(I) ACCENTS ET FAUX SEMBLANTS (Caricamento)

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(I) ACCENTS ET FAUX SEMBLANTS (Caricamento)
CD-37
GE07
GÊNES (I)
ACCENTS ET FAUX SEMBLANTS (Caricamento)
2’10”
SPÉCIFICATIONS
RÉSUMÉ
Au milieu du nouvel espace piéton de la piazza Caricamento, à l’Ouest du palais San Giorgio, vers 16 h. Échanges
verbaux multiples entre les passants et les groupes présents. Musique provenant d’un appareil portable. Claquement
de porte donnant sur l’espace public. Pas sur les dalles. Appel sifflé. Chocs divers. Grondement de la circulation sur
la sopraelevata. Freinage des transports en commun à l’extrémité de la place. Passage de motocyclette. À comparer
avec *3VS/VD02 [voir en annexe 3 les dessins correspondants].
RECONNAISSANCE
En général immédiate.
RÉCEPTION
Générale : Favorable, mais associée aux sentiments d’insécurité et d’inauthenticité.
Relation ville-port : On est à la lisière extérieure du port, plutôt dans l’urbain.
Représentativité génoise : L’écoute du fragment déclenche toute une série de réflexions sur l’identité génoise bafouée
quand l’accent local est imité (cf. BA06 pour l’identité catalane, *3VS/ZH08-TI06 pour l’identité suisse allemande et
tessinoise).
EFFETS SONORES
Attraction-répulsion, bourdon, décalage (entre l’accent connu et l’accent imité), enveloppement, fondu enchaîné
(tuilage), imitation, intrusion, mixage, synecdoques (accent, mouettes), ubiquité (parfois hyperlocalisation).
SYNTHÈSE DES HYPOTHÈSES ET DES COMMENTAIRES
ESPACE
Espace de passage ou de séjour de type agora, dominé ou non par une voie routière, à proximité du port.
MATIÈRE SONORE
La dimension vocale prend la plus grande place pendant l’écoute du fragment. Divers accents (génois, génois imité
par des non-Génois, arabe) y sont entendus, ainsi que le sens de quelques bribes de phrases (« Une Babel, mais dans
un sens négatif »). Des mouvements internes sont décelés dans le fragment. Au milieu d’un apparent désordre,
certains repèrent plusieurs moments sonores qui se succèdent comme dans un « tuilage » musical, perçu tantôt
comme une continuité, tantôt comme une discontinuité de sons (« Tout est décousu »). Plusieurs personnes ressentent
un sentiment d’insécurité.
TEMPS
Moment de détente ou d’attente, associé à la sortie des écoles en fin de journée.
SÉMANTICO-CULTUREL
Que l’espace soit reconnu ou non, l’idée de détente du voyeur dans un lieu où sont co-présentes plusieurs ethnies
prédomine. Le plaisir ressenti à l’écoute du fragment — jeunesse, convivialité, lecture… — est pondéré : — par la
présence de la sopraelevata, vue plus qu’entendue, et même si on reconnaît que le bruit routier induit n’est pas
important ; — par l’évocation, actuellement négative, du centro storico (insécurité, drogue, saleté et sentiment de
dépossession causé par la présence par des Maghrébins et des Africains) ; — par l’imitation par un groupe de jeunes
de la langue et de l’accent génois (la cocina) ; ce jeu, ainsi que la présence de la mouette, trop belle pour être vraie,
ôte du crédit et de l’authenticité à la scène, qui a tous les attributs du faux.
CRITÈRES DE QUALITÉ SONORE
Anonymat ou potentialité de rencontres, mémoire collective (prosopopée), narrativité, sentiment d’insécurité
(insularité, suspension). Adéquation entre espaces sonore et physique, orientation, tiers temps, événementialité.
Signatures sonores (sopraelevata, accent), structure informelle, métabolisme, faible distinctibilité des paroles,
complexité.
CRITÈRES DE QUALIFICATION SONORE
Artificialisation (artificialisation, déréalisation, accentuation). Privatisation, métropolisation (mondanisation,
humanisation, urbanisation), naturalisation littérale. Esthétisation (théâtralisation, visualisation (pollution).
CRITÈRES DE QUALITATIVITÉ SONORE
Lisibilité, rareté, authenticité discutable. Sentiment d’immersion, d’appartenance et d’intériorisation (d’incarnation et
de latence).
