindre altitude soumis aux ambiances
plus tropicales. Paludisme, giardiase, amibiase, malaria, peuvent y être contractés.
Certains pays sont même victimes de maladies nécessitant des thérapies particulières.
Il est indispensable de consulter les sites Internet spécialisés pour connaître les
actualités sanitaires et les conseils de prophylaxie [voir chapitre 6 : Vaccinations et
prophylaxie]
L’isolement
Le délai d’évacuation sanitaire est souvent long. Le responsable médical du groupe
devra parfois faire preuve d’initiative en débutant des traitements ou en faisant face à
l’épuisement de son stock de médicaments. Ce type de situation est rare, mais la
trousse doit satisfaire à un minimum d’autonomie.
Le type d’expédition
La liste de produits à emporter dépend du nombre de participants et de leurs
caractéristiques individuelles (alpinistes confirmés ou sujets à risque), de la durée et
du type de l’expédition (trekking de quelques semaines ou expédition de plusieurs
mois), de la destination (milieu polaire ou milieu tropical) ou de l’objectif (sport,
exploration, sciences)
L’expérience du responsable médical
La présence d’un médecin expérimenté et polyvalent n’est pas toujours possible.
Qu’un infirmier, un généraliste, un urgentiste, un réanimateur ou un chirurgien fasse
partie du groupe, l’important est d’adapter le contenu de la trousse à l’utilisateur.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
2
La plupart du temps, il n’y aura même pas de personnel médical au sein du groupe, ce
qui limitera la taille de la trousse et sa sophistication.
Il est inutile d’emporter du matériel dont personne ne sait se servir.
Les gestes médicaux les plus complexes doivent être évités au profit des plus simples
et surtout des moins risqués.
Surtout ne jamais prendre de risque pour un motif futile ne mettant pas en jeu la vie ou
un organe indispensable du patient.
Le poids, les moyens de transport et le coût
Les moyens logistiques et financiers sont très variables d’une expédition à l’autre
(expédition commerciale, trekking, expédition légère…) et la dotation médicale peut en
souffrir.
Certains camps de base sont accessibles en hélicoptère ou en camion, d’autres ne le
sont qu’à pied.
Aucun matériel minimum n’est officiellement défini, mais une dotation minimum doit
être exigée auprès du chef d’expédition pour garantir une prise en charge correcte.
En expédition, l’obligation de moyens s’appuie sur des bases qui sont propres au
terrain montagnard. Un compromis harmonieux doit être trouvé en tenant compte de
tous ces paramètres.
En résumé, pour bien préparer sa trousse de pharmacie :
Il faut bien connaître les symptômes et les complications du mal aigu des
montagnes avant de partir.
Savoir que les gestes médicaux les plus complexes doivent être évités au
profit des plus simples et surtout des moins risqués.
Il est inutile d’emporter du matériel dont personne ne sait se servir,
l’important est d’adapter le contenu de la trousse à l’utilisateur.
Un minimum de moyen doit être exigé auprès du chef d’expédition pour
garantir une prise en charge correcte.
La trousse doit satisfaire à un minimum d’autonomie qu’il faudra savoir
évaluer en fonction de la logistique.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
3
Contenu de la trousse à pharmacie
Que le groupe soit accompagné d’un médecin d’expédition chevronné, qu’il compte
seulement un infirmier ou que ses membres n’aient que de vagues notions de
secourisme, il est du devoir de son responsable de s’équiper d’un minimum de
moyens.
Adapter la trousse médicale à l’utilisateur et non le contraire !
Le conditionnement
Le matériel médical est soumis à rude épreuve. L’originalité des moyens de transport
(camion, mules, yacks, porteurs) qui le mènent à destination est pourvoyeur de
dommages. Les écarts de température dénaturent certaines substances. Les sachets
se détériorent, les ampoules et les flacons se brisent, le matériel stérile se souille et les
boîtes hermétiques se dilatent sous l’effet de la dépression atmosphérique (engendrant
des explosions fort contrariantes dans les avions mal pressurisés).
Le choix du conditionnement doit également tenir compte de l’encombrement et du
poids des médicaments.
Le contenant
Le bidon est d’usage courant, bien que ce ne soit pas le meilleur matériel de transport
(ils sont ronds alors que les boîtes de rangement sont le plus souvent carrées ; et celle
que l’on cherche, comme par hasard, est toujours au fond !)
Il est plutôt conseillé d’utiliser des valises plastifiées de couleur vive, possédant un
système de fermeture fiable par code (on perd plus facilement les clés qu’un code) et
une résistance à toute épreuve. Préférer des valises à ouverture horizontale pour
accéder à chaque boîte sans être obligé de tout sortir.
Certaines valises type Explorer ou Pélican sont bien adaptées mais relativement
lourdes et coûteuses ; on peut trouver plus économique en grande surface, mais moins
solide.
Le rangement, pour être ergonomique, peut être facilité par l’utilisation de boîtes semirigides transparentes en matière plastique type Tupperware.
Leur acheminement se faisant en partie à dos d’homme ou d’animal, le poids des
valises ne doit pas excéder 20 kg et elles doivent permettre leur arrimage.
Un listing en français et anglais parfaitement clair doit être affiché dans la valise.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
4
Comment aménager sa trousse de pharmacie
Pour les expéditions sans médecin, il est préférable de classer les produits par
symptôme (diarrhée, douleur abdominale, toux, etc.) On tâchera de sélectionner les
médicaments les plus polyvalents pour éviter l’encombrement (exemple : antibiotiques
à large spectre, azithromycine
Pour les grosses expéditions, la présence d’un médecin est justifiée et l’organisation de
la pharmacie se fera par classe thérapeutique car le médecin connaît les différentes
indications d’un même produit.
