vendredi 23 janvier 2015 bel canto d`hier et

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vendredi 23 janvier 2015 bel canto d`hier et
VENDREDI 23 JANVIER 2015
BEL CANTO D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
OMO BELLO
CLÉMENT MAO-TAKACS
PROGRAMME
VENDREDI 23 JANVIER 2015
20H30
AMPHITHÉÂTRE
Bel canto d’hier et d’aujourd’hui
Giuseppe Giordani
Caro mio ben
Giovanni Battista Pergolesi
Se tu m’ami
Gioachino Rossini
La Promessa – extrait des Soirées musicales
La Pastorella dell’Alpi – extrait des Soirées musicales
Alfredo Catalani
In Sogno – extrait des Impressioni pour piano
Vincenzo Bellini
Sei Ariette per Marianna Pollini :
Malinconia, Ninfa gentile
Vanne, o rosa fortunata
Bella Nice, che d’amore
Almen se non poss’io
Per pietà, bell’idol mio
Ma rendi pur contento
Ottorino Respighi
Notturno – extrait des Six Pièces pour piano P. 44
Vincenzo Bellini
La Ricordanza
ENTRACTE
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Gaetano Donizetti
Giuro d’amore
Il Barcaiuolo – extrait des Nuits d’été à Pausilippe
Giuseppe Verdi
Stornello
In solitaria stanza – extrait des Six Romances I (1838)
Mario Castelnuovo-Tedesco
Il Raggio verde op. 9 – pour piano
Paolo Tosti
Lasciami! Lascia ch’io respiri – extrait des Quatre Chansons d’Amarante
L’alba sepàra dalla luce l’ombra – extrait des Quatre Chansons d’Amarante
’A Vucchella
Giacomo Puccini
Ch’il bel sogno di Doretta – extrait de La Rondine
OMO BELLO, SOPRANO
CLÉMENT MAO-TAKACS, PIANO
Ces artistes sont présentés par la Philharmonie de Paris.
FIN DU CONCERT VERS 22H15.
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BEL CANTO D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Le XIXe siècle, en Italie, marque l’apogée du chant. Même si les
grands noms de l’opéra composent quelques pages sans voix, il faudra
attendre les premières décennies du siècle suivant pour que des
musiciens comme Mario Castelnuovo-Tedesco ou Ottorino Respighi
osent s’affirmer comme des compositeurs instrumentaux. Si l’opéra
triomphe dans l’Italie romantique, il cohabite jusque vers 1840 avec
des genres plus intimes pour voix et piano, qui s’épanouissent dans les
salons huppés de Milan ou de Turin : principalement la romanza – qui
peut flirter, dans son écriture, avec les plus belles pages d’opéra – et
l’arietta ou la canzonetta – plus modestes, arborant souvent des textes à
la grâce pastorale. Si Bellini et Verdi s’y sont adonnés avec parcimonie,
Rossini et Donizetti se sont montrés très féconds.
On peut trouver les prémices de ce genre dans des airs du début du
XVIIIe siècle comme Caro mio ben – œuvre de l’un des frères Giordani,
Giuseppe ou Tommaso – ou Se tu m’ami, attribué à Pergolèse mais
plus vraisemblablement un pastiche dû à Alessandro Parisotti, qui la
publia dans les années 1880 au sein d’un recueil d’Arie antiche.
Gioachino Rossini composa des mélodies tout au long de sa
carrière, mais surtout à partir des années trente, après avoir pris
sa retraite de l’opéra. En 1835, il publia ainsi, sous le titre de
Soirées musicales, huit mélodies et quatre duos aux climats très
variés ; on y trouve notamment la tendre canzonetta La Promessa
(La Promesse), sur un poème de Métastase (le principal poète
de l’opera seria du xviii e siècle), et l’impertinente tyrolienne
La Pastorella dell’Alpi (La Bergère des Alpes). Cette pièce repose
sur un poème du comte Carlo Pepoli, un réfugié politique qui
fréquentait le salon parisien de la princesse Belgiojoso et fut le
librettiste du dernier opéra de Bellini, I Puritani (1835). En pleine
composition de cet ouvrage, Bellini mit en musique un sonnet de
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Pepoli, La Ricordanza (Le Souvenir) ; on y reconnaît les prémices
de ce qui deviendrait, dans l’opéra, l’air d’Elvira « Qui la voce sua
soave ».
