zanetto, livret
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ZANETTO, LIVRET traduction Annick Deyris, CPEM CD de référence : Zanetto par le Bohuslav Martinu Philharmonic, direction Peter Tiboris, Elysium Records La Renaissance italienne. Un paysage illuminé par la lune. A gauche, une élégante maison de plaisance bâtie sur une terrasse qui descend, par une rampe en pente douce, sur le devant du théâtre. Au pied du mur de la terrasse, un vieux banc. Au fond du décor, Florence vaguement signifiée. Le ciel est plein d'étoiles. PLAGE 2 SCÈNE PREMIÈRE. SILVIA, seule Silvia, con una veste bianca, è appoggiata alla balaustrata ; contempla, fantasticando, la campagna Silvia, en déshabillé blanc, est accoudée sur la rampe de pierre sculptée de la terrasse et contemple, rêveuse, le paysage. SILVIA Maledetto l'amor ! Non ho più lacrime. discende, lenta Son la crudel signora, che ognun sempre adorò, che ognuno adora. Ognun col labro rispettoso sfiora la mia man : ma l'ardore del bacio non salì fino al mio core. M'uccide il tedio. Le silenziose chiari notti d'estate, che pajon fatte per le serenate, danno al poeti il destro di sfogar l'estro, ed ecco... in onor mio dispiegan l'ali scipiti madrigali. Il soldato, il mercante, il podestà ai piè mi gittan l'oro, ma disprezzo costoro e la lor vanità. Soffro ! Viver così, senza un amore, viver non è. Non mi ricorda un fiore qualche affetto gentil. (addita la città) Firenze splende laggiù, lontana, nel sereno ; e tende, forse, lo suardo al cielo un giovinetto che m'ha vista una volta, e sente in petto battere il cor per me, per me l'indegna. Se a traverso la mia strada fatal si trovi... oh ! non isperi di fuggirsene via... e non sarò la sola disgraziata ! SILVIA Que l'amour soit maudit ! Je ne puis plus pleurer. Elle descend lentement la pente douce. Je suis la cruelle souveraine Que chacun aime, que tout le monde adore. Chacun effleure respectueusement ma main de ses lèvres: Mais l’ardeur du baiser ne touche pas mon cœur. L’ennui me tue. Je laisse les poètes donner libre cours à leur inspiration dans le silence des nuits blanches d’été propices aux sérénades, car voilà… mon honneur ne plie pas devant les fades madrigaux Le soldat, le marchand, l’édile jettent de l’or à mes pieds, mais je méprise leur richesse et leur vanité. Je souffre. Vivre ainsi, sans amour, n’est pas vivre. Je n’ai pas souvenir d’une fleur touchante et affectueuse. Montrant la ville au loin. Voici là-bas Florence qui resplendit, lointaine et sereine ; peut-être y a-t-il un jeune homme qui, le regard dans le ciel, m’a vue une fois et a senti en sa poitrine battre son cœur pour moi, pour moi l’indigne. Si jamais il croise ma route… Oh ! qu’il ne s’enfuie pas… Et je ne serai plus seule et malheureuse ! Traduction Annick Deyris, CPEM PLAGE 3 ZANETTO, canta da lontano, sempre avvicinandosi. Cuore ! come un fiore si dischiude in te l'Amore : la canzon non è gioconda, l'odi tu, piccina bionda. Cuore ! V'è il dolore tra il profumo e lo splendore... par che il pianto si nasconda in quel fior, piccina bionda. Piccina bionda, par che il pianto si nasconda in quel fior. ZANETTO, chantant au loin, toujours en approchant. Mon cœur, l’amour s’ouvre en toi comme une fleur : La chanson n’est pas joyeuse, tu l’entends, toi, petite blonde Mon cœur ! Vois la douleur parmi le parfum et la splendeur… Des larmes se cachent dans cette fleur, petite blonde. petite blonde Des larmes se cachent dans cette fleur. PLAGE 4 SILVIA Dolce è la melodia : la voce tocca il cuor. Ma queste fole, queste fole d'amore, io non l'intendo più. SILVIA La mélodie est douce : la voix touche mon cœur. Mais quelle folie, quelle folie d’amour (ndlr : s’empare de moi), je ne la comprends