zanetto, livret

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zanetto, livret
ZANETTO, LIVRET
traduction Annick Deyris, CPEM
CD de référence : Zanetto par le Bohuslav Martinu Philharmonic, direction Peter Tiboris, Elysium
Records
La Renaissance italienne.
Un paysage illuminé par la lune. A gauche, une élégante maison de plaisance bâtie sur une terrasse
qui descend, par une rampe en pente douce, sur le devant du théâtre. Au pied du mur de la terrasse,
un vieux banc. Au fond du décor, Florence vaguement signifiée. Le ciel est plein d'étoiles.
PLAGE 2 SCÈNE PREMIÈRE. SILVIA, seule
Silvia, con una veste bianca, è appoggiata alla
balaustrata ; contempla, fantasticando, la
campagna
Silvia, en déshabillé blanc, est accoudée sur la
rampe de pierre sculptée de la terrasse et
contemple, rêveuse, le paysage.
SILVIA
Maledetto l'amor ! Non ho più lacrime.
discende, lenta
Son la crudel signora,
che ognun sempre adorò, che ognuno adora.
Ognun col labro rispettoso sfiora
la mia man : ma l'ardore
del bacio non salì fino al mio core.
M'uccide il tedio. Le silenziose
chiari notti d'estate,
che pajon fatte per le serenate,
danno al poeti il destro
di sfogar l'estro,
ed ecco... in onor mio dispiegan l'ali
scipiti madrigali.
Il soldato, il mercante, il podestà
ai piè mi gittan l'oro,
ma disprezzo costoro
e la lor vanità.
Soffro ! Viver così,
senza un amore, viver non è.
Non mi ricorda un fiore
qualche affetto gentil.
(addita la città)
Firenze splende
laggiù, lontana, nel sereno ; e tende,
forse, lo suardo al cielo un giovinetto
che m'ha vista una volta, e sente in petto
battere il cor per me, per me l'indegna.
Se a traverso la mia
strada fatal si trovi... oh ! non isperi
di fuggirsene via...
e non sarò la sola disgraziata !
SILVIA
Que l'amour soit maudit ! Je ne puis plus pleurer.
Elle descend lentement la pente douce.
Je suis la cruelle souveraine
Que chacun aime, que tout le monde adore.
Chacun effleure respectueusement ma main
de ses lèvres: Mais l’ardeur
du baiser ne touche pas mon cœur.
L’ennui me tue.
Je laisse les poètes
donner libre cours à leur inspiration
dans le silence des nuits
blanches d’été propices aux sérénades,
car voilà… mon honneur ne plie pas
devant les fades madrigaux
Le soldat, le marchand, l’édile
jettent de l’or à mes pieds,
mais je méprise leur richesse
et leur vanité.
Je souffre. Vivre ainsi, sans amour,
n’est pas vivre.
Je n’ai pas souvenir d’une fleur touchante
et affectueuse.
Montrant la ville au loin.
Voici là-bas Florence qui resplendit,
lointaine et sereine ; peut-être
y a-t-il un jeune homme qui, le regard dans le
ciel,
m’a vue une fois et a senti en sa poitrine
battre son cœur pour moi, pour moi l’indigne.
Si jamais il croise ma route… Oh !
qu’il ne s’enfuie pas…
Et je ne serai plus seule et malheureuse !
Traduction Annick Deyris, CPEM
PLAGE 3
ZANETTO, canta da lontano, sempre
avvicinandosi.
Cuore !
come un fiore
si dischiude in te l'Amore :
la canzon non è gioconda,
l'odi tu, piccina bionda.
Cuore !
V'è il dolore
tra il profumo e lo splendore...
par che il pianto si nasconda
in quel fior, piccina bionda.
Piccina bionda,
par che il pianto si nasconda
in quel fior.
ZANETTO, chantant au loin, toujours en
approchant.
Mon cœur,
l’amour s’ouvre en toi
comme une fleur :
La chanson n’est pas joyeuse,
tu l’entends, toi, petite blonde
Mon cœur !