En 1829, Bellini avait publié un recueil de six ariettes dédiées à sa
protectrice milanaise Marianna Pollini, où Herbert Weinstock voit
cependant un hommage secret à la maîtresse de Bellini, Giuditta
Turina. Des pages candides y alternent avec d’autres plus véhémentes,
avec un sommet dans la troisième mélodie, Bella Nice, che d’amore
(Belle Nicé, qui d’amour). Les trois dernières ariettes reposent sur des
poèmes de Métastase.
Donizetti laisse quelque 300 mélodies. Composé en 1836, après
le triomphe de Lucia di Lammermoor, le recueil des Nuits d’été à
Pausilippe avait pour but d’ouvrir au compositeur les portes de Paris ;
la barcarolle Il Barcaiuolo (Le Passeur) en est l’une des pages les plus
délicieuses, baignant dans un radieux soleil napolitain. Connue aussi
par son incipit, « Eterno amore e fè ti giuro » (Je te jure amour éternel
et fidélité), l’arietta Giuro d’amore (Serment d’amour) est une vibrante
déclaration d’amour.
Premier des deux recueils de Six Romances de Giuseppe Verdi, celui de
1838 préfigure à sa modeste échelle le langage des opéras à venir. In
solitaria stanza (Dans une chambre solitaire) en est la pièce maîtresse,
annonçant par la tonalité de la bémol majeur, l’accompagnement
ternaire et les tournures mélodiques la cavatine de Leonora « Tacea
la notte placida », dans Le Trouvère. Stornello (Ritournelle), page pleine
de charme et d’esprit, fut publié en 1869 dans un album collectif dont
Verdi prit l’initiative, pour aider la famille de son librettiste Francesco
Maria Piave, gravement malade.
Anobli par la reine Victoria (dont il fut au service), Francesco Paolo
Tosti a composé environ cinq cents mélodies, dont trente-quatre en
collaboration avec Gabriele d’Annunzio. Ils ont abordé ensemble les
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genres les plus divers, de la chanson napolitaine avec ’A Vucchella (La
Petite Bouche, 1892) aux magnifiques Quattro Canzoni d’Amaranta
(Quatre Chansons d’Amarante), dont l’étouffant Lasciami! Lascia
ch’io respiri (Laisse-moi ! Laisse-moi, que je respire) et le lumineux
L’alba sepàra dalla luce l’ombra (L’aube sépare l’ombre de la lumière)
forment les deux premiers volets.
Commande du Carl-Theater de Vienne, La Rondine (L’Hirondelle)
fut créé finalement en terrain neutre, à l’Opéra de Monte-Carlo, le
27 mars 1917. Giacomo Puccini (1858-1924) composa sans grand
enthousiasme ce charmant badinage, dont le personnage principal
est la courtisane Magda. Elle raconte à l’acte I l’histoire de Doretta,
qui découvre l’amour véritable dans les bras d’un étudiant.
CLAIRE DELAMARCHE
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Giuseppe Giordani
Caro mio ben
Mon cher bien-aimé
Caro mio ben,
credimi almen,
senza di te
languisce il cor.
Mon cher bien-aimé,
Crois-moi au moins,
Sans toi
Mon cœur se languit.
Il tuo fedel
sospira ognor.
Cessa, crudel,
tanto rigor!
Ta fidélité
Toujours soupire ;
Cesse, cruel
Toutes ces punitions.
Caro mio ben,
credimi almen,
senza di te
languisce il cor.
Mon cher bien-aimé,
Crois-moi au moins,
Sans toi
Mon cœur se languit.
ANONYME
Giovanni Battista Pergolesi
Se tu m’ami
Si tu m’aimes
Se tu m’ami, se sospiri
Sol per me, gentil pastor,
Ho dolor de’ tuoi martiri,
Ho diletto del tuo amor,
Ma se pensi che soletto
Io ti debba riamar,
Pastorello, sei soggetto
Facilmente a t’ingannar.
Si tu m’aimes, si tu soupires
Uniquement pour moi, gentil berger,
Je souffre de tes martyrs,
J’ai plaisir à ton Amour.
Mais si tu penses que, toi tout seul,
Je dois à nouveau t’aimer,
Petit berger, tu es facilement
Sujet à te tromper.
Bella rosa porporina
Oggi Silvia sceglierà,
Con la scusa della spina
Doman poi la sprezzerà.
Ma degli uomini il consiglio
Io per me non seguirò.
Non perché mi piace il giglio
Gli altri fiori sprezzerò.
C’est une belle petite rose pourpre
Qu’aujourd’hui Silvia choisira
Avec l’excuse de l’épine,
Demain, ensuite elle la méprisera.
