Alpis Graia - Interreg IIIA Alcotra

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Alpis Graia - Interreg IIIA Alcotra
Alpis Graia
Archéologie sans frontières au col du Petit-Saint-Bernard
PROGRAMME D’INITIATIVE COMMUNAUTAIRE
INTERREG III A ALCOTRA 2000-2006
Alpes Latines COopération TRAnsfrontalière
ITALIE - FRANCE
INTERREG IIIA Alpis Graia
LE COL DU PETIT-SAINT-BERNARD
A L'EPOQUE ROMAINE
Antonina Maria Cavallaro, Sylvie Crogiez-Pétrequin
Le col du Petit-Saint-Bernard était l'un
des nœuds routiers de l'antiquité. La
route romaine remontait de Eporedia
(Ivrée) à Augusta Praetoria (Aoste) où elle
bifurquait pour rejoindre le Summus
Poeninus (Grand-Saint-Bernard) et l'Alpis
Graia (Petit-Saint-Bernard). Caractérisée
par des ouvrages remarquables du point
de vue conceptuel et technique, la
“Routes des Gaules” rendait stable l'un
des parcours de franchissement parmi
les plus importants du secteur occidental
des Alpes, le dotant de toutes les
infrastructures nécessaires.
D'imposants ouvrages, dont on garde de
nombreux vestiges encore de nos jours
dans les substructions, les ponts et les
coupes de rochers, caractérisaient les
points naturels les plus défavorables au
passage d'un chemin. Les techniques de
construction, encore visibles, ne sont pas
analogues, en raison des exigences
d'adaptation aux différentes situations
géomorphologiques et des décalages
chronologiques dans la réalisation des
différents tronçons, auxquels on doit
ajouter la nécessité d'un entretien
constant et les aménagements qui se sont
succédé aux cours des siècles.
Gorge de Pré-Saint-Didier. Restes de culée du
pont d'âge romain à proximité du pont médiéval.
(A. Bryer)
Au col du Petit-Saint-Bernard, l'ancien
parcours longeait au Nord-Ouest
l'actuelle route nationale. Au sommet se
trouvaient des infrastructures affectées à
la fourniture des services nécessaires au
bon déroulement du voyage. Les routes
romaines étaient dotées, en effet, d'un
système efficace de services pour les
voyageurs et leurs moyens de transport ;
la difficulté des déplacements exigeait
que les parcours soient équipés de gîtes
d'étapes munis d'édifices : des mutationes,
de simples haltes pour changer les
chevaux, aux mansiones, des relais d'étape,
pour héberger la nuit les voyageurs et
abriter les animaux utilisés pour le
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portage et la traction des véhicules.
L'ancien parcours vers le col, connu et
répéré dans son développement général,
a fait l'objet, dans le tronçon qui monte
au col, de prospections géophysiques,
menées dans le cadre du projet Alpis
Graia. La méthodologie appliquée, qui se
base sur l'émission de courant électrique,
permet de détecter dans le sous-sol toute
anomalie - des vides ou des structures via la déviation des lignes de courant
déterminée par la différente résistivité
électrique des éléments constitutifs du
sol. L'utilisation de cette méthodologie a
permis d'identifier des traces d'un
parcours routier d'origine romaine,
vérifiées par des fouilles archéologiques
successives.
Zones à très haute
résistivité
Col du Petit-Saint-Bernard.Vue des ensembles A et B et
du bâtiment C, enterré après les fouilles.
(A. Zambianchi)
Vestiges de
chaussée identifiée
à travers les
prospections et les
fouilles
ENSEMBLE A
Repérés et soumis à des sondages par
des voyageurs anglais au XIXe siècle, les
vestiges du bâtiment ont été mis au jour
par Carlo Promis, le premier qui en a
publié le plan en 1862. L'ensemble a fait
l'objet, en outre, d'investigations
archéologiques et d'importantes
restaurations au cours de la première
moitié du XXe siècle, qui ont été relayées
par des interventions ultérieures,
Accumulation de
matériaux de
construction de
l’Antiquité tardive
Col du Petit-Saint-Bernard.
Image de la tomographie géo-électrique, appliquée dans le
tronçon compris entre l'ensemble A et le bâtiment C.
(P. Mauriello)
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Col du Petit-SaintBernard.
Plans des ensembles
A et B et du
bâtiment C.
