L`O S S E RVATOR E ROMANO
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L`O S S E RVATOR E ROMANO
1,00 € Numéros précédents 2,00 € L’OSSERVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE EN LANGUE FRANÇAISE Unicuique suum e Non praevalebunt Cité du Vatican LXVIII année, numéro 5 (3.466) jeudi 2 février 2017 Appel du Pape au cours de l’audience générale consacrée à l’espérance Discours aux consacrés Répondre au cri de la terre et des pauvres Non à la culture du provisoire Un appel pressant «afin que les Eglises locales répondent avec détermination au cri de la terre et au cri des pauvres» a été lancé par François au terme de l’audience générale du 1er février. En saluant les groupes linguistiques, le Pape s’est adressé à la délégation du Mouvement catholique mondial pour le climat, en remerciant «pour l’engagement à préserver la maison commune, en ces temps de grave crise socio-environnementale». Auparavant, en poursuivant les réflexions sur l’espérance chrétienne à la lumière des textes bibliques, François avait commenté le passage de la première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens (5, 4-11) sur le thème de la mort, pour réaffirmer avec force que «notre résurrection et aussi celle de nos chers défunts n’est donc pas une chose qui pourrait arriver, mais c’est une réalité certaine, dans la mesure où elle est enracinée» dans la résurrection du Christ. Une femme et son enfant en Ethiopie (Photo Le bestiaire du Pape Au cours des dernières décennies, la recherche historiographique a accompli des pas importants dans l’analyse de la riche symbologie des animaux en relation avec la papauté. Giovanni Cerro présente l’ouvrage d’Agostino Paravicini Bagliani, «Le bestiaire du Pape», dans lequel il explore le rapport symbolique et métaphorique qui unit la papauté et les animaux, du moyen-âge à l’époque moderne. La longue tradition du rapport entre les Papes et les animaux semble aujourd’hui avoir laissé de côté les élaborations symboliques complexes du passé pour assumer en revanche une connotation plus concrète, caractérisée par l’engagement et le respect pour la création, comme le démontre la récente encyclique Laudato si’ du Pape François. AP/Mulugeta Ayene) PAGE 2 Audience au Tribunal de la Rote romaine L’amour a besoin de vérité Formation et accompagnement avant et après le mariage sont les deux termes autour desquels le Pape François a développé sa réflexion dans le discours adressé à la Rote romaine, le 21 janvier. «Les expériences de foi de ceux qui demandent le mariage chrétien sont très différentes. Certains participent activement à la vie de la paroisse, d’autres s’en approchent pour la première fois; certains ont une vie de prière intense, d’autres sont, au contraire, guidés par un sentiment religieux plus générique; parfois, ce sont des personnes éloignées de la foi ou manquant de foi. Face à cette situation, il faut trouver des remèdes valables», a dit François, comme «la formation des jeunes, à travers un chemin de préparation adéquat, visant à redécouvrir le mariage et la famille selon le dessein de Dieu. Il s’agit d’aider les futurs époux à saisir et à goûter la grâce, la beauté et la joie du véritable amour, sauvé et racheté par Jésus. Aujourd’hui plus que jamais, cette préparation se présente comme une véritable occasion d’évangélisation des adultes et, souvent, ceux que l’on dit éloignés». Le deuxième remède est l’aide à apporter aux nouveaux époux dans la poursuite de leur chemin dans la foi également après la célébration du mariage. PAGE 6 DANS CE NUMÉRO PAGE 12 Page 3: Angelus du 29 janvier. Page 4: Entretien avec le président du dicastère pour le développement humain intégral. Page 5: Dialogue théologique avec les orthodoxes orientaux. Promulgation de décrets. Page 6: Audience à une délégation de l’European Jewish Congress. Page 7: Audience à la direction antimafia et antiterrorisme italienne. Page 8: Messes à SainteMarthe. Pages 10 et 11: Informations. «Plongés dans ce que l’on appelle la culture du provisoire, qui peut conduire à vivre “à la carte” et à être esclaves des modes», la vie consacrée subit une «hémorragie» «qui affaiblit l’Eglise elle-même». C’est pourquoi il faut valoriser la vie fraternelle en communauté, en offrant au monde un témoignage d’«espérance et de joie». C’est ce qu’a recommandé le Pape François à la plénière de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, reçus le samedi 28 janvier. Préoccupé parce que «les statistiques montrent» un nombre croissant d’«abandons» au sein des congrégations religieuses, le Pape a cité les «facteurs qui conditionnent la fidélité en ce tournant historique, où il apparaît difficile d’assumer des engagements sérieux et définitifs». Et il a rappelé le cas d’un «brave garçon engagé dans une paroisse», qui voulait «devenir prêtre, mais pendant dix ans». Voilà pourquoi «le premier facteur qui n’aide pas à maintenir la fidélité» est «le contexte social» actuel, caractérisé par la «culture du provisoire», qui «pousse au besoin d’avoir toujours des “portes latérales” ouvertes sur d’autres possibilités». En outre, a ajouté le Pape, «nous vivons dans des sociétés où les règles économiques remplacent les règles morales, dictent des lois et imposent des systèmes de référence»; des sociétés où règne «la dictature de l’argent». Le deuxième élément identifié par le Pape concerne «le monde des jeunes», considéré «non pas de façon négative», mais quoi qu’il en soit «complexe, riche, et exigeant. Il ne manque pas — a-t-il expliqué — de jeunes généreux, solidaires et engagés». Mais même parmi eux, «il y a de nombreuses SUITE À LA PAGE 3 L’OSSERVATORE ROMANO page 2 jeudi 2 février 2017, numéro 5 L’espérance dans la vie après la mort Une réalité sûre Chers frères et sœurs, bonjour! Au cours des dernières catéchèses, nous avons commencé notre parcours sur le thème de l’espérance en relisant dans cette perspectives certaines pages de l’Ancien Testament. Nous voulons à présent mettre en lumière la portée extraordinaire que cette vertu revêt dans le Nouveau Testament, quand elle rencontre la nouveauté représentée par Jésus Christ et par l’événement pascal: l’espérance chrétienne. Nous chrétiens, sommes des femmes et des hommes d’espérance. C’est ce qui ressort clairement dès le premier texte qui a été écrit, c’està-dire la première lettre de saint Paul aux Thessaloniciens. Dans le passage que nous avons écouté, on peut percevoir toute la fraîcheur et la beauté de la première annonce chrétienne. La communauté de Thessalonique est une communauté jeune, fondée depuis peu; pourtant, en dépit des difficultés et des nombreuses épreuves, elle est enracinée dans la foi et célèbre avec enthousiasme et avec joie la résurrection du Seigneur Jésus. L’apôtre se réjouit alors de tout cœur avec tous, dans la mesure où ceux qui renaissent dans la Pâque deviennent véritablement «fils de la lumière, des fils du jour» (5, 5), en vertu de la pleine communion avec le Christ. Quand Paul lui écrit, la communauté de Thessalonique vient d’être fondée et peu d’années seulement la séparent de la Pâque du Christ. C’est pour cela que l’apôtre cherche à faire comprendre tous les effets et les conséquences que cet événement unique et décisif, c’est-à-dire la résurrection du Seigneur, comporte pour l’histoire et pour la vie de chacun. En particulier, la difficulté de la communauté n’était pas tant de reconnaître la résurrection de Jésus, tous y croyaient, mais de croire en la résurrection des morts. Oui, Jésus est ressuscité, mais la difficulté était de croire que les morts ressuscitent. Dans ce sens, cette lettre se révèle plus que jamais actuelle. Chaque fois que nous sommes face à notre mort, ou à celle d’une personne chère, nous sentons que notre foi est mise à l’épreuve. Tous nos doutes, toute notre fragilité, émergent et nous nous demandons: «Mais y a-til véritablement une vie après la mort...? Pourrai-je encore voir et embrasser les personnes que j’ai aimées...?». Cette question m’a été posée par une dame, il y a quelques jours, au cours d’une audience, qui avait ce doute: «Est-ce que je rencontrerai les miens?». Nous aussi, dans le contexte actuel, nous avons besoin de revenir à la racine et aux fondements de notre foi, de façon à prendre conscience de ce que Dieu a fait pour nous en Jésus Christ et ce que signifie notre mort. Nous avons tous un peu peur de cette incertitude de la mort. Je me souviens d’un petit vieux, une personne âgée, une brave personne, qui disait: «Moi je n’ai pas peur de la mort. J’ai un peu peur de la voir venir». Il avait peur de cela. Paul, face aux craintes et aux perplexités de la communauté, invite à garder solidement sur la tête, comme un casque, en particulier dans les épreuves et dans les moments plus difficiles de notre vie, «l’espérance du salut». C’est un casque. Voilà ce qu’est l’espérance chrétienne. Quand on parle d’espérance, nous pouvons avoir tendance à la comprendre selon l’acception commune du terme, c’est-à-dire en référence à quelque chose de beau que nous désirons, mais qui peut se réaliser ou pas. Nous espérons que cela arrivera, c’est comme un désir. On dit par exemple: «J’espère que demain, il fera beau temps!»; mais nous savons que le lendemain, il peut aussi faire mauvais temps... L’espérance chrétienne n’est pas ainsi. L’espérance chrétienne est l’attente de quelque chose qui a déjà été accompli; c’est la porte qui est là, et moi j’espère pouvoir arriver à la porte. Que doisje faire? Marcher vers la porte! Je suis certain que j’arriverai à la porte. Il en est de même pour l’espérance chrétienne: avoir la certitude que je suis en chemin vers quelque chose qui existe, et non pas quelque chose que je voudrais qui existe. Voilà l’espérance chrétienne. L’espérance chrétienne est l’attente d’une chose qui a déjà été réalisée et qui se réalisera certainement pour chacun de nous. Notre résurrection, et aussi celle de nos chers défunts, n’est donc pas une chose qui pourra arriver ou pas, mais c’est une réalité certaine, dans la mesure où elle est enracinée dans l’événement de la résurrection du Christ. Espérer signifie donc apprendre à vivre dans l’attente. Apprendre à vivre dans l’attente et trouver la vie. Quand une femme découvre qu’elle est enceinte, chaque jour, elle apprend à vivre dans l’attente de voir le regard de cet enfant qui viendra. Ainsi, nous aussi nous devons voir et apprendre de ces attentes humaines et vivre dans l’attente de regarder le Seigneur, de rencontrer le Seigneur. Cela n’est pas facile, mais cela s’apprend: vivre dans l’attente. Espérer signifie et implique un cœur humble, un cœur pauvre. Seul un pauvre sait attendre. Celui qui est déjà sûr de lui et de ce qu’il a, ne sait placer sa confiance dans personne d’autre qu’en luimême. Saint Paul écrit encore: «Il [Jésus] est mort pour nous afin que, éveillés ou endormis, nous vivions unis à lui» (1 Th 5, 10). Ces paroles sont toujours un motif de grand réconfort et de paix. Nous sommes donc appelés à prier également pour les personnes bien-aimées qui nous ont quittés afin qu’elles vivent dans le Christ et soient en pleine communion avec nous. Il y a une expression de saint Paul, toujours adressée aux Thessaloniciens, qui me touche beaucoup. Elle me donne la certitu- Jacques Du Brœucq, «L’espérance» (1541-1545), collégiale Sainte-Waudru de Mons (Belgique) de de l’espérance. Elle dit: «Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours» (1 Th 4, 17). Une belle chose: tout passe mais, après la mort, nous serons pour toujours avec le Seigneur. C’est la certitude totale de l’espérance, la même qui, bien avant, faisait s’exclamer Job: «Je sais, moi, que mon Défenseur est vivant [...]. Celui que je verrai sera pour moi, celui que mes yeux regarderont» (Jb 19, 25.27). Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Croyezvous cela? Je vous demande: croyezvous cela? Pour avoir un peu de force, je vous invite à le dire trois fois avec moi: «Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur». Et là, avec le Seigneur, nous nous rencontrerons. Parmi les pèlerins qui assistaient à l’audience générale du 1er février, se trouvaient les groupes francophones suivants: De France: Paroisse de Bordeaux; collège Stanislas, de Paris; collège Rocroy Saint-Vincent-de-Paul, de Paris; collège La Rochefoucauld, de Paris; collège Notre-Dame-de-France, de Paris; collège Saint-Joseph, d’Aumale; groupe de L'Assomption Lubeck, de Paris; Equipe Notre-Dame, du Puy-en-Velay; collège Charles Péguy, de Bobigny. Frères et sœurs, dans le Nouveau Testament, l’espérance prend une dimension extraordinaire en raison du mystère pascal. Saint Paul s’adresse à la toute jeune communauté de Thessalonique, traversée par les épreuves, mais solidement enracinée dans la foi. Elle célèbre avec joie la résurrection de Jésus dont les conséquences sont décisives pour l’histoire du monde comme pour tout homme. Si notre foi est mise à l’épreuve dans les moments les plus difficiles de notre vie, l’espérance du salut nous rend solides et nous console. Elle nous fait attendre une promesse déjà réalisée en Jésus Christ. Cette espérance est, non seulement le désir et la possibilité, mais la certitude de notre résurrection à venir et de celle des défunts de nos familles. Espérer c’est donc apprendre à vivre dans l’attente, mais pour cela un cœur pauvre et humble est nécessaire. Et nous sommes invités à prier pour que les personnes aimées qui nous ont quittés vivent avec le Christ et en communion avec nous. Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les jeunes venus de France. Demandons au Seigneur de renforcer notre espérance en la résurrection, de sorte que nous puissions apprendre à vivre dans l’attente certaine de la rencontre avec lui et avec tous ceux qui nous sont chers. L’OSSERVATORE ROMANO numéro 5, jeudi 2 février 2017 page 3 A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté les paroles suivantes: Chers frères et sœurs, Angelus du 29 janvier Moins de bureaucratie plus de solidarité Chers frères et sœurs, bonjour! La liturgie de ce dimanche nous fait méditer sur les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12a), qui ouvrent le grand discours dit «de la montagne», la «magna charta» du Nouveau Testament. Jésus manifeste la volonté de Dieu de conduire les hommes au bonheur. Ce message était déjà présent dans la prédication des prophètes: Dieu est proche des pauvres et des opprimés et les libère de ceux qui les maltraitent. Mais dans cette prédication, Jésus suit un chemin particulier: il commence par le terme «bienheureux», c’est-à-dire heureux; il poursuit avec l’indication de la condition pour être bienheureux; et il conclut en faisant une promesse. Le motif de la béatitude, c’est-à-dire du bonheur, ne réside pas dans la condition requise — par exemple «pauvre d’esprit», «affligés», «affamés de justice», «persécutés»... — mais dans la promesse qui suit, à accueillir avec foi comme don de Dieu. On part de la condition de difficulté, pour s’ouvrir au don de Dieu et accéder au monde nouveau, le «royaume» annoncé par Jésus. Celui-ci n’est pas un mécanisme automatique, mais un chemin de vie à la suite du Seigneur, dans lequel la réalité de difficulté et de souffrance est vue dans une perspective nouvelle et expérimentée selon la conversion qui se réalise. On n’est pas bienheureux si l’on n’est pas converti, en mesure d’apprécier et de vivre les dons de Dieu. Je m’arrête sur la première béatitude: «Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, car le Royaume des Cieux est à eux» (v. 4). Celui qui a une âme de pauvre est celui qui a assumé les sentiments et l’attitude de ces pauvres qui dans leur condition ne se révoltent pas, mais savent être humbles, dociles, disponibles à la grâce de Dieu. Le bonheur des pauvres — de ceux qui ont une âme de pauvre — a une double dimension: à l’égard des biens et à l’égard de Dieu. En ce qui concerne les biens, les biens matériels, cette âme de pauvre signifie sobriété: pas nécessairement renoncement, mais capacité de goûter l’essentiel, de partage; capacité de renouveler chaque jour l’étonnement pour la bonté des choses, sans s’appesantir dans l’opacité de la consommation vorace. Plus j’ai, plus je veux; plus j’ai, plus je veux: c’est la consommation vorace. Et cela tue l’âme. Et l’homme ou la femme qui font cela, qui ont cette attitude, «plus j’ai, plus je veux», ne sont pas heureux et n’atteindront pas le bonheur. A l’égard de Dieu, elle est louange et reconnaissance du fait que le monde est bénédiction et qu’à son origine, il y a l’amour créateur du Père. Mais elle est aussi ouverture à Lui, docilité à sa seigneurie: c’est Lui, le Seigneur: c’est Lui le Seigneur, c’est Lui le Grand, ce n’est pas moi qui suis grand parce que j’ai beaucoup de choses! C’est Lui: Lui qui a voulu le monde pour tous les hommes et qui l’a voulu pour que les hommes soient heureux. Celui qui a une âme de pauvre est le chrétien qui ne compte pas sur lui-même, sur les richesses matérielles, qui ne s’obstine pas dans ses opinions, mais qui écoute avec respect et se remet volontiers aux décisions d’autrui. Si, dans nos communautés, il y avait plus de personnes ayant une âme de pauvre, il y aurait moins de divisions, de conflits et de polémiques! L’humilité, comme la charité, est une vertu essentielle pour la coexistence dans les communautés chrétiennes. Les pauvres, dans ce sens évangélique, apparaissent comme ceux qui gardent à l’esprit l’objectif du Royaume des cieux, en faisant entrevoir qu’il est anticipé sous forme de semence dans la communauté fraternelle, qui privilégie le partage sur la possession. Je voudrais souligner cela: privilégier le partage sur la possession. Avoir toujours le cœur et les mains ouverts (le Pape fait le geste), pas fermés (il fait le geste). Quand le cœur est fermé (le Pape fait le geste), c’est un cœur étroit: il ne sait pas non plus comment aimer. Quand le cœur est ouvert (le Pape fait le geste), il marche sur le chemin de l’amour. Que la Vierge Marie, modèle et initiatrice de l’esprit de pauvreté parce que totalement docile à la volonté du Seigneur, nous aide à nous abandonner à Dieu, riche en miséricorde, afin qu’il nous comble de ses dons, spécialement par l’abondance de son pardon. Comme vous voyez, les envahisseurs sont arrivés... ils sont ici! On célèbre aujourd’hui la journée mondiale des malades de la lèpre. Cette maladie, bien qu’étant en régression, est encore parmi les plus redoutées et touche les plus pauvres et exclus. Il est important de lutter contre cette maladie, mais aussi contre les discriminations qu’elle entraîne. J’encourage ceux qui sont engagés dans l’assistance et dans la réinsertion sociale des personnes touchées par la maladie de Hansen, à qui nous assurons notre prière. Je vous salue tous avec affection, vous qui êtes venus de diverses paroisses d’Italie et d’autres pays. Je voudrais aussi renouveler ma proximité aux populations d’Italie centrale qui souffrent encore des conséquences du séisme et des conditions météorologiques difficiles. Que le soutien constant des institutions et la solidarité commune ne fassent pas défaut à nos frères et sœurs. Et s’il vous plaît, qu’aucun type de bureaucratie ne les fasse attendre et ne les fasse souffrir davantage! Je m’adresse à présent à vous, enfants de l’Action catholique, des paroisses et des écoles catholiques de Rome. Cette année, accompagnés par le cardinal-vicaire, vous êtes venus au terme de la «Caravane de la Paix», dont le slogan est Entourés de Paix: un beau slogan. Merci pour votre présence et pour votre engagement généreux à construire une société de paix. A présent, écoutons tous le message que vos amis, ici à côté de moi, vont nous lire. [Lecture du message] Et maintenant les ballons sont lancés, symboles de paix. Symbole de paix… A tous je souhaite un bon dimanche, je souhaite paix, humilité, partage dans vos familles. S’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Bon déjeuner et au revoir! Plénière de la vie consacrée SUITE DE LA PAGE 1 victimes de la logique de la mondanité». Le troisième facteur indiqué, en revanche, «provient du sein même de la vie consacrée, où, à côté de tant de sainteté, ne manquent pas les situations de contre-témoignage». Parmi celles-ci, «la routine, la fatigue, les divisions internes, la recherche de pouvoir — les arrivistes — un service de l’autorité qui devient parfois autoritarisme et d’autres fois, “un laisser-faire”». Mais le Pape ne s’est pas limité à critiquer, il a également suggéré un itinéraire centré sur l’espérance et sur la joie. Parce que, a-t-il improvisé, c’est cela qui «nous fait voir comment se porte une communauté. Y a-t-il de l’espérance, y a-t-il de la joie? Cela va bien. Mais quand manque l’espérance et qu’il n’y a pas de joie, cela n’est pas beau». D’où l’invitation à prendre soin de la vie fraternelle en communauté, et de son renouveau dont dépendent «le résultat de la pastorale des vocations et la persévérance des frères et sœurs jeunes et moins jeunes». Enfin, le Pape a souligné l’importance de l’accompagnement, en suggérant d’investir «dans la prépa- ration d’accompagnateurs qualifiés». Et à ce propos, il a souligné que «le charisme de l’accompagnement, de la direction spirituelle» est «laïc». «Prenez soin vous-même, des membres de votre congrégation. Il est difficile de rester fidèles en marchant seuls, ou en marchant sous la direction de frères et sœurs qui ne sont pas capable d’écouter, ou qui n’ont pas une expérience adéquate. Tandis que nous devons éviter toute modalité d’accompagnement qui crée des dépendances, qui protège, contrôle ou rende infantiles, nous ne pouvons nous résigner à marcher seuls, nous avons besoin d’un accompagnement proche, fréquent, et pleinement adulte». L’OSSERVATORE ROMANO page 4 jeudi 2 février 2017, numéro 5 Entretien avec le président du dicastère pour le développement humain intégral Donner voix aux mineurs migrants NICOLA GORI Face à la dramatique «situation des mineurs migrants enfermés dans les centre de détentions et les camps de séjour obligatoire, où ils sont isolés, sans pouvoir aller à l’école d’une façon normale, et avec le risque d’être recrutés par la criminalité organisée, il est urgent de trouver des alternatives qui respectent l’importance de l’unité de la famille». Tel est l’appel lancé par le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson à l’occasion de la journée mondiale du migrant et du réfugié, célébrée le 15 janvier, qui a été consacrée cette année précisément aux «mineurs migrants, vulnérables et sans voix». Dans cet entretien à notre journal, le cardinal parle également du nouveau dicastère pour le service du développement humain intégral, qu’il préside. Dimanche 15 janvier a été célébrée la 103e journée mondiale du migrant et du réfugié. N’y a-t-il pas le risque de célébrer uniquement les morts en mer? Cette journée avait certainement parmi ses finalités de rappeler et de dénoncer les événements de l’année passée. Nous ne pouvons pas oublier, en effet, tous ceux qui, en voulant échapper à une mort certaine ou en cherchant un meilleur avenir, ont perdu la vie ou endurent des souffrances indicibles. En tenant compte du seul contexte de la Méditerranée, les statistiques parlent de plus de cinq mille migrants morts en mer au cours de leur voyage vers l’Europe en 2016. Nous sommes face au plus grave bilan annuel jamais enregistré en termes de pertes de vies humaines. Et parmi eux figurent malheureusement de nombreux enfants; rappelons le cas du petit Aylan en septembre 2015. Depuis lors, plus de 400 mineurs sont morts. Nous devons toutefois nous efforcer d’élargir le regard, et d’être conscients des réalités qui frappent également les autres continents. Par exemple, en Amérique, de nombreux enfants sont contraints de se déplacer d’un pays à l’autre. Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), plus de la moitié des réfugiés du monde est âgée de moins de 18 ans et les statistiques indiquent également que, en 2015, le nombre d’enfants non accompagnés ayant cherché refuge s’élève presque à 100.000. Nous nous trouvons donc face à un problème actuel et urgent, qui touche toute la planète et qui exige notre attention et notre engagement. C’est pourquoi nous invitons tous les chrétiens à prendre conscience du défi social et pastoral que représente la situation des mineurs migrants et réfugiés. Mais cette journée mondiale est également une occasion de souligner de nombreux éléments positifs. Le mouvement migratoire représente lui-même une richesse: au niveau des ressources humaines; en raison des bénéfices économiques qu’il apporte; et en ce qui concerne son aspect culturel. Et ce ne sont là que quelques aspects positifs que la migration comporte. En ce qui concerne ceux qui accueillent, en outre, nous ne pouvons pas oublier toutes les réponses généreuses et créatives mises en œuvre tant par la société civile que par l’Eglise. Les mineurs migrants et les réfugiés de deuxièmes générations constituent un élément important de la croissance de nos sociétés. Quels instruments avonsnous pour les intégrer? Benoît XVI a voulu consacrer au moins deux messages aux jeunes migrants, en 2008 et en 2010. Il réfléchissait sur les défis que les jeunes doivent affronter dans les lieux d’arrivée, et portait son attention, de façon particulière, sur le soutien de la famille et de l’école. Aujourd’hui, le Pape François approfondit cette réflexion et place l’accent sur la sollicitude de l’Eglise à l’égard des «enfants qui sont trois fois sans défense, parce que mineurs, parce qu’étrangers et parce que sans défense, quand, pour diverses raisons, ils sont forcés de vivre loin de leur terre d’origine et séparés de l’affection de leurs proches». La protection de leurs droits sur la base de l’ordre juridique international est d’une importance