Pour une grosse expédition médicale, voici comment peut être segmenté « l’hôpital de
campagne ».
Une valise ou boîte chirurgie
matériel de petite chirurgie, sondage, méchage, drainage et suture.
matériel de contention (attelles de membre, bandes adhésives, bandes
résinées, collier cervical, béquilles…).
pansement et désinfection.
anesthésie locale et locorégionale.
matériel d’extraction dentaire.
Une valise ou boîte médecine
matériel d’examen : otoscope, stéthoscope, frontale, tensiomètre, spéculum,
marteau réflexe…
gastrologie : anti-diarrhéique, antiseptique intestinal, anti-vomitif, laxatif, antiulcéreux et pansement gastrique, anti-hémorroïdaire, taenicide.
cardiologie : vasodilatateur, dérivé nitré, lidocaïne, cardiotonique, anticalcique, diurétique.
pneumologie : antitussif, mucofluidifiant, bêta mimétique, décongestionnant
nasal et oropharyngé.
anti-infectieux : pénicilline, quinolone, métronidazole, macrolide, quinine
ophtalmologie : collyre antibiotique, collyre analgésique, pommade cicatrisante
et antalgique, fluorescéine, fléchette, anti-allergique, larme en gel, compresse
ophtalmique.
dermatologie : gel anti-inflammatoire, crème cortisone, crème antibiotique,
crème antiseptique, anti-parasitaire et anti-poux.
sédation : antalgique mineur (acide salicylique et paracétamol), antalgique
majeur (tramadol et nalbuphine), morphiniques, antispasmolytique
(phloroglucinol et tiémonium), antalgique intermédiaire (dextropropoxyphène)
anti-inflammatoire (kétoprofène), corticoïde (prednisolone orale ou
betaméthasone injectable) anti-histaminique, anti-convulsivant et sédatif
(benzodiazépine), somnifère.
Une valise réanimation pour les expéditions lourdes
liquide de perfusion (salé isotonique, glucosé, hyper salé).
matériel de perfusion, voie veineuse centrale.
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5
matériel de drainage thoracique (uniquement si le médecin sait pratiquer le
drainage thoracique).
masque d’oxygénothérapie, canule de Guédel .
matériel d’intubation ou tube laryngé (une alternative intéressante en milieu
périlleux).
tensiomètre, oxymètre digital, cardioscope miniature.
oxygène médical avec détendeur caréné (2 litres à 200 Bar), ou kit d’oxygène
portable (très discutable).
Une valise réanimation pour les expéditions lourdes
petit matériel de pansement et de désinfection
antalgiques et médicaments contre l’œdème d’altitude
corticoïdes injectables (IM)
antibiotiques à spectre large
anti-vomitifs et anti-diarrhéiques
collyre sédatif et antiseptique
Oxygène
Pour les expéditions lourdes, l’équipement en oxygène constitue une problématique
importante.
Plusieurs options se présentent :
Emporter des bouteilles depuis le pays d’origine (dans ce cas, plusieurs mois avant
le départ, prévoir le transport en avion cargo et s’attendre à un coût élevé).
Demander à l’agence locale qui organise l’expédition de prévoir le nécessaire sur
place.
Ne pas emporter d’oxygène médical et utiliser en cas de besoin l’oxygène prévu pour
l’ascension. Ces bouteilles, bien que tout aussi efficaces, ne sont pas validées
« oxygène médical » et ne sont pas carénées pour assurer une réanimation lourde.
Ne pas emporter d’oxygène médical, en considérant que la réanimation dans ce type
d’expédition n’est pas concevable (solution la plus proche de la réalité)
S’équiper d’un mini-kit portable qui n’autorisera pas une réanimation de longue
durée utopique mais permettra de résoudre un problème aigu transitoire (apnée lors
d’une anesthésie, crise d’asthme…).
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
6
Jurisprudence
Pour les médecins
Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de décision de justice ayant retenu la responsabilité
d’un médecin au cours d’une expédition et il n’existe pas encore de réglementation à la
pratique de la médicalisation dans le contexte très particulier du milieu périlleux.
En revanche, il peut être reproché au médecin de ne pas avoir informé les participants
des risques encourus (vaccination, pathologie d’altitude, isolement et contre-indication
médicale). C’est la raison pour laquelle il est important de faire signer par tous les
participants un formulaire contenant toutes ces informations, ainsi qu’un questionnaire
relatif aux antécédents et aux éventuels traitements.
À partir du moment où le médecin aura été dispensé par l’organisateur de tout ou
partie des frais sollicités auprès des autres participants, il pourra être considéré en
temps qu’intervenant rémunéré. La faute médicale pourra lui être reprochée, qu’elle
soit liée à une intervention inappropriée ou préjudiciable, ou qu’elle relève de la nonassistance à personne en danger…
En fait, comme dans sa pratique habituelle, le médecin est tenu à une simple
obligation de moyens et la faute sera appréciée par rapport à ce qu’aurait fait, à sa
place, dans les mêmes circonstances, un autre praticien consciencieux et averti.
Pour les non-médecins
Il devra s’attacher à ne pas outrepasser ses compétences qui sont clairement établies
dans cet ouvrage.
S’il le fait, il doit se trouver au moins dans une des situations décrites en introduction, à
savoir :
Urgence vitale immédiate.
Urgence en milieu isolé, inaccessible dans l’heure par un médecin, une équipe
médicalisée héliportée ou une caravane terrestre.
Assistance par télémédecine (la responsabilité étant alors partagée avec
l’expert médical qui assiste à distance).
Si la victime est en état de s’exprimer, l’acte doit être réalisé avec son accord !