(Service des Biens
Archéologiques)
BATIMENT C
Tracé de la “route des Gaules”
ENSEMBLE A
ENSEMBLE B
Route actuelle
critique et systématique de toutes les
maçonneries de l'ensemble A est à
l'étude, afin de mieux comprendre les
rapports stratigraphiques entre les
structures et, en particulier, de distinguer
les parties restaurées de celles originales.
jusqu'au années Soixante. Le bâtiment est
interprété comme étant la mansio
fonctionnelle dans la longue et difficile
traversée du col. Le plan d'implantation
de l'ensemble connu à l'heure actuelle
présente un bâtiment composé de deux
noyaux adjacents : le premier, à l'Ouest,
avec accès sur la route romaine précédé
de deux bases de colonne, comporte une
cour centrale pour la halte des véhicules
et des animaux avec, à côté, des locaux
de service et d'accueil des voyageurs. La
cour s'ouvre au Sud vers une pièce
actuellement adjacente à la route
nationale, tandis que le noyau oriental de
l'ensemble comporte un ample espace
rectangulaire, subdivisé à l'intérieur. Dans
le cadre du projet Alpis Graia, le relevé
ENSEMBLE B
Il s'agit d'un petit bâtiment à plan
quadrangulaire, inscrit dans une structure
qui pourrait constituer un portique ;
l'interprétation traditionnelle y a reconnu
un fanum, soit un temple typique de la
culture gallo-romaine. Le bâtiment,
restauré simultanément aux structures de
l'ensemble A, paraît interrompu par la
route actuelle. Le relevé critique intéresse
aussi ces structures.
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BATIMENT C
en raison de la précision par laquelle les
pierres d'angle avaient été taillées, et de
la technique mise en oeuvre, sa fonction
peut être liée à l'accueil des voyageurs
ainsi qu'à la pratique d'un culte. A l'issue
des recherches, l'édifice a été enterré
pour en assurer la conservation.
Identifié, du coté opposé, grâce à une
heureuse et accidentelle prise de vue
photographique qui mettait en évidence
un manteau herbeux différent
correspondant à un rectangle parfait, le
bâtiment C, situé au Nord-Ouest du
probable parcours routier de l'époque
romaine, a été découvert et mis au jour
par une campagne systématique de
fouilles, de 1998 à 2001. A l'heure
actuelle, donc, le bâtiment est le seul,
parmi ceux de la période romaine, qui
nous ait été livré dans la forme que le
temps lui a donnée. Les quatre murs du
périmètre, dont il nous reste que les
fondations, dessinent un plan
rectangulaire de 18x8 m, dont le coté
long est parallèle à l'axe routier ancien.
Les murs sont constitués de pierres
calcaires disposées en lignes régulières,
soigneusement taillées sur la face visible.
A l'intérieur, cinq bases quadrangulaires
alignées, réalisées avec des dalles de
schiste et des briques superposées,
soutenaient probablement des piliers ou
des colonnes sur lesquels s'appuyait la
couverture de l'édifice. La quantité
considérable de clous en fer de
charpente et des tuiles en terre cuite
indique l'existence possible d'un toit en
bois et, peut-être aussi, d'une soupente
en bois. Remontant au Premier Empire,
Col du Petit-Saint-Bernard. Bâtiment C.
Secteur Sud-Ouest. Vue générale une fois
les fouilles terminées. (S.E. Zanelli)
BATIMENT D
A proximité de la frontière francoitalienne, sur le coté nord-occidental de
la route ancienne, on distinguait il y a
longtemps déjà une empreinte,
constituée d'un léger ensellement du sol,
d'un probable bâtiment enterré à plan
rectangulaire, de 38x19 m. Connu au
moins à partir de la moitié du XIXe
siècle déjà, il était interprété par Carlo
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Promis comme un possible campement
des Salasses, peuple qui habitait la région
avant l'arrivée des Romains. Des fouilles
archéologiques, encore en cours dans le
cadre du projet, ont mis au jour en
correspondance avec l'angle sud-ouest
de cette superficie délimitée par
l'ensellement, un tronçon régulier d'une
ample tranchée de fondation creusée
dans la roche. La poursuite des
recherches permettra de mieux
comprendre la nature de l'ensemble,
appelé traditionnellement vallum, dont la
datation est à présent incertaine.
BATIMENT E
Fouillé partiellement, restauré plusieurs
e
fois pendant le XX siècle, le bâtiment en
aval de la frontière franco-italienne a fait
l'objet d'investigations récentes de la part
de l'équipe française.
Les dernières campagnes archéologiques,
sur la base des anciens relevés et de la
stratigraphie intacte dans une partie de
l'édifice, ont confirmé l'existence d'un
plan atypique en forme de croix,
résultant de l'accumulation des
aménagements successifs dont on a pu
déterminer différentes phases : une
Col du Petit-Saint-Bernard. Bâtiment E en cours de fouille.
(N. Geroudet)
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première, datée par la céramique et les
monnaies du règne de Tibère (14-37 apr.
J.-C.), correspond à l'édification du
bâtiment liée à des plates-formes
allongées en dalles de schiste
superposées, à mettre probablement en
relation avec la voie romaine.
A l'extérieur du bâtiment, vers l'Est, une
surface aplanie artificiellement et
recouverte d'une petite couche de gravier
surmonté de matériel romain a été mise
au jour en profondeur : elle pourrait se
référer à l'ancienne route.
Une deuxième phase de construction de
l'édifice, qui remonte au IIIe siècle,
permet de mettre en évidence une
réfection du bâtiment réalisée par une
réutilisation des structures précédentes.