fondamentale. Le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant est entériné par l’article 3 de la Convention Internationale relative aux droits de l’enfant de 1989. C’est pourquoi les autorités des pays qui accueillent ont l’obligation de les garantir. Selon les statistiques, le nombre de mineurs étrangers non accompagnés a presque doublé en un an. Au cours des derniers temps, le Pape François est intervenu à plusieurs reprises sur le drame des enfants, également migrants, qui doivent affronter seuls les abus et les violences à leur égard. Que peut-on faire pour limiter ce phénomène? C’est vrai. Les statistiques mettent en évidence cette triste augmentation. Si, par exemple, nous considérons la situation en Italie, nous constatons que le nombre de mineurs non accompagnés arrivés par mer dans le pays a même doublé, passant de 12.360 en 2015 à 25.772 en 2016. Et être seuls les rend inévitablement plus vulnérables, et les rend victimes de la traite à des fins indignes. Face à cela, le Pape élève constamment sa voix pour dénoncer cette situation dramatique, par exemple dans la récente Lettre aux évêques en la fête des saints Innocents et dans le discours au corps diplomatique du 9 janvier dernier. Dans le message de 2017, le Pape encourage la protection et la défense des mineurs migrants, en partant de la connaissance des facteurs qui contribuent à créer un état de vulnérabilité, comme le manque de moyens de survie, le faible niveau d’alphabétisa- tion, et l’ignorance des lois, de la culture et de la langue. On veut souvent répondre par des politiques d’immigration plus restrictives, des contrôles plus sévères aux frontières et en luttant contre la criminalité organisée. Mais il est nécessaire d’affronter les causes les plus profondes du phénomène. Le Pape François répète qu’une collaboration plus étroite entre les immigrés et les communautés qui les accueillent peut également aider à limiter le phénomène. Et de nombreuses personnes, rappelons-le toujours, se prodiguent déjà chaque jour, en mettant inlassablement leurs vies au service de ces enfants. Cette augmentation spectaculaire du nombre de mineurs étrangers non accompagnés trouve-t-elle l’accueil nécessaire? grants enfermés dans les centres de détention et les camps de séjour obligatoire, où ils sont isolés, sans pouvoir aller à l’école d’une façon normale, et avec le risque d’être recrutés par la criminalité organisée. Il est urgent de trouver des alternatives qui respectent, l’importance de l’unité de la famille. De plus, comme le souligne le Pape François, il demeure fondamental de créer des initiatives de coopération visant à réduire les cause de l’émigration. Après ce que nous venons de dire, et en vue de l’intégration des mineurs migrants et réfugiés, il est logiquement fondamental d’avoir une législation spécifique qui réponde à leurs problèmes spécifiques. Favoriser le rassemblement familial, ou, dans le cas où cela n’est pas possible, promouvoir leur accueil par des familles, en évitant ainsi autant que possible les Embarcation de migrants en Méditerranée (AFP) Dans son message, l’une des quatre lignes directrices indiquées par le Pape comme réponse au phénomène de la migration des mineurs est précisément la nécessité d’intégration. Beaucoup vivent actuellement une période d’instabilité, dans laquelle il faut passer de la culture et de la société d’origine à une nouvelle vie dans le pays d’arrivée. De nombreuses personnes font l’expérience de ce que l’on appelle la «difficulté de la double appartenance». C’est pour cette raison que le Pape rappelle la nécessité de «l’adoption de politiques adéquates d’accueil, d’assistance et d’inclusion», et de «l’insertion sociale des migrants mineurs, ou bien des programmes de rapatriement sûr et assortis d’assistance». En 1996, le Canada est devenu le premier pays à introduire des directives spécifiques visant les mineurs demandeurs d’asile, mais de nombreux autres gouvernements affrontent avec difficulté la question et leurs actions oscillent entre l’adoption de mesures rigides de contrôle et des efforts visant à suivre l’article 22 de la Convention relative aux droits de l’enfant, qui demande aux pays signataires de fournir une protection et une assistance adéquates aux enfants. Dans ce contexte, le Pape a voulu porter une attention particulière à la situation des mineurs mi- camps et d’autres centres, serait un bon début. Un point important est également l’intégration scolaire dans le système éducatif national, en offrant des itinéraires spécifiques de formation et d’intégration adaptés à leurs exigences, afin de garantir leur préparation et de les doter des bases nécessaires pour une insertion correcte dans le nouveau monde social, culturel et professionnel. Et nous ne pouvons pas oublier le besoin que le passage du pays de départ au pays d’arrivée soit sûr, par exemple à travers des couloirs humanitaires. Cela a été la première journée mondiale célébrée depuis l’institution du nouveau dicastère pour la promotion du développement humain intégral, entré en fonction le 1er janvier. Quelles ont été les priorités de votre activité en ces première semaines? Le dicastère prend forme, réunion après réunion, avec la nécessité de donner un profil unitaire à ce qu’étaient les fonctions de quatre Conseils pontificaux différents: justice et paix, pastorale des migrants et des personnes en déplacement, Cor Unum et pastorale des services de la santé. Du motuproprio Humanam progressionem (17 août 2016) à l’entrée en vigueur du dicastère (1er janvier SUITE À LA PAGE 5 numéro 5, jeudi 2 février 2017 L’OSSERVATORE ROMANO page 5 Dialogue théologique avec les orthodoxes orientaux La voie des martyrs Dans les régions ensanglantées par la violence et par le fondamentalisme, la voie de l’œcuménisme est celle indiquée par les martyrs. C’est ce qu’a souligné le Pape François dans le discours adressé aux membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes orientales, reçus dans la matinée du vendredi 27 janvier, dans la salle Clémentine. Chers frères dans le Christ, En vous souhaitant une joyeuse bienvenue, je vous remercie pour votre présence, ainsi que pour les aimables paroles que le métropolite Bishoy m’a adressées en votre nom à tous. Je remercie aussi pour cette belle icône, si significative, du sang du Christ, qui nous révèle la rédemption à partir du sein de la Vierge. Elle est très belle! A travers vous, j’adresse un salut cordial aux chefs des Eglises orthodoxes orientales, mes vénérés frères. Je porte un regard reconnaissant sur le travail de votre Commission, fondée en 2003 et parvenue à sa quatorzième rencontre. L’année dernière, vous avez lancé un approfondissement sur la nature des sacrements, en particulier du baptême. C’est précisément dans le baptême que nous avons redécouvert le fondement de la communion entre les chrétiens; nous, catholiques et orthodoxes orientaux, pouvons redire ce Entretien avec le cardinal Turkson SUITE DE LA PAGE 4 2017), nous avons eu peu de temps pour nous réorganiser. C’est pourquoi nous avons demandé un délai au Pape, qui l’accordé, jusqu’à Pâques. Dans le nouveau dicastère est prévu un bureau de recherche et d’étude; un bureau qui s’occupera de la réalisation pratique des projets; un bureau qui s’occupera de manière systématique de la communication, de la relation avec le monde, pour dialoguer non seulement avec nos interlocuteurs habituels, mais pour rencontrer tout le monde et pour réaliser le défi de promouvoir le bien de la société. Le thème migratoire revêt une importance toujours plus grave de nos jours. La création d’une section pour les migrants et les réfugiés démontre toute l’attention du Pape à la délicate question du phénomène migratoire. Cette section bénéficiera de la collaboration d’experts en la matière et maintiendra des contacts spécifiques avec les organismes internationaux dans le domaine migratoire. Sous la direction du Pape, l’Eglise est toujours appelée à offrir des gestes concrets de proximité et d’humanité, éléments essentiels du développement auquel des millions d’enfants ont droit. qu’affirmait l’apôtre Paul: «Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés» et nous appartenons à «un seul corps» (1 Co 12, 13). Au cours de cette semaine, vous avez pu continuer de réfléchir sur des aspects historiques, théologiques et ecclésiologiques de la sainte Eucharistie, «source et sommet de toute la vie chrétienne», qui exprime et réalise admirablement l’unité du peuple de Dieu (Conc. œcum. Vat. II, Const. Lumen gentium, n. 11). En vous encourageant à poursuivre, je nourris l’espérance que votre œuvre pourra indiquer des voies précieuses à notre parcours, en facilitant le chemin vers ce jour tant attendu où nous aurons la grâce de célébrer le sacrifice du Seigneur au même autel, en signe de la communion ecclésiale pleinement rétablie. Un grand nombre d’entre vous appartiennent à des Eglises qui assistent quotidiennement à la violence qui fait rage et à des actes terribles, perpétrés par l’extrémisme fondamentaliste. Nous sommes conscients que des situations d’une souffrance aussi tragique s’enracinent plus facilement dans des contextes de pauvreté, d’injustice et d’exclusion sociale, dues entre autres à l’instabilité engendrée par des intérêts partisans, souvent externes, et par des conflits précédents, qui ont produit des conditions de vie misérables, des déserts culturels et spirituels dans lesquels il est facile de manipuler et de pousser à la haine. Tous les jours, vos Eglises sont proches de la souffrance, appelées à semer la concorde et à reconstruire patiemment l’espérance, en réconfortant avec la paix qui vient du Seigneur, une paix qu’ensemble, nous sommes tenus d’offrir à un monde blessé et déchiré. «Un membre souffre-t-il? tous les membres souffrent avec lui», écrivait encore saint Paul (1 Co 12, 26). Vos souffrances sont nos souffrances. Je m’unis à vous dans la prière, en invoquant la fin des conflits et la proximité de Dieu pour les populations éprouvées, spécialement pour les enfants, les malades et les personnes âgées. J’ai particulièrement à cœur les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fidèles, victimes d’enlèvements cruels, ainsi que tous ceux qui ont été pris en otages ou réduits en esclavage. Puissent l’intercession et l’exemple de tant de nos martyrs et saints qui ont rendu au Christ un témoignage courageux et ont rejoint la pleine unité être un puissant soutien pour les communautés chrétiennes. Et nous, qu’attendons-nous? Ils nous révèlent le cœur de notre foi qui ne consiste pas en un message générique de paix et de réconciliation, mais en Jésus lui-même, crucifié et ressuscité: il est notre paix et notre réconciliation (cf. Ep 2, 14; 2 Co 5, 18). En tant que ses disciples, nous sommes appelés à témoigner partout, avec la force chrétienne, de son amour humble qui réconcilie l’homme de tous temps. Là où la violence appelle la violence et où la violence sème la mort, notre réponse est le pur ferment de l’Evangile qui, sans se prêter aux logiques de la force, fait jaillir des fruits de vie également de la terre aride et des aubes d’espérance après les nuits de terreur. Le centre de la vie chrétienne, le mystère de Jésus mort et ressuscité par amour, est aussi le point de référence pour notre chemin vers la pleine unité. Les martyrs, une fois de plus, nous indiquent la voie: combien de fois le sacrifice de la vie a-t-il conduit les chrétiens, par ailleurs divisés sur beaucoup de choses, à être unis. Les martyrs et les saints de toutes les traditions ecclésiales sont déjà un dans le Christ (cf. Jn 17, 22); leurs noms sont inscrits dans le martyrologe unique et indivis de l’Eglise de Dieu. S’étant sacrifiés par amour sur la terre, ils habitent l’unique Jérusalem céleste, proches de l’Agneau immaculé (cf. Ap 7, 13-17). Leur vie offerte en don nous appelle à la communion, à marcher plus rapidement sur la route vers la pleine unité. De même que, dans l’Eglise primitive, le sang des martyrs fut semence de nouveaux chrétiens, qu’aujourd’hui aussi le sang de nombreux martyrs soit semence d’unité parmi les croyants, signe et instrument d’un avenir dans la communion et la paix. Chers frères, je vous suis reconnaissant car vous vous prodiguez dans ce but. En vous remerciant pour votre visite, j’invoque sur vous et sur votre ministère la bénédiction du Seigneur et la protection de la Sainte Mère de D ieu. Et si cela vous semble bien, chacun dans sa langue, nous pouvons prier le Notre Père ensemble. Congrégation pour les causes des saints Promulgation de décrets Le vendredi 20 janvier, le Pape François a reçu en audience S.Em. le cardinal Angelo Amato, S.D.B., préfet de la Congrégation pour les causes des saints. Au cours de l’audience, le Souverain Pontife a autorisé la Congrégation à promulguer les décrets concernant: — le miracle, attribué à l’intercession du vénérable serviteur de Dieu Arsenio da Trigolo (dans le siècle: Giuseppe Migliavacca), prêtre profès de l’ordre des frères mineurs capucins, fondateur de la congrégation des sœurs de la Très Sainte Vierge Marie consolatrice; né le 13 juin 1849 et mort le 10 décembre 1909; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Raymundo Jardón Herrera, prêtre diocésain; né le 21 janvier 1887 et mort le 6 janvier 1934; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Juan Sáez Hurtado, prêtre diocésain; né le 18 décembre 1897 et mort le 8 août 1982; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Ignazio Beschin (dans le siècle: Giuseppe), prêtre profès de l’ordre des frères mineurs; né le 26 août 1880 et mort le 29 octobre 1952; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Jószef Wech Vandor, prêtre profès de la société salésienne de Saint Jean Bosco; né le 29 octobre 1909 et mort le 8 octobre 1979; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Francesco Convertini, prêtre profès de la société salésienne de Saint Jean Bosco; né le 29 août 1898 et mort le 11 février 1976; — les vertus héroïques de la servante de Dieu Santina Maria Addolorata (dans le siècle: Maria Addolorata De Pascali), fondatrice de la congrégation des sœurs disciples du Sacré-Cœur; née le 10 giugno 1897 et morte le 19 mai 1981; — les vertus héroïques du serviteur de Dieu Jan Tyranowski, laïc; né le 9 février 1901 et mort le 15 mars 1947. L’OSSERVATORE ROMANO numéro 5, jeudi 2 février 2017 Rencontre avec les membres du Tribunal de la Rote romaine L’amour a besoin de vérité à lui-même et à son environnement. Et quand il en arrive à affirmer “D ieu n'existe pas” (cf. Ps 14 [13], 1), il montre en toute clarté que sa connaissance est déficiente et combien elle est loin de la pleine vérité sur les choses, sur leur origine et sur leur destinée» se basant sur l’enseignement de l’Ecri- (ibid., n. 17). ture Sainte, «la profondeur du lien De son côté, le Pape Benoît XVI, entre la connaissance par la foi et la dans le dernier discours qu’il vous a connaissance par la raison [...]. La adressé, rappelait que c’est «seuleparticularité qui distingue le texte bi- ment en s’ouvrant à la vérité de Dieu blique consiste dans la conviction [...] qu’il est possible de comprendre, qu’il existe une profonde et indissolu- et de réaliser concrètement dans la vie ble unité entre la connaissance de la conjugale et familiale, la vérité de raison et celle de la foi» (Enc. Fides et l’homme son fils, régénéré par le bapratio, n. 16). C’est pourquoi, plus on tême [...]. Le refus de la proposition s’éloigne de la perspective de la foi, divine, en effet, conduit à un déséquiplus «l’homme s’expose au risque de libre profond dans toutes les relations l'échec et finit par se trouver dans la humaines [...], y compris matrimoniacondition de l’“insensé”. Dans la Bi- le» (26 janvier 2013, 2). Il est plus que ble, cette stupidité comporte une me- jamais nécessaire d’approfondir le rapnace pour la vie; l’insensé en effet port entre amour et vérité. «L’amour s’imagine connaître beaucoup de cho- a besoin de la vérité. C’est seulement ses, mais en réalité il n’est pas capable dans la mesure où l’amour est fondé de fixer son regard sur ce qui est es- sur la vérité qu’il peut perdurer dans sentiel. Cela l’empêche de mettre de le temps, dépasser l’instant éphémère l'ordre dans son esprit (cf. Pr 1, 7) et et rester ferme pour soutenir une marde prendre l'attitude qui convient face che commune. Si l’amour n’a pas de rapport avec la vérité, il est soumis à l’instabilité des sentiments et il ne surmonte pas l’épreuve du temps. L’amour vrai, au contraire, unifie tous les éléments de notre personne et devient une lumière nouvelle vers une vie grande et pleine. Sans vérité l’amour ne peut pas offrir de lien solide, il ne réussit pas à porter le “moi” au-delà de son isolement, ni à le libérer de l’instant éphémère pour édifier la vie et porter du fruit» (Enc. Lumen fidei, n. 27). Nous ne pouvons nous cacher qu’une mentalité diffuse tend à cacher l’accès aux vérités éternelles. Une mentalité qui implique, souvent de manière vaste et ramifiée, les attitudes et les comportements des chrétiens eux-mêmes (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 64), dont la foi est affaiblie et perd son originaliKantor, a souhaité, face à la dégradation té de critère interprétatif et éthique actuelle, que soient renforcées les opérationnel pour l’existence valeurs partagées par les juifs et les chrépersonnelle, familiale et sotiens. Pour sa part, le Pape a déclaré que la ciale. Ce contexte, pauvre de journée de la mémoire est une occasion imvaleurs religieuses et de foi, portante pour tous, et pas seulement pour ne peut que conditionner les juifs, afin qu’une tragédie comme celle également le consensus matride la Shoah ne se répète plus jamais. monial. Les expériences de Formation et accompagnement: tels sont les deux termes autour desquels le Pape François a développé sa réflexion dans le discours adressé à la communauté du Tribunal apostolique de la Rote romaine, reçue en audience dans la salle Clémentine, dans la matinée du samedi 21 janvier, à l’occasion de l’inauguration de l’année judiciaire. Chers juges, officials, avocats et collaborateurs du Tribunal apostolique de la Rote romaine, J’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales, en commençant par le collège des prélats auditeurs avec le doyen, Mgr Pio Vito Pinto, que je remercie pour ses paroles, et le prodoyen qui a récemment été nommé à cette charge. Je souhaite à tous de travailler avec sérénité et avec un amour fervent de l’Eglise, en cette année judiciaire que nous inaugurons aujourd’hui. Aujourd’hui, je voudrais revenir sur le thème du rapport entre foi et mariage, en particulier sur les perspectives de foi inhérentes au contexte humain et culturel dans lequel se forme l’intention matrimoniale. Saint Jean-Paul II a bien mis en lumière, en Audience à une délégation de l’European Jewish Congress Le jour de la mémoire des victimes de la Shoah, vendredi 27 janvier, le Pape a reçu en audience une délégation de cinq membres de l’European Jewish Congress, accompagnés par le père salésien Norbert Hofmann, secrétaire de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Dans un entretien à Radio Vatican, le religieux a souligné que la rencontre a été très significative et a manifesté, une fois de plus, le dialogue fécond existant entre catholiques et juifs. Du reste, a ajouté le père Hofmann, le Pape lui-même a rappelé que sa famille, en Argentine, recevait souvent les visites de juifs. Une coutume amicale qu’il conserva ensuite personnellement. Au cours de l’audience, le président de l’European Jewish Congress, M. Moshe foi de ceux qui demandent le mariage chrétien sont très différentes. Certains participent activement à la vie de la paroisse, d’autres s’en approchent pour la première fois; certains ont une vie de prière intense, d’autres sont, au contraire, guidés par un sentiment religieux plus générique; parfois ce sont des personnes éloignées de la foi ou manquant de foi. Face à cette situation, il faut trouver des remèdes valables. J’indique un premier remède dans la formation des jeunes, à travers un chemin de préparation adéquat, visant à redécouvrir le mariage et la famille selon le dessein de Dieu. Il s’agit d’aider les futurs époux à saisir et à goûter la grâce, la beauté et la joie du véritable amour, sauvé et racheté par Jésus. La communauté chrétienne à laquelle les fiancés s’adressent est appelée à annoncer cordialement l’Evangile à ces personnes pour que leur expérience d’amour puisse devenir un sacrement, un signe efficace du salut. Dans cette circonstance, la mission rédemptrice de Jésus rejoint l’homme et la femme au niveau concret de leur vie d’amour. Ce moment devient pour toute la communauté une occasion de mission extraordinaire. Aujourd’hui plus que jamais, cette préparation se présente comme une véritable occasion d’évangélisation des adultes et, souvent, ceux que l’on dit éloignés. En effet, nombreux sont les jeunes pour qui l’approche des noces constitue l’occasion de rencontrer de nouveau la foi reléguée depuis longtemps en marge de leur vie; par ailleurs, ils se trouvent dans un moment particulier, souvent également caractérisé par la disponibilité à revoir et à changer l’orientation de leur existence. Cela peut donc être un temps favorable pour renouveler leur rencontre avec la personne de Jésus Christ, avec le message de l’Evangile et avec la doctrine de l’Eglise. Il faut donc que les agents et les organismes préposés à la pastorale familiale soient animés par la forte préoccupation de rendre toujours plus efficaces les parcours de préparation au sacrement du mariage, pour la croissance non seulement humaine, mais surtout de la foi des fiancés. L’objectif fondamental des rencontres est d’aider les fiancés à réaliser une insertion progressive dans le mystère du Christ, dans l’Eglise et avec l’Eglise. Celui-ci comporte une maturation progressive dans la foi, à travers l’annonce de la Parole de Dieu, l’adhésion et la «sequela» généreuse du Christ. La finalité de cette préparation consiste donc à aider les fiancés à connaître et à vivre la réalité du mariage qu’ils entendent célébrer, pour qu’ils puissent le faire non seulement de manière valide et licite, mais aussi fructueuse, et pour qu’ils soient disposés à faire de cette célébration une étape de leur chemin de foi. Pour réaliser tout cela, il faut des personnes qui aient une compétence spécifique et soient adéquatement préparées à ce service, dans une synergie opportune entre prêtres et couples d’époux. Dans cet esprit, je tiens à réaffirmer la nécessité d’un «nouveau catéchuménat» en préparation au mariage. En accueillant les vœux des pères du dernier synode ordinaire, il est urgent d’appliquer concrètement ce qui est déjà proposé dans Familiaris consortio (n. 66), c’est-à-dire que, de même que pour le baptême des adultes le catéchuménat fait partie du processus sa- pages 6/7 cramentel, la préparation au mariage devienne elle aussi partie intégrante de toute la procédure sacramentelle du mariage, comme antidote empêchant la multiplication des célébrations matrimoniales nulles ou inconsistantes. Un second remède est d’aider les nouveaux époux à poursuivre leur chemin dans la foi et dans l’Eglise également après la célébration du mariage. Il est nécessaire d’identifier, avec courage et créativité, un projet de formation pour les nouveaux époux, avec des initiatives visant à une conscience grandissante du sacrement reçu. Il s’agit de les encourager à considérer les différents aspects de leur vie quotidienne de couple, qui est le signe et l’instrument de l’amour de Dieu, incarné dans l’histoire des hommes. Je donne deux exemples. Tout d’abord, l’amour dont vit la nouvelle famille a sa racine et sa source ultime dans le mystère de la Trinité, c’est pourquoi elle porte ce sceau en dépit des difficultés et des petitesses auxquelles elle doit se mesurer dans la vie quotidienne. Un autre exemple: l’histoire d’amour du couple chrétien fait partie de l’histoire sainte, parce qu’ha- bitée par Dieu et parce que Dieu ne manque jamais à l’engagement qu’il a pris avec les époux le jour de leurs noces; en effet, il est «un Dieu fidèle et qui ne peut se renier lui-même» (2 Tm 2, 13). La communauté chrétienne est appelée à accueillir, accompagner et aider les jeunes couples, en leur offrant des occasions et des instruments adéquats — à partir de la participation à la Messe dominicale —, pour soigner leur vie spirituelle aussi bien au sein de la vie familiale que dans le cadre de programmes pastoraux en paroisse ou dans des associations. Souvent, les jeunes époux sont laissés à euxmêmes, peut-être du simple fait qu’on les voit moins en paroisse; cela arrive surtout avec la naissance des enfants. Mais c’est justement dans ces premiers moments de la vie familiale qu’il faut assurer une plus grande proximité et un fort soutien spirituel, également dans l’œuvre éducative des enfants, à l’égard desquels ils sont les premiers témoins et les porteurs du don de la foi. Dans le chemin de croissance humaine et spirituelle des jeunes époux, il est souhaitable qu’il y ait des groupes de référence dans les- quels pouvoir effectuer un chemin de formation permanente: à travers l’écoute de la Parole, la confrontation sur les thèmes qui concernent la vie des familles, la prière et le partage fraternel. Ces deux remèdes que j’ai indiqués visent à favoriser un contexte approprié de foi dans lequel célébrer et vivre le mariage. Un aspect aussi déterminant pour la solidité et la vérité du sacrement nuptial demande que les curés soient toujours plus conscients de la tâche délicate qui leur est confiée de gérer le parcours sacramentel matrimonial des futurs époux, en rendant intelligible et réelle la synergie entre foedus et fides. Il s’agit de passer d’une vision purement juridique et formelle de la préparation des futurs