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
7
Modèles de trousse à pharmacie
Quatre types de pharmacie sont proposés :
-
pharmacie de guide pour une course en montagne.
trekking de 5 à 10 personnes pendant 15 jours sans médecin.
expédition de 5 à 10 personnes de 5 semaines sans médecin.
expédition lourde de 10 personnes sur un sommet de 8000 mètres avec un
médecin.
Ces pharmacies ne prétendent pas faire autorité sur les produits à choisir. Ils ont été
sélectionnés l’ont été en fonction de leur efficacité, leur conditionnement, leur
emballage, leur remboursement par la sécurité sociale, l’existence de générique, etc.
Un médecin pourra simplement s’inspirer de ces listes afin de ne rien oublier, tout en
privilégiant d’autres produits.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
8
TREKKING de 15 jours
5 à 10 personnes
sans médecin
Volume : 20 litres
Poids approximatif : 5 kg
Le caisson hyperbare (non systématique mais fortement conseillé) est transporté de
manière indépendante ; il pèse 4 à 5 kg suivant le modèle.
Dans ce type de configuration, du fait de l’absence de médecin dans le groupe, les
catégories de médicaments proposés sont groupées par symptômes.
DCI
i
Produits suggérés
Par
boîte
Symptômes
Posologie
DOULEUR
aspirine
Aspirine - PH8
500 mg
30
Douleur
Fièvre
1-1-1-1-1-1
paracétamol
Doliprane 1000mg
30
Douleur
Fièvre
1-1-1-1
paracétamol
dextropropoxifène
Dialgirex
20
Douleur
Fièvre
2-2-2-2
tramadol
Topalgic
50mg
20
Douleur rebelle +++
1-1-1-1
LOMBALGIE - CONTRACTURE
tétrazépam
Myolastan 50mg
20
kétoprofène
Profénid 100mg
30
kétoprofène
Profénid 100mg suppositoire
12
Contracture
Mal de dos
Sciatique
Inflammation
Entorse
Colique néphrétique
Mal de dos
Inflammation
Entorse
Colique néphrétique
Mal de dos
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1-1-1
1-1-1
1-1-1
9
NAUSEE - VOMISSEMENT
métoclopramide
Primpéran
10 mg
40
Nausée
Vomissement
1-1-1
métoclopramide
Primpéran 20mg
suppositoire
10
Nausée
Vomissement
1-1-1
DIARRHEE
2 gélules toutes
les deux
heures jusqu’à
arrêt de la
diarrhée
lopéramide
Imodium 2mg
40
Diarrhée
nifuroxazide
Ercefuryl
200mg
28
Diarrhée sans fièvre
2-0-2
tinidazole
Fasigyn
500mg
12
Diarrhée avec fièvre
4-0-0
norfloxacine
Noroxine
400mg
10
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
CONSTIPATION - HEMORROIDES
macrogol
Forlax
10g
20
Constipation
1
trimébutine
Proctolog
10
Hémorroïdes
1
Citrate trisodique
Microlax
4
Constipation
Hémorroïdes
1
BRULURE D’ESTOMAC
hydroxyde aluminium
Xoolam
400mg
40
Brûlure estomac
1-1-1-1
ésoméprazole
Inexium
40mg
28
Brûlure estomac rebelle
1-0-0-0
Toux sèche
1-1-1-1
TOUX
clobutinol
Silomat
40mg
30
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10
béclométasone
Becotid aérosol
1
Asthme
Bronchite irritative d’altitude
2-2-2-2
salbutamol
Ventoline aérosol
1
Crise d’asthme
2-2-2-2
ALLERGIE
dexchlorphéniramine
Polaramine Répétabs
30
Allergie cutanée
1-0-1-0
désonide
Locapred crème
1
Eczéma cutané dermatose
inflammatoire
1-1-1-0
prédnisolone
Solupred
20mg oro-dispersible
20
Œdème
Allergie
ORL
1-0-0-0
épinéphrine
Anahelp
1mg
ou Adrénaline 1mg
2
Œdème de Quincke
Morsure serpent
Arrêt cardiaque
1
bétaméthasone
Célestène
8mg injectable
1
Œdème cérébral
Allergie sévère
1
MYCOSE
éconazole
Pevaryl poudre
1
Mycose cutanée
1-1-1
éconazole
Pevaryl - LP Ovule
150 mg
1
Mycose vaginale
1-1-1
crotamiton
Eurax
tube
Piqure insecte
Démangeaison
1-1-1
MAL DES MONTAGNES
1-1-0-0
acétazolamide
Diamox
250mg
24
Prévention mal aiguë des
montagnes
bétaméthasone
Célestène
8mg injectable
1
Œdème cérébral
1
nifédipine
Adalate 10 mg
5
Œdème pulmonaire
1-1-1-1
sildénafil
Viagra 50
5
Œdème pulmonaire
1-1-1
potassium
Kaléorid
24
À prendre avec le Diamox
1-0-1
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11
INSOMNIE
zopiclone
Imovane 7,5mg
20
Somnifère longue durée
0-0-0-1
zolpidem
Stilnox 10mg
20
Somnifère courte durée
0-0-0-1
alprazolam
Xanax 0.25
30
Agitation
Angoisse
1-1-1
INFECTION
tinidazole
Fasigyn
500mg
12
Diarrhée avec fièvre
4-0-0
azithromycine
Zithromax 250mg
12
Infection pulmonaire
Infection ORL
Infection génitale
Diarrhée avec fièvre
1-0-1-0
amoxicilline
Clamoxyl 1000mg
12
Infection pulmonaire
Infection ORL
Infection cutanée
Infection urinaire
1-1-1-0
(6 jours)
norfloxacine
Noroxine
400mg
10
Antibiotique urinaire
Antibiotique digestif
Antibiotique cutané
1-0-1
(3 jours)
pristinamycine
Pyostacine ou Fucidine
500mg
16
Remplace amoxicilline si
