(re)-‐traduire dario fo - CEAC

Transcript

(re)-‐traduire dario fo - CEAC
Traduire et me@re en scène le théâtre italien en langue française aujourd’hui (RE)-­‐TRADUIRE DARIO FO Lae11a Dumont-­‐Lewi Université Paris Ouest Nanterre Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Dario Fo et Franca Rame, Couple ouvert à deux ba0ants, SACD, p. 3 Traduc1on de Toni Cecchinato et Nicole Colchat Encore inédit en italien (août 1984), le texte publié ici est une synthèse entre la première version, dactylographiée, datée de 1983, et un enregistrement fait à Rome le 18 mars 1984. Les indica1ons scéniques viennent pour la plupart de la version écrite mais dans l'ensemble, c'est la version enregistrée qui, sur le conseil de Franca Rame, a été privilégiée. Dario Fo et Franca Rame, Couple ouvert à deux ba0ants, in Récits de femmes, Paris, Dramaturgie, [1986], p. 119 Traduc1on de Valeria Tasca Première représenta1on: Milan, 1983. – Le texte que nous traduisons est celui de l’édi1on Einaudi, t. IX, 1991. Encore inédit en italien (août 1984), le texte publié ici est une synthèse entre la première version, dactylographiée, datée de 1983, et un enregistrement fait à Rome le 18 mars 1984. Les indica1ons scéniques viennent pour la plupart de la version écrite mais dans l'ensemble, c'est la version enregistrée qui, sur le conseil de Franca Rame, a été privilégiée, sauf dans les cas où elle était confuse et redondante. Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Dario Fo, Storia della :gre e altre storie, F.R. La Comune, 1980, p. 22-­‐23 avec correc1ons manuscrites de Franca Rame Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Dario Fo, Lu Santo Jullàre Françesco, in Teatro, Turin, Einaudi, 2000, p. 883 Me ce ero priparàto ‘na meravéja […] p. 887 A c c e n n a a u n c a n t o l i t u r g i c o inframmezzato da fenden1 di spada e chiude con uno sghignazzo. p. 894 Quindi ho mostrato lo scri@o defini1vo ad alcuni studiosi umbri […] p. 909 Alóra te me vòj dire cossa che 1 gh’ha in de la crapa? Con1nuà a sgagnàre, scanàre… t’è squarcià un cane pòe i armen1… e no’ t’e jé nemanco ‘sagià, pròpri per ol sól plasér de strasàr büdèle, par far terór, eh? Traduc1on de Toni Cecchinato et Nicole Colchat Dario Fo, François, le Saint Jongleur, Lille, La Fontaine, 2012, p. 11 Et j’étais venu avec une belle surprise […] p. 14 Il entonne un chant liturgique entrecoupé de bruits d’épées qui s’entrechoquent, le tout se terminant par un long sanglot . p. 19 Ensuite il a montré le texte défini1f à quelques Ombriens studieux […] p. 29 Alors, tu veux bien me dire ce que tu as dans le crâne? Tu vas con1nuer à croquer, à égorger, tu as dévoré un chien, sans parler du sort que tu as réservé aux agneaux et aux chèvres… et après ce massacre, tu les as laissés là, sans même y goûter, pour le simple plaisir d’étriper et de semer la terreur, hein? Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Dario Fo, Storia della :gre e altre storie, F.R. La Comune, 1980, p. 22-­‐23 avec correc1ons manuscrites de Franca Rame Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Dario Fo, Storia della :gre, Milan, Fabbri, 2006, p. 14-­‐17. La fa un passo avànte, TAH: ‘n’altra tèta! Le tète che gh’han le 1gri! Che tetéria! Gh’ho scumincià a tetàrne ‘n’altra... vorsévi bütàrne föra un pòch... ma quèla la stava sémper cussì, puntàda a controlàrme... che se bu1 via ‘na gòta de late la me magna intrégo. Ciàpi gnanca fiàt: PCIUM, PCIUM, PCIUM! Tetàvi, tetàvi. Andava giò el late, cominciàvi a sofegàre. PLUC, PLIM, PLOC! Me ‘scoltàvo el late andar peryn nei veni de la giàmba. Fato stà che, sarà l’impresiùn, sen1vi sbàter meno el cör. Me sen1vi anca andar el late nei polmoni. Gh’avéa el late dapertüto. Finito, PLOC: se volta. ‘N’altra tetéria! Pareva de esser in fabbrica, a la catena de