époux à une fondation sacramentelle ab initio, c’est-à-dire à partir du chemin vers la plénitude de leur foedusconsentement élevé par le Christ au rang de sacrement. Cela demandera le généreux apport de chrétiens adultes, hommes et femmes, qui devront être aux côtés du prêtre dans la pastorale familiale pour construire «le chefd’œuvre de la société», c’est-à-dire «la famille, l’homme et la femme qui s’aiment» (Audience générale, 29 avril 2015) selon le «plan lumineux de Dieu» (Discours au consistoire extraordinaire, 20 février 2014). Que le Saint-Esprit, qui guide toujours et en tout le saint peuple de Dieu, assiste et soutienne ceux, prêtres et laïcs, qui s’engagent et s’engageront dans ce domaine, afin qu’ils ne perdent jamais l’élan et le courage de se prodiguer pour la beauté des familles chrétiennes, malgré les pièges destructeurs de la culture dominante de l’éphémère et du provisoire. Chers frères, comme je vous l’ai dit à plusieurs reprises, il faut un grand courage pour se marier à l’époque où nous vivons. Et ceux qui ont la force et la joie d’accomplir ce pas important doivent sentir à leurs côtés l’affection et la proximité concrète de l’Eglise. Avec ce souhait, je vous renouvelle mes vœux de bon travail pour la nouvelle année que le Seigneur nous donne. Je vous assure de ma prière et je compte moi aussi sur la vôtre en vous donnant de tout cœur la Bénédiction apostolique. Audience à la direction antimafia et antiterrorisme italienne Contre toutes les mafias Un appel renouvelé à lutter contre toutes les mafias a été lancé par le Pape François dans la matinée du lundi 23 janvier, au cours de l’audience aux membres de la direction nationale antimafia et antiterrorisme italienne, reçus en audience dans la salle Clémentine. Mesdames et Messieurs, Je suis heureux de vous accueillir, vous qui représentez la direction nationale antimafia et antiterrorisme. Je vous salue cordialement et je remercie M. Franco Roberti pour ses paroles. Les fonctions qui vous sont confiées par l’Etat concernent la poursuite des délits des trois grandes organisations criminelles de type mafieux: mafia, camorra et ’ndrangheta. En exploitant les carences économiques, sociales et politiques, celles-ci trouvent un terrain fertile pour réaliser leurs déplorables projets. Parmi vos compétences figure également la lutte contre le terrorisme, qui revêt un aspect toujours plus cosmopolite et dévastateur. Je désire vous exprimer mon estime et mes encouragements pour votre activité, difficile et risquée, mais plus que jamais indispensable pour racheter et libérer le pouvoir des associations criminelles qui se rendent responsables de violences et d’abus tachés de sang humain. La société a besoin d’être guérie de la corruption, des extorsions, du trafic illicite de drogues et d’armes, de la traite d’êtres humains, parmi lesquels de nombreux enfants réduits en esclavage. Ce sont d’authentiques plaies sociales et, dans le même temps, des défis mondiaux que la collectivité internationale est appelée à affronter avec détermination. Dans cette perspective, j’ai appris que votre activité de lutte contre le cri- me se déroule de façon opportune en collaboration avec vos collègues d’autres Etats. Ce travail, réalisé en synergie et avec des moyens efficaces, constitue une barrière efficace et un dispositif de sécurité pour la collectivité. La société a une grande confiance dans votre professionnalisme et votre expérience de magistrats chargés d’enquêtes, engagés à combattre et à éradiquer le crime organisé. Je vous exhorte à consacrer tous vos efforts spécialement dans la lutte contre la traite des personnes et du trafic de migrants: ce sont des délits très graves qui frappent les plus faibles d’entre les faibles! A cet égard, il est nécessaire d’accroître les activités de protection des victimes en prévoyant une assistance juridique et sociale de nos frères et sœurs à la recherche de paix et d’un avenir. Ceux qui fuient leur pays à cause de la guerre, des violences et des persécutions ont le droit de trouver un accueil adéquat et une protection appropriée dans les pays qui se disent civilisés. Pour compléter et renforcer votre précieuse œuvre de répression, sont nécessaires de vastes interventions éducatives, qui s’adressent en particulier aux nouvelles générations. A cet égard, les différentes institutions éducatives, parmi lesquelles les familles, les écoles, les communautés chrétiennes et les organisations sportives et culturelles, sont appelées à favoriser une conscience de moralité et de légalité orientée vers des modèles de vie honnêtes, pacifiques et solidaires qui, petit à petit, puissent vaincre le mal et aplanir la voie vers le bien. Il s’agit de partir des consciences pour assainir les intentions, les choix, les comportements individuels, afin que le tissu social s’ouvre à l’espérance d’un monde meilleur. Le phénomène mafieux, en tant qu’expression d’une culture de mort, doit être empêché et combattu. Il s’oppose radicalement à la foi et à l’Evangile, qui sont toujours pour la vie. Ceux qui suivent le Christ ont des pensées de paix, de fraternité, de justice, d’accueil et de pardon. Quand la sève de l’Evangile coule dans le disciple du Christ, elle fait mûrir de bons fruits, bien reconnaissables aussi à l’extérieur, avec des comportements correspondants que l’apôtre Paul identifie comme «charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi» (Ga 5, 22). Je pense aux nombreuses paroisses et associations catholiques qui sont témoins de ces fruits. Elles accomplissent un travail louable sur le territoire, dont la finalité est la promotion des personnes, une promotion culturelle et sociale visant à extirper progressivement à la racine la mauvaise plante de la criminalité organisée et de la corruption. Dans ces initiatives, se manifeste aussi la proximité de l’Eglise envers ceux qui vivent des situations dramatiques et qui ont besoin d’être aidés à sortir de la spirale de la violence et d’être régénérés dans l’espérance. Chers frères et sœurs, que le Seigneur vous donne toujours la force d’avancer, de ne pas vous décourager, mais de continuer à lutter contre la corruption, la violence, la mafia et le terro- risme. Je suis conscient du fait que le travail que vous accomplissez comporte aussi un risque pour votre vie, je sais cela; et le risque d’autres dangers pour vous et pour vos familles. Ce sont là les modes d’agir de la mafia. C’est pour cette raison que cela requiert un supplément de passion, de sens du devoir et de force d’âme ainsi que, de notre part, de nous tous citoyens qui bénéficions de votre travail, [un supplément] de soutien, de prière et de proximité. Je vous assure que je suis très proche de vous, dans votre travail, et que je prie pour vous. Dans le même temps, que le Seigneur juste et miséricordieux touche le cœur des hommes et des femmes des différentes mafias, afin qu’ils s’arrêtent, qu’ils cessent de faire le mal, se convertissent et changent de vie. L’argent des affaires sales et des délits mafieux est un argent taché de sang et qui produit un pouvoir inique. Nous savons tous que le diable «entre par les poches»: c’est là que réside la première corruption. Pour vous, vos familles et votre travail, j’invoque le soutien du Seigneur. Je le redis: je suis très proche de vous. Et tout en vous demandant à vous aussi de prier pour moi, je vous bénis de tout cœur. Que le Seigneur vous bénisse, ainsi que vos familles. L’OSSERVATORE ROMANO page 8 Mardi 17 janvier Stationnement interdit Le chrétien, conscient que «Dieu ne déçoit pas», doit toujours avoir «des horizons ouverts» à l’espérance. Même face aux adversités, il ne doit pas rester «en stationnement» ou paresseux sans «la volonté d’avancer». C’est une invitation résolue au «courage» qui était contenue dans la méditation du Pape, dont le point de départ a été la première lecture de la liturgie du jour, dans laquelle l’auteur de la Lettre aux Hébreux (6, 1020) exhorte précisément à «être courageux». Au point que «si nous voulions donner un titre à ce passage, nous devrions dire: “Soyez courageux”». Le courage, donc. On dit de lui dans l’Ecriture: «Que chacun de vous démontre le zèle, “le courage d’aller de l’avant”, et ce zèle vous conduira à l’accomplissement jusqu’à la fin». Du reste, le courage «est un mot qui plaît beaucoup à saint Paul». L’apôtre des nations écrit aussi «afin que nous ne devenions pas paresseux». C’est-à-dire qu’il s’arrête également sur l’attitude «contraire: la paresse, ne pas avoir de courage». Et le Pape a traduit le concept à travers une image concrète empruntée à la vie quotidienne: «vivre dans le frigo, ainsi, pour que tout reste pareil». Il fait référence aux «chrétiens paresseux, les chrétiens qui n’ont pas envie d’avancer, les chrétiens qui ne luttent pas pour faire changer les choses, les choses nouvelles, les choses qui nous feraient du bien à tous, si ces choses changeaient». Ce sont «les chrétiens en stationnement», ceux qui «ont trouvé dans l’Eglise une belle place de parking. Et quand je parle de chrétiens, je parle de laïcs, de prêtres, d’évêques... Tous». Et malheureusement, «il y en a des chrétiens en stationnement! Pour eux, l’Eglise est un parking qui protège la vie et ils avancent avec toutes les assurances possibles». «Ces chrétiens à l’arrêt» ont rappelé au Pape «une chose que, quand j’étais enfant, les grandsparents nous disaient: “Fais attention parce que l’eau qui stagne, celle qui ne coule pas, est la première à se corrompre”». Et ceux «qui ne luttent pas», qui «vivent dans la sécurité qu’ils pensent recevoir de la religion», finissent précisément ainsi. Au contraire, l’invitation de l’apôtre et du Pape est: «Soyez courageux!». Et pour cela, lit-on dans le passage biblique, «nous avons un puissant encouragement à nous agripper solidement à l’espérance», qui fait de nous des «chrétiens courageux et non paresseux». «Un chrétien paresseux n’a pas d’espérance, il est enfermé là, il a tous les avantages, il ne doit pas lutter, il est à la retraite». Or, s’il est vrai que «après tant d’années de travail, aller à la retraite est juste, c’est même beau», il est également vrai que «passer toute la vie à la retraite est laid». Et «les chrétiens paresseux sont ainsi. Pourquoi? Parce qu’ils n’ont pas d’espérance». Et «dans la lutte de tous les jours», l’espérance «est une vertu d’horizons, non de fermeture». Certains pourraient objecter: «Oui, père, Messes à Sainte-Marthe mais il y a des moments difficiles, où tout semble s’assombrir, que dois-je faire?». La réponse est: «Accroche-toi à la corde et supporte». Nous devons en effet être conscients que «la vie n’est offerte à personne et nous devons lutter pour avoir la vie ou supporter». C’est pourquoi le Pape a invité chacun à faire un examen de conscience et se demander: «Suis-je un chrétien en stationnement, paresseux, ou un chrétien courageux?». Et encore: «Comment est mon espérance? Mon cœur est-il ancré à l’horizon, est-ce que je m’accroche à la corde et je garde confiance dans les moments difficiles?». Il s’agit, en définitive, d’une question plus profonde, c’est-à-dire: «Comment suis-je? Comment est ma vie de foi?». Jeudi 19 janvier La lutte dans le cœur Le cœur de chaque chrétien est le théâtre d’une «lutte». Chaque fois que le Père «nous attire» vers Jésus, il y a «quelqu’un d’autre qui nous fait la guerre». C’est ce qu’a souligné le Pape qui, en commentant l’Evangile du jour (Marc, 3, 7-12) s’est arrêté sur les raisons qui poussent l’homme à suivre Jésus et a analysé la façon dont cette sequela n’est jamais privée de difficultés; au contraire, si l’on ne combattait pas chaque jour contre une série de «tentations», on risquerait une religiosité formelle et idéologique. Dans le passage évangélique, à trois reprises «est dit le mot “foule”: une grande foule le suivit de tous les côtés; une grande foule; et la foule se jetait sur lui, pour le toucher». Et face à une telle insistance, on en vient à se demander: «Pourquoi cette foule venait-elle?». «L’Evangile lui-même nous dit qu’il y avait des malades qui cherchaient à guérir», mais il y avait aussi beaucoup de personnes qui étaient venues «pour l’écouter». «C’était une foule de personnes qui venaient spontanément». Ces personnes «venaient parce qu’elles sentaient quelque chose». Et elles étaient tellement nombreuses «que Jésus a dû demander une barque et s’éloigner un peu de la rive, pour que ces gens ne l’écrasent pas». Mais le véritable motif, le motif profond, quel était-il? Selon le Pape, «Jésus lui-même explique dans l’Evangile» cette sorte de «phénomène social» et il dit: «Personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire pas». Le véritable motif se retrouve dans le fait que «c’est le Père qui attirait cette foule: c’était le Père qui attirait les gens à Jésus». Précisément dans l’Evangile, on lit que «Jésus était ému, parce qu’il voyait ces gens comme des brebis sans pasteurs». Donc, «le