Les techniques de construction se
différencient nettement mais
l'orientation générale des murs déjà
existants semble être respectée.
A la suite d'une période d'abandon et de
destruction, plusieurs foyers sont
implantés au courant du IVesiècle,
indiquant une réoccupation partielle et
temporaire du site.
Le relevé du bâti des murs est en cours
afin de mieux saisir les différentes phases
chronologiques du bâtiment et la portée
des restaurations. La nature même de cet
édifice demeure encore inconnue : poste
de contrôle, auberge, édifice lié aux
activités agricoles ?
La localisation particulière du site
implique une fréquentation en dehors du
cadre de vie habituel à l'époque romaine :
le Petit-Saint-Bernard était un lieu
d'étape et de renouvellement constant de
ses occupants. L'analyse faunistique des
ossements et des dents d'animaux
retrouvés lors des dernières campagnes
archéologiques confirmerait cette
situation : les morceaux de viande
semblent avoir été choisis sur la base de
l'aspect pratique. Aucun indice n'existe
en faveur d'un abattage des animaux sur
le site. D'une façon étrange, les espèces
sauvages représentées sont très variées
mais quantitativement très rares ; la
plupart des espèces présentes appartient
à la triade domestique composée du
bœuf, du porc et des caprinés.
Col du Petit-Saint-Bernard, bâtiment E.
Nummus de Constantin (Lyon, 316 apr. J.-C.), rarissime.
D. Buste de Constantin et tête de cheval.
R. Représentation du Soleil avec le bras droit levé, tenant un
globe de la main gauche.
(M. Amadry)
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LE CROMLECH DU COL DU PETIT-SAINT-BERNARD
Franco Mezzena, Laurence Pinet
A cheval de la frontière, la route
moderne qui franchit le col du PetitSaint-Bernard et relie la Vallée d'Aoste à
la Haute-Tarentaise traverse un
monument qui avait déjà attiré l'attention
des historiens et des savants des temps
passés. Depuis sa découverte au XVIIIe
siècle, le cercle de pierres dressées est
généralement considéré comme étant un
cromlech ou une enceinte funéraire
protohistorique, mais les interrogations
qu'il soulève encore de nos jours sur sa
fonction et sur son âge n'ont pas trouvé
de réponses définitives.
Le site, dans son aspect actuel, compte
54 monolithes, soit 49 pierres dessinant
la circonférence du cercle, dont
seulement 37 sont dressées. Celles-ci
sortent d'une dizaine de centimètres du
sol actuel ; dans l'ensemble elles sont
plus larges que hautes et s'amincissent
vers le sommet. Les faces larges sont
disposées parallèlement à la
circonférence du cercle.
Large seuil de diffluence glaciaire
façonné par les glaciers pléistocènes, le
col se situe au sein de deux ensembles
structuraux très différenciés selon la
composition géologique : vers le
Nord-Ouest la zone subbriançonnaise,
dite « zone des brèches de Tarantaise »,
composée de calcschistes, marnes noires
schisteuses et de calcaires noirs; vers le
Sud-Est la zone briançonnaise constituée
d'affleurements de grès et conglomérat
mentionnée sous le terme générique de
houiller. Entre les deux zones s'insère
une langue de dolomies cargneulisées sur
laquelle le cromlech a été implanté. Le
recrutement des monolithes résulte d'un
choix qui ne reflète pas la variété
Col du Petit-Saint-Bernard.
Vue générale du cromlech. (F. Mezzena)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Les fouilles de la dernière année n'ont
pas permis de trouver de rapport entre
ces couches sûrement datant de
l'Enéolithique et l'implantation du
cromlech, à cause d'un grand fossé de
comblement de matériel de guerre entre
les deux. De nouveaux sondages
pourront peut-être éclaircir la situation.
A présent, l'étude du relevé précis réalisé
en 1997 et l'analyse systématique des
monolithes visent à reconstruire d'un
point de vue théorique, si possible, le
plan originel du monument.
pétrographique du col : tous issus des
roches tendres du houiller, ils
pourraient ainsi provenir des versants
orientaux dominant le cercle ainsi que du
col même.
Les sondages archéologiques effectués
dernièrement, visant la datation du
monument, ont confirmé une situation
très perturbée par des événements
récents : un état de conservation déjà
fortement compromis par le passage de
la route nationale qui a entraîné la
suppression de certaines pierres, a été
accentué par les bouleversements de la
deuxième guerre mondiale et par les
fouilles du siècle passé. Il paraît
désormais certain que de nombreux
menhir ont été déplacés de leur position
d'origine. La seule nouvelle donnée
produite par les recherches est la
découverte, au centre du cercle, de
plusieurs dépôts de couples de pierres de
forme polygonale et arrondie associées à
une pointe de flèche pédonculée en
silex, qui fait remonter cet événement
au début de l'Enéolithique, vers le IIIe
millénaire av. J.-C.
Des dépôts identiques, datés de la même
époque, ont été retrouvés en Vallée
d'Aoste dans l'aire de culte mégalithique
de Saint-Martin-de-Corléans (Aoste) et
dans les nécropoles de Vollein et de
Villeneuve.