Vois la douleur
parmi le parfum et la splendeur…
Des larmes se cachent
dans cette fleur, petite blonde.
petite blonde
Des larmes se cachent
dans cette fleur.
PLAGE 4
SILVIA
Dolce è la melodia : la voce tocca
il cuor. Ma queste fole,
queste fole d'amore, io non l'intendo più.
SILVIA
La mélodie est douce : la voix touche
mon cœur. Mais quelle folie,
quelle folie d’amour (ndlr : s’empare de moi), je
ne la comprends pas.
(Sale lentamente su la terrazza, volgendosi
distrattamente verso la parte da cui veniva la
voce. Zanetto col liuto a tracolla, e trascinando
per l'erta il mantello, entra con aria allegra
senza veder Silvia).
(Elle remonte lentement sur la terrasse, en
regardant, distraite, du côté d'où venait la voix.
Zanetto, sa guitare sur l'épaule et portant sous
son bras son manteau qui traîne dans l'herbe,
entre gaîment, sans voir Silvia.)
SCÈNE II, SILVIA , sur la terrasse, ZANETTO.
ZANETTO
Le notti estive ridono al viaggio,
e si va della luna al chiaro raggio.
Ma di lassù le stelle infondono coraggio
con le pupille d'ôr.
Son giunto. Ama Firenze
il suono del liuto e la canzon d'amor ?
Non posso in quest'arnese
picchiare alla locanda del paese.
Mi converrà dormire all'aria aperta.
(si sdraja sulla panca avvolgendosi nel
mantello).
ZANETTO
Les nuits d’été invitent au voyage,
Et l’on part au lever de lune.
De là-haut les étoiles aux pupilles d’or donnent
du courage.
Me voici. Florence aime-t-elle
le son du luth et la chanson d’amour ?
Je ne peux, dans cet accoutrement
frapper à l’auberge de ce pays.
Me voilà contraint de dormir à la belle étoile.
(il s’allonge sur un banc, enveloppé dans son
manteau)
Traduction Annick Deyris, CPEM
SILVIA
(scende della terrazza).
Oh, poveretto ! ed io che avevo in uggia
questa serenità !
Debbo chiamarlo ed ospitalità
debbo offrirgli ? Ma che ! Dorme di già.
(guardando Zanetto addormentato)
Il silenzio, i profumi della sera,
questo fanciul dormente,
mi turban forse ? Un palpito
novo m'agita il core. Ahimè ! somiglia
(guardando più da vicino)
al sogno mio ! Su ! Destati.
(prendendolo con dolcezza per la mano).
SILVIA
(descendant de la terrasse)
Oh, le pauvre petit ! Et moi qui méprisais
cette nuit sereine.
Dois-je l’appeler et lui offrir l’hospitalité ?
Mais il dort déjà !
(regardant Zanetto endormi)
Le silence, le parfum de la nuit,
Cet enfant endormi,
Me troublent-ils ? Un battement nouveau
agite mon cœur.
(Regardant Zanetto de plus près)
Ah! il ressemble à mon rêve ! Allons ! Réveillezvous !
(elle le prend doucement par la main)
PLAGE 5
ZANETTO
Sono Zanetto : un nomade
suonator, mi diletto
ogni dì nel cambiar d'aria e di tetto.
Venti mestieri inutili
mi fan campar la vita :
ZANETTO
Je suis Zanetto : un musicien nomade
je me délecte chaque jour
du changement d’air et de toit.
La vie me permet de vivre
de vingt petits métiers :
so condurre col fragile
remo la barca rapida ;
slancio nell'aria il falco
a volo in corsa ardita ;
domo col morso l'agile
puledro ; e in un sonetto
chiudo le rime fulgide
in cerchio d'oro stretto.
je sais mener de la rame fragile
le bateau rapide ;
je lance dans l'air le faucon
au vol hardi ;
je dompte le poulain agile ;
Et je sais encore
jongler dans un sonnet
avec des rimes d'or.
PLAGE 6
SILVIA
E non saranno rare
le volte in cui ti manca il desinare !
ZANETTO
Tavolta sì... Ma se trovo in paese
qualche signor cortese,
io sono il benvenuto ;
m'accettano alla mensa, il mio liuto
rallegra la brigaga,
e... per quel dì la cena è assicurata !