Père, par l’intermédiaire de l’Esprit Saint, attire les gens à Jésus». Il est inutile d’aller chercher «tous les arguments». Ce qui est vraiment nécessaire et décisif en revanche, est «que ce soit le Père à t’attirer à Jésus». L’inspiration décisive pour la réflexion du Pape s’est présentée quand il s’est penché sur les dernières lignes du bref passage évangélique proposé par la liturgie: «Il est curieux» que dans ce passage, alors que l’on parle «de Jésus, que l’on parle de la foule, de l’enthousiasme, et également du grand amour avec lequel Jésus les recevait et les guérissait», l’on trouve un final un peu insolite. Il est en effet écrit: «Les esprits impurs, quand ils le voyaient, se prosternaient devant lui, et s’écriaient: “Tu es le Fils de D ieu!”». Mais c’est précisément «la vérité; c’est la réalité que chacun de nous ressent quand il s’approche de Jésus»; c’est-à-dire que «les esprits impurs cherchent à l’en empêcher, nous font la guerre». Quelqu’un pourrait objecter: «Mais, père, je suis très catholique; je vais toujours à la Messe... Mais jamais, jamais, je n’ai ces tentations. Grâce à Dieu!». Et en revanche non. La réponse est: «Non! Prie, parce que tu es sur la mauvaise route!», car «une vie chrétienne sans tentations n’est pas chrétienne: elle est idéologique, elle est gnostique, mais elle n’est pas chré- Edward Hopper, «Sunday» (1926, détail) jeudi 2 février 2017, numéro 5 tienne». Il arrive, en effet, que «quand le Père attire les gens à Jésus, il y en a un autre qui t’attire de manière contraire et te fait la guerre de l’intérieur!». Ce n’est pas par hasard que saint Paul «parle de la vie chrétienne comme d’une lutte: une lutte de tous les jours. Pour vaincre, pour détruire l’empire de satan, l’empire du mal». Et c’est précisément pour cela qu’«est venu Jésus, pour détruire satan! Pour détruire son influence sur nos cœurs». Nous comprenons ainsi que «la vie chrétienne est une lutte» dans laquelle «ou bien tu te laisses attirer par Jésus, au moyen du Père, ou tu peux dire “Je reste tranquille, en paix”... Mais entre les mains de ces gens, de ces esprits impurs». Mais «si tu veux aller de l’avant tu dois lutter! Sentir ton cœur qui lutte, pour que Jésus vainque». C’est pourquoi, en conclusion, chaque chrétien doit faire cet examen de conscience et se demander: «Est-ce que je sens cette lutte dans mon cœur?». Et également: «Est-ce que je crois que ma vie peut émouvoir le cœur de Jésus? Si je ne crois pas cela, je dois beaucoup prier pour le croire, pour que cette grâce me soit donnée». Vendredi 20 janvier Un cœur nouveau «La faiblesse de Dieu» est que, en nous pardonnant, il arrive à oublier nos péchés. Ainsi, il est toujours prêt à nous faire radicalement «changer de vie, pas seulement de mentalité et de cœur». Mais de notre part, toutefois, il doit y avoir l’engagement à vivre jusqu’au bout cette «nouvelle alliance», cette «recréation», en mettant de côté la tentation de condamner et les stupidités de la mondanité, et en ravivant toujours notre «appartenance» au Seigneur. La liturgie «a une oraison, une prière très belle, qui nous fait comprendre la profondeur de l’œuvre de Jésus Christ: “O Dieu qui as créé merveilleusement le monde, tu l’as recréé plus merveilleusement encore”, c’est-à-dire par le sang de Jésus, par la rédemption». C’est précisément ce «renouveau, cette recréation qui est l’objet de la première lecture aujourd’hui», tirée de la lettre aux Hébreux (8, 6-13). Nous sommes face à la promesse du Seigneur: «Voici que des jours viennent, et je conclurai une alliance nouvelle, non pas comme l’alliance que je fis avec leurs pères». C’est «une alliance nouvelle», ce qui signifie «renouveler tout à partir des racines, pas seulement en apparence». «Cette alliance nouvelle a ses caractéristiques». On lit dans la lettre aux Hébreux : «Voici l’alliance que je contracterai avec la maison d’Israël, après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur cœur». Cela signifie que «la loi du Seigneur n’est pas seulement une façon d’agir extérieure», parce qu’elle «change notre mentalité». C’est pourquoi «dans la nouvelle alliance, il y a un changement de mentalité, numéro 5, jeudi 2 février 2017 de cœur, de façon d’agir: c’est une façon différente de voir les choses». Le Pape a eu recours à un exemple: «Je peux voir l’œuvre d’une personne, un architecte» et la juger «à travers une attitude froide, technique, objective», en disant: «c’est bien, techniquement, c’est bien», ou bien «je peux la considérer avec envie parce qu’il a fait une belle chose que moi je ne suis pas capable de faire» et cela est une autre attitude. Mais encore, «je peux la voir avec bienveillance, même avec joie». Ce sont donc «trois attitudes différentes». «La nouvelle alliance change notre cœur et nous fait voir la loi du Seigneur avec ce cœur nouveau, avec cet esprit nouveau». Se référant ensuite «aux docteurs de la loi qui persécutaient Jésus», le Pape a rappelé qu’ils «faisaient tout ce qui était prescrit par la loi, mais leur mentalité était éloignée de Dieu, centrée sur eux-mêmes: ils vivaient toujours en condamnant». En reprenant le passage de la lettre aux Hébreux, le Pape a souligné que «le Seigneur poursuit ensuite: “Je mettrai mes lois dans leur pensée, je les graverai dans leur cœur. Car je pardonnerai leurs torts, et de leurs péchés je n’aurai plus souvenance”». C’est «la faiblesse de Dieu: quand Dieu pardonne il oublie, il oublie». Devant «un cœur repenti, il pardonne et oublie». Et «cela aussi est une invitation à ne pas rappeler au Seigneur les péchés, c’est-à-dire à ne plus pécher». Il s’agit précisément d’un véritable «changement de vie: la nouvelle alliance me renouvelle et me fait changer de vie, pas seulement de mentalité et de cœur, mais de vie». Et «cela est la re-création: ainsi, le Seigneur nous recrée tous». Le passage de la lettre aux Hébreux propose ensuite «un troisième élément, un changement d’appartenance». On lit: «Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple». C’est «cette appartenance» qui conduit à dire: «Tu es l’unique Dieu pour moi, les autres dieux n’existent pas». Donc, «changement de mentalité, changement de cœur, changement de vie et changement d’appartenance: cela est la recréation que le Seigneur fait plus merveilleusement que la première création». En conclusion, François a suggéré de demander «au Seigneur de poursuivre cette alliance, d’être fidèles; d’être fidèles à ce travail que le Seigneur accomplit pour nous faire changer de mentalité, de cœur». Lundi 23 janvier Trois merveilles Elles sont trois «les grandes merveilles du sacerdoce de Jésus: il a offert sa vie pour nous une fois pour toutes; il continue également à présent à prier pour chacun de nous; il reviendra pour nous emmener avec lui». Il est demandé à l’homme de «ne pas fermer son cœur» pour «se laisser pardonner par le Père». Et c’est précisément la Messe qui fait comprendre en plénitude cette très belle vérité. «Elevez au Seigneur un chant nouveau, parce qu’il a accom- L’OSSERVATORE ROMANO pour édifier le royaume définitif». François a également indiqué «deux points opposés dans la liturgie d’aujourd’hui». D’un côté, en effet, «il y a cette grande merveille, ce sacerdoce de Jésus en trois étapes, mais il y a également le contraire, “l’impardonnable blasphème”», comme on le lit dans le passage de l’Evangile de Marc (3, 22-30). Il «est dur d’entendre Jésus dire ces choses: mais il le dit et s’il le dit c’est vrai». Marc écrit en effet, en rapportant les paroles du Seigneur: «En vérité je vous le dis: tout sera pardonné aux fils des hommes — et nous savons que le Seigneur pardonne tout si nous ouvrons un peu notre cœur, tout! — les péchés et aussi tous les blasphèmes qu’ils diront — les blasphèmes Dante Gabriel Rossetti «Ecce Ancilla Domini» (1850) aussi seront pardonnés! —; mais celui pli des merveilles»: c’est avec les pa- qui aura blasphémé contre l’Esprit roles du psaume responsorial que le Saint ne sera pas pardonné pour Pape a commencé sa méditation. l’éternité: il est coupable d’une faute Mais «la grande merveille, la plus éternelle». Et ainsi, cette personne, grande, est son Fils, son Fils prê- «quand le Seigneur reviendra, ententre». Et «le sacerdoce du Christ se dra cette parole: “Va-t’en loin de déroule en trois moments, en trois moi!”». Et cela parce que «la grande étapes». La première étape «est dans onction sacerdotale de Jésus a été la rédemption: le Christ s’offrit lui- faite par l’Esprit Saint dans le sein même, une fois pour toute, pour le de Marie: les prêtres, lors de la cérépardon des péchés». Voilà la nou- monie de l’ordination, sont oints veauté: avec le Christ, c’est «une fois avec l’huile; et on parle toujours de pour toute, et cela est une merveille; l’onction sacerdotale». Jésus aussi, et avec cette merveille, il a fait de «comme prêtre suprême, a reçu cette nous des enfants, il nous a conduits onction». Et «la première onction» au Père, il nous a pardonné nos pé- a été «la chair de Marie par l’œuvre chés, il a recréé l’harmonie de la de l’Esprit Saint». Ainsi, celui qui création avec sa vie». «La deuxième «blasphème sur cela, blasphème sur merveille, qui a un certain rapport le fondement de l’amour de Dieu, avec le péché, est celle que le Sei- qui est la rédemption, la re-création; gneur accomplit à présent». En il blasphème sur le sacerdoce du effet, «le Seigneur intercède à pré- Christ». «Le Seigneur pardonne sent, il prie pour nous: oui, en ce tout, mais celui qui dit ces choses moment, alors que nous prions ici, il est fermé au pardon, il ne veut pas prie pour nous, certainement pour être pardonné». Donc, «en cette tous, pour chacun de nous». C’est Messe, pensons à ces belles choses précisément «l’intercession, le prêtre et demandons au Seigneur la grâce qui intercède: auparavant, il a offert que notre cœur ne se ferme jamais — sa vie en rachat; à présent, vivant, ne se ferme jamais! — à cette merdevant le Père, il intercède». Donc, veille, à cette grande gratuité». Jésus «prie pour nous et cela est une certitude. Combien de fois disonsnous au prêtre: “Père, priez pour moi, pour mon fils, pour ma famille, nous avons ce problème...”». Nous Mardi le faisons, «parce que nous savons 24 janvier que la prière du prêtre a une certaine force, précisément dans le sacrifice de la Messe». «La troisième merL’un après l’autre veille sera la fin, quand il revienAnneaux d’une longue chaîne de dra». Il «reviendra comme prêtre, oui, sans rapport avec le péché: la «me voici» qui part d’Abraham et première fois, il a donné sa vie pour qui arrive à aujourd’hui, en passant le pardon des péchés; la deuxième par celui décisif de Jésus au Père: fois — maintenant — il prie pour voilà ce que sont, selon le Pape nous, parce que nous sommes pé- François, les chrétiens, appelés cheurs et que nous allons de l’avant chaque jour à «faire la volonté du dans la vie chrétienne; mais quand Seigneur» en s’insérant dans le desviendra la troisième fois, ce ne sera sein providentiel de l’histoire du sapas en rapport avec le péché, ce sera lut. La liturgie, en continuité avec page 9 celle de la veille, a poussé le Pape à réfléchir «sur le sacerdoce de Jésus, le sacerdoce définitif, unique». «Les prêtres, à cette époque, offraient des sacrifices, mais devaient les offrir continuellement, année après année, parce qu’ils n’étaient pas définitifs, ils n’étaient pas une fois pour toutes». Le changement décisif a eu lieu avec «le sacerdoce de Jésus, qui fait l’unique sacrifice une fois pour toutes». Une différence substantielle: «Dans ces sacrifices se renouvelle d’année en année le souvenir des péchés, on demande pardon d’année en année»; au contraire, le Christ dit: «Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m’as façonné un corps. Alors j’ai dit: “Voici, je viens pour faire — ô Dieu — ta volonté”». Cela a été précisément, a suggéré le Pape, «le premier pas» de Jésus dans le monde: «Je viens faire ta volonté». Et la volonté du Père était que «avec ce sacrifice soient abolis tous les sacrifices et que celui-ci soit l’ultime». C’est pourquoi on lit dans l’Ecriture: «Tu n’as agréé ni holocaustes ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit: Voici, je viens, pour faire ta volonté». C’est précisément cette parole de Jésus qui referme une histoire «de “Me voici” enchaînés; l’histoire du salut est cela: une histoire de “Me voici” enchaînés». Tout commença avec Adam, qui «se cacha parce qu’il avait peur du Seigneur»: depuis lors, le Seigneur commença à appeler et à entendre la réponse des hommes et des femmes qui disent: “Me voici. Je suis prêt. Je suis prête”». Jusqu’à arriver «au dernier “Me voici”, celui de Jésus: “Pour faire ta volonté”». Le Pape a reparcouru brièvement cette histoire, en rappelant Abraham, Moïse, les prophètes Isaïe et Jérémie. Et encore: le petit Samuel, qui entend la voix du Seigneur et répond: «Me voici Seigneur». Jusqu’à arriver «au dernier “Me voici” , grand, de Marie: “Que la volonté du Seigneur soit faite. Je suis la servante. Me voici”». «L’un après l’autre se retrouvent dans la Bible tous les «me voici» prononcés. Et «c’est beau», beau et exigeant, parce que «cette liturgie de la parole d’aujourd’hui nous invite à réfléchir: «Mais comment va mon “Me voici” au Seigneur? Et le “Me voici” de ma vie, comment va-t-il ?». Précisément en reparcourant les Ecritures, on se rend compte que la réponse n’est en rien évidente: «Estce que je vais me cacher, comme Abraham, pour ne pas répondre? Ou quand le Seigneur m’appelle, au lieu de dire “Me voici”, est-ce que je fuis, comme Jonas?». Et alors, puisque le Seigneur appelle «chacun de nous» et «tous les jours», il faut se demander: «Comment est ma réponse au Seigneur?». Certains pourraient aussi avoir des doutes: «Peuton discuter» avec le Seigneur? «Oui, il aime cela. Il aime bien discuter avec nous». C’est pourquoi, quand «quelqu’un me dit: “Mais père, souvent, quand je vais prier, je me mets en colère contre le Seigneur...”», la réponse est: «Cela aussi est prière! Il aime cela, quand tu te mets en colère et que tu lui dis en face ce que tu penses, parce que c’est un père! Mais cela est aussi un “Me voici”». L’OSSERVATORE ROMANO page 10 jeudi 2 février 2017, numéro 5 Collège épiscopal Nominations Le Saint-Père a nommé: 2 janvier S.Exc. Mgr FRANCISCO OZORIA ACOSTA, archevêque métropolitain de Saint-Domingue (République dominicaine): évêque aux armées pour la République dominicaine. S.Exc. Mgr JOÃO CARLOS HATOA NUNES, évêque titulaire d’Amudarsa et auxiliaire de l’archidiocèse de Maputo (Mozambique): évêque de Chimoio (Mozambique). 