Plan du cromlech.
(Service des Biens Archéologiques)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
OCCUPATIONS ET CIRCULATIONS PRE-ROMAINES AUTOUR DU COL
DU PETIT-SAINT-BERNARD ; PREMIERS RESULTATS D'UNE ETUDE
ARCHEOLOGIQUE ET SEDIMENTAIRE DE LA MONTAGNE ALPINE
Pierre-Jérôme Rey
Le col du Petit-Saint-Bernard constitue
l'un des principaux points de
franchissement historique des Alpes
occidentales, à la croisée de plusieurs
itinéraires intra alpins, au pied du versant
sud-est du massif du Mont-Blanc. Bien
attestée à partir de l'Antiquité par les
textes comme par l'archéologie, sa
fréquentation pendant les périodes
antérieures demeurait extrêmement mal
perçue. La possibilité d'un travail de
longue durée, offerte par le projet
Alpis Graia, a permis d'effectuer une
recherche sur les premières circulations
et occupations humaines à l'échelle des
deux versants du col.
Le caractère ténu des vestiges recherchés,
les aspects très contrastés de la moyenne
et haute montagne alpine, la faiblesse des
connaissances préexistantes, impliquent
la nécessité de travailler de manière
extensive dans une aire géographique
vaste. Couvrant l'intégralité des deux
versants du col, la zone de travail retenue
s'étend des vallées de l'Isère et de la
Doire Baltée jusqu'aux glaciers du Rutor
et du Miravidi, de 800 à 3500 m
d'altitude. D'une superficie de près de
1500 kilomètres carrés, l'espace étudié
recouvre partiellement ou totalement le
territoire de 8 communes.
Afin de faire face aux obstacles
spécifiques de la prospection
archéologique, en moyenne et haute
montagne il a été choisi d'employer une
méthode caractérisée par la
multiplication de petits sondages
manuels dans des secteurs sélectionnés
suivant deux critères principaux : une
topographie favorable pour l'occupation
humaine et un contexte sédimentaire
permettant à la fois la conservation et
l'accessibilité des vestiges. Pendant les
sondages, la lecture attentive des coupes
stratigraphiques permet d'établir
rapidement un diagnostic archéologique
détaillé et offre de multiples possibilités
d'observations et d'échantillonnages.
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Près de 510 emplacements répartis à
toutes les altitudes ont été retenus à
l'issue d'une première sélection ;
69 de ces emplacements ont fait l'objet
d'un ou plusieurs sondages qui offrent
un aperçu plus ou moins lacunaire de la
dynamique sédimentaire depuis la fin de
la dernière glaciation (étude Bernard
Moulin).
14 nouveaux sites ont été découverts et
une trentaine d'autres sondages ont livré
des résultats archéologiques significatifs.
(P.-J. Rey)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Des indices lithiques isolés ont été
recueillis assez haut en altitude sur le
versant français, à proximité du col, sur
la commune de Séez. Des fragments de
quartz hyalin qui témoignent d'un
débitage d'éclats ont été découverts à
Bourg-Saint-Maurice, au Plan de Beaupré
(2130 m). Dans le secteur des Cinq Lacs,
toujours sur la commune de BourgSaint-Maurice, une lame retouchée en
silex d'une dizaine de centimètres de
long, a été retrouvée à près de 2600 m
d’altitude. Cet objet dont la facture
évoque le Néolithique final, constitue un
des plus anciens témoins de la
fréquentation des hautes altitudes dans
cette partie du massif alpin. Plus bas,
souvent en dessous de 1000 m, de
multiples indices montrent la présence
des populations néolithiques.
La découverte de deux sites néolithiques
en plein air et sous abri vers 1900 m
d'altitude, sur le flanc sud du Dou de
Sermons au lieu-dit La Commune (Séez),
sur le chemin du col, témoigne
d'occupations qui pourraient remonter
au Ve millénaire avant notre ère.
Séez, Dou de Sermons. Sondage 9. Abri sous roche occupé au
Néolithique. (P.-J. Rey)
Des occupations du Bronze final et de la
culture de Hallstatt ancien sont
documentées au Châtelard de
Bourg-Saint-Maurice par des structures
d'habitat constituées d'une série
d'empierrements horizontaux. Le
mobilier archéologique très fragmenté,
comprend des tessons de céramique et
de la faune, de nombreux fragments de
galets chauffés, quelques outils de
percussion et de mouture.
De l'autre côté du col, à Pré-Saint-Didier,
au lieu dit Pian del Bosco, plusieurs
Bourg-Saint-Maurice, Châtelard. Sondage 2. Armature de
flèche en quartz hyalin taillé, attribuée au Néolithique final.