SILVIA
(scende
della terrazza).
SILVIA
Oh, poveretto ! ed io che avevo in uggia
Firenze è la tua mèta ?
questa serenità !
ZANETTO
Debbo
chiamarlo ed ospitalità
Non so.
Se mai
più
debbo
offrirgli
? Ma
cheflorido
! Dorme di già.
(guardando
Zanettomi
addormentato)
qualche sentier
piaccia,
Il silenzio, i profumi della sera,
questo fanciul dormente,
mi turban forse ? Un palpito
novo m'agita il core. Ahimè ! somiglia
(guardando più da vicino)
SILVIA
Tous ces métiers donnent rarement à dîner,
N'est-ce pas ?
ZANETTO
Souvent oui… Mais je trouve à certains endroits
des gens courtois.
Je suis alors le bienvenu ;
ils m'acceptent à leur table,
mon luth réjouit l’assistance, et...
pour ces jours-là le dîner est assuré !
SILVIA
Tu vas à Florence ?
ZANETTO
Je ne sais pas. Je suivrai le chemin
qui me plaît le mieux.
Traduction Annick Deyris, CPEM
lo seguirò. La strana fantasia
segue l'ardita traccia
segnata dall'augel nell'aria azzura.
Ancor su 'l mio cammino
non trovai la fortuna.
SILVIA
Ma non sognasti un giorno di riposo
nel correr tuo fantastico e dubbioso ?
E non l'ha mai veduta una casetta
bianca tra i verdi pampini
d'onde una giovinetta
un rapido buon giorno ti mandò ?
ZANETTO
Sì, qualche volta. Ma qual io mi sono
penso ai padri, ai tutori, e non mi piace
delle famiglie disturbar la pace.
SILVIA
Nè ti termasti mai se la fanciulla
il fiore ti getto che aveva in petto ?
ZANETTO
Un bacio, e seguitavo la mia strada.
La libertà m'è cara :
non voglio altro fardello
che il liuto e la piuma de capello.
Un amore dentro il core
è un bagaglio troppo grave !
SILVIA
L'augel di bosco non vuol gabbia !
ZANETTO
Mai !
SILVIA
Chi sa che un giorno non t'alletti il nido !
ZANETTO
No, no ! L'amor mi fa paura. Sai ?
E così bello andarsene
via come le libellule
che van per l'aria, libere !
SILVIA
Ma non sarai felice...
E vieni qui dal fato
tenuto per la mano,
o il vol di qualche rondine
seguisti da lontano ?
ZANETTO
Quasi !
SILVIA
Ti guida dunque una speranza ?
ZANETTO
Appena un sogno.
SILVIA
Parla !
Mon inspiration
suit une trace audacieuse
comme l’oiseau dans l’air azuré.
Mais je n’ai pas encore trouvé le bonheur
Sur mon chemin.
SILVIA
Ne rêves-tu pas d’une halte
dans ta course fantasque et incertaine ?
Et n’as-tu jamais aperçu une maisonnette blanche
sous le pampre vert
depuis laquelle une jeune fille
te donne le bonjour à ton passage ?
ZANETTO
Si, quelquefois. Mais je pense
aux pères, aux tuteurs
et il ne me plaît pas de jeter la discorde dans les
familles.
SILVIA
Quoi ! tu ne rêvais pas lorsque les jeunes filles te
lançaient en riant les fleurs de leurs corsets ?
ZANETTO
A quoi bon ? J'envoyais un baiser, et passais.
Et puis, je vous dirai, ma liberté m'est chère.
je ne veux pas d’autre fardeau
que le luth et la plume au chapeau.
Un amour dans le cœur
est un si lourd bagage !
SILVIA
Tu es un oiseau qu'on ne peut mettre en cage !
ZANETTO
Jamais !
SILVIA
Et qui, pourtant, fera son nid un jour !
ZANETTO
Non, non ! J'ai trop peur de l'amour.
Ah ! vous ne savez pas. C'est une douce chose
d’aller ainsi qu'un papillon,
libre comme l’air.