Mais en ce qui me concerne
Je ne suivrai pas le conseil des hommes.
Ce n’est pas parce que j’aime le lys
Que je mépriserai les autres fleurs.
PAOLO ANTONIO ROLLI (1687-1765)
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Gioachino Rossini
La Promessa
La Promesse
Ch’io mai vi possa lasciar d’amare,
No, nol credete, pupille care,
Ne men per gioco v’ingannerò.
Que je puisse cesser de vous aimer,
Non ne le croyez pas, tendres prunelles,
Je ne vous trahirai jamais, pas même
pour jouer.
Voi foste e siete le mie faville,
E voi sarete, care pupille,
Il mio bel foco finch’io vivrò.
Vous fûtes et restez mes étincelles,
Et serez, tendres prunelles,
Mon feu ardent pour toujours.
PIETRO METASTASIO (1698-1782)
Gioacchino Rossini
La Pastorella dell’Alpi
La Bergère des alpes
Son bella pastorella,
che scende ogni mattino
ed offre un cestellino
di fresche frutta e fior.
Je suis la pastourelle
Toujours joyeuse et belle
Offrant la fleur nouvelle
Et des fruits le matin.
Chi viene al primo albore
avrà vezzose rose
E poma rugiadose,
venite al moi gairdin,
ahu, ahu...
Qui viendra dès l’aurore,
verra la rose éclore,
j’ai du jasmin encore,
entrez dans mon jardin.
Ahu, ahu...
Chi del notturno orrore
Smari la buona via,
alla capanna mia
ritrovera il cammin.
Si parmi la bruyère
S’égare un téméraire,
Qu’il frappe à ma chaumière,
Je guiderai ses pas.
Venite o passagiero,
La pastorella è qua,
Ma il fior del suo pensiero
Ad uno solo darà!
Ahu, ahu...
Venez, la bergerette
À vous conduire est prête,
Mais à lui conter fleurette...
Oh, ne l’espérez pas.
Ahu, ahu...
CARLO PEPOLI (1796-1881)
8
Vincenzo Bellini
Malinconia Ninfa gentile
Mélancolie, aimable nymphe
Malinconia, Ninfa gentile,
la vita mia consacro a te;
i tuoi piaceri chi tiene a vile,
ai piacer veri nato non è.
Mélancolie, aimable nymphe,
Je voue ma vie à toi ;
Qui méprise tes plaisirs
N’est pas né pour les plaisirs vrais.
Fonti e colline chiesi agli Dei;
J’ai demandé fontaines et collines aux
dieux ;
Ils m’ont finalement entendu, je vivrai
comblé.
Et mes désirs jamais cette fontaine,
Jamais ce mont ne dépasseront.
m’udiro alfine, pago io vivrò,
né mai quel fonte co’ desir miei,
né mai quel monte trapasserò.
IPPOLITO PINDEMONTE (1753-1828)
Vincenzo Bellini
Vanne, o rosa fortunata
Va, ô rose chanceuse
Vanne, o rosa fortunata,
a posar di Nice in petto
ed ognun sarà costretto
la tua sorte invidiar.
Va, ô rose chanceuse,
Reste dans le sein de Nice
Et chacun sera contraint
D’envier ton sort.
Oh, se in te potessi anch’io
transformarmi un sol momento;
non avria più bel contento
questo core a sospirar.
Oh, si je pouvais moi-même en votre sein
Me transformer, juste pour un moment,
Il n’y aurait pas de plus grand bonheur
Que mon cœur ne pourrait espérer.
Ma tu inchini dispettosa,
bella rosa impallidita,
la tua fronte scolorita
dallo sdegno e dal dolor.
Bella rosa, è destinata
ad entrambi un’ugual sorte;
là trovar dobbiam la morte,
tu d’invidia ed io d’amor.
Mais tu t’inclines, humiliée,
Belle rose pâlissante,
Ton front décoloré
Par le dédain et la douleur.
Belle rose, à un même sort
Nous sommes tous deux destinés ;
À devoir trouver la mort,
Toi d’envie et moi d’amour.
PIETRO METASTASIO (1698-1782)
9
Vincenzo Bellini
Bella Nice, che d’amore
Belle Nice, qui me donna
Bella Nice, che d’amore
desti il fremito e il desir,
Bella Nice, del mio core
dolce speme e sol sospir,
Belle Nice, qui me donna
Un frisson et un désir amoureux.