pas. (Sale lentamente su la terrazza, volgendosi distrattamente verso la parte da cui veniva la voce. Zanetto col liuto a tracolla, e trascinando per l'erta il mantello, entra con aria allegra senza veder Silvia). (Elle remonte lentement sur la terrasse, en regardant, distraite, du côté d'où venait la voix. Zanetto, sa guitare sur l'épaule et portant sous son bras son manteau qui traîne dans l'herbe, entre gaîment, sans voir Silvia.) SCÈNE II, SILVIA , sur la terrasse, ZANETTO. ZANETTO Le notti estive ridono al viaggio, e si va della luna al chiaro raggio. Ma di lassù le stelle infondono coraggio con le pupille d'ôr. Son giunto. Ama Firenze il suono del liuto e la canzon d'amor ? Non posso in quest'arnese picchiare alla locanda del paese. Mi converrà dormire all'aria aperta. (si sdraja sulla panca avvolgendosi nel mantello). ZANETTO Les nuits d’été invitent au voyage, Et l’on part au lever de lune. De là-haut les étoiles aux pupilles d’or donnent du courage. Me voici. Florence aime-t-elle le son du luth et la chanson d’amour ? Je ne peux, dans cet accoutrement frapper à l’auberge de ce pays. Me voilà contraint de dormir à la belle étoile. (il s’allonge sur un banc, enveloppé dans son manteau) Traduction Annick Deyris, CPEM SILVIA (scende della terrazza). Oh, poveretto ! ed io che avevo in uggia questa serenità ! Debbo chiamarlo ed ospitalità debbo offrirgli ? Ma che ! Dorme di già. (guardando Zanetto addormentato) Il silenzio, i profumi della sera, questo fanciul dormente, mi turban forse ? Un palpito novo m'agita il core. Ahimè ! somiglia (guardando più da vicino) al sogno mio ! Su ! Destati. (prendendolo con dolcezza per la mano). SILVIA (descendant de la terrasse) Oh, le pauvre petit ! Et moi qui méprisais cette nuit sereine. Dois-je l’appeler et lui offrir l’hospitalité ? Mais il dort déjà ! (regardant Zanetto endormi) Le silence, le parfum de la nuit, Cet enfant endormi, Me troublent-ils ? Un battement nouveau agite mon cœur. (Regardant Zanetto de plus près) Ah! il ressemble à mon rêve ! Allons ! Réveillezvous ! (elle le prend doucement par la main) PLAGE 5 ZANETTO Sono Zanetto : un nomade suonator, mi diletto ogni dì nel cambiar d'aria e di tetto. Venti mestieri inutili mi fan campar la vita : ZANETTO Je suis Zanetto : un musicien nomade je me délecte chaque jour du changement d’air et de toit. La vie me permet de vivre de vingt petits métiers : so condurre col fragile remo la barca rapida ; slancio nell'aria il falco a volo in corsa ardita ; domo col morso l'agile puledro ; e in un sonetto chiudo le rime fulgide in cerchio d'oro stretto. je sais mener de la rame fragile le bateau rapide ; je lance dans l'air le faucon au vol hardi ; je dompte le poulain agile ; Et je sais encore jongler dans un sonnet avec des rimes d'or. PLAGE 6 SILVIA E non saranno rare le volte in cui ti manca il desinare ! ZANETTO Tavolta sì... Ma se trovo in paese qualche signor cortese, io sono il benvenuto ; m'accettano alla mensa, il mio liuto rallegra la brigaga, e... per quel dì la cena è assicurata ! SILVIA (scende della terrazza). SILVIA Oh, poveretto ! ed io che avevo in uggia Firenze è la tua mèta ? questa serenità ! ZANETTO Debbo chiamarlo ed ospitalità Non so. Se mai più debbo offrirgli ? Ma cheflorido ! Dorme di già. (guardando Zanettomi addormentato) qualche sentier piaccia, Il silenzio, i profumi della sera, questo fanciul dormente, mi turban forse ? Un palpito novo m'agita il core. Ahimè ! somiglia (guardando più da vicino) SILVIA Tous ces métiers donnent rarement à dîner, N'est-ce pas ? ZANETTO Souvent oui… Mais je trouve à certains endroits des gens courtois. Je suis alors le bienvenu ; ils m'acceptent à leur table, mon luth réjouit l’assistance, et... pour