SILVIA
Mais ce n’est pas le bonheur …
Et tu viens ici, mené par le hasard
ou ayant suivi de loin
le vol d’une hirondelle ?
ZANETTO
C’est à peu près ça
SILVIA
Tu n’es guidé par aucune espérance ?
ZANETTO
A peine par un rêve.
SILVIA
Raconte !
Traduction Annick Deyris, CPEM
PLAGE 7
ZANETTO
Io qui potrei
forse restare. Senti : i pari miei
padre e madre non hanno.
Son figlio d'un marchese o d'un villano ?
E chi lo sa ? Pel mondo
Corsi fin'ora, libero e giocondo,
nè mai vita migliore ho sospirato.
Ma da quando ho gustato
la cara voce tua, madonna bella,
ho sognato d'avere una sorella ;
quando m'hai susurrato
dell'intima dolcezza
di una casetta, lunge dai rumori
del mondo, in mezzo ai fiori,
allora sì, mi son sentito solo !
Io cedo ai tuoi consigli.
Oh, se volessi
trattenerti vicin quest'usignolo
randagio ! Io resterei
teco, sempre d'accanto
mi avresti, e col mio canto
le tue lunghe giornate abbrevierei !
ZANETTO
Je pourrais peut-être rester ici.
Ecoute: Les êtres comme moi
n'ont ni père ni mère :
Suis-je le fils d'un rustre, ou le fils d'un marquis?
Qui le sait?
Jusqu’ici, j’ai parcouru le monde
libre et heureux, sans jamais désirer une vie
meilleure.
Mais quand j'ai entendu
ta douce voix, belle dame,
j'ai rêvé d'avoir une sœur ;
quand tu m’as parlé
de la douceur intime d'une maisonnette,
éloignée des bruits du monde,
au milieu des fleurs,
alors oui, je me suis senti seul!
Je cède à tes conseils.
Oh, veux-tu retenir près de toi
ce rossignol errant ?
Je resterais près de toi,
tu m'aurais toujours à tes côtés,
et j'abrégerais tes longues journées avec mes
chants!
PLAGE 8
SILVIA
Bambino !
(da sè)
Come il core
mi sussulta ! Che è mai questo timore ?
Averlo sembre meco, qui udirlo delirante
darmi il nome d'amante !
Oh, il mio sogno avverato !
ZANETTO
Vuoi ?
SILVIA (da sè).
Se voglio ? Oh no, mai !
Pur è lui che mi supplica !
ZANETTO
Madonna, domandai
troppo, lo so ; ma vuoi ?
SILVIA (da sè).
Saprà chi son domani.
ZANETTO
Anco una volta,
vuoi ?
SILVIA
Non posso !
SILVIA
Tu es un enfant !
(pour elle)
Comme mon cœur
bat fort ! mais pourquoi cette peur ?
L'avoir là, près de moi,
l'entendre me donner le nom de maîtresse !
Oh ! Voir se réaliser le plus cher de mes vœux !
ZANETTO
Tu veux bien ?
SILVIA (pour elle)
Est-ce que je le veux ? Oh non, mais…
Et pourtant c’est lui qui me supplie !
ZANETTO
Madame, je sais bien que la faveur est grande.
Mais... voulez-vous ?
SILVIA (à part)
Demain il saura qui je suis.
ZANETTO
Encore une fois,
voulez-vous ?
SILVIA
Je ne puis.
Traduction Annick Deyris, CPEM
ZANETTO
E perche ?
SILVIA
Son vedova, son povera, nè musici
posso ospitar, nè poeti erranti.
ZANETTO
Uno scudier non hai ?
SILVIA
No !
ZANETTO
Un paggio ?
SILVIA
No !
ZANETTO
Io con un frutto desino !
SILVIA
Deh, taci !
ZANETTO
Ma...
SILVIA
Son vedova,
Vivo nel pianto, sola.
ZANETTO
Ed io non vo'
che starmene a' tuoi piedi ?
SILVIA
E impossibile, credi !
ZANETTO
Dunque per sempre addio,
bel sogno mio !