(P.-J. Rey)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Un sondage a permis d'identifier
plusieurs niveaux d'occupation
protohistoriques profondément enfouis
mais pauvres en vestiges. A la base de
cette séquence s'ouvrait une grande fosse
rubéfiée par le contact direct avec le feu
de 1,25 m de large et 30 cm de
profondeur, remplie de pierres et de
dépôts de combustion. Ce type de
structure évoque un four à pierres
chauffantes. Le mobilier essentiellement
céramique livré par le comblement,
permet d'avancer une datation de l'Age
du Bronze dans l'attente d'une datation
C14 plus précise.
Même si l'élaboration des données, les
analyses sédimentologiques et
environnementales ne sont pas achevées,
quelques observations sur les résultats
obtenus peuvent être soulignées.
L'occupation des zones d'altitude dès la
fin de la Préhistoire a été mise en
évidence sur le versant français. Si le
passage du col du Petit-Saint-Bernard est
maintenant attesté dès le début du
Néolithique moyen, le contrôle des
circulations par des sites de hauteur en
pied de versant semble prendre
brutalement de l'importance durant des
périodes relativement courtes, la
première à la phase moyenne du Bronze
final, les plus importantes au Hallstatt
ancien et au cours de l'Antiquité.
sondages ont révélé un site de hauteur
terrassé, dont la première et la plus
importante occupation remonte à la
période de Hallstatt ancien, ainsi que
quelques éléments plus récents
appartenant au deuxième Age du Fer et à
l'Antiquité. Ce site barre la plus
accessible et la moins élevée des voies
d'accès au col sur le versant valdôtain.
Enfin sur la commune de La Thuile deux
sites protohistoriques ont été découverts
à l'amont du hameau de Grande Golette
vers 1520 m d'altitude, sur l'itinéraire du
col. Le plus important se trouve juste
au-dessus du hameau de Grande Golette,
en contrebas de la route actuelle.
La Thuile, Grande Golette. Sondage 1.
Structure de combustion de l'Age du Bronze.
(P.-J. Rey)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Issues de l'échantillonnage systématique
d'un espace limité, les données recueillies
permettent une première approche
globale de la dynamique de l'occupation
humaine. Trois phases importantes
d'occupation des zones basses et des
alpages ont été mises en évidence :
le Néolithique sur le versant français, le
premier Age du Fer et le Haut Empire
romain sur les deux versants.
A l'issue des deux premières années du
projet, les résultats obtenus révèlent la
richesse et la complexité du
patrimoine archéologique des Alpes.
Ils illustrent la pertinence d'une
démarche volontariste d'étude et de
valorisation du patrimoine, dans les
régions à l'écart des grands travaux
d'aménagements rarement abordées par
les archéologues.
Morgex, Molliex. Sondage en cours de fouille. (P.-J. Rey)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
LA FREQUENTATION DU COL DU PETIT-SAINT-BERNARD
DE LA PREHISTOIRE AU MOYEN AGE
Jacques-Louis de Beaulieu
Afin de valoriser le col du point de vue
de son histoire et de son utilisation au
cours des millénaires, il est indispensable
de connaître l'évolution de
l'environnement et, en particulier, les
rythmes de l'occupation pastorale et les
pratiques agraires qui se sont succédé.
Des analyses paléoenvironnementales,
destinées à la reconstitution des systèmes
agricoles et pastoraux depuis la
préhistoire et, par conséquent, à la
compréhension des dynamiques
d'occupation de cet espace montagnard
ont été associées aux méthodes
historiques et archéologiques.
Basées sur les analyses polliniques,
pédoanthracologiques et
paléoentomologiques, les études de
l'environnement du passé permettent de
comprendre l'évolution du couvert
végétal compte tenu des variations
climatiques. A l'aide de l'analyse des
pollens fossiles qui se sont déposés et
stratifiés au cours des millénaires,
notamment, il est possible d'isoler des
indices qui nous renseignent directement
ou indirectement sur l'activité de
l'homme dans ce milieu : la présence de
pollens appartenant à des plantes
directement apportées par l'homme
Col du Petit-Saint-Bernard.
Carottage du Lac de Torvéraz . (M. Segard)
Grain de pollen de Plantain, indicateur
pastoral. (Y. Miras)
1
INTERREG IIIA Alpis Graia
Extraction et détermination
semblables à des moustiques, conservées
dans les sédiments des lacs. Pour ce qui
concerne spécifiquement la pratique
agropastorale, le processus
d'anthropisation qui ressort des analyses
encore à l'étude résulte rythmé, bien qu'en
présence d'indices contradictoires : une
première période clé située au Néolithique
final est suivie par le premier véritable
seuil d'expansion de l'anthropisation du
Bronze final ; un deuxième seuil se réfère
aux Ier-IIIe siècles apr. J.-C., à mettre en
relation avec l'implantation de la station
routière romaine. Un troisième seuil,
caractérisé probablement par des cultures
céréalières, dont la datation pour l'instant
remonte au Moyen Age, tandis qu'on
assiste à une rupture de la pression
agropastorale peu après le XIIe siècle.