allergie aux pénicillines
1-0-1
(6 jours)
4
Dosettes
Corps étranger œil
1 à 2 gouttes
seulement
10
dosettes
Colorant pour examiner l’œil
1 goutte
YEUX
oxybuprocaïne
Novésine collyre
fluorescéine
kanamycine
Stérimycine ou Tobrex
Pommade ophtalmique
12
dosettes
Infection œil
1-1-1
(3 jours)
rétinol
Vitamine A
Dulcis ophtalmique
1 tube
Ophtalmie
Kératite
Ulcère
Douleur oculaire
1-1-1
(3 jours)
12
dosettes
Conjonctivite bactérienne
Corps étranger
1-1-1-1
sérum physiologique
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
12
AFFECTION PEAU
dexaméthasone
Percutalgine pommade
1 tube
Tendinite
1-1-1
kétoprofène
Profénid gel
1 tube
Entorse
Contusion
1-1-1
oxyde de zinc
Sénophile crème
1 tube
Irritation
Gerçure
1-1-1
acide fusidique
Fucidine pommade
1 tube
Infection cutanée
1-1-1
lindane
Elentol
1 tube
Gale
Tique
Parasite cutané
1-1-1
sulfadiazine argentique
Flammazine
1 tube
Brûlure
1-1-1
AFFECTION RESPIRATOIRE
oxymetazoline
Aturgyl
1
Sinusite
1-1-1-1
pseudoéphédrine
Rhinadvil
15
Catarrhe nasale
1-0-1
prédnisolone
Solupred
20mg oro-dispersible
20
Œdèmes Allergie
ORL
1-0-0-0
amoxicilline
Clamoxyl 1000mg
12
Infection pulmonaire
Infection ORL
Infection cutanée
Infection urinaire
1-1-1-1
(6 jours)
azithromycine
Zithromax
250mg
6
Infection pulmonaire
Bronchite - ORL
Paludisme résistant
Infection génitale
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
(3 jours)
GELURE
buflomédil
Fonzylane
150mg
20
Gelure
1-0-1
aspirine
Aspirine PH8
500mg
50
Gelure
1-0-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
13
MATERIEL
bandelette adhésive
pour suture
Stéristrips
4
Plaie cutanée
colle chirurgicale
Dermabond
4
Plaie cutanée
double-peau
Compeed
4 boites
Ampoules
sparadrap
2
bande adhésive
Méfix
1
bande contention
2 tailles
10
mèche nasale
Mérocel
2
Saignement de nez
compresses
50
éosine aqueuse
5 dosettes
Désinfectant plaie
5 dosettes
Désinfectant peau
iode
Bétadine
agrafeuse
1
pansement compressif
CHUT
2
Plaie hémorragie
pansement
hydrocolloïde
Urgotul
5 plaques
Perte de substance
bistouris
Jetables
4
gants stériles
aiguilles
2 paires
Sous cutanées - IM
trombone
seringue
5 -10- 20 ml
10
2
Hématome unguéal
10
Injection
ciseaux
2
pince à épiler
2
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
14
attelle
Attelle Sam Split
2
caisson hyperbare
portable
1
téléphone satellite
OPHA Ŕ OCHA - MAM
1
Facultatif
Facultatif
attelle
cheville
1
Entorse
Facultatif
attelle
genou
1
Entorse
Facultatif
gilet orthopédique
épaule
1
Contusion
Luxation
Facultatif
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
15
EXPÉDITION légère
pour un sommet de 7000 mètres
sans médecin
Volume : 70 litres.
Poids approximatif : 15 kg.
Le caisson hyperbare est intégré.
DCI
Produit suggéré
Par
boite
Symptômes
Posologie
DOULEUR
aspirine
Aspirine-PH8
500 mg
80
Douleur
Fièvre
2-2-2-2
paracétamol
Doliprane 1000mg
80
Douleur
Fièvre
1-1-1-1
paracétamol
dextropropoxifène
Dialgirex
20
Douleur ++
Fièvre
2-2-2-2
tramadol
Topalgic
50mg
30
Douleur rebelle +++
1-1-1-1
LOMBALGIE - CONTRACTURE
tétrazepam
Myolastan 50mg
20
Contracture
Mal de dos Sciatique
1-1-1
kétoprofène
Profénid 100mg
30
Inflammation Entorse
Colique néphrétique
Mal de dos
1-1-1
kétoprofène
Profénid
100mg suppositoire
12
Inflammation Entorse
Colique néphrétique
Mal de dos
1-1-1
NAUSEE - VOMISSEMENT
métoclopramide
Primpéran
10 mg
40
Nausée Vomissement
1-1-1
métoclopramide
Primpéran 20mg
suppositoire
10
Nausée Vomissement
1-1-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
16
lopéramide
Imodium 2mg
40
Diarrhée
2 gélules toutes les
deux heures jusqu’à
arrêt de la diarrhée
nifuroxazide
Ercefuryl
200mg
28
Diarrhée sans fièvre
2-0-2
tinidazole
Fasigyn
500mg
12
Diarrhée avec fièvre
4-0-0
norfloxacine
Noroxine
20
Antibiotique urinaire
digestif et cutané
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
CONSTIPATION - HEMORROIDES
macrogol
Forlax
10g
20
Constipation
trimébutine
Proctolog
10
Hémorroïdes
citrate trisodique
Microlax
4
Constipation
Hémorroïdes
BRULURE D’ESTOMAC
hydroxyde aluminium
Xoolam
400mg
40
Brûlure estomac
1-1-1-1
ésoméprazole
Inexium
40mg
28
Brûlure estomac
rebelle
1-0-0-0
TOUX
clobutinol
Silomat
40mg
30
Toux sèche
1-1-1-1
béclométasone
Becotid aérosol
1
Asthme
Bronchite irritative
d’altitude
2-2-2-2
ALLERGIE
dexchlorphéniramine
Polaramine Répétabs
30
Allergie
1-0-1-0
désonide
Locapred crème
1
Eczéma cutané
Dermatose
inflammatoire
1-1-1-0
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