Avro forse domani
più fortuna con Silvia.
SILVIA (da sè).
Che dice ?
ZANETTO
Pourquoi ?
SILVIA
Je suis veuve je suis pauvre, je ne peux abriter ni
un musicien ni un poète errant.
ZANETTO
Tu n’as pas besoin d’un écuyer ?
SILVIA
Non
ZANETTO
D’un page ?
SILVIA
Non
ZANETTO
Je dîne d’un fruit !
SILVIA
Tais-toi
ZANETTO
Mais…
SILVIA
Je suis veuve
Je vis de peu, seule.
ZANETTO
Et moi je ne veux
qu’une place à tes pieds.
SILVIA
C’est impossible, crois-moi !
ZANETTO
Alors, adieu pour toujours,
ce fut un beau rêve !
Peut-être que demain
j’aurai plus de chance avec Silvia
SILVIA (à part)
Que dit-il ?
PLAGE 9
ZANETTO
Poi che vani
fugono i preghi miei,
io chiederti vorrei
di Silvia fiorentina.
La dicono regina
d'ogni bellezza,
dicono che il suo sguardo vellutato
è una carezza
che conquista e innamora,
dicono che è bella e pallida...
al par di te, signora ;
e poi ch'è ricca e prodiga...
Andavo a cercar lei !
SILVIA
Mio Dio !
ZANETTO
Puisque ma demande est vaine,
je voudrais te demander
qui est Silvia la Florentine.
Ils disent qu’elle est
plus belle que le jour ;
Ils disent que son regard est doux
comme une caresse
et qu’aucun cœur ne lui résiste.
Ils disent qu’elle est belle et pâle…
Comme toi, dame ;
Et puis qu’elle est riche et généreuse…
Je vais la chercher !
SILVIA
Mon Dieu !
Traduction Annick Deyris, CPEM
ZANETTO
Forse potrei
entrar fra i suoi scudieri.
Ma intesi mormorare
che la strana bellezza
di quell'altiere donna
e il pazzo viver suo recan sventura.
Ti confesso, madonna, che ho paura.
Che debbo far, consigliami.
Debbo andar da Silvia ?
SILVIA (fra sè).
Sarebbe ritornato !
Questo fanciullo ignoto,
che mi colmò di tenerezza l'anima,
la sorte me l'invia.
E la felicità, devo cacciarlo via ?
ZANETTO
T'ho così poco amica,
che non mi vuoi rispondere ?
SILVIA (fra sè).
È infame... ma così volle il destino !
ZANETTO
Ebben ?
ZANETTO
Peut-être pourrai-je devenir
son écuyer.
Mais j’ai entendu une rumeur
qui dit que l’étrange beauté
de cette altière dame et
sa vie étrange portent malheur.
Je t’avoue, ma chère dame, que j’ai peur.
Que dois-je faire, conseille-moi.
Dois-je aller chez Silvia ?
SILVIA (à part)
Il serait donc revenu [vers moi, demain] !
Ce jeune homme inconnu
qui emplit mon âme de tendresse,
c’est bien le destin qui me l’envoie,
c’est le bonheur qui passe, dois-je le chasser ?
ZANETTO
Etes-vous si peu mon amie
que vous ne vouliez me répondre ?
SILVIA (à part)
Ah ! si c'est une infamie,
je pourrais dire au moins que le sort s'en mêlât.
ZANETTO
Eh bien ?
PLAGE 10
SILVIA
(dopo un silenzio, e con grande sforzo).
Senti, bambino.
Non cercar di colei. La tua bell'anima,
non conosce il pericolo !
S'io non posso proteggerti,
ospitarti, potrò salvarti. Ascoltami.
No, non andar da Silvia !
Pagare il pano, il letto
colla canzon gioconda
che ti fiorisce sulle labbra è bello,
ma bisogna conoscere
che pan, che letto è quello.
O Zanetto, Zanetto,
Se mi commuovo è perché t'amo... come
un bambinel che si vuol salvare.
Oh, seguita a cantare
del bosco fra le chiome !