ces jours-là le dîner est assuré ! SILVIA Tu vas à Florence ? ZANETTO Je ne sais pas. Je suivrai le chemin qui me plaît le mieux. Traduction Annick Deyris, CPEM lo seguirò. La strana fantasia segue l'ardita traccia segnata dall'augel nell'aria azzura. Ancor su 'l mio cammino non trovai la fortuna. SILVIA Ma non sognasti un giorno di riposo nel correr tuo fantastico e dubbioso ? E non l'ha mai veduta una casetta bianca tra i verdi pampini d'onde una giovinetta un rapido buon giorno ti mandò ? ZANETTO Sì, qualche volta. Ma qual io mi sono penso ai padri, ai tutori, e non mi piace delle famiglie disturbar la pace. SILVIA Nè ti termasti mai se la fanciulla il fiore ti getto che aveva in petto ? ZANETTO Un bacio, e seguitavo la mia strada. La libertà m'è cara : non voglio altro fardello che il liuto e la piuma de capello. Un amore dentro il core è un bagaglio troppo grave ! SILVIA L'augel di bosco non vuol gabbia ! ZANETTO Mai ! SILVIA Chi sa che un giorno non t'alletti il nido ! ZANETTO No, no ! L'amor mi fa paura. Sai ? E così bello andarsene via come le libellule che van per l'aria, libere ! SILVIA Ma non sarai felice... E vieni qui dal fato tenuto per la mano, o il vol di qualche rondine seguisti da lontano ? ZANETTO Quasi ! SILVIA Ti guida dunque una speranza ? ZANETTO Appena un sogno. SILVIA Parla ! Mon inspiration suit une trace audacieuse comme l’oiseau dans l’air azuré. Mais je n’ai pas encore trouvé le bonheur Sur mon chemin. SILVIA Ne rêves-tu pas d’une halte dans ta course fantasque et incertaine ? Et n’as-tu jamais aperçu une maisonnette blanche sous le pampre vert depuis laquelle une jeune fille te donne le bonjour à ton passage ? ZANETTO Si, quelquefois. Mais je pense aux pères, aux tuteurs et il ne me plaît pas de jeter la discorde dans les familles. SILVIA Quoi ! tu ne rêvais pas lorsque les jeunes filles te lançaient en riant les fleurs de leurs corsets ? ZANETTO A quoi bon ? J'envoyais un baiser, et passais. Et puis, je vous dirai, ma liberté m'est chère. je ne veux pas d’autre fardeau que le luth et la plume au chapeau. Un amour dans le cœur est un si lourd bagage ! SILVIA Tu es un oiseau qu'on ne peut mettre en cage ! ZANETTO Jamais ! SILVIA Et qui, pourtant, fera son nid un jour ! ZANETTO Non, non ! J'ai trop peur de l'amour. Ah ! vous ne savez pas. C'est une douce chose d’aller ainsi qu'un papillon, libre comme l’air. SILVIA Mais ce n’est pas le bonheur … Et tu viens ici, mené par le hasard ou ayant suivi de loin le vol d’une hirondelle ? ZANETTO C’est à peu près ça SILVIA Tu n’es guidé par aucune espérance ? ZANETTO A peine par un rêve. SILVIA Raconte ! Traduction Annick Deyris, CPEM PLAGE 7 ZANETTO Io qui potrei forse restare. Senti : i pari miei padre e madre non hanno. Son figlio d'un marchese o d'un villano ? E chi lo sa ? Pel mondo Corsi fin'ora, libero e giocondo, nè mai vita migliore ho sospirato. Ma da quando ho gustato la cara voce tua, madonna bella, ho sognato d'avere una sorella ; quando m'hai susurrato dell'intima dolcezza di una casetta, lunge dai rumori del mondo, in mezzo ai fiori, allora sì, mi son sentito solo ! Io cedo ai tuoi consigli. Oh, se volessi trattenerti vicin quest'usignolo randagio ! Io resterei teco, sempre d'accanto mi avresti, e col mio canto le tue lunghe giornate abbrevierei ! ZANETTO Je pourrais peut-être rester ici. Ecoute: Les êtres comme moi n'ont ni père ni mère : Suis-je le fils d'un rustre, ou le fils d'un marquis? Qui le sait? Jusqu’ici, j’ai parcouru le monde libre et heureux, sans jamais désirer une vie meilleure. Mais quand j'ai entendu ta douce voix, belle dame, j'ai rêvé d'avoir une sœur ; quand tu m’as parlé de la douceur intime d'une maisonnette, éloignée des bruits