17
prédnisolone
Solupred 20mg
orodispersible
20
Œdème
Allergie
ORL
épinéphrine
Anahelp ou Adrénaline
1mg
2
Œdème de Quincke
Morsure serpent
Arrêt cardiaque
1-0-0-0
MYCOSE
éconazole
Pevaryl poudre
éconazole
Pevaryl-LP ovule
150 mg
crotamiton
Eurax
1
Mycose cutanée
1
Mycose vaginale
1 tube
Piqûre insecte
Démangeaison
MAL DES MONTAGNES
acétazolamide
Diamox
250mg
24
Prévention mal aigu
des montagnes
1-1-0-0
bétaméthasone
Célestène
8mg injectable
2
Œdème cérébral
1
nifédipine
Adalate 10mg
Œdème pulmonaire
1-1-1-1
sildénafil
Viagra 50mg
5
Œdème pulmonaire
1-1-1-1
potassium
Kaléorid
24
À prendre avec le
Diamox
1-0-1
10
INSOMNIE
zopiclone
Imovane 7,5mg
20
Somnifère longue
durée
0-0-0-1
zolpidem
Stilnox 10mg
20
Somnifère courte
durée
0-0-0-1
alprazolam
Xanax 0.25
30
Agitation
Angoisse
1-1-1
Infection respiratoire
Infection urinaire
1-0-1-0
INFECTION
cotrimoxazole
Bactrim Forte 500mg
10
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
18
azithromycine
Zithromax
250mg
6
Infection pulmonaire
Bronchite - ORL
Paludisme résistant
Infection génitale
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
(3 jours)
amoxicilline
Clamoxyl 500mg
24
Infection pulmonaire
Infection ORL
Infection digestive
Infection cutanée
Infection urinaire
1-1-1-0
(6 jours)
norfloxacine
Noroxine
20
Antibiotique urinaire
digestif et cutané
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
pristinamycine
Pyostacine ou Fucidine
500mg
16
Remplace amoxicilline
si d’allergie aux
pénicillines
1-0-1
(6 jours)
10
dosettes
Corps étranger œil
1 à 2 gouttes
seulement
10
dosettes
Colorant pour
examiner l’œil
1 goutte
YEUX
oxybuprocaïne
Novésine collyre
fluorescéine
kanamycine ou
tobramycine
Stérimycine ou Tobrex
Pommade ophtalmique
12
dosettes
Infection œil
1-1-1
(3 jours)
rétinol
Vitamine A Dulcis
ophtalmique
2 tubes
Ophtalmie Kératite
Ulcère
Douleur oculaire
1-1-1
(3 jours)
10
Corps étranger dans
l’œil
lancettes
AFFECTION PEAU
dexaméthasone
Percutalgine pommade
1 tube
Tendinite
1-1-1
kétoprofène
Profénid gel
1 tube
Entorse
Contusion
1-1-1
diclofénac
Flector Tissugel
1 boite
Tendinite
1-0-1
oxyde de zinc
Sénophile crème
1 tube
Irritation
Gerçure
1-0-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
19
acide fusidique
Fucidine pommade
1 tube
Infection cutanée
1-1-1
lindane
Elentol
1 tube
Gale
Tique
Parasite cutané
1-1-1
sulfadiazine argentique
Flammazine
1 tube
Brûlure
AFFECTION RESPIRATOIRE
oxymetazoline
Aturgyl
1
Sinusite
1-1-1-1
pseudoéphédrine
Rhinadvil
20
Catarrhe nasal
1-0-1
prédnisolone
Solupred 20mg
orodispersible
20
Œdème
Allergie
ORL
1-0-0-0
amoxicilline
Clamoxyl 500mg
24
Antibiotique
pulmonaire
Antibiotique ORL
Antibiotique digestif
Antibiotique cutané
Antibiotique urinaire
1-1-1-1
(6 jours)
azithromycine
Zithromax
250mg
6
Infection pulmonaire
Bronchite - ORL
Paludisme résistant
Infection génitale
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
(3 jours)
béclométasone
Becotid aérosol
1
Asthme
Bronchite irritative
d’altitude
2-2-2-2
(6 jours)
salbutamol
Ventoline aérosol
1
Crise d’asthme
2-2-2-2
GELURE
buflomédil
Fonzylane
150mg
30
Gelure
1-0-1
aspirine
Aspirine PH8
500mg
80
Gelure
1-0-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
20
MATERIEL
bandelette adhésive
pour suture
Stéristrips
colle chirurgicale
Dermabond
double-peau
Compeed
bande élastique
adhésive
Elastoplast
4
Plaie cutanée
4
Plaie cutanée
4 boites
Ampoules
8
rouleaux
Strapping
4
rouleaux
sparadrap
bande adhésive
Méfix
1
Rouleau
bande contention
2 tailles
10
bandes
mèche nasale
Mérocel
2
Saignement de nez
compresses
50
éosine aqueuse
10
dosettes
Désinfectant plaie
iode
10
dosettes
Désinfectant peau
agrafeuse
2
Bétadine
pansement compressif
CHUT
2
Plaie hémorragie
pansement hydrocolloïde
Urgotul
5
plaques
Perte de substance
bistouris
jetables
4
gants stériles
aiguilles
3 paires
sous cutanées - IM
trombone
seringue
5 -10- 20 ml
10
2
Hématome unguéal
10
Injection
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
21
ciseaux
1
pince à épiler
1
attelle
Attelle Sam Split
1
caisson hyperbare
Certec
1
téléphone satellite
Thuraya, Iridium
Inmarsat (selon
destination)
1
attelle
cheville
1
Entorse
Facultatif
attelle
genou
1
Entorse
Facultatif
gilet orthopédique
épaule
1
Contusion
Luxation
Facultatif
OPHA Ŕ OCHA Ŕ MAM
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
22
EXPÉDITION LOURDE
pour un sommet de 8000 mètres
avec médecin
Volume : deux valises de 60 à 70 litres.