Ah ! Belle Nice, mon cœur est plein
D’un doux espoir et d’un seul soupir,
Ahi! verrà, né sì lontano,
forse a me quel giorno è già,
che di morte l’empia mano
il mio stame troncherà.
Ah ! Ceci viendra, dans peu de temps,
Peut-être que ce jour est même déjà là,
Celui où la main impie de la mort
Coupera le fil de ma vie.
Quando in grembo al feral nido
peso, ahi! misero, io sarò,
deh, rammenta quanto fido
questo cor ognor t’amò.
Quand, au sein de la tombe cruelle,
Je devrai, hélas, pitoyablement mentir,
Ah ! Ah ! Rappelez-vous combien
réellement
Ce cœur vous a toujours aimée.
Sul mio cenere tacente
se tu spargi allora un fior,
Bella Nice, men dolente
dell’avel mi fia l’orror.
Si sur mes silencieuses cendres
Vous dispersez par la suite une fleur,
Belle Nice, moins triste
Sera l’horreur de la mort.
Non ti chiedo che di pianto
venga l’urna mia a bagnar,
se sperar potess’io tanto,
vorrei subito spirar.
Je ne vous demanderai pas au matin
De baigner mon urne de sanglots,
Ah ! Si je le pouvais vraiment
Je mourrais immédiatement.
ANONYME
Vincenzo Bellini
Almen se non poss’io
Si je ne peux suivre
Almen se non poss’io
seguir l’amato bene,
affetti del cor mio,
seguitelo per me.
Si je ne peux suivre
Mon bien-aimé,
Les passions de mon cœur,
Suivez-le pour moi.
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Già sempre a lui vicino
raccolti amor vi tiene
e insolito cammino
questo per voi non è.
Déjà près de lui
L’amour recueilli vous lie
Et le chemin désert
N’est pas pour vous.
ANONYME
Vincenzo Bellini
Per pietà, bell’idol moi
Par pitié, ma belle idole
Per pietà, bell’idol mio,
non mi dir ch’io sono ingrato;
infelice e sventurato
abbastanza il Ciel mi fa.
Par pitié, ma belle idole,
Ne me dites pas que je suis ingrat ;
Malheureux et malchanceux
Le Ciel m’a suffisamment fait.
Se fedele a te son io,
se mi struggo ai tuoi bei lumi,
sallo amor, lo sanno i Numi
il mio core, il tuo lo sa.
Si je suis fidèle envers toi,
Si je suis dévoré par tes yeux,
L’amour le sait, les Dieux le savent,
Mon cœur est à toi.
PIETRO METASTASIO (1698-1782)
Vincenzo Bellini
Ma rendi pur contento
Mais rends cependant heureux
Ma rendi pur contento
della mia bella il core,
e ti perdono, amore,
se lieto il mio non è.
Mais rends cependant heureux
De ma belle le cœur
Et je te pardonne, amour,
Si le mien n’est pas heureux.
Gli affanni suoi pavento
più degli affanni miei,
perché più vivo in lei
di quel ch’io vivo in me.
Je crains ses afflictions
Plus que mes afflictions,
Car je vis plus en elle
Que je ne vis en moi.
PIETRO METASTASIO (1698-1782)
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Vincenzo Bellini
La Ricordanza
Era la notte, e presso di Colei
Che sola al cor mi giunse e vi sta sola,
Con quel pianger che rompe
la parola,
Io pregava mercede a martir miei.
Le Souvenir
C’était la nuit et alors que j’étais à ses côtés,
Elle seule toucha mon cœur et restant
seul à cet endroit,
Avec ces sanglots qui empêchent toute
parole,
Je demandai pardon pour
mes tourments.
Quand’ Ella, chinando gli occhi bei,
Disse (e il membrarlo sol me,
da me invola):
Ponmi al cor la tua destra, e ti consola:
Ch’io amo e te sol’ amo intender dei,
Lorsque, baissant ses charmants yeux,
Elle me dit (le seul souvenir de ceci me
fait tourner la tête) :
Pose ta tête sur mon cœur et sois consolé :
Tu devrais savoir que je t’aime, et toi seul.
Poi fatta, per amor, tremante e bianca,
Prononçant ces mots par amour,
pâlissante et tremblante,
Avec l’expression la plus douce,
Elle posa son doux visage sur mon
épaule gauche.
In atto soävissimo mi pose
La bella faccia sulla spalla manca.