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EXPRESSIONS REMARQUABLES
— Siamo al confine col porto, perchè sento degli uccelli, anche sono molto pochi. Pero siamo in città, la città è
divisa, non mi sento in porto, c’è il mare a 10 metri, pero non siamo al porto. — I ragazzi che parlano, mi sembra
che parlano in genovese, è molto strano, mi suona a cosa artificiale, è stato fatto aposta secondo me, non è naturale.
— La sopraelevata, la cosa più brutta dell’Europa, esteticamente è un insulto, quindi mi da fastidio essere di sotto e
capire che c’è questa cosa divisoria. — L’impressione è positiva, sicuramente, però non sto bene, non è un posto che
mi piace, perchè sono i « tangenti ». — Non è realistico, sono tutti giovanni ; il resto sì, il motorino… del tossico,
l’autobus, l’« 1 » che va a Voltri, gli uccelli… — La decadenza del Occidente. — Il discorso del Genovese si sentiva
ch’era forzato, non c’era una cocina, non era pronunciato bene, era italianizzato, anche mi sembrava ironico, come
quando i ragazzi fra di loro escono della scuola così, fanno di scimmiotti. — È tutto slegato, chi parla straniero sta
da un a parte, e poi smette di parlare in un momento in cui subito entra un altro. — Gruppetti, e ognuno dialoga
coll’altro. — Una Babele, ma in senso negativo. — Quel punto che divide queste due realtà, e dove uno non si sente
sicuro. Il gabbiano mi ha fatto un po’ pensare a una Genova più rivierasca, quindi più piacevole, più naturale. — Mi
ha molto impresso il gabbiano, ci stava bene, ma non era integrante, come se fosse qualcosa che abbiamo aggiunto.
— Relax, quando vai coll’amica far due chiacchiere ai giardini. — Indubbiamente è un momento un po’ conviviale,
si scambiano delle opinioni, si legge il giornale. Un momento di svago in un ambiente sereno. — Ho capito solo una
parola : « Lu anem ? », « Allora andiamo ? ». Dava l’idea di un giovane che facesse l’espressione genovese. — Era
uno scherzo, era una caricatura. — Una specie di intercalare, un invitare detto alla genovese.
TRADUCTION FRANÇAISE
— Nous sommes à la frontière avec le port, parce que j’entends des oiseaux, même s’ils ne sont pas très nombreux.
Mais nous sommes en ville, la ville en est séparée, je ne me sens pas dans le port, il y a la mer à 10 mètres, mais nous
ne sommes pas dans le port. — Les jeunes qui parlent, j’ai l’impression qu’ils parlent en génois, c’est très bizarre, ça
fait artificiel. Ça a été fait exprès d’après moi, ce n’est pas naturel. — La sopraelevata, la chose la plus moche
d’Europe, esthétiquement c’est une véritable insulte, en plus ça m’agace d’être dessous et de comprendre que c’est
cette chose séparatrice. — L’impression est positive, sans aucun doute, mais je ne suis pas bien là, ce n’est pas un
endroit qui me plaît, parce qu’il y a les « pots-de-vin ». — Ce n’est pas réaliste, il n’y a que des jeunes ; le reste oui,
le cyclomoteur… du toxico, l’autobus, le « 1 » qui va à Voltri, les oiseaux… — La décadence de l’Occident. — Le
discours du Génois, on sentait qu’il était forcé, ce n’était pas [le bon rythme génois], ce n’était pas bien prononcé,
c’était italianisé, ça me semblait même ironique, comme quand les enfants entre eux quand ils sortent de l’école, ils
font les singes. — Tout est décousu, celui qui parle étranger est d’un côté, et puis il cesse de parler au moment où il y
en a un autre qui commence subitement. — Des petits groupes, et chacun discute avec l’autre. — Une Babel, mais
dans un sens négatif. — Ce point qui divise deux réalités, et où on ne se sent pas en sécurité. La mouette m’a un peu
fait penser à une Gênes plus de la Riviera, plus agréable aussi, plus naturelle. — La mouette m’a beaucoup marqué,
elle était bien là, mais elle n’était pas intégrée, comme si c’était quelque chose qu’on avait rajoutée. — La détente,
quand tu vas au jardin public avec ton amie pour bavarder un moment. — C’est sûr, c’est un moment un peu
convivial, on échange des opinions, on lit le journal. — Un moment de distraction dans un environnement serein. —
Je n’ai compris qu’une phrase : « Lu anem ? », « Alors on y va ? ». — On aurait dit que c’était un jeune qui
employait une expression génoise. — C’était pour plaisanter, c’était une caricature. — Une espèce d’intercalaire [de
mot phatique], une interpellation faite à la génoise.
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