Poids approximatif : 2 x 20 kg.
Caisson de recompression inclus
VALISE MEDECINE
MATERIEL
Abaisse langue
Otoscope
Stéthoscope
Frontale
Tensiomètre
Saturomètre
Thermomètre tympanique hypothermique
DCI
Produit suggéré
20
1
1
1
1
1
1
Par boîte
Symptômes
Posologie
ANTALGIQUES
aspirine
Aspirine-PH8
500 mg
100
Douleur
Fièvre
8 / jour
paracétamol
Doliprane 1000mg
100
Douleur
Fièvre
4 / jour
paracétamol
dextropropoxifène
Dialgirex
60
Douleur
Fièvre
2-2-2-2
Topalgic
50mg
40
Douleur rebelle
1à4
Actiskenan
20mg
20
Douleur rebelle ++
1à4
tramadol
morphine
GASTROLOGIE
métoclopramide
Primpéran
10 mg
40
Nausée
Vomissement
3 / jour
métoclopramide
Primpéran 20mg
suppositoire
10
Nausée
Vomissement
3 / jour
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
23
lopéramide
Imodium 2mg
80
Diarrhée
2 gélules
toutes les
deux
heures
jusqu’à
arrêt de la
diarrhée
nifuroxazide
Ercefuryl
200mg
40
Diarrhée sans fièvre
2-0-2
tinidazole
Fasigyn
500mg
12
Diarrhée avec fièvre
4-0-0
norfloxacine
Noroxine
20
Antibiotique urinaire digestif et cutané
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
macrogol
Forlax
10g
20
Constipation
1
trimébutine
Proctolog
10
Hémorroïdes
1
citrate trisodique
Microlax
4
Constipation
Hémorroïdes
1
hydroxide aluminium
Xoolam
400mg
40
Brûlure d’estomac
1-1-1-1
ésoméprazole
Inexium
40mg
28
Brûlure d’estomac rebelle
1-0-0-0
niclosamide
Trédémine
50mg
4
Taenia
2-0-0-2
charbon activé
Carbolevure
30
Intoxication
Diarrhées
1-1-1-1
CARDIOLOGIE
nifédipine
Adalate 10mg
30
OPHA
Gelure
Raynaud
Atarax 25
30
Palpitation
Tachycardie
Hydroxyzine
aténolol
Ténormine 50mg
Trouble du rythme cardiaque
1
PNEUMOLOGIE
salbutamol
Ventoline aérosol
1
Asthme bronchite irritative d’altitude
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
2-2-2-2
24
béclométasone
Becotid aérosol
1
Asthme bronchite irritative d’altitude
2-2-2-2
oxymetazoline
Aturgyl
2
Sinusite
1-1-1-1
pseudoéphédrine
Rhinadvil
80
Catarrhe nasal
1-1-1
prédnisolone
Solupred 20mg
orodispersible
20
Œdème - Allergie - ORL
1-0-0-0
ANTIBIOTIQUE
amoxicilline
Clamoxyl 500mg
50
Antibiotique pulmonaire
Antibiotique ORL
Antibiotique digestif
Antibiotique cutané
Antibiotique urinaire
norfloxacine
Noroxine
20
Antibiotique urinaire digestif et cutané
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
azithromycine
Zithromax
250mg
6
Infection pulmonaire
Bronchite - ORL
Paludisme résistant
Infection génitale
Diarrhée avec fièvre
1-0-1
(3 jours)
tinidazole
Fasigyn
500mg
12
Diarrhée avec fièvre
4-0-0
doxycycline
Doxycycline
100mg
15
Paludisme Ŕ urétrite
1-0-0
pristinamycine
Pyostacine
500mg
16
Alternative aux pénicillines quand
allergie
Pulmonaire ORL
Digestif
Cutané et Urinaire
1-0-1
6 jours
acyclovir
Zovirax
25
Herpes
5cp/5jrs
éconazole
Gynopévaryl ovule
150mg
3
Vaginite
1
RHUMATOLOGIE
tétrazépam
Myolastan
40
Contracture
Lumbago
1-1-1-0
kétoprofène
Bi-profénid 150
40
Lumbago
Contusion
Entorse
1-0-1-0
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
25
NEUROLOGIE
zopiclone
Imovane 7,5mg
40
Somnifère longue durée
0-0-0-1
zolpidem
Stilnox 10mg
40
Somnifère courte durée
0-0-0-1
alprazolam
Xanax 0.25
30
Agitation
Angoisse
1-1-1
acétylleucine
Tanganil
500mg comprimés
9
Vertige
1-1-1
MAL DES MONTAGNES
acétazolamide
Diamox
250mg
24
Prévention mal aigu des montagnes
1-1-0-0
bétaméthasone
Célestène
8mg injectable
5
Œdème cérébral OCHA
1à
renouveler
nifédipine
Adalate LP
20mg
10
Œdème pulmonaire OPHA
1à
renouveler
sildénafil
Viagra
50mg
10
Œdème pulmonaire OPHA
1à
renouveler
GELURES
buflomédil
Fonzylane 150mg
40
Gelure
1-0-1
aspirine
Aspirine PH8
500mg
50
Gelure
1-0-1
OPHTALMOLOGIE
oxybuprocaïne
Novésine collyre
fluorescéine
10dosettes
Corps étranger oeil
1à2
gouttes
seulement
10
dosettes
Colorant pour examiner l’œil
1 goutte
kanamycine
Stérimycine
Pommade
ophtalmique
20
dosettes
Infection œil
1-1-1
rétinol
Vitamine Dulcis
ophtalmique
2 tubes
Ophtalmie - Kératite
Ulcère
Douleur oculaire