Se dopo il dole assai più duol l’amaro;
Se per me nullo istante a quel rispose,
« Ah! quant’ era in quell’ ora il morir
caro! »
Bien qu’après ce bonheur, les douleurs
aient été encore plus amères,
Bien que pour moi, aucun moment n’ait
valu celui-ci,
« Ah ! En cet instant, si chère me serait
la mort ! »
CARLO PEPOLI (1796-1881)
Gaetano Donizetti
Giuro d’amore
Serment d’amour
Eterno Amore e fè,
ti giuro umile ai piè,
ti giuro eterna fè,
presente Iddio, ti giuro amor,
ti giuro fè, presente Iddio.
Éternel amour et foi,
Je te jure humblement
Je te jure éternelle foi
En présence de Dieu, je te jure amour,
Je te jure ma foi en Dieu.
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Viver, morir per te
è il solo ben che a me
dal ciel desio.
De vivre, de mourir pour toi
Est la seule chose
Que je désire des cieux.
ANONYME
Gaetano Donizetti
Il Barcaiuolo
Le Passeur
Voga, voga, il vento tace,
pura è l’onda, il ciel sereno,
solo un alito di pace
par che allegrie e cielo e mar:
voga, voga, o marinar:
voga, voga, marinar.
Vogue, vogue, le vent se tait,
L’onde est pure, le ciel serein,
Seul un souffle paisible
Semble réjouir le ciel et la mer ;
Vogue, vogue, ô passeur,
Vogue, vogue, ô passeur.
Or che tutto a noi sorride,
in si tenero momento,
all’ebrezza del contento
voglio l’alma abbandonar.
Voga, voga, o marinar!, o marinar!
Maintenant que tout nous sourit
En ces instants si tendres,
Je veux abandonner mon âme
À l’ivresse du bonheur,
Vogue, vogue, ô passeur.
Chè se infiera la tempesta,
ambedue ne tragge a morte,
sarà lieta la mia sorte
al tuo fianco vuò spirar,
si al tuo fianco io vuò spirar.
Car si la tempête se déchaîne,
Et nous entraîne tous deux dans la mort,
Mon sort sera bienheureux,
Car je veux expirer à tes côtés :
Vogue, vogue, ô passeur.
Voga, voga, o marinar,
Sarà lieta la mia sorte
al tuo fianco vuò spirar.
Voga, voga, o marinar.
Vogue, vogue, ô passeur,
Mon sort sera bienheureux,
Car je veux expirer à tes côtés :
Vogue, vogue, ô passeur.
LEOPOLDO TARANTINI (1811-1882)
13
Giuseppe Verdi
Stornello
Ritournelle
Tu dici che non m’ami... anch’io non
t’amo...
Dici non vi vuoi ben, non te ne voglio.
Dici ch’a un altro pesce hai teso l’amo.
Anch’io in altro giardin la rosa coglio.
Tu dis que tu ne m’aimes pas. Moi non
plus.
Et que tu ne m’estimes pas. Moi non plus.
Et que tu ferres d’autres poissons.
Moi aussi, je cultive d’autres jardins.
Anco di questo vo’che ci accordiamo:
Et voici sur quoi nous sommes
d’accord :
Tu fais ce que tu veux, et moi de même.
Tu fai quel che ti pare, io quel che
voglio.
Son libero di me, padrone è ognuno.
Servo di tutti e non servo a nessuno.
Costanza nell’amor è una follia;
Volubile io sono e me ne vanto.
Non tremo più scontrandoti per via,
Né, quando sei lontan mi struggo in
pianto.
Come usignuol che uscì di prigionia
Tutta la notte e il dì folleggio e canto.
Je suis libre, chacun est son propre maître.
Serviable oui, serviteur jamais.
La constance en amour est une lubie ;
Je papillonne et je m’en vante.
Je ne tremble plus quand je te croise,
Ni ne pleure à chaudes larmes quand
tu es loin.
Comme un rossignol échappé de sa cage,
Toute la nuit et tout le jour, je volète et
je chante.
ANONYME
Giuseppe Verdi
In solitaria stanza
In solitaria stanza
Langue per doglia atroce;
Il labbro è senza voce,
Senza respiro il sen,
Dans une chambre solitaire
Come in deserta aiuola,
Che di rugiade è priva,
Sotto alla vampa estiva
Molle narcisso svien.
Dans une chambre solitaire,
Elle languit d’une atroce douleur ;
Les lèvres dénuées de voix,
La respiration ne faisant plus bouger la
poitrine.