Reconstitution des assemblages subfossiles
Etapes de développement des Chironomidae: la
capsule de la tête, conservée dans les sédiments du
lac, permet l'identification de l'espèce. (Y. Miras)
(céréales, seigle, sarrasin) ou bien de
plantes existant à l'état naturel mais
favorisées par l'homme et ses activités
s'accompagnent souvent de la diminution
de grains de pollens d'arbres et d'arbustes.
La datation par la méthode du C14 de ces
couches de pollens permet donc de
reconstituer l'environnement dans les
différentes périodes. Il est possible,
ensuite, de comparer les résultats avec
l'étude des variations des espèces
d'insectes : chaque espèce, en effet, habite
dans un milieu précisément caractérisé du
point de vue climatique et
environnemental ; sur la base donc de
l'espèce la plus représentée, il est possible
de reconstruire l'environnement
correspondant. Dans le cadre du projet
Alpis Graia, l'équipe de chercheurs a
entrepris une étude des capsules des têtes
de larves de Chironomidae, des insectes
Assemblages subfossiles
Reconstitutions paléoenvironnementales
et paléoclimatiques
La variation des espèces de Chironomidae permet la
reconstitution de l'évolution de l'environnement et du
climat. (Y. Miras)
2
A
C
D
B
F
ITALIE
E
FRANCE
Col du Petit-Saint-Bernard. Localisation du cromlech (F) et des vestiges des bâtiments d’époque romaine :
ensembles A et B, bâtiments C, D, E. (CTR, traitement graphique Service des Biens Archeologiques)
INTERREG IIIA Alpis Graia
Col du Petit-Saint-Bernard.
Vue des ensembles A et B, du bâtiment C (enterré après les fouilles)
et du cromlech. (A. Zambianchi)
www.alpisgraia.org
[email protected]
En couverture:
dessin du cromlech du
Petit-Saint-Bernard
(d’après PROMIS,
Le Antichità di Aosta,
1862, tav. II, fig. K)
REGION AUTONOME
VALLEE D'AOSTE
COMMUNE DE
LA THUILE
Imprimé par:
Tipografia Valdostana
Aoste 2005
" Merci, toi qui m'as protégé tout au long de mon chemin, ô Jupiter Pœninus ".
C'est probablement avec une phrase de ce genre que les pèlerins et les voyageurs de l'Antiquité
s'adressaient à Jupiter protecteur des sommets et des cols.
Reliant entre elles les deux parties de l'Empire romain, les cols alpins ont toujours représenté un
système de communication essentiel aux échanges économiques et culturels entre les
communautés de l'antiquité.
La barrière de montagne, et en particulier celle des Alpes avec ses sommets entre l'Italie et la
France, les plus hauts et les plus inaccessibles de l'entière chaîne, ne constituait pas un obstacle à
rebuter les voyageurs dans leur marche. Mais en tout état de cause c'était un devoir de remercier
les divinités qui leur avaient permis, encore une fois, de dépasser cette limite physique.
Cette introduction devrait contribuer à faire comprendre l'importance de récupérer les
témoignages de la "culture" liés aux activités et à l'utilisation des cols alpins.
Leur fréquentation est documentée dès la plus lointaine antiquité, comme si l'humanité se pressait
contre les coulées de glace qui se retiraient pour y placer les signes de sa conquête et de sa
découverte. Ainsi les premiers intrépides avancèrent entre les montagnes et finirent par trouver
les voies et les espaces les plus aptes à franchir ces obstacles naturels et communiquer avec les
communautés limitrophes, tout à fait curieuses et intéressées par de drôles de marchandises qui
arrivaient de quelque pays lointain. Cette attitude a permis que les cols alpins aient toujours
représenté un lieu unissant les communautés.
Encore de nos jours, ces cols, pendant leur ouverture, attirent ceux qui transitent à travers ces
routes montant les pentes des monts. Outrepassé le joint culminant, où la vue embrasse les deux
versants, le terrain s'aplanit et s'élargit sur un panorama d'une beauté envoûtante, d'après quoi on
redescend vers d'autres vallées et des nouvelles sonorités vocales.
Les hommes ont voulu laisser une trace de leur passage sur ces cimes, comme au col du
Petit-Saint-Bernard. Ils y ont ainsi construit des ouvrages d'architecture, soit des temples pour
remercier les Dieux, soit des abris (mansiones) pour offrir à ceux qui avaient affronté le fatigant
parcours un repos bien mérité.
Les traces de cette présence, encore en partie visibles, sont aujourd'hui menacées par le
changement des habitudes des voyageurs qui peuvent désormais s'y rendre en voiture. Une plus
grande rapidité réduit cependant la possibilité de comprendre le territoire et les merveilles
historiques encore présentes. Merveilles, par ailleurs, qui sont subdivisées de manière
pratiquement équivalente entre l'Italie et la France et qui, jusqu'à aujourd'hui, ont fait l'objet de
l'intéressement et de l'engagement de communautés scientifiques et de structures
administratives différentes.