1-1-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
26
lancettes
larmes artificielles en gel
Gelarm
20
Corps étranger intraoculaire
10
Sécheresse oculaire
Irritation
1 le soir
à
renouveler
DERMATOLOGIE
dexaméthasone
Percutalgine
pommade
1tube
Tendinite
1-1-1
kétoprofène
Profénid gel
2 tubes
Entorse
Contusion
1-1-1
oxyde de zinc
Sénophile crème
2 tubes
Irritation
Gerçure lèvre
1-1-1
acide fusidique
Fucidine pommade
2 tubes
Infection cutanée
1-1-1
lindane
Elentol
1tube
Gale
Tique
Parasite cutané
1-1-1
sulfadiazine argentique
Flammazine
1 tube
Brûlure
1-1-1
crotamiton
Eurax
1 tube
Piqûre insecte
Démangeaison
1-1-1
oxyde de zinc
Oxyplastine
2tubes
Brûlure - Protection solaire
Irritation - Gerçure
1-1-1
désonide
Locapred
1 tube
Inflammation cutanée
Allergie locale
1-1-1
dexchlorphéniramine
Polaramine Répétabs
20
Allergie cutanée généralisée
1-0-1
INJECTABLES
métoclopramide
Primpéran Ŕ IV, IM,
SSC
5
ondensetron
Zophren - IV
2
Uniquement pour les vomissements incoercibles
bétaméthasone
Célestène - IV, IM,
SSC
5
Existe en 4mg, 8mg
épinéphrine
Adrénaline
Anahelp 1mg - IM ou
SSC
2
La forme Anahelp à 1mg permet de bénéficier d’un
conditionnement spécifique résistant aux chocs et
au variation de température.
nalbuphine
Nubain 20mg - IV
6
Effet proche de celui de la morphine avec l’avantage
de ne jamais entrainer de détresse respiratoire.
Inconvénient de l’effet plafond que n’a pas la
morphine
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
27
midazolam
Hypnovel - IV
6
Nécessite une bonne expérience d’urgentiste ou de
réanimateur et un matériel de surveillance et de
ventilation minimum (saturomètre, tensiomètre,
AMBU, scope portable et tube laryngé), ainsi que les
antidotes appropriés.
kétamine
Kétalar
4
Nécessite une bonne expérience d’urgentiste ou de
réanimateur et un matériel de surveillance et de
ventilation minimum (saturomètre, tensiomètres,
AMBU, scope portable et tube laryngé), ainsi que les
antidotes appropriés.
flumazenil
Annexate
2
Indispensable si vous l’on emporte du midazolam.
naloxone
Narcan
2
Indispensable si l’on compte utiliser des
morphiniques.
sulfate atropine
Atropine
2
lidocaïne
Xylocaïne 2%
3
Pour l’anesthésie locale et les blocs si l’on compte
les pratiquer et si l’on a une bonne expérience.
glucosé
G30%
2
Mieux vaut les diluer au préalable dans des
perfusettes de 50 ml qui sont moins fragiles que des
ampoules.
soluté hypersalé
Hyperes
250ml
4
Choc hypovolémique confirmé
NaCl 9 °/°°
50 ml
6
Pour diluer certains produits ou garder une voie
veineuse.
buflomédil
400 ml
4
Pour les gelures, une seule pochette par jour à
passer en un minimum de soixante minutes.
énoxaparine
Lovenox 0.4 ml
10
Immobilisation et rapatriement
Présente l’avantage de ne pas demander de
surveillance plaquettaire.
VALISE CHIRURGIE
bandelette adhésive pour
suture
Stéristrips
5
Plaie cutanée
colle chirurgicale
Dermabond
5
Plaie cutanée
double-peau
Algoplaque
5
Ampoules phlyctènes
bande élastique adhésive
Elastoplast
5 roul.
Strapping
bande résine
5 roul.
Attelle résinée
sparadrap
4 roul.
bande adhésive
Méfix
1 roul.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
28
bande contention
3 tailles
15
mèche nasale
Mérocel
3
compresses
3 tailles
100
éosine aqueuse
iode
Saignement nez
2
Bétadine
Agrafeuse
10 doses
2
Plaie
pansement compressif
CHUT
2
Plaie hémorragie
Pansement hydrocolloïde
Urgotul
20
Plaie avec perte de substance
Bistouris jetables
10
Gants stériles
5
Aiguilles
30
Aiguille bloc
5
Seringue
3 tailles
20
Ciseaux
2
Boite de petite
Chirurgie
1
Attelle modulable
Attelle Sam Split
2
Attelle genou
2
Attelle cheville
2
saturomètre
tensiomètre
Onyx
Seulement l’on maîtrise la technique.
1
Modèle digital, très utile pour surveiller
le degré d’acclimatation des participants
au fur et à mesure de l’ascension.
1
Beaucoup de modèles sur le marché
sous forme de bracelet, moins précis
mais suffisants en expédition.