du monde, au milieu des fleurs, alors oui, je me suis senti seul! Je cède à tes conseils. Oh, veux-tu retenir près de toi ce rossignol errant ? Je resterais près de toi, tu m'aurais toujours à tes côtés, et j'abrégerais tes longues journées avec mes chants! PLAGE 8 SILVIA Bambino ! (da sè) Come il core mi sussulta ! Che è mai questo timore ? Averlo sembre meco, qui udirlo delirante darmi il nome d'amante ! Oh, il mio sogno avverato ! ZANETTO Vuoi ? SILVIA (da sè). Se voglio ? Oh no, mai ! Pur è lui che mi supplica ! ZANETTO Madonna, domandai troppo, lo so ; ma vuoi ? SILVIA (da sè). Saprà chi son domani. ZANETTO Anco una volta, vuoi ? SILVIA Non posso ! SILVIA Tu es un enfant ! (pour elle) Comme mon cœur bat fort ! mais pourquoi cette peur ? L'avoir là, près de moi, l'entendre me donner le nom de maîtresse ! Oh ! Voir se réaliser le plus cher de mes vœux ! ZANETTO Tu veux bien ? SILVIA (pour elle) Est-ce que je le veux ? Oh non, mais… Et pourtant c’est lui qui me supplie ! ZANETTO Madame, je sais bien que la faveur est grande. Mais... voulez-vous ? SILVIA (à part) Demain il saura qui je suis. ZANETTO Encore une fois, voulez-vous ? SILVIA Je ne puis. Traduction Annick Deyris, CPEM ZANETTO E perche ? SILVIA Son vedova, son povera, nè musici posso ospitar, nè poeti erranti. ZANETTO Uno scudier non hai ? SILVIA No ! ZANETTO Un paggio ? SILVIA No ! ZANETTO Io con un frutto desino ! SILVIA Deh, taci ! ZANETTO Ma... SILVIA Son vedova, Vivo nel pianto, sola. ZANETTO Ed io non vo' che starmene a' tuoi piedi ? SILVIA E impossibile, credi ! ZANETTO Dunque per sempre addio, bel sogno mio ! Avro forse domani più fortuna con Silvia. SILVIA (da sè). Che dice ? ZANETTO Pourquoi ? SILVIA Je suis veuve je suis pauvre, je ne peux abriter ni un musicien ni un poète errant. ZANETTO Tu n’as pas besoin d’un écuyer ? SILVIA Non ZANETTO D’un page ? SILVIA Non ZANETTO Je dîne d’un fruit ! SILVIA Tais-toi ZANETTO Mais… SILVIA Je suis veuve Je vis de peu, seule. ZANETTO Et moi je ne veux qu’une place à tes pieds. SILVIA C’est impossible, crois-moi ! ZANETTO Alors, adieu pour toujours, ce fut un beau rêve ! Peut-être que demain j’aurai plus de chance avec Silvia SILVIA (à part) Que dit-il ? PLAGE 9 ZANETTO Poi che vani fugono i preghi miei, io chiederti vorrei di Silvia fiorentina. La dicono regina d'ogni bellezza, dicono che il suo sguardo vellutato è una carezza che conquista e innamora, dicono che è bella e pallida... al par di te, signora ; e poi ch'è ricca e prodiga... Andavo a cercar lei ! SILVIA Mio Dio ! ZANETTO Puisque ma demande est vaine, je voudrais te demander qui est Silvia la Florentine. Ils disent qu’elle est plus belle que le jour ; Ils disent que son regard est doux comme une caresse et qu’aucun cœur ne lui résiste. Ils disent qu’elle est belle et pâle… Comme toi, dame ; Et puis qu’elle est riche et généreuse… Je vais la chercher ! SILVIA Mon Dieu ! Traduction Annick Deyris, CPEM ZANETTO Forse potrei entrar fra i suoi scudieri. Ma intesi mormorare che la strana bellezza di quell'altiere donna e il pazzo viver suo recan sventura. Ti confesso, madonna, che ho paura. Che debbo far, consigliami. Debbo andar da Silvia ? SILVIA (fra sè). Sarebbe ritornato ! Questo fanciullo ignoto, che mi colmò di tenerezza l'anima, la sorte me l'invia. E la felicità, devo cacciarlo via ? ZANETTO T'ho così poco amica, che non mi vuoi rispondere ? SILVIA (fra sè). È infame... ma così volle il destino ! ZANETTO Ebben ? ZANETTO Peut-être pourrai-je devenir son écuyer. Mais j’ai entendu une rumeur qui dit que l’étrange beauté de cette altière dame et sa vie étrange portent malheur. Je t’avoue, ma chère dame, que j’ai peur. Que dois-je faire, conseille-moi. Dois-je aller chez Silvia ? SILVIA (à part) Il serait donc revenu [vers moi, demain] ! Ce jeune homme inconnu qui emplit mon âme de tendresse, c’est bien le destin qui me l’envoie, c’est le bonheur qui passe, dois-je le chasser ? ZANETTO Etes-vous si peu mon amie que vous ne vouliez me répondre ? SILVIA (à part) Ah ! si c'est une infamie, je pourrais dire au moins que le sort s'en mêlât. ZANETTO Eh bien ? PLAGE 10 SILVIA (dopo un silenzio, e con grande sforzo). Senti, bambino. Non cercar di colei. La tua bell'anima, non conosce il pericolo ! S'io non posso proteggerti, ospitarti, potrò salvarti. Ascoltami. No, non andar da Silvia ! Pagare il pano, il letto colla canzon gioconda che ti fiorisce sulle labbra è bello, ma bisogna conoscere che pan, che letto è quello. O Zanetto, Zanetto, Se mi commuovo è perché t'amo... come un bambinel che si vuol salvare. Oh, seguita a cantare del bosco fra le chiome ! E se poi, quando olezza il novo aprile, presso la soglia d'un umil casetta vedrai, sovra il lavoro china, una giovinetta da gli occhi neri e dai capelli d'oro, oh, fermati, cantore, quello è il nido d'amore ! SILVIA (après un silence et avec un grand effort) Ecoute mon enfant, ne cherche pas cette femme-là. Ton âme est innocente au point d'ignorer le danger. Mais moi qui ne peux rien, rien, pour te protéger, t’accueillir, je peux te sauver. Écoute-moi. Non, ne va pas chez Silvia ! Il n’est rien de mieux que de payer d'une chanson joyeuse son gîte et son repas, mais il faut en connaître davantage, que le logis et le pain qu'on partage. Oh Zanetto, Zanetto, Si je suis si émue c’est que je t’aime… comme on aime un enfant que l’on veut sauver. Oh, continue à chanter à travers les campagnes vermeilles ! et puis, quand tu sentiras le parfum du nouvel avril, si tu vois au seuil d’une humble maison, une jeune fille aux yeux noirs et aux cheveux d’or en train de travailler, oh, arrête-toi, jeune chantre, c’est ici que se trouvera le bonheur ! Traduction Annick Deyris, CPEM ZANETTO Ti obbedirò. Ma può darsi che Silvia sia calunniata. (Silvia fa un gesto di dolore). Certo la ferita del povero tuo core ho riaperto ! Tu m'hai detto che hai l'anima triste ! Un fratello amato, un caro fidanzato la Silvia t'ha rubato ! Non temi sol per me... tu sei gelosa ! SILVIA (con grande tristezza). Immagini una cosa non vera... Va, va... parti !... Tu non puoi figurarti quanto, quanto mi dolga dirti che tu rivolga lontano il piè dall'intrapresa via ! Ma, prima che tu vada per la tua strada, mi puoi rendere grazie : (con amarezza) io t'ho salvato ! (fra sè) Tutto è finito. Ahimè ! se m'avesse scoperto. ZANETTO Je t’obéirai. Mais il est possible que Silvia soit juste calomniée par la rumeur. (Silvia fait un geste de douleur) Pardon, j’ai touché une blessure de ton pauvre cœur Tu m’as dit que ton âme est triste ! Silvia t’aurait-elle pris un frère bienaimé, un fiancé très cher ? Ne crains pas de me parler… Tu es jalouse ? SILVIA (avec une grande tristesse). Tu n’imagines pas la vraie raison Non, vraiment… Va, va… pars !... Tu ne peux te figurer combien, combien il est difficile de te dire de repartir loin, sur la route que tu as choisie ! Mais sache que si tu reprends ton chemin, tu me remercieras : (avec amertume) Je te sauve ! (à part) Tout est fini. Hélas ! S’il m’avait découverte ! PLAGE 11 ZANETTO Partirò. Te n'accerto, non anderò da Silvia dopo quel che m'hai detto. Io partirò, portando meco un balsamo soave e sconosciuto : qualche cosa di tenero c'era nel tuo rifiuto ! E avrò di te soltanta la memoria che se non hai potuto ajutarmi, o madonna, in qualche canto del tuo core hai provato e dolore e rimpianto ? SILVIA (vivamente, offrendogli un anello). No, certo, e quest'anello ti ricordi di me. ZANETTO (con un gesto di rifiuto) Perdona... troppo bello, troppo ricco è il giojello... Grazie, madonna, accettarlo non posso. Ma, dimmi, non sei tu vedova e povera ? SILVIA (fra sè). M'abbia riconosciuto, ZANETTO Je partirai. Tu m’as convaincu, je n’irai pas chez Silvia après ce que tu m'as dit. Je partirai, emportant avec moi un bonheur suave et inconnu, Quelque chose de tendre Etait dans ton refus ! Je garderai seulement de toi le souvenir que même si tu n'as pas pu m’aider, oh belle dame, j’ai perçu la douleur et le regret dans le chant de ton cœur. SILVIA, (vivement et lui offrant une de ses bagues) Oh, bien sûr ! Garde cet anneau en souvenir. ZANETTO (avec un geste de refus) Pardonne-moi… il est trop beau, C’est un bijou trop précieux… Merci, ma Dame, je ne peux l’accepter. Mais, dis-moi, n’es-tu pas veuve et pauvre ? SILVIA (à part) M'aurait-il reconnue, et son refus Traduction Annick Deyris, CPEM ed una prova sia questo refiuto ? (a Zanetto). Ma che vuoi ch'io ti dia ? ZANETTO Un ricordo... non voglio l'elemosina... un nulla, ma che sia caro a te. Guarda. Il fiore che fra i tuoi splendidi capelli muore. serait-il une épreuve ? (à Zanetto) Mais que veux-tu que je te donne ? ZANETTO Je veux un souvenir… je ne veux pas une aumône… Un rien, mais qui soit à toi. Tiens, la fleur qui meurt dans ta splendide chevelure. PLAGE 12 Traduction Annick Deyris, CPEM SILVIA (dandogli il fiore). Eccoti il fior. Prima che sia spuntato il dì, morrà nella tua mano il candido fiore... ma la sua morte io voglio ti rammenti la mia sorte ; quando sarà appassito, dimenticami. Addio ! ZANETTO O madonna, di grazia, una parola ancora ! Io tremo nel riprender l'infinito mio viaggio, e mi pare che di qui non ci sieno più sentieri che portino alla gioja. Ho paura di scegliere. La mia buona ventura tu guidi. Scegli tu per me. Faro il cammino che m'imporrà la tua piccola mano ! SILVIA (che ha già salito alcuni scalini della terrazza, indica a Zanetto la parte opposta alla città). E sia !... Dunque, di là, dove splende l'aurora ! ZANETTO Cuore ! V'è il dolore tra il profumo e lo splendore... par che il pianto si nasconda in quel fior, piccina bionda. Zanetto fa qualche passo verso Silvia, ma essa lo ferma col gesto, egli, dopo aver fatto un gesto disperato, fugge bruscamente). SILVIA (lui donnant la fleur). Voilà la fleur. Avant que le jour ne pointe, cette fleur blanche mourra dans ta main... et je veux que sa mort te rappelle ma condition : quand elle se sera flétrie, oublie-moi. Adieu ! ZANETTO Oh ma Dame, s’il vous plaît Encore un mot ! J’ai peur de reprendre mon chemin, et il me semble qu’ailleurs je ne trouverai plus de sentiers menant à la joie. J'ai peur de choisir. Tu guides mon destin. Choisis pour moi. Le chemin que ta petite main m’imposera sera celui que je suivrai. SILVIA qui a déjà monté quelques marches de la terrasse, indique à Zanetto la porte opposée à la ville). Doit-il en être ainsi ?... Oui, qu’il en soit ainsi, va du côté où l’aurore resplendit. ZANETTO Mon cœur ! Vois la douleur Parmi le parfum et la splendeur… Des larmes se cachent Dans cette fleur, petite blonde. Zanetto fait quelques pas vers Silvia, mais elle le renvoie d’un geste et lui, après un geste désespéré s’enfuit brusquement. Scena 3 Scène 3 SILVIA, sola. SILVIA, seule (Rimane un istante sulla terrazza, pensierosa e (Elle reste un moment sur la terrasse, accoudée en guardando Zanetto che si allontana. Poi, ad un regardant s'éloigner Zanetto. Puis, tout à coup, elle tratto, si nasconde il capo fra le mani e se cache la tête dans les mains et fond en larmes.) piange). Sia benedetto Amore, posso piangere ancora ! Que l'amour soit béni ! Je puis pleurer encore ! Traduction Annick Deyris, CPEM