Le projet Alpis Graia, financé par la communauté européenne et les partenaires italiens
(Région Autonome Vallée d'Aoste et commune de La Thuile) et français (S.I.V.O.M. de
Haute-Tarentaise), se propose de mettre en commun ces ressources matérielles et intellectuelles
afin de prédisposer un programme commun pour la valorisation des vestiges archéologiques
présents sur le col. Cette action commune se concentre sur l'intégration de la recherche
historique qui servira à la diffusion de ces connaissances et à la valorisation des traces qui vont de
l'époque préhistorique à nos jours.
Après une phase d'études exhaustives il s'agira de mettre en œuvre un projet d'aménagement de
l'ensemble du territoire historique du col afin de rendre unitaire la gestion d'un lieu divisé par une
frontière. L'intention des partenaires est de faire comprendre aux voyageurs modernes la valeur et
l'histoire du lieu qu'ils sont en train de traverser, de montrer comment un obstacle physique peut
être interprété pendant les siècles et comment il peut redevenir un lieu de communication
entre les peuples.
INTERREG IIIA Alpis Graia
LA DEFENSE DU COL DU PETIT-SAINT-BERNARD
ENTRE L'EPOQUE MODERNE ET L'EPOQUE CONTEMPORAINE
Nathalie Dufour, Andrea Vanni Desideri
LE SYSTEME DEFENSIF
ENTRE LE XVIIe ET LE XVIIIe SIECLE
l'ennemi, parfois comme carrefour de
traversée des armées, parfois comme
objet de restauration face à des conflits
importants.
Son dernier usage coïncide avec les
opérations de guerre d'avril 1794,
documentées, quand les troupes
républicaines françaises, conduites par le
général Dumas, réussirent à percer la
ligne de résistance piémontaise sur le col
parvenant à rejoindre La Thuile.
Un document cartographique de la fin
du XVIIe siècle représente une série de
zones fortifiées empêchant la traversée
du col et barrant les routes valdôtaines
du fond de la vallée. Le système est
subdivisé en deux dispositifs, un
dispositif de première ligne près de
l'Hospice et un autre plus en retrait qui
se développe, au-dessus de La Thuile,
entre le Col du Parc, Theraz, Plan Praz,
le Col Croix et le Col Saint-Charles.
Un premier plan de défense basé
essentiellement sur les retranchements en
haut de La Thuile a été établi en 1629 par
le comte de Savoie Charles-Emmanuel
Ier, mais l'amélioration et l'extension des
retranchements existants et la
construction du dispositif de première
ligne sembleraient à attribuer à l'initiative
de Thomas de Savoie Carignano au
début de la quatrième décennie du XVIIe
siècle, en prévision de la guerre du
Monferrato contre la France. Les
fortifications du Petit-Saint-Bernard
participent, à différent titre, aux
événements militaires des époques
successives, parfois étant percées par
Le système de défense du duché d'Aoste à la fin
e
du XVII siècle avec les unités fortifiées de
l'Allée Blanche, du Petit-Saint-Bernard,
de La Thuile et du Valgrisenche.
(P. Sibilla, La Thuile. Vita e cultura in una
comunità valdostana. 1. Uno sguardo sul
passato, Torino 1995).
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INTERREG IIIA Alpis Graia
La méthode archéologique d'analyse et
de relèvement de campagne, appliquée
dans le cadre du projet Alpis Graia de
façon expérimentale à un contexte
moderne et contemporain, a permis de
reconstruire le développement du
système défensif, malgré la faible
consistance des restes dans certains
points et de lire les modifications et les
consolidations réitérées sur les données
stratigraphiques tout en possédant des
informations écrites très limitées.
Le système de défense avancée était
assuré par les Retranchements sardes, une
ligne continue, décrivant un arc de cercle,
centré sur le torrent Reclus, qui barrait
complètement le vallon du côté français,
aussitôt en aval de l'Hospice du
Petit-Saint-Bernard. La ligne défensive,
Phase I
Phase II
Plan et élévation de la Redoute Sarde auprès du
Col de Traversette. (Traitement graphique : E. Donato)
formée d'installations de diverse nature
et consistance mais bien intégrées entre
elles, a été réalisée en exploitant chaque
élément naturel favorable et en intégrant
les points faibles de la morphologie avec
des tranchées et contrescarpes
artificielles. La Redoute Sarde, bâtie sur le
sommet de la falaise au Nord du Col de
REDOUTE
VIADUC (UT 22)
VIADUC (UT 21)
POUDRIERE (UT 18)
BARAQUEMENT (UT 17)
BASTION (UT 16)
ABRI NATUREL
(UT 11)
COURTINE (UT 13)
TRANCHEE (UT 12)
COURTINE (UT 2)
VESTIGES DE COURTINE (UT 3)
TRANCHEE (UT 9)
BASTION (UT 8)
BASTION (UT 4)
Vue des Retranchements Sardes
depuis l'Ouest. (A. Vanni Desideri)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
Traversette, ferme l'extrémité orientale
de la ligne défensive. L'édifice consiste en
un baraquement subdivisé en deux zones
fonctionnelles différentes, l'une pour le
logement des officiers, fournie de
cheminées, l'autre affectée comme
chambrée des troupes, sans portes mais
avec des fenêtres fusiliers, jouant le rôle
de façade défendue.