4 janvier S.Exc. Mgr WILLIAM TERRENCE MCGRATTAN, jusqu’à présent évêque de Peterborough (Canada): évêque de Calgary (Canada). Né à London, Ontario (Canada), le 19 septembre 1956, il a été ordonné prêtre le 2 mai 1987. Le 6 novembre 2009, il a été nommé évêque titulaire de Fornos et auxiliaire de Toronto, et a reçu l’ordination épiscopale le 12 janvier 2010. Il est devenu évêque de Peterborough le 8 avril 2014. 5 janvier le père ABILIO MARTÍNEZ VAREA, jusqu’à présent vicaire épiscopal du diocèse de Calahorra y La Calzada Logroño (Espagne): évêque d’O smaSoria (Espagne). Né à Autol, La Rioja (Espagne), le 29 janvier 1964, il a suivi des étu- des ecclésiastiques au grand séminaire de Logroño et a été ordonné prêtre le 30 septembre 1989. Il a obtenu une licence en théologie dogmatique à l’université pontificale grégorienne. Dans le diocèse de Calahorra y La Calzada - Logroño, il a exercé la charge de délégué de l’apostolat séculier, professeur à l’institut des sciences religieuses, délégué pour l’enseignement et vicaire épiscopal pour l’éducation à partir de 2005. 10 janvier S.Exc. Mgr OSCAR A. SOLIS, jusqu’à présent évêque titulaire d’Urci et auxiliaire de Los Angeles (EtatsUnis d’Amérique): évêque de Salt Lake City (Etats-Unis d’Amérique). Né le 13 octobre 1953 à San Jose City, dans le diocèse de Cabanatuan (Philippines), il a été ordonné prêtre le 28 avril 1979 pour le clergé de Cabanatuan. Nommé évêque titulaire d’Urci et auxiliaire de l’archidiocèse de Los Angeles le 11 décembre 2003, il a reçu l’ordination épiscopale le 10 février 2004. 11 janvier le père DANIELE GIANOTTI, du clergé du diocèse de Reggio Emilia Guastalla (Italie), jusqu’à présent professeur de théologie à la faculté de théologie de l’Emilie Romagne et vicaire épiscopal pour la culture: évêque de Crema (Italie). Né à Calerno, dans la province de Reggio Emilia (Italie), le 14 septembre 1957, il est entré au petit sémi- Prélature de l’Opus Dei 24 janvier Le Saint-Père, confirmant l’élection canonique ayant eu lieu conformément au n. 130 des statuts, a nommé Mgr FERNAND O O CÁRIZ, jusqu’à présent vicaire auxiliaire de la prélature de l’Opus Dei: prélat de la prélature personnelle de la Sainte-Croix et de l’Opus Dei. Le nouveau prélat a été élu dans la soirée du 23 janvier, par le Congrès général électoral de la prélature, convoqué depuis le samedi 21. Il succède à Mgr Javier Echevarría Rodríguez, décédé le 12 décembre 2016. Né à Paris (France) le 27 octobre 1944, dans une famille espagnole exilée en France à cause de la guerre civile, il est le plus jeune de huit enfants. Titulaire d’une maîtrise en physique de l’université de Barcelone en 1966, il a obtenu une licence en théologie de l’université pontificale du Latran en 1969 et, au cours de ses études romaines, il a vécu avec le fondateur, Josemaría Escrivá. Il a ensuite obtenu un doctorat à l’université de Navarre en 1971, année où il a été ordonné prêtre, et s’est consacré initialement à la pastorale des jeunes et des universitaires. Consulteur des Congrégations pour la doctrine de la foi (depuis 1986) et pour le clergé (depuis 2003) et du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation (depuis 2011), il est membre de l’Académie pontificale de théologie depuis 1989. Parmi les premiers professeurs de l’université pontificale de la Sainte-Croix, il a enseigné la théologie fondamentale. Outre des études de philosophie et de théologie, il a écrit en 2013, avec le journaliste Rafael Serrano, le livre d’entretiens Sobre Dios, la Iglesia y el mundo. Nommé vicaire général de la prélature de l’Opus Dei le 23 avril 1994 et vicaire auxiliaire en décembre 2014, il a accompagné pendant vingt-deux ans son prédécesseur Mgr Echevarría dans des visites pastorales dans plus de soixante-dix pays. naire et a ensuite fréquenté l’université pontificale grégorienne, obtenant une licence en théologie en 1983 et un diplôme en théologie et en sciences patristiques à l’institut Augustinianum en 1984. Ordonné prêtre le 19 juin 1982 pour le diocèse de Reggio Emilia - Guastalla, il a été secrétaire et préfet des études à l’institut des sciences religieuses (1985-1999); assistant ecclésiastique AGESCI à Reggio Emilia (1987-1989); membre du collège des consulteurs (1993-2000); directeur du bureau liturgique et animateur de l’école de musique pour la liturgie (1995-2000); secrétaire du conseil presbytéral (1990-1999) et vicaire épiscopal pour la pastorale (2000-2005). Depuis 1985, il est professeur dans divers instituts diocésains et régionaux; depuis 1988, il est chanoine de la cathédrale et depuis 1994, préfet des études au séminaire. Depuis 1999 il est délégué épiscopal pour la formation permanente du jeune clergé; depuis 2000, il est responsable épiscopal pour les confirmations et vicaire épiscopal pour la programmation et la formation pastorale; depuis 2005, il est vicaire épiscopal pour la culture. Il a été animateur de la pastorale des vocations et de la formation des laïcs dans la mission diocésaine à Kibungo au Rwanda, et est l’un des créateurs du foyer (2001) pour malades terminaux. le père EDILSON SOARES NOBRE, jusqu’à présent vicaire général de l’archidiocèse de Natal (Brésil): évêque d’Oeiras (Brésil). Né le 9 mai 1965 à Touros, archidiocèse de Natal, Etat de Rio Grande do Norte (Brésil), il a étudié la philosophie et la théologie au grand grand séminaire local, puis a obtenu à Rome une licence en communication sociale à l’université pontificale salésienne (2005-2007). Ordonné prêtre le 6 avril 1991 pour l’archidiocèse de Natal, il a été vicaire paroissial de São Paulo Apóstolo a São Paulo do Potengi (1991-1992); curé de Nossa Senhora da Conceição à Lajes (1992-1998); curé de Nossa Senhora da Conceição à Macau (1998-2005); administrateur paroissial de Nossa Senhora da Conceição à Nova Cruz (2008-2012); assistant de la pastorale de la communication (2008-2012). Il était jusqu’à présent vicaire général de Natal. Erection de diocèse Le Saint-Père a érigé le diocèse de: 2 janvier DANLÍ (HONDURAS), avec un territoire démembré de l’archidiocèse de Tegucigalpa, le rendant suffragant du même archidiocèse métropolitain. Il a nommé premier évêque du diocèse de Danlí (Honduras) le père JOSÉ ANTONIO CANALES MOTIÑO, du clergé du diocèse de San Pedro Sula, jusqu’à présent curé de la cathédrale. Né le 19 mars 1962 à La Lima, diocèse de San Pedro Sula (Honduras), il a obtenu une licence en sciences juridiques et sociales de l’Universidad privada San Pedro Sula. Après sa formation sacerdotale au grand séminaire Nuestra Señora de Suyapa à Tegucigalpa, il a obtenu une licence en théologie morale à l’université pontificale de Mexico. Ordonné prêtre le 12 octobre 1996, il a été curé de Nuestra Señora de Suyapa à Choloma (1998-2006), vicaire général du diocèse (1999-2002), curé de Nuestra Señora de Guadalupe à San Pedro Sula (2006-2015), doyen de la zone pastorale 1 (2007-2010) et, à partir de 2015, curé de la cathédrale San Pedro Apóstol à San Pedro Sula. 13 janvier Mgr GIOVANNI CHECCHINATO, du clergé du diocèse de Latina-Terracina-Sezze-Priverno (Italie), curé et directeur du bureau diocésain pour la pastorale scolaire et universitiare et pour l’enseignement de la religion catholique: évêque de San Severo (Italie). Né le 20 août 1957 à Latina, diocède de Latina-Terracina-Sezze-Priverno (Italie), il a reçu sa formation au sacerdoce au collège pontifical léonien d’Anagni, où il a obtenu un baccalauréat en théologie et a suivi une spécialisation en théologie morale à l’académie alphonsienne de Rome. Il s’est inscrit en doctorat à l’université pontificale grégorienne de Rome et à un cours de perfectionnement en bioéthique à l’université La Sapienza à Rome. Ordonné prêtre le 4 juillet 1981, il a été incardiné dans le diocèse de Latina-Terracina-Sezze-Priverno. Il a ensuite été vicaire paroissial à San Francesco d’Assisi à Cisterna di Latina (19811988); professeur d’éthique professionnelle à l’école de formation régionale pour infirmiers et professeur d’éthique philosophique et de théologie morale à l’institut des sciences religieuses Paul VI de Latina et au séminaire régional d’Anagni (19831991); assistant de l’Action catholique des jeunes (1981-1986); curé de Saint-Pie X à Latina - Borgo Isonzo (1988-1992); assistant de l’Action catholique pour les secteurs adultes et familles (1989-1994); directeur du bureau de pastorale familiale, cofondateur et consultant éthique du planning familial diocésain (19892005); archiprêtre curé de San Cesareo, con-cathédrale de Terracina (1992-2005); recteur du collège pontifical léonien d’Anagni (2005-2015). Depuis 2016 il était curé de Santa Rita, à Latina. Il est également membre du conseil presbytéral et directeur du bureau diocésain pour la pastorale scolaire et universitaire et pour l’enseignement de la religion catholique. Démissions Le Saint-Père a accepté la démission de: 2 janvier S.Em. le cardinal NICOLÁS DE JESÚS LÓPEZ RODRÍGUEZ, qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale de l’ordinariat militaire de la République dominicaine. S.Exc. Mgr FRANCISCO JOÃO SILOTA, M.AFR., qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale du diocèse de Chimoio (Mozambique). 4 janvier S.Exc. Mgr FREDERICK BERNARD HENRY, qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale du diocèse de Calgary (Canada). 13 janvier S.Exc. Mgr LUCIO ANGELO RENNA, O.CARM. qui avait demandé à être relevé de la charge pastorale du diocèse de San Severo (Italie). L’OSSERVATORE ROMANO numéro 5, jeudi 2 février 2017 page 11 Audiences pontificales Le Saint-Père a reçu en audience: 7 janvier S.Em. le cardinal MARC OUELLET, préfet de la Congrégation pour les évêques; S.Em. le cardinal MARC OUELLET, préfet de la Congrégation pour les évêques. — PHILIP BOYCE, évêque de Raphoe (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — JOHN FLEMING, évêque de Killala (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; 16 janvier — KIERAN O’REILLY, archevêque de Cashel and Emly (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — FINTAN MONAHAN, évêque de Killaloe (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — WILLIAM CREAN, évêque de Cloyne (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — LIAM S. MACDAID, évêque émérite de Clogher (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — JOHN BUCKLEY, évêque de Cork and Ross (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; NN.SS.: Leurs Excellences NN.SS.: S.E. M. ALPHA CONDÉ, président de la République de Guinée, avec sa suite. — RICCARD O FONTANA, archevêque d’Arezzo - Cortone - Sansepolcro (Italie); S.Em. le cardinal GEORGE PELL, préfet du secrétariat pour l’économie. — SERGIO PAGANO, évêque titulaire de Celene, préfet des archives secrètes vaticanes. S.E. M. KENNETH FRANCIS HACKETT, ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, avec son épouse, en visite de congé. 12 janvier S.Exc. Mgr FILIPPO SANTORO, archevêque de Tarante (Italie); M. NICOLA ZINGARETTI, président de la région Latium; Mme VIRGINIA RAGGI, maire de Rome. S.Exc. Mgr HAN LIM MO ON, évêque titulaire de Tucca de Mauritanie, auxiliaire de San Martín (Argentine). le docteur XAVIER EMMANUELLI, cofondateur de «Médecins sans frontières» et président du «Samusocial international». S.E. M. DENIS FONTES DE SOUZA PINTO, ambassadeur du Brésil, en visite de congé. 