Comme dans un parterre dans le désert,
Privé de rosée,
Sous l’éclat de l’été,
Une faible narcisse s’épuise.
Io, dall’affanno oppresso,
Corro per vie rimote
J’ai, oppressée par l’anxiété,
Couru à travers les chemins,
14
E grido in suon che puote
Le rupi intenerir
Salvate, o Dei pietosi,
Quella beltà celeste;
Voi forse non sapreste
Un’altra Irene ordir.
Poussant des cris qui auraient pu
Attendrir les roches.
Ô Dieu pieux, sauve
Cette beauté céleste :
Vous ne devriez sûrement pas
Comploter contre une autre Irène.
JACOPO VITTORELLI (1749-1835)
Paolo Tosti
Lasciami! Lascia ch’io respiri !
Laisse-moi ! Laisse-moi respirer !
Lasciami! Lascia ch’io respiri, lascia
ch’io mi sollevi! Ho il gelo nelle vene.
Ho tremato. Ho nel cor non so che
ambascia…
Ahimè, Signore, è il giorno! Il giorno
viene!
Laisse-moi ! Laisse-moi respirer, laisse-moi
Reprendre courage. Je suis glacée.
J’ai tremblé. J’ai dans le cœur je ne sais
quelle angoisse…
Hélas, Seigneur, voici le jour ! Le jour
arrive !
Ch’io non lo veda! Premi la tua bocca
su’ miei cigli, il tuo cuore sul mio
cuore!
Tutta l’erba s’insànguina d’amore.
Puissé-je ne pas le voir ! Presse ta bouche
Sur mes paupières, ton cœur sur mon
cœur !
L’herbe tout entière est sanglante
d’amour.
La vie se retire, par l’amour submergée.
La vita se ne va, quando trabocca.
Trafitta muoio, e non dalla tua spada. Je meurs blessée mais non par ton épée.
Mon cœur se vide mais sans être brisé.
Mi si vuota il mio petto, e senza
schianto.
Non è sangue? Ahi, Signore, è la rugiada! Ce n’est pas du sang ? Las, Seigneur,
c’est la rosée !
L’alba piange su me tutto il suo pianto. L’aube pleure sur moi de toutes ses larmes.
GABRIELE D’ANNUNZIO (1863-1938)
15
Paolo Tosti
L’alba sepàra dalla luce l’ombra
L’aube sépare l’ombre de la lumière
L’alba sepàra dalla luce l’ombra,
E la mia voluttà dal mio desire.
O dolce stelle, è l’ora di morire.
Un più divino amor dal ciel vi sgombra.
L’aube sépare l’ombre de la lumière
Et la volupté de mon désir.
Ô douces étoiles, c’est l’heure de mourir.
Un amour plus divin vous libère du ciel.
Pupille ardenti, O voi senza ritorno
Stelle tristi, spegnetevi incorrotte!
Morir debbo. Veder non voglio il giorno,
Per amor del mio sogno e della notte.
Ardentes pupilles, ou vous tristes étoiles,
Éteignez-vous ! Dans l’éclat de votre pureté
Je dois mourir. Je ne veux pas voir le jour ;
Par amour pour mon rêve et pour la nuit.
Chiudimi, O Notte, nel tuo sen materno, Enferme-moi, ô Nuit, dans ton sein
maternel
Tandis que la terre s’éveille à la lueur
Mentre la terra pallida s’irrora.
du jour.
Ma che dal sangue mio nasca l’aurora Mais que de mon sang naisse l’aurore
Et de mon rêve, le soleil éternel.
E dal sogno mio breve il sole eterno!
GABRIELE D’ANNUNZIO (1863-1938)
Paolo Tosti
’A vucchella
La Petite Bouche
Sì, comm’a nu sciorillo
tu tiene na vucchella
nu poco pocorillo
appassuliatella.
Si, comme une petite fleur,
Tu as une jolie bouche
Un tout petit peu
Flétrie.
Meh, dammillo, dammillo,
– è comm’a na rusella –
dammillo nu vasillo,
dammillo, Cannetella!
Allez, donne-moi, donne-moi,
C’est comme une petite rose,
Donne-moi un petit baiser,
Allez, Cannetella !
Dammillo e pigliatillo,
nu vaso piccerillo
comm’a chesta vucchella,
che pare na rusella
nu poco pocorillo
appassuliatella...
Donne-m’en un et prends-en un,
Un tout petit baiser,
Comme ta bouche,
Qui ressemble à une petit rose,
Un tout petit peu
Flétrie.