Au pied de la paroi rocheuse sur laquelle
se dresse la Redoute Sarde, une grande
enceinte en pierre, munie de
structures défensives et de locaux de
service, constituait probablement un
campement temporaire défendant le
Chemin des canons, une succession de voies
pavées, viaducs et rampes, assurant les
ravitaillements et les communications
entre les positions avancées et les
arrières.
Sur le versant opposé, à l'Ouest du
Reclus, la ligne défensive est complétée
par le secteur structurellement moins
dense, composé d'éléments diversifiés,
terminant avec un baraquement en ruine.
Les Retranchements du Prince Thomas
représentent aujourd'hui encore l'élément
le plus visible du dispositif défensif qui
se développe entre le col du
Petit-Saint-Bernard et La Thuile.
Un imposant système central de bastions
avec tranchées et courtines d'où pilonner
au fusil la route longeant le cours de la
Doire de La Thuile barrait
complètement l'accès à la cuvette de
Petosan. Le petit fort de Plan Praz,
fonctionnellement lié aux
Retranchements et relié avec eux, se situe
sur un plateau à une altitude
intermédiaire par rapport aux
fortifications du Col Croix. La structure,
en pierres sèches bien conservées, dont
les traces de modifications successives
sont bien évidentes, consiste
essentiellement en une courtine à plan
quasiment en étoile dotée de hautes
meurtrières et à l'arrière fournie de
baraquements.
Enfin, des installations de campagne ou
des noyaux de postes d'observation se
distribuent de manière diffuse le long de
la route qui jusqu'en 1873, quand fut
terminée l'actuelle Route nationale 26,
constituait la seule liaison avec le col.
Elévation d'un des viaducs du Chemin des canons.
(Photo et traitement graphique : A. Vanni Desideri)
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INTERREG IIIA Alpis Graia
LE SYSTEME DEFENSIF
ENTRE LE XIXe ET LE XXe SIECLE
Le système défensif le plus tardif autour
du col du Petit-Saint-Bernard se définit
entre la fin du XIXe siècle et les années
Quarante du XXe siècle ; le renfort de
cette ligne se réfère à une période
caractérisée par l'élaboration de projets
de défense territoriale sur une grande
échelle sur les deux versants opposés
français et italien.
Calotte du bunker central.
(N. Dufour)
Sur le versant italien, qui à cette époque
et jusqu'à la rectification de la frontière
en 1947 comprenait tout le plateau du
col, l'engagement économique prévu en
1931 par les lignes directrices
conceptuelles et techniques de ce qui
aurait dû devenir le Mur des Alpes, le
Vallo Alpino, se réduit considérablement
déjà en 1938 laissant inachevées des
tours blindées et les substituant avec un
nombre plus modeste de casemates en
béton.
Le système était organisé avec des
ouvrages de défense passive distribués le
long de la ligne de frontière et diversifiés
en réseaux de barbelés, retranchements
en béton et barrières antichars, intégrés
de manière opportune entre eux.
La défense active était assurée par des
postes armés et blindés pour l'emploi des
Photo aérienne à basse altitude
des barrages antichar. (M. Foli)
Du côté français un premier groupe de
fortifications, composé de trois forts à
des niveaux altimétriques différents au
dessus de Bourg-Saint-Maurice, et une
position avancée près du poste de
frontière sont intégrés dans la
troisième décennie du XXe siècle, selon
les projets Maginot, avec des
infrastructures de défense active et
passive disséminées sur le territoire.
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INTERREG IIIA Alpis Graia
armes automatiques lourdes et
l'artilleries. Le barycentre de tout le
système était le bunker central près du
cromlech, le seul qui a échappé aux
destructions imposées par l'armistice.
Le bâtiment, à deux étages superposés
complètement enterrés, situé à cheval de
la frontière actuelle, était fourni d'un
tunnel rectiligne et coaxial qui permettait
d'effectuer des communications
phototéléphoniques entre le centre de
défense et les bouches à feu de la totalité
de l'ensemble de fortifications. Deux
groupes de casemates à l'Est et à l'Ouest
et une centrale au Sud pouvaient donc
communiquer avec le bunker sans utiliser
la radio, qui pouvait être facilement
interceptée par l'ennemi. Les casemates,
situées à protection de points
stratégiques, se composaient d'une pièce
rectangulaire en béton enterrée ou
creusée dans la roche, dont la voûte était
en berceau avec une meurtrière et des
niches destinées aux matériaux.
Un observatoire camouflé dans un
alpage contrôlant les positions avancées
françaises, et un poste armé dissimulé
dans un édifice imitant le style
traditionnel local de construction,
complétaient le système défensif italien.
Bunker central.
(Traitement 3D : E. Donato, A. Vanni Desideri)
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