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
29
1
caisson hyperbare
CERTEC
trekking (1)
expédition (2)
Miniscope
QRS
Schering
1
L’investissement dans un ECG
paramétré permet en plus de pouvoir
transmettre par téléphone ou par
satellite à un spécialiste.
Renseignements www.ifremmont.com
électro stimulateur
Stimuplex
1
Pour ceux qui veulent utiliser les
techniques de bloc plexique.
Canules de Guedel
Tube laryngé
À emporter de préférence sur les
trekkings engagés (1) ou les expéditions
lourdes (2 ).
2
Type VBM
Kit de sondage
Urinaire
2
Ne pas compter faire de la réanimation
en expédition. En revanche, passer un
cap difficile en s’aidant d’un tube laryngé
ne coûte pas cher et peut rapporter
gros. Se renseigner sur la technique en
consultant la téléformation
www.ifremmont.com.
1
Sert rarement, mais quand cela arrive…
Une prostate décompense souvent en
altitude !
Sondes urinaires
3 tailles
3
Trocart vésical
Cystocath
1
Ultime recours quand le sondage est
impossible
Oxygène ( ?)
KIT d’Oxygène
?
Voir au début du chapitre [Oxygène]
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
30
PHARMACIE VOLANTE
Petites pharmacies mises à disposition des alpinistes qui montent dans les camps
d’altitude pendant quelques jours.
En communiquant par radio ou par téléphone satellite, le médecin peut les aider à se
soigner.
Symptômes
DCI
Produit suggéré
Quantité Posologie
Douleur
Fièvre
aspirine
Aspirine-PH8
500 mg
20
Douleur
Fièvre
paracétamol
Doliprane 1000mg 20
1-1-1-1
Douleur rebelle
tramadol
Topalgic 50mg
20
1-1-1-1
Nausée
Vomissement
métoclopramide Primpéran 20mg
suppositoire
5
1
Diarrhée
lopéramide
Imodium
2mg
20
2 gélules toutes les deux
heures jusqu’à arrêt de la
diarrhée
Lumbago
Contusion
Entorse
kétoprofène
Bi-Profénid 150
20
1-0-1-0
Brûlure
estomac
ésoméprazole
Inexium 40mg
Toux sèche
clobutinol
Silomat 40mg
30
1-1-1-1
Gelures
buflomédil
Fonzylane 150mg
10
1-0-1-0
Œdème
pulmonaire
nifédipine
Adalate 10mg
10
1-1-1-1
Angoisse
Agitation
alprazolam
Xanax 0.25mg
10
1-1-1-1
1-1-1-1-1-1
40
1-1-1-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
31
Œdème cérébral
bétaméthasone
OCHA
Œdème pulmonaire
OPHA
Célestène 8mg
injectable
3
1
Somnifère courte
durée
zolpidem
Stilnox 10mg
10
0-0-0-1
Corps étranger œil
oxybuprocaïne
Novésine collyre
5 dosettes
1 à 2 gouttes
seulement à ne
pas renouveler
Ophtalmie - Kératite Rétinol
Ulcère cornée
Vitamine Dulcis
ophtalmique
1 tube
1-1-1
Plaie hémorragique
pansement
compressif
CHUT
2
Ampoules
double-peau
Algoplaque
Compeed
5
Pansement
sparadrap
1 rouleau
Bandage
bande contention
2 rouleaux
Saignement de nez
mèche nasale
Pansement
Compresses
Désinfection
Iode
Mérocel
1
10
Bétadine
2 dosettes
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32
Pharmacie de guide
SYMPTOMES
DCI
Produit suggéré
Quantité
Posologie
Douleur
Fièvre
aspirine
Aspirine-PH8 500
mg
20
1-1-1-1-1-1
Douleur
Fièvre
paracétamol
Doliprane 1000mg
20
Douleur +
Fièvre +
paracétamol
dextropropoxifène
Dialgirex
20
2-2-2-2
Douleur rebelle +++ tramadol
Topalgic 50mg
10
1-1-1-1
Nausée
Vomissement
métoclopramide
Primpéran 20mg
suppositoire
2
1
Diarrhée
lopéramide
Imodium
2mg
6
2 gél. toutes les
deux heures
jusqu’à arrêt de la
diarrhée
Lumbago Contusion kétoprofène
Entorse
Bi-Profénid 150
10
1-0-1-0
Torticolis
Courbature
Lumbago
tétrazépam
Myolastan
6
1-1-1
Brûlure d’estomac
ésoméprazole
Inexium 40mg
6
1-1-1-1
Gelure
buflomédil
Fonzylane 150mg
6
1-0-1-0
1-1-1-1
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
33
Œdème Pulmonaire nifédipine
OPHA
Adalate 10mg
6
1-1-1-1
Angoisse Agitation
alprazolam
Xanax 0.25mg
6
1-1-1-1
Œdème cérébral
OCHA
bétaméthasone
Célestène 8mg
injectable
2
1
Somnifère courte
durée
zolpidem
Stilnox 10mg
6
0-0-0-1
Corps étranger œil
oxybuprocaïne
Novésine collyre
2 dosettes
1 à 2 gouttes
seulement
Ophtalmie Kératite
Ulcère cornée
Douleur oculaire
rétinol
Vitamine Dulcis
pommade
ophtalmique
1 tube
1-1-1
Ampoules
double-peau
Algoplaque
Compeed
5
Pansement
sparadrap
Bandage
bande contention
Saignement de nez
mèche nasale
Pansement
compresses
Désinfection
iode
1 rouleau
2
i
Mérocel
1
10
Bétadine
2 dosettes
DCI : Dénomination Commune Internationale
Petit Manuel de Médecine de Montagne de Emmanuel Cauchy et Ronan Bégoc
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