E se poi, quando olezza il novo aprile,
presso la soglia d'un umil casetta
vedrai, sovra il lavoro
china, una giovinetta
da gli occhi neri e dai capelli d'oro,
oh, fermati, cantore,
quello è il nido d'amore !
SILVIA
(après un silence et avec un grand effort)
Ecoute mon enfant,
ne cherche pas cette femme-là. Ton âme
est innocente au point d'ignorer le danger.
Mais moi qui ne peux rien, rien, pour te protéger,
t’accueillir, je peux te sauver. Écoute-moi.
Non, ne va pas chez Silvia !
Il n’est rien de mieux que de payer d'une chanson
joyeuse son gîte et son repas,
mais il faut en connaître davantage,
que le logis et le pain qu'on partage.
Oh Zanetto, Zanetto,
Si je suis si émue c’est que je t’aime… comme
on aime un enfant que l’on veut sauver.
Oh, continue à chanter
à travers les campagnes vermeilles !
et puis, quand tu sentiras
le parfum du nouvel avril,
si tu vois au seuil d’une humble maison,
une jeune fille aux yeux noirs
et aux cheveux d’or en train de travailler,
oh, arrête-toi, jeune chantre,
c’est ici que se trouvera le bonheur !
Traduction Annick Deyris, CPEM
ZANETTO
Ti obbedirò. Ma può darsi che Silvia
sia calunniata.
(Silvia fa un gesto di dolore).
Certo
la ferita del povero tuo core ho riaperto !
Tu m'hai detto che hai l'anima
triste ! Un fratello amato,
un caro fidanzato la Silvia t'ha rubato !
Non temi sol per me... tu sei gelosa !
SILVIA (con grande tristezza).
Immagini una cosa
non vera... Va, va... parti !...
Tu non puoi figurarti
quanto, quanto mi dolga
dirti che tu rivolga
lontano il piè dall'intrapresa via !
Ma, prima che tu vada
per la tua strada,
mi puoi rendere grazie :
(con amarezza)
io t'ho salvato !
(fra sè)
Tutto è finito. Ahimè !
se m'avesse scoperto.
ZANETTO
Je t’obéirai. Mais il est possible
que Silvia soit juste calomniée par la rumeur.
(Silvia fait un geste de douleur)
Pardon,
j’ai touché une blessure de ton pauvre cœur
Tu m’as dit que ton âme est triste !
Silvia t’aurait-elle pris un frère bienaimé,
un fiancé très cher ?
Ne crains pas de me parler… Tu es jalouse ?
SILVIA (avec une grande tristesse).
Tu n’imagines pas la vraie raison
Non, vraiment… Va, va… pars !...
Tu ne peux te figurer
combien, combien il est difficile
de te dire de repartir
loin, sur la route que tu as choisie !
Mais sache que
si tu reprends ton chemin,
tu me remercieras :
(avec amertume)
Je te sauve !
(à part)
Tout est fini. Hélas !
S’il m’avait découverte !
PLAGE 11
ZANETTO
Partirò. Te n'accerto,
non anderò da Silvia
dopo quel che m'hai detto.
Io partirò, portando meco un balsamo
soave e sconosciuto :
qualche cosa di tenero
c'era nel tuo rifiuto !
E avrò di te soltanta la memoria
che se non hai potuto
ajutarmi, o madonna, in qualche canto
del tuo core hai provato
e dolore e rimpianto ?
SILVIA
(vivamente, offrendogli un anello).
No, certo, e quest'anello
ti ricordi di me.
ZANETTO (con un gesto di rifiuto)
Perdona... troppo bello,
troppo ricco è il giojello...
Grazie, madonna, accettarlo non posso.
Ma, dimmi, non sei tu vedova e povera ?
SILVIA (fra sè).
M'abbia riconosciuto,
ZANETTO
Je partirai. Tu m’as convaincu,
je n’irai pas chez Silvia
après ce que tu m'as dit.
Je partirai, emportant avec moi un bonheur
suave et inconnu,
Quelque chose de tendre
Etait dans ton refus !
Je garderai seulement de toi le souvenir
que même si tu n'as pas pu m’aider,
oh belle dame, j’ai perçu
la douleur et le regret
dans le chant de ton cœur.