GABRIELE D’ANNUNZIO (1863-1938)
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Giacomo Puccini
Ch’il bel sogno di Doretta
Le Merveilleux Rêve de Doretta
Chi il bel sogno di Doretta
Potè indovinar?
Il suo mister come mai
Come mai fini ?
Qui a pu deviner
Le merveilleux rêve de Doretta ?
Comment son mystère
A-t-il pu être percé ?
Ahimè! un giorno uno studente
In bocca la baciò
E fu quel bacio
Rivelazione:
Fu la passione!
Folle amore!
Folle ebbrezza!
Chi la sottil carezza
D’un bacio così ardente
Mai ridir potrà?
Hélas ! Un jour un étudiant
L’embrassa sur les lèvres
Et ce baiser fut
Une révélation.
C’était la passion !
Un fol amour !
Une folle ivresse !
Qui pourrait jamais s’opposer
À cette subtile caresse
D’un baiser si ardent !
Ah! mio sogno!
Ah! mia vita!
Ah ! Mon rêve !
Ah ! Ma vie !
Che importa la ricchezza
Se alfine è rifiorita
La felicità!
O sogno d’or
Poter amar così!
Peu importe
La richesse
Si finalement la joie refleurit !
Ô rêve doré,
Pouvoir aimer ainsi !
GIUSEPPE ADAMI (1878-1946)
17
OMO BELLO
de Juliette (Roméo et Juliette de
Gounod) aux Folles Journées de
Nantes. Plus récemment, elle
a chanté le rôle de Jeanne (La
Vivandière de Benjamin Godard)
au Festival de Radio France et de
Montpellier, et Donna Anna (Don
Giovanni de Mozart) au Grand
Théâtre de Tours. Elle est invitée
en concert et récital en France et
à l’étranger (Exsultate, Jubilate de
Mozart, le Concerto pour soprano et
orchestre de Glière, le Stabat Mater
et le Salve Regina de Pergolesi,
la Symphonie n° 4 et Das Knaben
Wunderhorn de Mahler à la Salle
Pleyel). Elle chante également la
partie de soprano solo dans Le nubi
non scoppiano per il peso de Mauro
Lanza, qu’elle crée au Théâtre
des Bouffes du Nord et reprend
au Festival Ultima à Oslo, ainsi
que la Petite Messe solennelle de
Rossini à l’Opéra de Montpellier
et Egmont de Beethoven au
Théâtre des Champs-Élysées.
En 2013, elle sort son premier
disque, Des Knaben Wunderhorn
de Mahler. En octobre 2014, elle
interprète le rôle de Télaïre (Castor
et Pollux de Rameau) au Théâtre
des Champs-Élysées sous la direction de Hervé Niquet. Parmi ses
projets, elle chantera les rôles de
La Pastourelle, La Chouette et
La Chauve-Souris (L’Enfant et les
Après une formation universitaire
en biologie cellulaire et génétique
au Nigeria, la soprano franco-nigériane Omo Bello étudie au
Conservatoire de Paris (cnsmdp )
et enrichit son répertoire avec Jeff
Cohen et Susan Manoff. Diplômée
de l’Associated Board of the Royal
Schools of Music (abrsm ) de
Londres, elle se perfectionne
auprès de Grace Bumbry, Teresa
Berganza et Thomas Quasthoff.
Elle remporte les concours internationaux Pavarotti Giovani et
Anselmo Colzani. Elle chante le
rôle de Solis (Magdalena de VillaLobos) au Théâtre du Chatelet
et crée celui de La Jeune Femme
d’Hara Kei (Soie d’Yves Prin) au
Théâtre du Rond-Point. Dans
le cadre du Conservatoire de
Paris, elle chante les rôles de La
Première Dame (Die Zauberflöte
de Mozart) et du Chœur féminin
(The Rape of Lucretia de Britten).
Elle incarne Eurydice (Orphée
et Eurydice de Gluck) à l’Opéra
de Saint-Pétersbourg, Barbarina
(Le Nozze di Figaro de Mozart)
à l’Opéra de Montpellier, La
Comtesse (Le Nozze di Figaro de
Mozart) en tournée, rôle qu’elle
chante également au Festival de
Verbier. Elle a interprété le rôle
18
Sortilèges de Ravel) sous la direction d’Esa-Pekka Salonen à la
Philharmonie de Paris et au Royal
Albert Hall de Londres, ainsi que
celui de La Princesse Elsbeth
(Fantasio d’Offenbach) au Festival
de Radio France et Montpellier.