13 janvier S.Em. le cardinal FERNAND O FILONI, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples; S.Em. le cardinal ED OARD O MENICHELLI, archevêque d’Ancône-O simo (Italie). 19 janvier — BRENDAN LEAHY, évêque de Limerick (Irlande), avec l’évêque émérite, S.Exc. Mgr D ONAL BRENDAN MURRAY, en visite «ad limina Apostolorum»; S.Em. le cardinal ZENON GRO CHOLEWSKI, préfet émérite de la Congrégation pour l’éducation catholique (des instituts d’étude); — ALPHONSUS CULLINAN, évêque de Waterford and Lismore (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; Leurs Excellences NN.SS.: — VINCENZO PAGLIA, président de l’Académie pontificale pour la vie; — GIUSEPPE SCIACCA, évêque titulaire de Fondi, secrétaire du Tribunal suprême de la Signature apostolique; — ROBERT RIVAS, archevêque de Castries (Sainte-Lucie). 20 janvier Leurs Excellences NN.SS.: — LUIGI PEZZUTO, archevêque titulaire de Torre di Proconsolare, nonce apostolique en Bosnie et Herzégovine et au Montenegro; — BRUNO MUSARÒ, archevêque titulaire d’Abari, nonce apostolique en République arabe d’Egypte; délégué du Saint-Siège auprès de la Ligue des Etats arabes. 14 janvier S.E. M. MAHMOUD ABBAS, président de l’Etat de Palestine, avec sa suite. Envoyé spécial Nomination Le Saint-Père a nommé: S.E. M. HORACIO MANUEL CARTES JARA, président de la République du Paraguay, avec sa suite. S.E. M. JAMES KWAME BEBAAKOMENSAH, ambassadeur du Ghana, en visite de congé. Leurs Excellences NN.SS.: — EAMON MARTIN, archevêque d’Armagh (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — FRANCIS DUFFY, évêque d’Ardagh (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — D ONAL MCKEOWN, évêque de Derry (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — JOHN MCAREAVEY, évêque de Dromore (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — PHILIP LEO O’REILLY, évêque de Kilmore (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — MICHAEL SMITH, évêque de Meath (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; L’OSSERVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE Unicuique suum EN LANGUE FRANÇAISE Non praevalebunt GIOVANNI MARIA VIAN directeur Giuseppe Fiorentino vice-directeur Jean-Michel Coulet rédacteur en chef de l’édition Cité du Vatican [email protected] www.osservatoreromano.va — DIARMUID MARTIN, archevêque de Dublin (Irlande), avec les évêques auxiliaires, LL.EE. NN.SS. EAMONN OLIVER WALSH, évêque titulaire d’Elmhama, et RAYMOND W. FIELD, évêque titulaire d’Árd Mór, en visite «ad limina Apostolorum»; — DENIS BRENNAN, évêque de Ferns (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — DENIS NULTY, évêque de Kildare and Leighlin (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — MICHEAL NEARY, archevêque de Tuam (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; KELLY, évêque — BRENDAN d’Achonry (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — JOHN KIRBY, évêque de Clonfert (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — KEVIN PETER D ORAN, évêque d’Elphin (Irlande), avec l’évêque émérite, S.Exc. Mgr CHRISTOPHER JONES, en visite «ad limina Apostolorum»; — NOËL TREANOR, évêque de Down and Connor (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; 19 janvier S.Em. le cardinal PIETRO PAROLIN, secrétaire d’Etat: légat pontifical pour la célébration de la XXVe journée mondiale du malade, qui aura lieu à Lourdes le 11 février 2017. — RAYMOND BROWNE, évêque de Kerry (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; Rédaction — MICHAEL RYAN, administrateur diocésain d’Ossory (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — MICHAEL MCLAUGHLIN, administrateur diocésain de Galway and Kilmacduagh (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum»; — JOSEPH MCGUINNESS, administrateur diocésain de Clogher (Irlande), en visite «ad limina Apostolorum». S.Em. le cardinal ANGELO AMATO, préfet de la Congrégation pour les causes des saints. 21 janvier Leurs Eminences les cardinaux: — MARC OUELLET, préfet de la Congrégation pour les évêques; — GERHARD LUDWIG MÜLLER, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. S.Exc. Mgr PIO VITO PINTO, doyen du Tribunal de la Rote romaine, avec le pro-doyen, Mgr MAURICE MONIER. le Collège des prélats-auditeurs du Tribunal de la Rote romaine. 23 janvier S.Em. le cardinal STANISŁAW RYŁKO, archiprêtre de la basilique papale Sainte-Marie-Majeure; Leurs Excellences NN.SS.: — GHALEB BADER, archevêque titulaire de Matara de Numidie, nonce apostolique au Pakistan; YOU HEUNG-SIK, — LAZZARO évêque de Daejeon (Corée). Communiqué de la salle de presse Mardi 24 janvier, au cours de l’audience avec le Saint-Père, Son Altesse fra’ Matthew Festing a présenté sa démission de la charge de grand maître de l’ordre souverain militaire de Malte. Mercredi 25, le Saint-Père a accepté cette démission, en exprimant à fra’ Festing son appréciation et sa reconnaissance pour les sentiments de loyauté et de dévotion à l’égard du Successeur de Pierre et la disponibilité à servir humblement le bien de l’ordre et de l’Eglise. Le gouvernement de l’ordre sera assuré ad interim par le grand commandant, jusqu’à la nomination d’un délégué pontifical. TIPO GRAFIA VATICANA EDITRICE L’OSSERVATORE ROMANO don Sergio Pellini S.D.B. directeur général Service photo: [email protected] Agence de publicité Il Sole 24 Ore S.p.A, System Comunicazione Pubblicitaria via del Pellegrino, 00120 Cité du Vatican Via Monte Rosa, 91, 20149 Milano téléphone + 39 06 698 99400 fax + 39 06 698 83675 [email protected] Abonnements: Italie, Vatican: 58,00 €; Europe: 100,00 € 148,00 $ U.S. 160,oo FS; Amérique latine, Afrique, Asie: 110,00 € 160,00 $ U.S. 180,00 FS; Amérique du Nord, Océanie: 162,00 € 240,00 $ U.S. 260,00 FS. 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Suisse: Editions Saint - Augustin, casepostale 51, CH - 1890 Saint-Maurice, téléphone + 41 24 486 05 04, fax + 41 24 486 05 23, [email protected] - Editions Parole et Silence, Le Muveran, 1880 Les Plans sur Bex (C.C.P. 17-336720-5); téléphone + 41 24 498 23 01; [email protected] Canada et Amérique du Nord: Editions de la CECC (Conférence des Evêques catholiques du Canada) 2500, promenade Don Reid, Ottawa (Ontario) K1H 2J2; téléphone 1 800 769 1147; [email protected] L’OSSERVATORE ROMANO page 12 jeudi 2 février 2017, numéro 5 Du moyen-âge à l’époque moderne Le bestiaire du Pape GIOVANNI CERRO u cours des dernières décennies, la recherche historiographique a accompli des progrès importants dans l’analyse de la riche symbologie des animaux en relation avec la papauté. Une contribution déterminante dans cette direction a été offerte par les chercheurs italiens, parmi lesquels une place importante est occupée par Agostino Paravicini Bagliani, auteur du récent ouvrage Il bestiario del papa (Turin, Einaudi, 2016, 378 pp., 32,00 euros), dans lequel, à travers la relecture d’un vaste éventail de sources textuelles et iconographiques, il explore le rapport symbolique et métaphorique qui unit la papauté et les animaux, du moyen-âge à l’époque moderne. Le lecteur est accompagné dans un parcours divisé en trois parties. Dans la première, il est question de deux figures dont la connotation symbolique semble être très ancienne, comme la colombe et le dragon, alors que dans la deuxième sont considérés les animaux traditionnellement liés à l’autreprésentation du rôle des Souverains Pontifes, en premier lieu le cheval et l’éléphant. La troisième, enfin, est liée au renversement parodique et polémique subi par certains de ces A l’on peut peut-être identifier avec Etienne Ier, roi de Croatie et de Dalmatie — envoya un perroquet en don au Pape, qui était non seulement en mesure de répéter la phrase «Je vais chez le Pape», mais aussi de l’appeler par son nom. Et cela sans que personne ne le lui ait enseigné. Quand le Pape rentrait dans son appartement privé, la compagnie du perroquet l’encourageait et le réconfortait, en lui apportant un délassement par rapport à ses graves préoccupations quotidiennes. S’il est difficile de retrouver un antécédent historique dans lequel on attribue au perroquet la fonction de consoler l’homme, dans la littérature latine existent en revanche des exemples où on lui reconnaît la capacité d’annoncer des personnages de haut rang: Martial célèbre l’habilité de ce volatile à saluer l’empereur et Macrobe raconte qu’Auguste, après la bataille d’Actium, acheta un corbeau et un perroquet qui l’avaient acclamé vainqueur et imperator. Selon une chronique du Xe siècle, même l’empereur de Byzance avait l’habitude de se faire accompagner par un perroquet à des banquets et des cérémonies officielles. Au haut moyen-âge, l’éloquence de cet animal devient l’objet d’éloges, également dans le milieu chrétien: Théodulph d’O r- lais apostolique, que Niccolò III fit construire et décorer et qui prendra ensuite le nom de «Sala vecchia degli Svizzeri». Avec Boniface VIII, l’utilisation du perroquet comme motif décoratif s’intensifie, au point que dans certains tissus précieux en soie de Lucques, son blason est représenté entre des perroquets verts et que cet animal se retrouve dans beaucoup des parements qu’il donna à la cathédrale d’Anagni, sa ville natale. Au début du XVe siècle, est mentionnée pour la première fois une salle du perroquet dans le palais apostolique, dans laquelle le Pape réunissait les cardinaux en consistoires, se préparait avant de participer à des cérémonies solennelles, recevait les princes et les souverains et donnait des bénédictions. La fonction du perroquet renvoie donc à des gestes rituels de souveraineté, qui ont pour but de séparer la sphère privée de celle publique. Ce sera avec Léon X que ce symbolisme atteindra son apogée: il suffit de penser à la représentation sur la porte de la Salle du perroquet, œuvre de Raphaël et de son école, dans laquelle Jean-Baptise a le regard Raphaël ou Giulio Romano, «Etudes de l’éléphant Hanno de Léon X» (XVIe siècle) symboles, aussi bien dans les soidisant prophéties papales que dans les satires nées dans le milieu protestant. L’histoire du perroquet, dont les origines remontent au XIe siècle, est curieuse et peut-être peu connue. Dans une des Vitae de Léon IX, attribuée à Wibert de Toul, on raconte qu’un certain «rex Dalamarcie» — que léans, abbé de Fleury, le considère en mesure de rivaliser avec les muses d’Homère et le moine anonyme auteur de l’Ecbasis captivi, une parodie épique sur le monde animal, compare la voix du perroquet à la mélodie de la harpe du roi David. Dans la Rome papale, le perroquet fait son apparition vers 1280 dans les fresques de l’aile du pa- tourné vers un petit perroquet sud-américain. Il s’agit bien évidemment d’une référence au Pape comme représentant du Christ sur la terre. On doit à Léon X non seulement l’institution d’une véritable ménagerie dans la cour du Belvédère, mais également l’introduction à la cour papale d’un éléphant blanc, don du roi du Por- tugal Manuel Ier. Débarqué à Rome après un voyage aventureux en bateau, accompagné par un dompteur indien et un gardien sarrasin, le pachyderme resta pendant longtemps gravé dans la mémoire des romains en raison de sa beauté et de sa majesté. Le Pape était particulièrement attentif à la sécurité d’Hanno — tel est le nom qui fut donné à l’éléphant — et pour éviter qu’il ne se blesse les pattes, il refusa de l’envoyer à la cour des Médicis et auprès du roi de France en visite à Bologne. Si le perroquet et l’éléphant peuvent apparaître comme des animaux exotiques, un tableau plus intime et familier nous parvient de Musetta, la petite chienne de Pie II. Selon le témoignage d’Enea Silvio Piccolomini lui-même dans ses Commentarii, la petite chienne aimait faire des bêtises. Un jour, alors que le Pape se trouvait dans un jardin où il recevait des délégations diplomatiques, elle tomba dans une citerne et fut sauvée avec difficulté; le lendemain elle fut mordue par un gros cercopithèque qui faillit la tuer. Musetta mourut une dizaine de jours plus tard en tombant de la fenêtre de la résidence papale et Pie II s’inspira de son histoire pour rappeler, avec un exemplum efficace, la vertu de la prudence. De l’examen minutieux et original d’Agostino Paravicini Bagliani apparaît aussi bien la persistance de plusieurs animaux symboliques, qui au cours du temps ont assumé des fonctions différentes, que le caractère transitoire d’autres, qui avec la transformation des pratiques institutionnelles et politiques et des sensibilités religieuses, sont allés vers un déclin parfois soudain, parfois graduel, jusqu’à disparaître complètement. La longue tradition du rapport entre les Papes et les animaux semble aujourd’hui avoir laissé de côté les élaborations symboliques complexes du passé, pour revêtir en revanche un connotation plus concrète, caractérisée par l’engagement et le respect pour la création, comme le démontre la récente encyclique Laudato si’ du Pape François.