SILVIA,
(vivement et lui offrant une de ses bagues)
Oh, bien sûr ! Garde cet anneau
en souvenir.
ZANETTO (avec un geste de refus)
Pardonne-moi… il est trop beau,
C’est un bijou trop précieux…
Merci, ma Dame, je ne peux l’accepter.
Mais, dis-moi, n’es-tu pas veuve et pauvre ?
SILVIA (à part)
M'aurait-il reconnue, et son refus
Traduction Annick Deyris, CPEM
ed una prova sia questo refiuto ?
(a Zanetto).
Ma che vuoi ch'io ti dia ?
ZANETTO
Un ricordo... non voglio l'elemosina...
un nulla, ma che sia
caro a te. Guarda. Il fiore
che fra i tuoi splendidi
capelli muore.
serait-il une épreuve ?
(à Zanetto)
Mais que veux-tu que je te donne ?
ZANETTO
Je veux un souvenir… je ne veux pas une
aumône…
Un rien, mais qui soit à toi. Tiens, la fleur
qui meurt dans
ta splendide chevelure.
PLAGE 12
Traduction Annick Deyris, CPEM
SILVIA (dandogli il fiore).
Eccoti il fior. Prima che sia spuntato
il dì, morrà nella tua mano il candido
fiore... ma la sua morte
io voglio ti rammenti la mia sorte ;
quando sarà appassito,
dimenticami. Addio !
ZANETTO
O madonna, di grazia,
una parola ancora !
Io tremo nel riprender l'infinito
mio viaggio, e mi pare
che di qui non ci sieno più sentieri
che portino alla gioja.
Ho paura di scegliere.
La mia buona ventura tu guidi.
Scegli tu per me.
Faro il cammino che m'imporrà
la tua piccola mano !
SILVIA
(che ha già salito alcuni scalini della terrazza,
indica a Zanetto la parte opposta alla città).
E sia !... Dunque, di là, dove splende l'aurora !
ZANETTO
Cuore !
V'è il dolore
tra il profumo e lo splendore...
par che il pianto si nasconda
in quel fior, piccina bionda.
Zanetto fa qualche passo verso Silvia, ma essa
lo ferma col gesto, egli, dopo aver fatto un
gesto disperato, fugge bruscamente).
SILVIA (lui donnant la fleur).
Voilà la fleur. Avant que le jour ne pointe,
cette fleur blanche mourra dans ta main...
et je veux que sa mort
te rappelle ma condition :
quand elle se sera flétrie,
oublie-moi. Adieu !
ZANETTO
Oh ma Dame, s’il vous plaît
Encore un mot !
J’ai peur de reprendre
mon chemin, et il me semble
qu’ailleurs je ne trouverai plus de sentiers
menant à la joie.
J'ai peur de choisir.
Tu guides mon destin.
Choisis pour moi.
Le chemin que ta petite main m’imposera
sera celui que je suivrai.
SILVIA
qui a déjà monté quelques marches de la terrasse,
indique à Zanetto la porte opposée à la ville).
Doit-il en être ainsi ?... Oui, qu’il en soit ainsi, va
du côté où l’aurore resplendit.
ZANETTO
Mon cœur !
Vois la douleur
Parmi le parfum et la splendeur…
Des larmes se cachent
Dans cette fleur, petite blonde.
Zanetto fait quelques pas vers Silvia, mais elle le
renvoie d’un geste et lui, après un geste désespéré
s’enfuit brusquement.
Scena 3
Scène 3
SILVIA, sola.
SILVIA, seule
(Rimane un istante sulla terrazza, pensierosa e (Elle reste un moment sur la terrasse, accoudée en
guardando Zanetto che si allontana. Poi, ad un regardant s'éloigner Zanetto. Puis, tout à coup, elle
tratto, si nasconde il capo fra le mani e
se cache la tête dans les mains et fond en larmes.)
piange).
Sia benedetto Amore, posso piangere ancora !
Que l'amour soit béni ! Je puis pleurer encore !
Traduction Annick Deyris, CPEM