Elle prend également part à la
tournée
européenne
echo
Rising Stars durant laquelle elle
se produira notamment, en plus
de la Philharmonie de Paris,
au Musikeverein de Vienne, au
Concertgebouw
d’Amsterdam,
au bozar de Bruxelles et au
Barbican de Londres, avec un programme d’airs issus du répertoire
belcantiste. Omo Bello est soutenue par la Fondation BettencourtSchueller. Elle est ambassadrice
de bonne volonté du Rotary
International.
Beaux-Arts). En 2013, il est le premier chef d’orchestre à devenir
lauréat de la Fondation Cziffra.
Sa carrière de chef d’orchestre
commence très jeune – on peut
parler de vocation – puisque c’est
à l’âge de 15 ans qu’il dirige son
premier concert à la Salle Gaveau
(Paris). Il devient l’assistant de
János Komives à l’Opéra national de Budapest (2002) ainsi que
pour plusieurs productions et
enregistrements en France (20012003). Il est ensuite engagé par le
directeur musical de l’Opéra de
Rome, Gianluigi Gelmetti, dont il
sera l’assistant durant cinq années
(2003-2008). Il a été invité par la
Camerata Strumentale « Città
di Prato », l’Ensemble à vents du
cnsmdp, le Festival Orchestra
de Sofia, les ensembles Aquilon et
Initium ; parallèlement, il reprend
la direction musicale (2004-2010)
de l’orchestre Sérénade. Il fonde
en 2011 Secession Orchestra,
dont il assure la direction musicale et artistique. Sa maîtrise technique, sa connaissance étendue
du répertoire et son exigence sont
unanimement reconnues et appréciées aussi bien dans la musique
classique que contemporaine : il
est le dédicataire et le créateur
de nombreuses pièces (Zbigniew
Bargielski, Igor Ballereau, János
CLÉMENT MAO-TAKACS
Clément Mao-Takacs est l’une des
étoiles montantes de la nouvelle
génération de chefs d’orchestre.
Diplômé du Conservatoire de Paris
(cnsmdp ) ainsi que de l’Accademia Chigiana de Sienne, il est lauréat du Festival de Bayreuth et a
reçu le Prix « Jeune Talent » 2008
décerné par la Fondation del Duca
(Institut de France/Académie des
19
Komives, Morton Feldman, John
Adams, Kaija Saariaho…) et
programme régulièrement des
œuvres rares. Très proche de la
musique de Kaija Saariaho, il
a dirigé les créations de la version de chambre de La Passion
de Simone aux festivals MelosEthos (Bratislava, Slovaquie),
Codes (Lublin, Pologne), de SaintDenis (Basilique-cathédrale) et de
Clermont-Ferrand (La Comédie Scène nationale). Il en dirigera en
avril 2015 à Rome la création italienne, et en 2016 à Copenhague
la création danoise. Le répertoire lyrique est important pour
cet amoureux de la littérature et
de l’art dramatique, qui conçoit
l’opéra comme le lieu d’intenses
collaborations. Sa rencontre avec
Peter Sellars est déterminante, et il
entretient des liens d’amitiés avec
plusieurs acteurs et metteurs en
scènes (Olivier Py, Charles Berling,
Michel Fau…) aux univers variés,
parmi lesquels Aleksi Barrière
avec lequel il a créé et codirige
la compagnie La Chambre aux
échos. Clément Mao-Takacs vient
d’enregistrer la pièce Adieu de
Stockhausen (Crystal Classics),
ainsi qu’un disque consacré à
Jacques Ibert (Timpani) qui vient
de recevoir 5 Diapasons du magazine éponyme. Clément MaoTakacs poursuit aussi une carrière
de pianiste, soliste et chambriste.
Il se produit régulièrement en
récital solo, et il est le partenaire
d’élection de nombreux instrumentistes et artistes lyriques. Cette
saison, il accompagne notamment
la soprano Omo Bello dans le
cadre de la tournée européenne
Rising Star. Également compositeur, Clément Mao-Takacs écrit
principalement pour voix et pour
orchestre ; il réalise également de
nombreuses orchestrations. Il possède un DEA de littérature comparée, achève un doctorat en arts du
spectacle et publie régulièrement
textes et articles.
01 4 4 8 4 4 4 8 4
2 21 , AV E N U E J E A N - J A U R È S 7 5 019 PA R I S
P O R T E D E PA N T I N
P H I L H A R M O N I E D E PA R I S . F R