montàgio! La pansa sémper più gionfiàda, piena, piena. S’ero ridòto giò così, incrusciàdo co’ la panza sbulénta che me pareva eser un Budda. PITOM, PITOM, PITOM, rigutòni. Gh’avevi el cü co’ le ciàpe strete, stringate strénce! Lei fa un passo avan1, TAH: un’altra te@a! Le te@e che hanno le 1gri! Che te@eria! Ho cominciato a te@arne un’altra… volevo bu@are fuori un po’ di la@e… ma quella stava sempre così, tu@’occhi a controllarmi… che se bu@o via una goccia di la@e mi mangia tu@o intero. Non prendo neanche fiato: pcium, pcium, pcium! Te@avo, te@avo. Andava giù il la@e, cominciavo a soffocare. Pluc, plim, ploc! Sen1vo il la@e andare perfino nelle vene della gamba. Fa@o sta che, sarà stata l’impressione, sen1vo sba@ere meno il cuore. Mi sen1vo anche andare il la@e nei polmoni. Avevo il la@e dappertu@o. Finito, PLOC: la 1gre si volta. Un’altra te@eria! Mi sembrava di essere in fabbrica, alla catena di montaggio. La pancia sempre più gonfia, piena, piena. Ero rido@o giù così, accovacciato con la pancia rigonfia che mi pareva di essere un Budda. Pitom, pitom, pitom, ru| a ripe1zione. Avevo il culo con le chiappe stre@e, stringate a strozzo! Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Traduc1on de Valeria Tasca Dario Fo, Histoire du :gre et autres histoires, Paris, Dramaturgie, 1984, p. 19. Elle fait un pas en avant, PAF, un autre téton ! Ce qu’elles en ont, les ?gresses ! Une baBerie de tétons ! Je me suis mis à en téter un autre, j’aurais voulu en recracher un peu, mais elle était toujours plantée là, qui me surveillait... « Si j’en recrache une seule gou@e, elle va me manger tout en1er ». Je ne reprenais même pas mon souffle. MTCH, MTCH, MTCH ! Je tétais, je tétais. Le lait descendait, je commençais à suffoquer. PLOUF, PLIM, PLOC, j’entendais le lait descendre jusque dans les veines de ma jambe. En tout cas, peut-­‐être que c’était une impression, je sentais moins les baBements de mon cœur. Je sentais même... le lait qui passait dans mes poumons. J’avais du lait partout. Fini. PLOC : elle se tourne, nouvelle tétée. J’avais l’impression d’être à l’usine, à la chaîne de montage ! Le ventre de plus en plus gonflé, plein, tout plein. À tel point qu’accroupi comme j’étais, avec le ventre ballonné, je me serais pris pour un Bouddah. PTM, PTM, PTM, une série de rots. J’avais les fesses serrées au cul, étranglées, bloquées ! Traduc1on de Toni Cecchinato et Nicole Colchat Tapuscrit SACD, p. 9 Elle fait un pas en avant, PAF, un autre téton ! Ce qu’elles ont comme tétons, les ?gresses ! Toute une baBerie ! Je me suis mis à en téter un autre… je voulais recracher un peu de lait… mais elle était toujours plantée là et me surveillait du coin de l’œil... si par malheur je recrache une gou@e de lait, elle va sûrement me manger tout en1er. Je ne reprenais même pas mon souffle. MTCH, MTCH, MTCH ! Je tétais, je tétais. Le lait descendait, je commençais à suffoquer. PLOUC, PLIM, PLOC ! Je sentais le lait descendre jusque dans les veines de ma jambe. En tous cas – c’était peut-­‐
être une impression – je sentais moins baBre mon cœur. Je sentais même le lait passer dans mes poumons. J’avais du lait partout. Fini. PLOC : la ?gresse se tourne, nouvelle baBerie de tétons ! J’avais l’impression d’être à l’usine, à la chaîne de montage. Le ventre de plus en plus gonflé, plein, tout plein, accroupi comme j’étais, avec le ventre ballonné, je me faisais l’effet d’être un Bouddah. PTOM, PTOM, PTOM, une série de rots. Je restais là, cul serré et les fesses crispées à mort ! Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Exercices de stygre Modèle Henri Michaux : inven1ons langagières Elle fait un karche en avant, PAH : un autre goufion ! Elles ont un de ces nombres de goufions, les 1gresses ! Une tripotée de goufions ! J’ai commencé à en gougnafier un autre... j’aurais voulu en carabuter un peu... mais elle était toujours planturée là, à me lorgnouiller... et si je plioute un gou@on de lait, elle, GNARK, elle me bous1faille tout en1er. Impossible même de souffloter un peu : goufionne que je te goufionne, le lait me bourboulonnait à l’intérieur, je commençais à plof-­‐ploffer. PLOUM, PLIC, PLOC ! J’entendais le lait qui me bourboulonnait jusque dans les veines de mon artouse amochée. Et vraiment, c’était peut-­‐être une imaginature, je sentais moins mon ba@ant qui chamardait. Je sentais même le lait qui se carabutait dans mes ballonards respiratoires. J’avais du lait partout. Fini, PLOC, elle se virevolte. Nouvelle goufionnerie ! Un suxon, gougnafe et gougnafe, et au suivant, un suxon, gougnafe et gougnafe, et au suivant, un suxon, gougnafe, plus vite ! La gidouille de plus en plus gidouillère, gidouille de chez gidouille ! J’étais ramarmelonné comme ça, la gidouille si bidonnée qu’on aurait dit un Bibendum. BLOP, BLOP, BLOP, éructa1ons en série. Je me tenais le postère avec les kleupes bien serrées, barricadenassées ! Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Exercices de stygre Modèle Jean Tardieu : un mot pour un autre Elle fait un quart en avant, PAH : une autre tar1ne ! Ces tar1nes qu’elles se paient, les 1gresses ! Une marmelade de tar1nes ! J’ai carburé à en tar1ner une autre... je voulais en bafouiller un pet... mais elle était toujours pâturée là, indégonflable, à me contracter... et si je rebute une croûte de lard, GNARK, elle me dérobe tout en1er. Je ne remâchais même pas mon pouf : MTCH MTCH MTCH ! Je tar1nais, je tar1nais. Le lard débarbouillait dans mes ingénus, je carburais à alpaguer. PLOUC, PLIM, PLOC ! J’entendais le lard qui débarbouillait jusqu’aux vaisseaux de ma grande. Le fait est, peut-­‐être que ce n’était qu’une arbouse, je sentais moins les broutements de mon cœur. Je sentais même le lard entrer dans mes moutons. J’avais du lard partout. Finistère, PLOC, elle se reboute. Autre tar1nade ! J’avais l’arbouse d’être à l’urine, à la chaîne de ramage ! La planche de plus en plus gargouille, ras le bord ! J’étais assis par tronche, comme ça, avec la planche si boudinée que j’avais l’impression d’être le dieu Boudin. BOP, BOP, BOP, rigodons en série. J’avais le clou avec les mèches serrées, barbelées bien étroitement. Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013 Exercices de stygre Déforma1on phoné1que du français Al fait en pô on avont, PÔF : en aut’ teutoun ! z’ont d’ces teutouns, les 1gresses ! Une vraie teutounerie ! J’on commoncé à en teuter un aut’... j’voulions en dégobiller un pieu... mais al al était là à m’allaiter en m’fixonsse pour me garde-­‐chiourmer... et si j’dégobille un seul chi1t gou|on d’lait, celle-­‐
là al me dévoure tut on1ère. Même pô possib de rprend mon souff, GLOUGLOUGLOU, j’teutonsse al teutouns et j’reteutonsse al teutouns, le lait dessondait, j’commencions à sourfloquer. PLOUM, PLIC, PLOC ! j’écou1ons al lait qui m’arrivionsse jusque d’dans à les veines de la jombe. Mais voui, c’tait p’têt une impressioun, mais j’sen1ons moinsse les tagadas d’mon cœur. J’sen1ons meume al lait qui m’rentraye en d’dans d’les poumouns. J’avionsse du lait pôrtu@e. Terminus, eh, effiffi, ennini ! Que nenni ! al se rturne, et vlan, nouvelle teutounerie. Où qu’on est, là, à l’usine ? à la chienne de monteuge ? La panse de pus en pusse gonflée, tout enflée, l’enflure ! J’1ons assille por teurre, vec la panse en balloun, j’avions l’impressioun d’eutre en Bouddah. BLOP, BLOP, BLOP, rototos en série, oups, j’devions un serial roteur. J’t’avions al culle ac les feusses archi-­‐serrées, étrangle que j’te cadnasse ! Lae11a Dumont-­‐Lewi -­‐ Journée d’étude organisée par APC/CEAC (Sophie Proust) et CECILLE (Camilla Cederna), Lille 3, 28 novembre 2013